AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,03

sur 5066 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans mes rangements de bibliothèque, je suis tombé sur ce livre, découvert il y a fort longtemps, et je l'ai relu. Quel merveilleux roman: court, juste, émouvant, limpide… Luis Sepuldeva a écrit en fonction de sa sensibilité, non de son intellect: ça va droit au coeur du lecteur. Pas d'intrigue complexe, pas de pathos et pas d'idéologie écologiste: simplement une tranche de vie d'un homme simple et attachant, dans un lieu proche de l'état de nature.
Nous suivons ce vieux qui, effectivement, passe maintenant une bonne partie de son temps à lire des romans d'amour. C'est un sage. Pendant sa vie d'homme mûr, il a appris à connaitre et à respecter la forêt équatoriale, sa faune comme sa flore. Il a été l'un des rares à nouer des liens précieux avec les Shuars; ces Indiens fuient le contact avec l'homme blanc, qui vient ici pour s'approprier brutalement un monde dont il ne connait vraiment rien.
Voici maintenant la trame de l'histoire racontée. Dans le village perdu d'El Idilio, on découvre plusieurs cadavres d'aventuriers blancs: le premier réflexe du maire est d'accuser les indiens. Mais le vieux démontre que c'est un ocelot femelle qui, attaquée dans la forêt par des chasseurs ignorants, est devenue enragée. Une traque s'organise, le vieux va y participer et se trouvera confronté directement au fauve.
La simplicité de l'intrigue, le caractère universel des thèmes évoqués, la personnalité particulièrement attachante de l'unique héros du roman me font penser au roman d'Hemingway "Le vieil homme et la mer". Tous les deux sont de parfaites réussites. Tous les deux sont inoubliables.
Commenter  J’apprécie          390
Pierre Lepape (Le Monde) explicite dans la préface, bien mieux que je ne saurais le faire, le succès de ce «premier roman d'un écrivain chilien entré dans la quarantaine, par ailleurs totalement inconnu.» Peu après sa parution, ce bref roman « recevait deux prix littéraires considérés comme antinomiques, celui, à vocation populaire, des Relais H, qui assurait sa présence dans toutes les librairies de gares, et celui, fort élitiste de France-Culture, qui l'ornait d'un incontestable label intellectuel (…) ; rapprochement autour d'un même livre de lecteurs dont les goûts et les attentes sont généralement aux antipodes. (…)
Nous demandons du rire, des larmes, du rêve et des émotions, de la couleur et de la musique. Sepùlveda nous offre tout cela en brassées généreuses et fraîches. »

J'ai retrouvé avec plaisir un style d'écriture qui m'avait charmée dans ‘'Le monde du bout du monde'' : un récit dense et imagé appuyant une dénonciation féroce de l'exploitation et de la destruction de la nature (la forêt amazonienne en l'occurrence), dénonciation « pour défendre ce monde, notre monde, qui est unique.»


PS - Ce roman est dédié à Chico Mendes, « ami très cher qui parlait peu et agissait beaucoup (…), homme qui fut l'un des plus ardents défenseurs de l'Amazonie et l'une des figures les plus illustres et les plus conséquentes du mouvement écologique universel ». Chico Mendes a été tué par « une bande d'assassins armés et payés par de plus grands criminels, de ceux (…) qui disent agir au nom du ‘'progrès''».
Commenter  J’apprécie          370
Voilà une couverture bien attrayante ! Les couleurs de Broomfield, ça attire l'oeil. Mais l'oeil du tigre en pleine Amazonie, peu de chance d'en ressortir « survivor », y a comme une anomalie.
Oui, OK, la jaguar a un tigre dans son moteur, mais là, c'est un vieux, pas comme la cougar, si vous voyez c' que j'veux dire…
Un vieux, la sagesse et l'expérience, deux qualités indispensables pour survivre en pleine jungle, dans ce milieu hostile et oppressant.

« Le ciel était une panse d'âne gonflée qui pendait très bas, menaçante, au dessus des têtes. le vent tiède et poisseux balayait les feuilles éparses et secouait violemment les bananiers rachitiques qui ornaient la façade de la mairie ».

L'histoire se passe à El Idilio, joyeuse idylle, où les mots d'amour sont prononcés dans les romans. Pas de discours romantiques chez les Shuars, juste des attouchements, mais en évitant le baiser buccal, sacri-lèse majesté.

« Il existe chez eux, entre hommes et femmes, des caresses sur tout le corps, sans se préoccuper de la présence de tiers. Même quand ils font l'amour, ils ne se donnent pas de baisers ».

Un chasseur blanc se fait tuer, dur à digérer, même pour un colon. Evidemment, on accuse les Indiens, les Shuars, pas les Jivaros, ces sauvages dégénérés qui acceptent la soumission.
C'est là qu'Antonio intervient, sa mission à lui, c'est de découvrir la vérité, car une griffe de machette, ça fait pas très sérieux. Y a les traces de griffures, mais il y a aussi l'odeur, pas de l'essence, de l'urine, car la jaguar a laissé son empreinte, tout autant olfactive que visuelle. Sa manière à elle de marquer son territoire, pour alerter sa tribu, elle, bolide carnivore qui ne veut juste que sauver sa famille, les super prédateurs qui règnent en maîtres dans la forêt amazonienne.
Le bruit et l'odeur, on n'est plus chez nous. le bruit c'est les singes hurleurs et les perroquets criailleurs, l'odeur c'est la trace invisible aux yeux des humains, mais pas pour les autochtones qui ont tous leurs sens en éveil.
C'est aussi celle de bouches qui ont une dent contre l'hygiène, et la puanteur qui s'en dégage révèle le temps d'attente du quenottier.

« La venue du dentiste était accueillie avec soulagement, surtout par les rescapés de la malaria, fatigués de cracher les débris de leur dentition et désireux d'avoir la bouche nette de chicots afin de pouvoir essayer l'un des dentiers étalés sur un petit tapis violet qui évoquait indiscutablement la pourpre cardinalice ».

Chicots, oui, mais également Chico, allusion à Mendes, le défenseur de la forêt amazonienne, que Luis Sepulveda a bien connu, mais qui n'aura pas eu assez de temps pour découvrir ce bouquin. Ce premier roman de l'écrivain chilien est un hommage au héros écologiste assassiné par des destructeurs de milieu naturel. Les lanceurs d'alerte paient le prix de leur combat, inégal face aux lobbies tentaculaires.

Juste une centaine de pages pour transcrire l'immensité du paysage. Pas de longueurs superflues, un condensé qui va à l'essentiel, une minutie dans les détails et une histoire qui progresse comme l'avancée dans la jungle, à coups de machette.
Conte, récit initiatique, quête, poème épique, c'est tout à la fois.
Une narration qui alterne le récit, les descriptions et les dialogues avec un dosage parfait. J'ai été happé par l'aventure, elle m'a entraîné jusqu'au bout de la tragédie, sans aucun ennui, mais avec une jubilation contenue, pour ne pas apeurer les habitants de ces lieux.
Il serait possible d'en tirer des citations du début à la fin, tellement ça fourmille d'images pour exprimer ce qu'est le blues, celui des tribus dépossédées de leurs terres et celui du vieux qui aimerait pouvoir changer les choses avant de disparaître.
Histoire de pouvoir transmettre son jardin secret, découvert lors d'un vote où il fallait bien distinguer les candidats écrits sur les bulletins.

« Il savait lire. Ce fut la découverte la plus importante de sa vie. Il savait lire. Il possédait l'antidote contre le redoutable venin de la vieillesse ».

Alors il se servit de ce « pouvoir » pour résister à la barbarie, pour s'échapper de ce monde cruel et vil. En lisant des romans d'amour.

« C'était l'amour pur, sans autre finalité que l'amour pour l'amour. Sans possession et sans jalousie ».

Les livres lus s'accumulent dans sa tête, mais le nombre de cadavres augmente lui aussi. Pas seulement dûs aux jaguars, les prédateurs sont nombreux dans la jungle. Il y a le « Bagre guacamayo », l'énorme silure-perroquet. Il veut jouer, mais ses coups de queue peuvent être fatals.
Il y a aussi l'attaque au guano, lorsque les chauve-souris sont dérangées en pleine nuit.

« Vous leur avez fait peur avec votre lampe et vos cris, alors elles se sont envolées en nous chiant dessus. Elles sont très sensibles, comme tous les rongeurs et, au moindre signe de danger, elles lâchent tout ce qu'elles ont dans le ventre pour s'alléger ».

Alors là, je dis non, senor Sepulveda, je suis rongé par la honte de vous lire à ce sujet. Je ne puis guère sourire, car je ne suis pas encore chauve. Ces petits mammifères ailés ont des dents de carnassiers, ce ne sont pas des rongeurs.
A moins que ce ne fut François Maspero, un peu gauche dans sa traduction, qui se trompa d'animal.
Après le tigre, deuxième bourde faunique, heureusement les animaux n'en eurent cure et continuèrent leur vie tranquille.
Tranquille, leur vie ?

« En face de lui, quelque chose se mouvait dans l'air, dans la végétation, à la surface des eaux tranquilles, au fond même du fleuve. Une chose qui semblait avoir toutes les formes et se nourrir en même temps d'elles. Elle changeait constamment sans laisser aux yeux hallucinés le temps de s'accoutumer. Elle prenait brusquement l'apparence d'un ara, puis passait à celle d'un silure-perroquet qui sautait la gueule ouverte, avalait la lune et retombait dans l'eau avec la violence d'un gypaète fondant sur un homme. Cette chose n'avait aucune forme définie, précise, mais toujours, quelles que soient les apparences qu'elle prenait, demeuraient les yeux jaunes et brillants ».

Des mots qui explosent en bouche comme des  pop rocks. Une étrange sensation d'euphorie teintée de romantisme.
L'amour au coeur de la jungle. Frissons garantis.

Une bien agréable façon de terminer le mois.
Je vais pouvoir démarrer octobre sereinement.







Commenter  J’apprécie          3511
Où il est question d'un dentiste, d'un maire détestable et d'un vieux, Antonio José Bolivar, qui, au déclin de sa vie, est pourtant celui qui semble le plus à même de lutter contre un félin tueur d'homme dans un village reculé d'Amazonie.
L'auteur nous entraîne dans un pays qu'il connaît bien. Son héros a découvert les secrets de cette forêt grâce aux Shuars, un peuple autochtone. Depuis qu'il est retourné à une vie plus citadine (même s'il vit en retrait), il affronte la vieillesse grâce à la lecture de romans, et pas n'importe lesquels...

Ce court roman nous rassasie tant il est dense.


Un petit bijou
Commenter  J’apprécie          350
Suite à la lecture de Histoire d'une baleine blanche de Luis Sepulveda, j'ai continué sur ma lancée en lisant son premier roman le vieux qui lisait des romans d'amour
Tout à déjà était dit sur ce roman.
En le lisant, j'ai retrouvé l'Amazonie des mythes et des légendes, j'ai retrouvé la nature et des lieux fantasmés.
Tous les personnages sont là : les Indiens Shuars, le vieux Bolivar qui a vécu avec les Shuars, les chercheurs d'or, les bons et les méchants, la flore, la pluie, la moiteur tropicale et puis les animaux et le jaguar.
Ce jaguar que respecte les légendes et mythes Shuars mais pas le chercheur d'or ou le chasseur.
Et un chasseur à tué les petits du jaguar. Celui ci rôde.
Du fait de sa connaissance de la forêt Bolivar est mandaté pour protéger le village et tuer le jaguar.
Le vieux va laisser ces romans d'amour et va poursuivre l'animal.
C'est court mais tout est là : la nature, la légende, la cupidité des hommes.
C'est un livre d'émotion, de larmes mais aussi de rêves
"Antonio José Bolivar prit la direction de sa cabane et de ses romans qui parlaient d'amour avec des mots si beaux que, parfois, ils lui faisaient oublier la barbarie des hommes"
Lien : https://auxventsdesmots.word..
Commenter  J’apprécie          351
Voilà un voyage en Amazonie que je n'imaginais même pas.
Une aventure amoureuse où l'amour n'est pas celui qu'on croit.
Une poésie chaude et chantante pour un combat vibrant et droit.
Voilà un conte bien sage, bien noir, bien drôle, ou pas.

Une belle plume qui conte une petite tranche de vie.
Un rythme lent et soutenu pourtant, un rythme de vie.
Des syllabes, des mots, des phrases, savourés,
Des lectures, des romans, précieusement gardés.

Un personnage attachant au dentier bien mobile.
Une jungle colorée, sauvage, brutale et dangereuse.
Une société partagée, l'une méprisante l'autre heureuse.
Eh oui, lire des livres d'amour, c'est pas si débile.

A la lecture de ce roman, j'ai envié un peu le personnage principal qui découvre sur le tard qu'il sait lire. Et quand il lit, c'est lent, c'est un éternel recommencement, un cheminement des mots lus l'un après l'autre, un assemblage de mots pour former des phrases qui ont un sens que l'on déguste et ce, jusqu'à connaître les pages par coeur.

Moi, pour le coup, je suis plutôt une boulimique qui parfois avale en oubliant de savourer les mots, un peu triste mais bon, il y a tellement de belles choses à lire ;-)
Commenter  J’apprécie          354
Il est des livres comme de nos contemporains dès le premier instant on tombe en amour. le philtre sentimental d'une écriture limpide nous emporte dans une contrée picaresque de l'Equateur où "el viejo" prend savoureusement vie. L'histoire est le témoignage haut en couleurs d'un monde disparaissant sous les coups de boutoir de la modernité et la plénitude que nous offre l'amour de la lecture, de la nature, et des animaux.
Commenter  J’apprécie          351
Une plongée moite en plein coeur de la forêt amazonienne où les sensations sont exacerbées et remarquablement décrites par les yeux de ce vieux, dont on découvre le passé aventurier et le présent rêveur, empli d'histoires d'amour torturées et d'hommes durs et tranchants. Entre nature hostile, sauvage et profonde réflexion sur la sauvagerie humaine, l'auteur nous offre ici une très belle ode poétique à la Majestueuse Nature sylvestre des tropiques.
Commenter  J’apprécie          341
Merveilleux petit conte qui nous plonge dans les forêts et les petits villages d'Amazonie au milieu des indiens, des chercheurs d'or et des arracheurs de dents.
Les personnages sont truculents en commençant par Antonio José Bolivar, héros peu ordinaire.
Et l'amour arrive par un chemin plutôt imprévu, une belle leçon de vie et de mort!
Commenter  J’apprécie          331
Ce livre fut un coup de coeur! Je me souviens: du moment où je l'ai ouvert , je n'ai pu le lâcher. Je l'ai lu en faisant la queue à la librairie, repris dès la sortie et je me suis installée à la terrasse du premier bistrot que j'ai trouvé sur ma route, pour le finir! Une histoire simple, pleine de rêves, de simplicité, d'humilité; un conte qui parle d'humanité...
Commenter  J’apprécie          332




Lecteurs (10875) Voir plus



Quiz Voir plus

Le vieux qui lisait des romans d'amour

En quelle année est paru ce roman ?

1990
1991
1992

10 questions
486 lecteurs ont répondu
Thème : Le vieux qui lisait des romans d'amour de Luis SepúlvedaCréer un quiz sur ce livre

{* *}