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sur 993 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre m'était inconnu quand je suis tombée sur sa couverture: merci le challenge globe-trotteur qui m'a amenée à lire ce livre.

Au départ, j'avais un a priori plutôt négatif en voyant le livre, le style de mise en page et la 4ème de couverture me paraissait un peu emmêlée donc j'ai dû la lire à deux fois, notamment quand le début de l'histoire était un peu incompréhensible.
Une fois lancée dans la lecture les préjugés sont tombés. Même si à chaque chapitre le personnage change on voit au fur et à mesure se tisser le lien entre chaque, même outre Atlantique et continents.
Les personnages ont tous leur particularité et parfois cela pourrait être un peu du cliché mais finalement on s'y attache. Evidemment, deux mondes s'opposent: la Turquie traditionnaliste mais pas tellement avec son lot de "rébellion"; les USA où l'occident domine mais est en lien étroit avec la Turquie au fur et à mesure des pages.
A travers ce roman plusieurs thèmes sont évoqués:
- le génocide arménien (peu connu pour ma part) où l'auteure ne donne pas des leçons, ne semble pas être plus accusatrice envers les turcs ou les arméniens. Elle donne à voir que ce sujet est bien plus complexe que pensé et que forcément bon nombre de générations sont encore impactées et cherchent la reconnaissance de victime. L'exode est également mis en exergue avec son lot de recherche généalogique au fil des générations.
- la culture turque et l'islam avec des descriptions donnant l'impression d'y être réellement. le côté religieux n'est pas prépondérant mais laisse imaginer malgré la spiritualité existante.
- le côté familial et "tribu" sans doute lié à la culture turque où la famille vit ensemble, a ses secrets et ses "malédictions". le personnage principal est alors élevé dans ce fonctionnement familial où sa mère n'est pas considérée seulement à cette place et où toute la famille (uniquement les femmes, dont les tantes) prend part à son éducation et sa vie.
- le côté secret de famille qui n'est connu que de 2 personnes mais qui finit malgré tout par percer au grand jour. Ce secret est en filigrane tout du long mais il est réellement percé à la fin: c'est une beauté, en finesse et tout en pudeur.

Un agréable moment de lecture teinté d'Histoire, de voyage et de découverte.
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Le différent est important entre Arméniens et Turcs, pour les uns le génocide qui a eu lieu en 1915 est toujours dans les mémoires, pour les autres, c'est de l'histoire ancienne. Avant Mustafa Kemal Atatürk, donc sans rapport avec la Turquie d'aujourd'hui. C'est ainsi que cette histoire croisée entre une Arménienne d'aujourd'hui et une une fille d'Istanbul du même âge ne peut se faire sans référence aux événements de 1915.

Aux USA une fille du Kentucky, Rose, épouse un Arménien dont elle a une fille, Armanoush Tchakhmakhchian. Mais l'entente avec la belle famille est impossible, ils divorcent et Rose se remarie à un Turc Mustafa.
A Istanbul, Zeliha est enceinte sans vouloir révéler le nom du père, ainsi naîtra Asya Karanci.
Armanoush désire comprendre d'où elle vient et en cachette de sa mère prend l'avion pour aller vivre quelques jours dans la famille de son beau-père, qui ne comprend que des femmes assez fantasques, sur 4 générations vivant dans la même konak, les hommes perdant la vie très jeunes, ce qui entre autre, a fait fuir Mustafa.
Mais l'histoire des deux familles est enchevêtrée.
J'ignore si toutes les familles turques et arméniennes sont aussi attachées à la nourriture mais qu'est ce qu'on cuisine et qu'on déguste dans ce roman. Il y a aussi au fil des pages des références de romans données par Armanoush qui lit beaucoup.

Je pense que je lirai d'autres Shafak. Je suis assez tentée par Soufi mon amour mais j'ai déjà une telle PAL !

Challenge ABC




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J'ai visité la Turquie avec Elif Shafak : ce roman permet de découvrir Istanbul, ses quartiers, sa cuisine et son histoire.
L'histoire d'une famille turque stambouliote un peu à part, les Kazanci, tout d'abord, dans laquelle les hommes semblent maudits et celle du passé turque avec le génocide arménien, thème douloureux qui est abordé avec beaucoup de tact et de finesse à travers une deuxième famille arménienne immigré aux États-Unis, les Tchakhmakhchian.
Toutes les facettes de la culture turque sont incarnées par les différentes soeurs, de la plus croyante (avec ses deux djinns, elle lit l'avenir ET le passé) à la plus rebelle (Zaliha, mère célibataire et tatoueuse en jupe courte et talons hauts).
J'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture et au hâte de lire d'autres romans de cette auteure, qui risquait quand même 3 ans de prison pour ce roman!
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Traduit de l'anglais (Turquie) par Aline Azoulay.
La fiction littéraire permet de révéler et de rehausser tous les tons de la réalité, de briser les miroirs, d'effacer les frontières. Lorsque la plume qui sème la saveur des mots est talentueuse, elle fait entrer la lumière dans le palais de notre mémoire. Amy et Assia sont de nées de la même sève. Deux yeux d'un même visage, deux mains d'un même corps, toutes deux différentes, non symétriques, la présence de l'une renforçant et révélant l'existence et la singularité de l'autre. Les drames de Histoire provoquent souvent les cauchemars des hommes. A travers l'histoire de quatre générations de femmes, nous entrons dans Istanbul par la porte du 21e siècle. Recherche d'identité, de racines…Quel part de l'héritage devons nous prendre en charge, reconnaître ? Qu'est ce qu'une nation, un peuple, une culture ? Qu'est-ce qui fait lien ? le nom ? L'ancêtre ? La connaissance d'une mère ? La reconnaissance d'un père ? La terre ? La prière ? Une famille ? Ou tout simplement le cruel partage d'un destin ? Comment pardonner l'impardonnable, l'irréparable ? Sur quelles bases et comment les nouvelles générations peuvent elles tracer la nouvelle voie de leur propre futur ?
Après « Soufi mon amour », «  la bâtarde d'Istanbul » est le deuxième roman d'Elif Shafak que j'ai le plaisir de lire. Et le plaisir ne faiblit pas. Écrivaine nomade, Elif Shafak écrit brillamment une nouvelle page de la longue histoire de l'art meddahlik, reconnu par l'ONU patrimoine culturel immatériel de l'humanité . «  Historiquement, la vocation des meddahs, conteurs publics, était non seulement de distraire, mais aussi d'éclairer et d'éduquer le public. » . L'art du conte ne connaît aucune frontière et il trouve en Elif Shafak une auteure de grand talent, qui le perpétue à travers son oeuvre.
« Viens, qui que tu sois, croyant ou incroyant, viens, c'est ici la demeure de l'espoir. » Rûmî.

Astrid Shriqui Garain
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Il y a les Kazanci à Istanbul et les Tchakhmakhchian à San Francisco.
La première famille est turque musulmane, la seconde est arménienne chrétienne.

Un lourd passé historique sépare ces deux familles, mais un terrible passé familial les rapproche.

Asya, la dernière née de la famille Kazanci, la Bâtarde, est l'héritière de ces histoires, mais naître sans père atrophie une partie de son héritage familial.

Armanouch, petite dernière de la famille Tchakhmakhchian, mais dont la mère est un pur produit américain, est partagée entre sa double culture et la douleur que porte sa famille arménienne.

Les deux jeunes filles, bien malgré elles, entourées des tantes loufoques d'Asya, vont apprendre les secrets familiaux dont on les a toujours exclues.

L'écriture est corsée et sarcastique.
Les personnages sont piquants et attachants.
L'histoire est romanesque et bien ficelée.
S'ajoute à cela l'odeur, le bruit d'Istanbul, les plats traditionnels, la part historique du génocide arménien relié à l'actuelle jeunesse par tant de non-dits…
Tout un ensemble d'ingrédients qui font de ce roman une petite merveille et un énorme coup de coeur.

C'est mon deuxième roman turc avec Madame Hayat d'Hamet Altan, et je ne compte pas m'arrêter là.
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Ce livre qui raconte l'histoire de deux familles dont le destin est lié et l'amitié de deux jeunes filles m'a passionné. Une famille est turque, l'autre arménienne. La ville d'Istanbul sert de cadre sublime. Chaque chapitre porte le nom d'un ingrédient culinaire, moins le dernier (la fin est rude).
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Amy et Asia. L'une est d'origine arménienne, l'autre est turque. L'une vit avec les douleurs du passé, l'autre l'a effacé de sa vie. Venues de peuples ennemis, de caractères différents, rien ne semble relier ces deux jeunes filles, sinon pour chacune une famille envahissante. Pourtant lorsqu'Amy (Armanoush, en réalité) décide de quitter sa Californie pour venir visiter Istanbul et découvrir ses origines arméniennes, elle n'imagine pas à quel point elle va bouleverser la famille de son beau-père, celle d'Asia (et la sienne par le même occasion).
Ce roman d'Elif Shafak fit scandale auprès des autorités turques à sa sortie puisque l'autrice y évoque ouvertement le génocide arménien. Mais on ne peut réduire ce livre à ce côté sulfureux.
Roman initiatique de deux jeunes filles d'aujourd'hui, deux jeunes filles marquées par leurs origines (celle mystérieuse d'Asia, l'exode de la famille d'Amy), "La bâtarde d'Istanbul" est avant tout une grande fresque familiale, racontant à la fois le passé d'un pays mais aussi la Turquie d'aujourd'hui (en tout cas celle du début du XXe). Avec une mention spéciale pour la famille exclusivement féminine d'Asia, ses tantes si particulières et si différentes mais au profils plus complexes qu'il n'y parait au premier abord.
Raconté avec beaucoup d'humour et de sensualité, ce roman n'oublie pas d'évoquer les cuisines turques et arméniennes aux noms de recettes différentes et pourtant si proches, à l'image des deux peuples ennemis.
"La bâtarde d'Istanbul" est une réussite totale, à la fois intime et universelle, drôle et émouvante, riche de nombreuses thématiques et de personnages emblématiques.
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Tout commence avec Zeliha, 20 ans. Elle vit dans un famille exclusivement composée de femmes : sa grand mère, sa mère et ses trois soeurs : tous les hommes de la famille semblent frappés d'un malédiction et disparaissent prématurément avant leurs 40 ans.
La famille habite une maison à Istanbul.
Zeliha, jeune femme moderne, a rendez vous chez le gynécologue pour se faire avorter. Finalement l'avortement n'a pas lieu et Zeliha annonce à sa famille avec beaucoup de provocation (et beaucoup d'humour) le fait qu'elle soit enceinte. Puis nous sommes transportés en Arizona et nous découvrons, Rose, 20 ans également, ex-épouse de Barsam d'origine arménienne, dont la famille vit en Amérique depuis 1915 (en exil suite au génocide arménien par les turcs)
Elle vient d'avoir une Petite fille Armamoush et rencontre Mustapha, le frère de Zeliha, parti au Usa (par peur d'une mort prématurée due à la malédictions des hommes de sa famille ?). On découvre cette famille culinairement et culturellement très proche de celle d'Istanbul.

20 ans plus tard
Asya à Istanbul est la bâtarde du titre : elle semble très touchée par le mystère de sa naissance. de l'autre cote de l'océan, Armamaoush, devenue Amy, est aussi à la recherche de ses racines (elle connait son père et sa mère mais souhaite retrouver a Istanbul les racines de sa famille ...elle est devenue la belle fille de Mustapha, le frère de Zeliha.)

J'ai beaucoup aimé le parallèle entre ces deux jeunes femmes à des kilomètres l'une de l'autre mais finalement pleines de points communs. En particulier il y a de très belles scènes dans un café nommé Kundera à Istanbul et dans un café virtuel en Amérique ... les débats sont variés et mettent bien en avant la complexité du passé commun turc et arménien. J'ai aussi aimé la rencontre de ses deux cultures finalement très proches
A un moment, Amy compare la famille turque a une famille de Gabriel Garcia Marquez et ce n'est pas éloigné de ce que je pense : les portraits des trois soeurs de Zeliha sont tous très réussis et je garderai un souvenir ému de Banu, (un peu folle au premier abord mais si soucieuse de sa soeur Zeliha)
La référence à Garcia Marquez permet également d'amener une touche de « réalisme magique » que j'ai beaucoup aimé ....

En conclusion : un roman passionnant sur une Turquie très ambivalente...
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Ce livre m'a offert un échange riche avec ma coiffeuse d'origine arménienne. J'ai retrouvé dans son discours une posture tenue par la famille de l'héroïne, Amy. En plus de m'avoir instruite sur la situation et les relations turco-arméniennes, merci à ce roman de m'avoir permis d'être coiffée intelligemment.
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Il y a un moment que ce livre dormait bien au chaud dans ma PAL. La couverture, comme vous pourrez le constater, est tout simplement magnifique !

Ce roman aborde un sujet que je ne connais qu'assez peu, le génocide arménien de 1915, ainsi que l'actuelle relation entre les turcs et les arméniens.

Les secrets de famille réunissent deux jeunes femmes, l'une arménienne et américaine, l'autre turque. Contrairement aux apparences, tout semble les opposer mais il s'agit bien du contraire. Et, honnêtement, je n'ai absolument rien vu venir du secret de ces familles !

Je ne peux que saluer la plume engagée d'Elif Shakaf, aussi intéressante qu'important, aussi fluide que profonde.
Orhan Pamuk nous dit qu'Elif Shafak est « la plus grande romancière turque de ces dix dernières années » et bien je le crois volontiers.
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