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Robert Serrou (Collaborateur)
EAN : 9782262000264
316 pages
Perrin (07/10/1997)
4/5   3 notes
Résumé :
"Je suis cardinal, juif et fils d'immigrés." Tel se présente Aaron Jean-Marie Lustiger. Il a fallu qu'il devienne archevêque de Paris pour que la France, et au-delà l'Europe et le monde, le découvrent. Atypique, insaisissable, sensible, pudique, impulsif, enthousiaste, ce prélat aux allures et au langage de titi parisien ne peut que déranger. On l'aime ou on le déteste. Ses débuts, à Paris, ont été difficiles, et il lui a fallu déployer une débauche d'énergie pour f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
C'est une tante, proche de l'évêché Malines Bruxelles et très au courant des encycliques papaux et des refontes de la liturgie par Vatican II qui m'a parlé de Lustiger cardinal, fils d'immigré juif. C'est resté à tout jamais gravé dans ma mémoire et a motivé mon envie de lire sa biographie. le livre de Robert Serrou est à se procurer en lecture de deuxième main, car épuisé.

L'homme :
Sa grande facilité d'être présent à ce qu'il fait. Ce n'est pas un piétiste, ni un dévot. Il s'entend avec quiconque a le sens de Dieu : Elie Wiesel, Paul Ricoeur, le philosophe Lévinas, …. Il n'aime pas ceux qui, par prosélytisme, imposent leurs idées ou leur foi. En cela, je suis de concert avec lui.

Son prénom de baptême est Aaron. Ce prénom n'est autre que celui du frère aîné de Moïse, qui comme tout homme avait ses faiblesses. C'est lui qui confectionna le veau d'or alors que Moïse s'était retiré sur la montagne pendant quarante jours et quarante nuits.

Les parents Lustiger :
Les parents d'Aaron, Charles et Gisèle, faisait prendre conscience à leurs enfants de menaces qui pesaient sur eux. En parallèle, ils voulaient qu'il mène la vie des petits français de leur âge synonyme de liberté.

Son parcours :
Encore jeune, Aaron lit la bible, ancien et nouveau testament en entier. Il lit également l'histoire de la vie du Christ, de sa Passion et de sa Résurrection. Ces lectures l'amènent simultanément à découvrir les valeurs du judaïsme et du christianisme. Pour lui dans l'AT et le NT, il était question de connaissance de Dieu, de l'amour de Dieu, du salut des hommes. L'identification entre le Messie soufrant et Israël persécuté a été intuitive et immédiate. Beaucoup de gens lui demande comment l'on peut être à la fois juif et chrétiens. Il ne renie pas ses origines.

La mère d'Aaron, Gisèle sera une juive envoyée à Drancy sous dénonciation de son employée de maison fiancée à un membre de la Milice. L'employée voulait s'approprier l'appartement des Lustiger. de Drancy Gisèle sera déportée vers Auschwitz ou elle mourra le 16 février 1943, mais son fils Aaron n'aura connaissance du décès qu'en 1946.

Sans le dire à personne, Aaron avait pris la décision d'entrer dans les ordres dès son baptême en 1940. Il avait alors quatorze ans. Sa décision sera pour lui irrévocable mais lui vaudra un conflit extrêmement violent avec son père. Il ne se reverrons plus pendant deux ans. Pourquoi un père peut-il être si directif encore plus tard à la majorité d'un fils. Des psychologues diraient : « Il faut couper le cordon ombilical ». Ce genre d'attitude ne peut qu'entraver le plein épanouissement de l'enfant. le refus du père à l'ordination du fils était déstabilisant pour Aaron. Il conclut de la façon suivante : La vision chrétienne du monde, simplement par son contenu humaniste, son contenu d'amour et de paix, est la plus belle qui soit. Elle mérite que l'on donne sa vie pour elle.

A l'ordination, il prendra le prénom de Jean-Marie.

De 1954 à 1969, il est nommé aumônier du Centre Richelieu, rassemblant les étudiants en lettres et sciences de la Sorbonne.

En 1969 il est nommé curé de la paroisse Sainte-Jeanne-de-Chantal.

En 1979, il est nommé » évêque d'Orléans. Il le restera 13 mois avant d'être nommé évêque de Paris où il succèdera à Mgr. Marty. Il sera cardinal, créer par le pape Jean-Paul II en février 1983.

Secondé par le Cardinal Decourtray, J-M Lustiger noue les contacts les plus délicats pour tenter de régler, en 1987, l'affaire des « carmélites polonaises » installées à Auschwitz où sa mère a été assassinée. Elles quitteront le camp en 1994. Il sera par son action un des principaux artisans du succès du voyage du pape à Jérusalem en l'an 2000.

Après la mort de Lustiger, le congrès juif mondial à tenu à rendre hommage à sa « très grande figure morale » et son action positive en faveur des relations entre judaïsme et christianisme.

C'est un livre par lequel j'ai beaucoup appris sur l'histoire de l'Eglise depuis le début du nazisme jusqu'au début du nouveau millénaire.

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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
A sa visite en URSS, Lustiger avait mis une condition que le gouvernement russe avait acceptée : se rendre à Kiev, un berceau du christianisme, où les uniates sont interdits de culte et où le clergé est persécuté. Mais, dans le train qui l’amène de Vilnius à Moscou, il se passe une scène incroyable ; le représentant du gouvernement soviétique qui les accompagne lui met un marché en main : l’abandon des uniates par Rome, en échange de plus de souplesse de la part du gouvernement envers les catholiques romains d’URSS. Lustiger n’en revient pas, et ne donne évidemment pas suite. […]. Cet incident ne sera pas sans conséquences sur la suite du voyage. Le gouvernement soviétique, fit savoir à Lustiger qu’il ne pouvait finalement se rendre à Kiev, le métropolite de la ville, Filarète, refusant de le recevoir. Une manière de lui faire comprendre que sa venue n’était point désirée.
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Les médias, c’est en quelque sorte la chaine d’aujourd’hui, le moyen moderne de transmettre une Parole au-delà du monde de plus en plus réduit qui fréquente les églises. Dans une société « déculturée », déracinée de sa mémoire historique, déchristianisée, les presses, les radios et la télévision, sont des intermédiaires irremplaçables. Cela, Lustiger l’a fort bien perçu. Dans ce domaine il a un flair infaillible Ayant une connaissance parfaite du fonctionnement d’un journal, il sait où aller selon ce qu’il a à dire. Il ne choisi jamais un organe de presse au hasard.
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Charles et Gisèle Lustiger n’ont jamais voulu donner à leurs enfants cette mentalité « d’enfants du ghetto ». Aaron et Arlette devaient prendre conscience des menaces de persécutions qui pesaient sur eux, mais, en même temps, mener la vie des petits Français de leur âge et se nourrir de cette culture française, synonyme de liberté. C’est dans cette perspective qu’ils déménagent à nouveau en 1935 pour s’installer rue Jules Chaplain dans le quartier Montparnasse.
― En s’installant là, et en quittant le quartier Montmartre où se regroupaient les Polonais de Paris, mes parents ont volontairement créer une rupture pour nous sortir du milieu fermé, explique aujourd’hui Arlette.
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Entre les deux hommes il existe des liens spontanés et profonds. On peut même parler d’amitié. Ce qui les rassemble, c’est cette même conception de la foi, cette même approche du Christ et de l’Eglise, ce même don de la mission. Ils ont le même projet global. Le cardinal admire l’humanité du pape, et le pape est un peu intrigué par la personnalité de Lustiger. Ces deux hommes se ressemblent. Tous les deux ont les mêmes racines, la Pologne. Ils ont connu le drame de la Seconde Guerre mondiale, ont souffert de la persécution l’un dans la Pologne occupé par les nazis, l’autre pourchassé parce que juif. Tous les deux ont vécu l’expérience de la vie ouvrière. Ils partagent les mêmes goûts pour la littérature et la philosophie. Enfin, et ce n’est pas le moindre, ce sont deux personnalités atypiques : l’un est pape polonais à Rome, l’autre cardinal juif à Paris.
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A l’aube du 16 juillet 1942, quatre mille cinq cents policiers français s’étaient lancés à la poursuite des Juifs. La rafle du Vel’ d’Hiv’ se solde par l’arrestation de treize mille Juifs, dont six mille femmes et plus de quatre mille enfants. […].
Mme Lustiger est envoyée à Darcy. Elle reste là plusieurs mois avant d’être déportée à Auschwitz. […].
Gisèle Lustiger n’ignorait rien du sort qui l’attendait, comme l’attestent les lettres qu’elle envoie clandestinement à ses enfants. Elle les faisait passer par les gardiens de Drancy, moyennant finances. « Mes enfants, dit l’une d’elles, c’est une maladie mortelle ; surtout gardez-vous en. »
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