C'est drôle la façon dont parfois la vie ressemble à un conte. Le Moulin comme un château triste et froid. Armand en roi tyrannique et hautain. Jeanne la reine des glaces. Thomas le prince lunatique. Moi la sorcière dans sa masure. Et toi la petite fille pauvre au coeur blessé. Si j'y avais prêté attention, j'aurais su ce qui allait se passer. Dans les histoires, il y a toujours une part de vérité.
Alors elle a préféré se faire discrète. Se draper dans son manteau de silence écarlate et filer tout droit jusqu'à la vieille maison.
A quoi bon lire si les livres sont juste des miroirs ? Surtout quand les miroirs ne renvoient pas la lumière mais l'obscurité ?
Plus le froid se faisait mordant plus les hommes se montraient cruels. Comme des animaux acculés. Le monde devenait fou.
La vérité est inscrite en moi depuis toujours. Enfant, je l'ai apprise de la bouche de mon père, et mon père la tenait de la bouche de son propre père avant, et ainsi de suite. Nous sommes d'ailleurs. Où que nous allions, depuis la nuit des temps, nous sommes d'ailleurs, condamnés à être des étrangers.
Mais qu'est-ce que la vérité sinon un regard singulier sur ce qui entouré ? Une manière très personnelle d'organiser le chaos.
Sans la peur de la chute, on ne ressent peut-être pas le plaisir de la liberté.
Tandis que je marchais vers la gare avec mon sac à dos, j’ai réalisé que je n’étais jamais partie seule. Il y avait quelque chose de grisant dans cette sensation. Comme quand on est en équilibre en haut d’un mur. L’impression que tout est ouvert devant soi. Et aussi la crainte. La peur de chuter. D’être entraînée par son propre poids vers le vide.
Un amour tordu. Un de ceux qui vous passent le cœur au papier de verre. Un truc bancal et moche qui vous abandonne la gueule brisée, la morve sur les joues et le goût du sang aux lèvres. Un amour comme un gouffre que l’on n’arrive jamais à combler, mais on s’en fout, on y va quand même, on le remplit et on s’y jettera en entier s’il le faut. L’amour en creux. L’amour en vide. Mais l’amour quand même.
Célia avait alors pensé que les vieilles personnes sont un peu comme les enfants. Pour être heureux, il leur suffit de croire à leurs propres histoires.