C’est étrange parfois, comme on agit sans tenir compte d’aucune logique apparente. On se laisse guider par une impulsion qu’on dirait surgie de nulle part. Un jaillissement qui nous pousse vers une direction que l’on n’avait même pas entrevue. Sans même se soucier des causes ou des conséquences. En cessant de penser pour être. Etre entièrement soi. Délivré de tous les carcans. En laissant les ombres et les lumières qui habitent les profondeurs de notre âme s’emparer entièrement de nous, et nous guider sur des chemins où jamais nous ne nous serions aventurés. Dans ces moments-là, ni la chair ni la raison ne peuvent rien. Le corps est mu par des énergies souterraines et primitives qui déferlent comme une source jaillie soudainement d’entre les roches de la montagnes. Une source que rien ne peut retenir.
"Aucune maison ne protège de la solitude et des regrets"
Tout le monde savait qu’il délaissait depuis longtemps sa femme. Alors combien d'entre elles avaient eu recours aux services de la Quimette, à ses plantes et à ses aiguilles, pour faire passer la vie qui s’était mise à palpiter en elles ? Combien d'entre elles avaient donné naissance à des enfants sans père ? Je me suis juré que ça ne se passerait pas ainsi. Dès demain, j’irais trouver Armand et je lui dirais la vérité. Je lui dirais que si j’étais femme, lui était homme. Et que si moi j'assumais cette vie, il devait l'assumer lui aussi.
Ils accepteront ta liberté de femme, si ta liberté porte les habits de la folie. Ils cracheront peut-être à tes pieds, mais tu pourras aller sans entrave car les crachats ne sont pas des chaînes.
Et d'un coup nous avions tous les deux les yeux ouverts et on se regardait et il y avait dans ses yeux quelque chose de dur et de doux à la fois, le pardon et le regret, la haine et l'amour, une histoire qui ne serait jamais mise en mots, parce que qui peut raconter ce qui brille au fond d'un regard l'espace d'un instant et qui s'enfuit aussitôt ?
Le passé qui ressurgit est venu briser définitivement le fragile présent.
Parce que tuer l’enfance, c’est tuer la dernière parcelle d’humanité. C’est assassiner le futur, c’est nier le passé, c’est dissoudre le présent.
Un soir où les mots sont épuisés, elle réalise que dans chaque histoire se cache un mensonge, comme un serpent sous une pierre. Et c'est à ce moment là, elle en est presque sûre, qu'elle cesse d'être une enfant.
-La réalité est un mensonge, Célia.
-Un mensonge ?
-Tu crois vraiment les choses comme elles sont ? Vraiment ? interroge Alice, qui tire des tissus du coffre de bois. Tu sais quoi ? Moi je pense que tout ça, c'est des inventions. Des inventions d'humains. Des illusions. On met des mots sur des choses qui n'existent pas. On se persuade comme ça que notre vie a un sens. On se donne un prétexte pour faire passer la peine ou la douleur. On court après des rêves de bonheur. Et qu'est-ce qui reste au final ? Rien. Il ne reste rien.
- Tout est si confus de puis que je suis arrivée ici.Parfois, j'ai l'impression de ne plus savoir où est la réalité.
- La réalité? Quelle réalité? demande Alice en souriant.
-Et bien, je ne sais pas, ce qui relie les gens entre eux. Les sentiments, l'histoire.
- La réalité est un mensonge, Célia.
-Un mensonge?
- Tu crois vraiment qu'on voit les choses comme elles sont? Vraiment? interroge Alice qui tire les tissus du coffre de bois. Tu sais quoi? Moi, je pense que tout ça, c'est des inventions. Des inventions d'humain. Des illusions. On met des mots sur des choses qui n'existent pas. On se persuade comme ça que notre vie a un sens. On se donne des prétextes pour faire passer la peine. Ou la douleur. On court après des rêves de bonheur. Et qu'est ce qui reste au final? Rien. Il reste rien.