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sur 623 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La petite histoire

Nous écoutons le récit de Louise, vivant dans la clandestinité, qui va relater quelques mois de sa vie mais aussi celles d'autres adolescentes qui ont connu dans leur chair la Grande Mutation. Un changement si brutal qu'il va provoquer la haine, la peur, la persécution et diviser la population. Louise va raconter comment elle va apprivoiser son corps, l'accepter et affronter le regard des autres.

" Comme si la nuit était suspendue. Et la lame de la lune, là-haut dans le ciel, étincelait comme une griffe. "

Ce que je retiens de cette lecture...


Le contexte de lecture


Une lecture commune dans le cadre du Tournoi des élites et de l'épreuve des audacieux organisé par le staff du PLIB. J'ai donc fait cette lecture auprès des Guérisseurs.


J'ai adoré retrouver la plume de Stéphane Servant que j'avais savouré, il y a deux ans avec Sirius, une autre écriture bouleversante.


Un petit mot sur la couverture en bleu et jaune de Patrick Connan, dont je conseille la découverte de son site où l'on retrouve d'autres magnifiques couvertures de Rouergue éditions ou des pastiches d'affiches de film très réussis.

" La ville ressemblait à un chaudron où bouillonnaient l'ennui et les ragots. "

Je m'excuse pour l'effet brouillon de cette chronique : j'ai jeté mon ressenti au fur et à mesure.

L'atmosphère du livre

Nous sommes d'emblée plongés dans le récit avec le "je" de Louise qui nous fait vivre toutes ses émotions, ses réflexions, son évolution, sa métamorphose physique mais surtout mentale. de l'adolescente à la femme, du doute à la détermination.
La tension monte crescendo, prend son temps et l'atmosphère délétère s'étend progressivement mais sûrement.
Pas de chapitres, pas de pause, pas de temps mort, on avance inexorablement avec Louise ballotés par les événements, pas de répit.

Je ne cacherai pas que j'adore la plume de l'auteur : il écrit fabuleusement bien et ici il a une façon d'aborder la féminité qui me touche profondément et je suis émue de voir ce sujet traité avec tant de justesse par un homme. Il semble bien cerner les problèmes qui préoccupent les adolescentes d'aujourd'hui et de toujours aussi. L'auteur écrit pour et sur les femmes avec un ton juste et une connaissance sensible.


"Nous étions douze. Douze adolescentes, douze corps trop maigres, trop épais, trop tordus, douze corps imparfaits que nous tentions de dompter comme on l'aurait fait avec des chevaux sauvages. Nos chevaux étaient rebelles, mauvais et têtus.Nous mordions la poussière en essayant de les domestiquer. tout partait dans tous les sens, rien ne nous obéissait. Nos corps nous malmenaient, ils nous épuisaient."

C'est une quête identitaire essentielle, vitale à laquelle nous assistons. Par le biais du fantastique, il dénonce les travers de notre société urbaine détachée de la nature, obnubilée par la performance et le paraître.

Les personnages

Louise ne se plaint jamais et pourtant elle n'est pas toute blanche, elle a su être superficielle, lâche mais elle ne renonce jamais. Cette force est née des épreuves de la vie, la perte de sa mère, sa culpabilité, ses blessures physiques...

" Voilà le genre de fille que j'étais. Une enfant qui jouait à la femme fatale. Une Alice grimée en Reine de coeur sans pitié. Une Narcisse troublée par son reflet. Une adolescente, ni pire ni meilleure que les autres, je crois."

Tom, l'ami, l'amant
Il est sensible, doux, à l'écoute et plus complexe que son allure ne le suggère. Il sait qui il aime et pourquoi.

" Avec lui, j'avais compris que les gens ne sont pas que ce qu'ils montrent. Chacun possède un monde intérieur. Celui de Tom était étrange, décalé, mais aussi extrêmement créatif et sensible. Presque féminin, auraient pu dire certains."

le père de Louise et Satie, le petit frère

La famille est très soudée. C'est un pilier qui donne de la force et de l'équilibre à l'héroïne. le père se révèle dans l'adversité et Satie réagit avec le coeur sans préjugés et a-priori. L'enfance qui ne juge pas, ignore les différences.

Les filles

L'auteur a su cerner les problèmes de jeunes adolescentes perdues dans leurs corps et bombardées par les clichés ( dans les deux sens du termes) que notre société nous renvoient.

Fatia, Morgane, Sara, La Rouquine, la Blanche, Alexia, Camille et j'en oublie sans doute que Louise n'oublie pas.

" J'aimerais que tu fasses tes propres choix. Pas ceux qu'on te dicte. "

L'auteur met en avant le particulier, le singulier , l'unique par opposition à l'uniformisation, au standard, à l'anonyme revendiqué par les sectaires. Il prône un "je" conscient qui s'unit à l'autre pour faire un "nous" riche, diversifié, complémentaire, complexe.

" Pour l'administration, le foulard comme le short étaient sacrilèges."

" Nos corps faisaient débat.
Encore une fois. "

" Pour lui, nous incarnions la dégénérescence, nous étions la première tache sur le corps moribond de l'humanité, les signes de la catastrophe imminente, l'annonce de l'Apocalypse. "

Je remercie l'auteur pour son écriture poétique et coup de poing, je le remercie d'éveiller les consciences, d'en appeler à la vigilance, de responsabiliser son lecteur face à la différence, au déni des réalités.


" ... ce que l'homme ne comprend pas, souvent il le détruit. "

Roar !!! C'est un coup de coeur pour moi ! Une écriture qui est poésie et poignard à la fois. Un très bon roman adolescent à mettre d'urgence entre toutes les mains.

" Vous savez, c'est ce qu'on demande souvent aux victimes de viol : est-ce que vous avez résisté ? Vraiment résisté ? Et c'est insupportable d'entendre ça. Fred a profité du fait que j'étais jeune, frêle et ivre. Il a attendu que je sois la plus vulnérable possible pour s'en prendre à moi. Il n'y a qu'un seul coupable et c'est lui. On ne se fait pas violer. On est violée. le viol, c'est l'autre qui le fait. C'est l'autre qui impose sa violence. Une violence extrême et aveugle qui fait de vous un objet que l'autre veut soumettre et détruire. "

" C'est à ça que servent les livres. A ouvrir les yeux des hommes, et, avec un peu de chance, leur coeur."
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Vu les avis assez contradictoires, Félines me faisait un peu peur. Mais fort heureusement, dès les premières pages, l'auteur avait gagné une lectrice avide de découvrir son roman prenant la forme d'un témoignage fictif, celui de Louise. J'ai adoré me plonger dans la vie de cette adolescente cabossée par la vie qui, deux ans après un accident lui ayant fait perdre sa mère et sa popularité, doit affronter une nouvelle épreuve : sa mutation. Un phénomène inattendu et inexplicable recouvrant progressivement les jeunes filles de poils et les dotant de meilleurs sens. Dans une société où les poils demeurent tabous, voilà une transformation qui ne passe guère inaperçue, a fortiori quand elle est instrumentalisée par des fondamentalistes qui voient en cette évolution une manière d'abrutir et de contrôler les masses jouant sur cette peur ancestrale et profondément ancrée de la différence.

Les adolescentes ne sont donc plus des jeunes filles, ce ne sont plus les enfants de parents censés les soutenir et les aimer inconditionnellement, ce ne sont plus des soeurs ni des amies ou des petites amies… Non, ce sont des dépôts de Satan qu'il convient de traquer, de parquer, de châtier et d'éduquer comme les animaux qu'elles sont devenues. Voici la position défendue par les extrémistes de la ligue de la Lumière qui, pour notre plus grand écoeurement, gagne en puissance jusqu'à atteindre les plus hautes sphères du pouvoir. de manière explicite, l'auteur reproduit ce dont notre Histoire a déjà été le témoin. Et ça marche parce qu'il suffit de regarder autour de nous pour se rendre compte que cette même haine de l'Autre et de ce qui est différent de nous est encore fortement ancrée dans le coeur et le corps des hommes.

Les réactions auraient-elles été aussi extrêmes et violentes si le phénomène avait concerné les hommes ? Peu probable parce que les dirigeants, la plupart du temps masculins, auraient veillé à changer les règles pour protéger leur position et leurs acquis. Mais ici, on parle de femmes, cette catégorie de la population qui n'a pas le droit à l'erreur, qui ne doit pas faire de vague et dont le corps est soumis constamment aux jugements et aux diktats de la société. Il se dégage donc de ce roman un message féministe fort auquel j'ai été particulièrement sensible et que je trouve très important, notamment si l'on considère le lectorat visé par cette publication. J'ai également apprécié la solidarité féminine qui se développe entre les Félines, condition sine qua non pour leur assurer une place au sein d'une société qui les rejette.

Ni monstres ni Obscures, les Félines sont juste des jeunes filles qui ont vu leur corps changer et leurs capacités évoluer, mais qui conservent le droit d'exister, d'aimer et de vivre leur vie sans être ostracisées ni violentées. Devant les injustices qu'elles subissent, les Félines vont peu à peu se réunir, se rebeller et s'opposer aux autorités… Certaines se montreront plus féroces que d'autres, mais Louise fera de son mieux pour leur éviter de tomber dans cette violence à laquelle on essaie de les acculer afin de pouvoir les exterminer en toute impunité en raison de leur « dangerosité ». J'ai apprécié la manière dont l'auteur nous montre le cercle vicieux que certains peuvent mettre en place, avec le soutien des médias contents de faire du sensationnalisme et donc de l'audimat, pour justifier l'usage de la force et créer un profond clivage au sein de la population… La société se divise d'ailleurs ici rapidement entre Félines et humains, entre créatures de l'enfer et enfants de Dieu selon La Ligue de la Lumière, une organisation qui utilise le prétexte de la religion pour asservir et tuer.

Fort heureusement, tout le monde ne cède pas à la haine ni à la peur. À cet égard, j'ai adoré la famille de Louise, et en particulier son petit frère qui se révèle des plus attendrissants. Pour ce dernier, peu importe que sa soeur ait gagné une pilosité importante, elle reste la même personne, celle qui joue avec lui, l'emmène à l'école et lui raconte des histoires le soir. Et puis c'est doux les poils, non ? Quant à son père, bien que dépassé par la situation, il fera de son mieux pour aider et soutenir Louise comme tous les parents devraient le faire, ce qui est loin d'être le cas que ce soit dans le roman ou la réalité. Regrettant que les parents soient bien souvent défaillants ou absents dans les romans young adult, cette figure paternelle, bienveillante et aimante, m'a beaucoup touchée.

J'ai également apprécié Tom, un jeune homme stigmatisé, non pas en raison d'un système pileux hyperactif, mais de sa différence, de sa sensibilité, de son amour des livres, de son amour des histoires d'amour, de son amour des hommes, de son embonpoint…Ce personnage, en plus d'être émouvant et de soutenir inconditionnellement Louise, permettra à l'auteur d'aborder la notion d'amour qui peut être protéiforme, de genre, mais aussi l'importance de laisser chacun être soi sans tenter de l'enfermer dans des cases.

J'aurais peut-être aimé que ces thèmes soient un peu plus développés, mais devant la multiplicité des thématiques abordées, je comprends qu'il ait fallu opérer des choix. Car en plus du racisme et de la méfiance envers les Félines qui traduit surtout celle envers les femmes qui osent se démarquer des carcans de la société, le roman interroge la notion de liberté et de désobéissance civile, et évoque des thèmes comme le harcèlement scolaire, le viol et la culpabilisation des victimes, la question des réfugiés qui sont traités de manière abjecte et avec un manque d'humanité flagrant, les mécanismes de la propagande et le rôle des médias, la manière dont un contexte socio-économique difficile peut servir de terreau à la haine…

Les personnages secondaires et les thématiques abordées sont donc intéressants, mais c'est le travail réalisé sur la personnalité de Louise qui m'a le plus agréablement surprise. Cette jeune fille fait montre, dès le début du roman, d'un sacré recul sur sa vie d'avant l'accident l'ayant fait tomber de son piédestal et de sa vie de petite princesse capricieuse et odieuse. On l'entend nous parler de cette adolescente méchante et superficielle qu'elle était tout en découvrant la jeune fille courageuse, forte et battante qu'elle est devenue. le jugement sans concession de Louise sur sa vie d'avant la rend assez sympathique malgré un certain manque de chaleur dans la manière dont elle nous raconte son histoire. Cela m'a d'ailleurs un peu perturbée en début de lecture puisque j'ai eu l'impression que Louise ne parlait pas de sa vie, mais de celle de quelqu'un d'autre. Mais la pertinence du ton de la narration a fini par s'imposer à moi parce que l'histoire de Louise, ce n'est pas que la sienne, c'est un peu celle d'Alexia, de Fatia, et de toutes ces Félines, anonymes ou non, mortes au combat ou bien décidées à se battre pour revendiquer le droit d'exister !

Tout au long du livre, on apprend d'ailleurs à connaître certaines Félines comme La Rouquine et Fatia qui sont celles qui m'ont le plus marquée. La première en raison de sa personnalité et de son altruisme malgré les circonstances, et la seconde pour sa révolte qu'elle porte haut et fort comme pour faire un pied de nez à tous ces hommes et ces humains qui la rejettent, elle et ses soeurs, pour ce qu'elles sont. Louise et Fatia sont un peu les exacts opposés, mais chacune aura une certaine influence sur l'autre : Fatia donnera l'inspiration et le courage à Louise de se battre et Louise insufflera à Fatia un peu d'espoir quant à l'humanité. Et vu les actes de certains « hommes », de l'espoir, il en faudra !

Quant à la plume d'auteur, agréable et immersive, elle permet de se plonger sans réserve dans l'histoire, de vivre de l'intérieur le combat de Louise et de ses soeurs, de ressentir toute l'injustice de la situation… le roman se lit donc tout seul, presque en apnée, tellement il est difficile de lever le nez du livre une fois les premières lignes avalées. Il faut dire qu'en plus de thématiques sociétales fortes, le roman bénéficie d'un bon rythme, les événements s'enchaînant rapidement et l'action étant omniprésente. Les instants émouvants de vie, d'amitié et de complicité alternent avec des moments plus durs, ce qui apporte un certain sentiment d'urgence et donne l'impression presque oppressante que tout peut basculer d'un moment à l'autre…

En conclusion, Félines fut une lecture pleine d'intelligence qui, sous couvert d'un phénomène extraordinaire et inexpliqué, permet de soulever des questions importantes autour de thématiques sociétales fortes allant de l'oppression des femmes au racisme en passant par l'extrémisme religieux. Immersive, haletante, et parfois choquante de réalisme, cette lecture ravira les lecteurs en quête d'une aventure rythmée et sous tension dans laquelle l'humanité s'apprête à affronter son plus gros changement. Plus qu'une révolte, la révolution Félines est en marche, et rien ne pourra l'arrêter !
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Dès le début du roman le ton est donné. Immersif. Puissant. Révolté. On est lancé dans un roman qui ne commence pas tout à fait et ne s'arrête pas tout à fait. Roman métaphorique d'un monde bien actuel où des jeunes se retrouvent braqués en place public, les mains croisées sur la nuque, où des femmes frôlent les murs pour échapper aux regards des hommes, ou des adolescentes se plient à des diktats d'une société moisie, sombre, opprimante. Les Félines c'est vous et moi. Les Félines se sont des femmes, des adolescentes qui voient leurs corps changer, poils sous les aisselles, le pubis, les jambes. Noirs, bruns, blonds, roux. Il faut raser, tout effacer. Mais ça ne s'arrête pas là. Ça grimpe, et puis le torse, le ventre, les seins, le dos, les épaules, le visage. Métaphore. Métaphore des corps qui changent, qui se tordent, sans que personne n'est rien demandé. Des corps avec lesquels il faut vivre. Dans la nuit, dans le jour, dans le regard des autres.

Toutes ces filles-adolescentes qui d'un coup ne ressemblent plus à nos diktats, à nos illusions, à nos rêves. Toutes ces filles-adolescentes qui d'un coup ne sont plus que des filles-adolescentes. Des monstres ? Des créatures du diable ? C'est ainsi que désormais le monde les perçoit, monstrueuses, violentes, d'un coup affichées là à la face du monde. Métaphore encore de ces filles-adolescentes qui ne rêvent que de liberté, qui espèrent toutes dans leur lit pouvoir être libres et au réveil se regardent dans la glace pour effacer le moindre de leur « défaut ». C'est brutal. Violent. C'est l'adolescence telle qu'imaginée par des hommes qui ont dirigé le corps des femmes depuis l'aube des temps. Alors oui c'est imaginaire, il y a ce côté « poussif », cette transfiguration du corps, mais croyez-moi ça va bien au delà de cela, bien au delà d'une jolie histoire, bien au delà d'un récit. C'est comme regarder un peu déformé de toi-même, de ton histoire, de ton adolescence. Et même d'aujourd'hui. de l'escalade de violence. de l'engagement des jeunes. de la montée des extrêmes. Et encore et toujours du regard sur le corps des femmes.

Les romans de Stéphane Servant ont toujours pour moi été des contes dont les leçons visaient à regarder le monde autrement. Mais ce n'étaient que des contes. Avec ce roman, l'auteur aborde notre société contemporaine avec un regard et une écriture beaucoup plus engagée. Bien sûr vous retrouverez des mots-merveilles, des conversations loufoques, des rires dans la nuit, de la tendresse et de l'amour. La famille aussi. Mais il y a ce récit, propulsé comme un témoignage dans une société gangrenée, retour aux méthodes de la seconde guerre mondiale (camps de travail, parcs à animaux, exactions policières, robes distinctives, etc.), une ode à la liberté. On commence par cette adolescence presque ordinaire, les moqueries, le regard des garçons, les ragots, l'envie d'être du bon côté de la barrière. Puis on glisse. Indubitablement. Les félines qui se réveillent, ces femmes-chats qui se transforment, mutation d'un chromosome. Et puis la haine. Toujours. Envers tout ce qui est différent, intolérable aux yeux des bien pensants, et la récupération politique bien sûr, sans elle comment se porterait le monde ? Et les félines, de véritables bouffées d'air dans ce récit, libres, sauvages, avec cette puissance de l'âme.

Chaque personnage est extrêmement travaillé. Même ceux que l'on déteste. Il y a Louise bien sûr qui cache ses cicatrices derrière une grande cape noire et son frère, et son père, cette famille soudée en laquelle on a envie de croire. Mais aussi Tom, le coeur sur la main, les yeux dans les livres, le géant et la gothique au bord du lac. Et puis toutes les autres félines : Fatia et la Rouquine pour commencer, et celles que l'on ne voit pas venir. Celles que l'on aimerait détester mais dont on comprend chacun des gestes. J'ose croire, étrangement, que tout ne se passerait pas comme ça, que l'on serait davantage à se rebeller, davantage à les soutenir, à nous soutenir, toutes dans un genre de solidarité combative. Mais qui sait ?

Félines c'est le genre de romans qui te fait gamberger un bon moment. Qui te reste en tête longtemps. Et qui te fait dire que tu aurais adoré lire ce genre de livres en étant ado. Un roman féministe et engagé, féminin et engageant, politique aussi d'une certaine façon, mais surtout militant d'un monde plus juste, plus tolérant, plus beau tout simplement. Où les gens s'aimeraient, à l'image de Tom et Louise, sans rien attendre, construisant des plans sur la comète avec ce qu'il faut d'insouciance et de magie.

En résumé

Le dernier roman de Stéphane Servant est une petite bombe. Abandonnant les allures de contes oniriques de la langue des bêtes et Sirius, Félines se fait roman engagé et militant. Véritable ode à la féminité, à la résistance et à la tolérance, ce one shot est une merveille. Un roman à lire pour toutes les adolescentes (et adolescents) avec un message puissant et toujours plus d'actualité : être différent, ce n'est pas être un monstre, c'est être comme tout le monde. C'est être félines.
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Je prends un grand risque en vous dévoilant publiquement mon admiration pour Louise et pour toutes ces Félines qui combattent sans relâche pour leur liberté d'être ce qu'elles sont. Si les autorités me trouvent, elles me jetteront certainement en prison. Mais après avoir lu le témoignage recueilli (et je dois le dire, magnifiquement écrit) par l'écrivain Stéphane Servant, je ne peux pas rester muette plus longtemps. Louise et toutes celles qu'elle représente à travers son histoire, sont des êtres marquants, qui cherchent simplement à être acceptées malgré leurs différences. Et ce n'est pas juste [...]

Pour lire la suite de cette critique, rendez-vous sur yuyine.be!
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Le genre : Toutes à poils

de Stéphane Servant, j'avais déjà lu le déroutant Sirius, que j'avais beaucoup aimé. Je ne savais pas tellement à quoi m'attendre avec Félines, histoire où des adolescentes se transforment en ... félines, comme l'indique justement le titre. Pourquoi pas ...
Les premières lignes du livre ont suffi pour éveiller tous mes sens en alerte type “attention, petite pépite”. Je termine en ayant reçu une très grosse claque. Tout commence par une mise en abyme : un faux écrivain remercie un faux éditeur d'avoir le courage de publier ce livre, politiquement incorrect, qui est le témoignage de Louise. Une pacte d'authenticité donc. Louise, une adolescente qui s'est transformée en Félines à la suite d'une mutation d'un de ses chromosomes, comme beaucoup de jeunes filles de son âge. Louise, dont le corps s'est couvert de poils. Louise, dont le corps, considéré comme anormal, dérange, et qui se retrouve traquée par ses concitoyens. Louise, qui va résister.
Au-delà de la simple narration, menée avec brio sans temps mort, ce livre porte en lui-même une telle quantité de thèmes forts qu'on ne peut qu'être qu'aspiré dans ce tourbillon. Toute l'authenticité revendiquée est là, dans ces thèmes développés. Si l'auteur se concentre sur la narration, il aborde avec une immense subtilité de nombreuses problématiques, si nombreuses que chaque lecteur peut un peu s'y projeter de façon différente, ce qui fait toute la réussite du roman.
Réflexion sur la place des filles et des femmes dans notre société, le diktat des corps lisses et glabres, épilés à la perfection. A cela les Félines opposent le fait d'assumer leurs poils, de se mettre à poils, dans toute la beauté de leur nature. Si Louise, notre héroïne, accepte si facilement son nouvel état, c'est que son corps, déjà abîmé par de nombreuses cicatrices suite à un accident de voiture, ne rentre plus dans les cases de la beauté imposée. Et pourtant, de son propre aveu, elle aussi a été cette jeune fille pour qui l'apparence comptait plus que tout, acceptant volontiers de jouer le jeu de la femme sexualisée (ce qui n'est pas sans conséquence).
Réflexion sur la différence. La société va traquer, enfermer, voire tenter de rééduquer et guérir ce qui est différent, ce qu'elle ne connaît pas, ces jeunes filles réduites au silence car considérées comme dangereuses. Elles mordent, elle griffent, leur sens sont davantage aiguisés. Elles ne se laissent plus faire.
le livre fait également la part belle à de très joli personnages secondaires : le petit frère de Louise, qui ne voit aucun problème dans la transformation de sa soeur, pas encore formaté. Tom, l'ami de Louise, garçon impossible à enfermer dans une case précise..
Message de résistance également, car les Félines ne vont évidemment pas se laisser faire. Par ailleurs, le roman n'est pas manichéen, et les Félines comptent dans leurs rangs de nombreux hommes (tout comme les opposants aux Félines comptent des femmes). Chacun résiste à sa manière, par rapport à son vécu : manifestations, gestes extrêmes, certaines se cachent simplement. Tout sonne juste.
Quant à l'écriture, c'est la cerise sur le gâteau, fluide, précise, cherchant le mot juste : “T'aimes les Félines ? T'es Bi ?”
Félines, c'est le livre que j'aurais aimé lire quand j'avais 15 ans. A mettre en toutes les mains, filles et garçons, adolescents ou adultes parce que comme le dit Louise : “C'est à ça que servent les livres. À ouvrir les yeux des hommes, et, avec un peu de chance, leur coeur.”
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Félines est un roman dystopique écrit par Stéphane Servant, mettant en scène des jeunes femmes victimes d‘une mutation génétique due à la présence des chats dans les foyers. On les appelle des félines et elles sont victimes de discrimination en raison de leur apparence physique. Effectivement, la mutation les a dotées d'un pelage.
J'ai adoré ce livre car j'aime beaucoup l'idée d'une mutation due aux animaux de compagnie. Je trouve ça beau ce mouvement de résistance des felines, le fait qu'elles ne se laissent pas faire. L'esclavage des félines dans les ateliers me fait penser à un mix des ateliers d'enfants (travail forcé) et de la prison (parloir).

Alex
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Je vous présente un super roman !
Une pandémie s'abat uniquement sur les adolescentes : des poils leur poussent sur tout le corps, de même, leurs sens s'aiguisent semblables à des chats. Est-ce réellement une pandémie ou plutôt une évolution de la société ? Quelle que soit la cause, ces filles du monde entier se retrouvent confrontées à une réaction violente de la majorité de la population.

Quel formidable roman ! Ce roman devrait être mis entre toutes les mains car, même si c'est de la fiction, il fait écho à notre société, actuelle ou non. Tous, nous sommes différents mais tous, nous rêvons d'une liberté et de droits semblables et égalitaires, quelle que soit notre sexe, notre race et le pays dans lequel on vit. Ce roman met principalement en exergue les thèmes de la différence et de l'exclusion mais il va aussi plus loin puisqu'il aborde de nombreux autres thèmes tels que la condition féminine, la condition animale, le harcèlement scolaire, le consentement, le viol, le deuil, mais aussi des symboles forts et positifs tels que l'amitié, l'amour et le courage.
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Lu, dévoré en un après-midi. Juste magnifique. Poignant. Qui parle tellement des femmes et aux femmes, et aussi à tous ceux qui subissent ou souffrent de discrimination. Juste envie de dire merci à l'auteur. j'ai lu beaucoup de très beaux romans jeunesse dans ma carrière, mais celui-ci aura une place particulière dans ma tête et dans mon coeur. Et il file directement sur les étagères de mon CDI.
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Attention ce livre est très émouvant !
Félines est un roman où le monde est le nôtre. Louise R qui a 17ans va raconter son histoire. Alors qu'elle a déjà subi plusieurs traumatismes étant jeune, elle va être confrontée à un réel problème mondial. Plusieurs jeunes adolescentes comme elle, vont être submergées par une mutation inconnue .Cette mutation va toucher le physique ainsi que les sens de l'individu. Surnommées alors les Félines, elles vont être menées à un réel combat contre la discrimination instituée par la société.
Mais ce combat ne va-t-il pas se transformer en guerre contre tous ceux qui veulent les réduire à l'état animal ou qui veulent les aliéner ?
Leur dernier espoir va donc être ce lien fort qui les réunit toutes dans ce combat qui est LEUR COMBAT.

Ce livre est très bien écrit , il permet de montrer du doigt ce qu'est la discrimination. Les sentiments ressentis par la jeune femme sont très forts.
En tant que lectrice, j'ai adoré lire ce livre ! Tous les sentiments que la jeune femme ressentait me donnaient des frissons.J'étais complètement plongée dans l'histoire. J'avais presque l'impression d'être dans l'histoire et quand j'eus fini le livre j'étais presque triste.
Je le recommande donc fortement, mais à un certain âge pour pouvoir comprendre le message qui est caché derrière, en arrière plan. Nous avons de l'action, de l'intrigue et pour alléger certains points difficiles , de la douceur est apportée par quelques personnages du livre.
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Sans aucun doute, un de mes livres préférés par tous les thèmes qu'il aborde et par le réalisme que l'auteur a su y apporter !

La transformation des filles est tellement bien décrite qu'elle en devient réaliste, surtout dans la manière dont l'auteur a choisi de narrer l'histoire comme si c'était un fait, et que tout ça, c'était vraiment produit.

L'univers dans lequel vivent les filles (le nôtre) est vraiment bien retranscrit, elles sont rejetées parce qu'elles sont différentes, ne serait-ce pas là une image du racisme dans notre propre monde. Des personnes différentes, pourtant humaines exactement comme nous, rejetées pour leur physique. le livre nous fait donc réfléchir énormément sur ce point et l'on se sent révolté, qu'elle soit traitée de la sorte.

Beaucoup d'autres thèmes sont abordés dans ce livre, en plus du féminisme et de la discrimination que je vous laisse découvrir en lisant cette pépite qu'est Félines.

Chronique complète sur le lien qui suis.
Lien : https://foxandbooks.art.blog..
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