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Intéressé par la littérature japonaise, j'avais beaucoup entendu parler du « dit du Genji », une ouvre majeure du XI° Siècle.
Je viens enfin de le lire et ce fut une surprise sur plein de plans.
D'abord, c'est une ouvre gigantesque, près de 1500 pages dans l'édition de Verdier. C'est à la fois très clair et très complexe à lire.
Très clair, parce que c'est facile à suivre, à comprendre, que les personnages sont bien campés et que les situations ne s'embarrassent pas de détails, tout étant dans la subtilité psychologique.
Mais c'est aussi très complexe : l'histoire se déroule sur des dizaines d'années, depuis la naissance du Genji, jusqu'à celles de certains de ces descendants. Les personnages sont souvent définis par leurs titres : le Capitaine, le Général, le Ministre de Droite, … et comme le roue de la vie tourne, ce sont les mêmes titres, mais plus forcément les personnes.
C'est un roman psychologique écrit par une femme pour des femmes. On ne parle que des relations des personnages entre eux et absolument pas de ce qui se passe en dehors. le Général s'occupe de beaucoup de choses sûrement mais on n'en parle qu'au travers de ses états d'âmes avec les autres personnes. Vous naviguez dans le monde de la Cour, mais à aucun moment vous ne connaissez la condition de la population. Un peu comme sous l'Ancien Régime en France, où en dehors des Aristos, rien n'existait. le temps semble s'être arrêté dans ce roman, les personnages et notamment les Empereurs se succèdent, mais rien ne semble avoir changé.
C'est un roman très lent. Nous suivons la vie du Genji (titre donné à un prince qui ne peut accéder à la succession impériale), de sa naissance à sa vieillesse. J'ai eu l'impression d'être les séries américaines comme « les feux de l'amour », où le héros arrive chez son amie et rien que pour appuyer le bouton de la sonnette, il y a deux épisodes.
C'est un livre à lire lentement, par étapes.
Ce qui le rend très fort, c'est son analyse des liens psychologiques entre les personnages et les situations. C'est un livre très impermanent parce que ces liens et situations sont toujours d'actualité et cela résonne fortement.
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Murasaki Shikibu a composé le Dit du Genji alors qu'il était une dame à la cour japonaise, et l'a probablement terminé vers 1010. le chinois étant la langue savante de la cour, les oeuvres écrites en japonais (la langue littéraire utilisée par les femmes, souvent dans les récits personnels de la vie à la cour) n'ont pas été pris très au sérieux ; de même, la prose n'était pas considérée comme l'égale de la poésie. le Dit du Genji, cependant, se distinguait par le fait qu'il reposait sur une connaissance approfondie de la poésie chinoise et japonaise et qu'il était une oeuvre gracieuse de fiction imaginative. Il comprend quelque 800 waka, poèmes courtois censés être l'écriture du personnage principal, et son récit souple soutient l'histoire à travers 54 chapitres sur un personnage et son héritage.

Dans sa forme la plus élémentaire, le Dit du Genji est une introduction captivante à la culture de l'aristocratie du début du Japon Heian : ses formes de divertissement, sa manière de s'habiller, sa vie quotidienne et son code moral. L'époque est superbement recréée à travers l'histoire de Genji, le courtisan beau, sensible et doué, un excellent amant et un digne ami. La majeure partie de l'histoire concerne les amours de Genji, et chacune des femmes de sa vie est décrite de manière vivante. L'oeuvre montre une sensibilité suprême aux émotions humaines et aux beautés de la nature, mais à mesure qu'elle progresse, son ton plus sombre reflète la conviction bouddhiste de la fugacité de ce monde.
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Souvenir d'une lecture déjà un peu ancienne.
Je suis confondu par cette extraordinaire période d'Heian-kyō (Kyoto), caractérisée par la splendeur et le très haut niveau culturel de la Cour impériale, avant que les désordres du Moyen-Age ne mettent le pays à feu et à sang. le Dit du Genji a été écrit vers la fin de cet âge d'or, il y a mille ans, c'est-à-dire avant la rédaction (en vieux français) de "notre" chanson de Roland. Une noble dame de la Cour impériale - dont on ne sait presque rien - a rédigé cette oeuvre immense et raffinée, qui est considérée comme l'un des textes fondateurs de la littérature japonaise. Ici le traducteur, René Sieffert, s'est efforcé de rendre l'allure générale de la langue originale, en se référant au vocabulaire de Saint-Simon (mémorialiste français du XVIIIème siècle, ni trop proche ni trop éloigné de nous): ce choix particulier se veut un compromis dans la traduction, pour éviter deux excès opposés, un parti-pris archaïque et une langue trop moderne.

Le "Dit" est un long récit qui enchaîne les rencontres et les marivaudages. Comme chacun le sait, le héros est un Prince de très haut rang et d'une beauté exceptionnelle. Il se comporte comme un grand séducteur; mais il faut souligner que l'auteure use de litotes pour évoquer ses nombreuses conquêtes féminines. de nombreux poèmes et des allusions à des pratiques anciennes du Japon peuvent laisser perplexe un Français contemporain, et aussi il est difficile de bien saisir qui est qui. Chaque "livre" (rouleau) se laisse lire assez facilement, mais la longueur extraordinaire de l'ensemble peut laisser certains lecteurs sur le bord de la route. J'avoue que, moi-même, j'avais assez vite renoncé à le lire intégralement: je m'étais comporté comme un lecteur (trop) pressé. Néanmoins, je n'ai pas regretté d'avoir eu un intéressant aperçu sur ce grand chef d'oeuvre.
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Le niveau de français est très bon (éditions Verdier). Les histoires sont passionnantes de détails et de réalisme. L'universalisme est saisissant. 1500 pages d'amants qui se triturent la tête sur le dernier message reçu et le sens derrière chaque mot ou sur la manière d'avancer sous les ragots potentiels mais on adore. On retrouve des motifs similaires à ceux des livres occidentaux de la même époque ou plus tardifs. Tout le monde est beau, y compris dans les suites, les costumes sont tous plus précieux et plus colorés les uns que les autres. En revanche l'attention portée à la beauté de l'instant, parfois sur des infimes détails (l'éclat d'une feuille, le bruissement du vent, le reflet de la lune) diffère. le livre est parsemé de tableaux du genre.
On y apprend énormément sur la société japonaise. La vie de la cour, les arts en vue de l'époque, la dureté de la condition de la femme. Mais on comprend aussi que l'économie est au fond du gouffre : il n'est jamais question de monnaie, les services sont rétribués en nature, les repas sont sommaires, les héritages faméliques. On devine aussi que la féodalité n'est pas arrivée, les nobles n'étant que des grands propriétaires terriens ou des gestionnaires de terres reçues en apanage d'une charge (on comprend que passant tout leur temps à la cour impériale, les dites terres sont peu mises en valeur). La puissance vient tout autant de la naissance, des différents protecteurs et de la capacité des nobles à mener l'équivalent d'un cursus honorum comme chez les romains.
Comme cela a déjà été dit, le livre n'est pas facile à suivre (mais ça n'a rien d'insurmontable) . Pas seulement à cause du nombre de personnages désignés exclusivement par des rangs qui changent tout le temps mais aussi de par les arbres généalogiques qui sont bordéliques et l'art de s'exprimer qui passe uniquement par des allusions et des sous-entendus.
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D'une certaine façon, l'on pourrait dire que le Dit du Genji de Murasaki est au Japon ce que l'oeuvre de Chrétien de Troyes est à la France ; tous les deux ont vu le jour au XIIe siècle et font partie des premiers romans à avoir marqué l'histoire en faisant preuve de modernité pour leur époque (je reviendrai plus en détail sur Chrétien de Troyes dans un autre article, dès que j'aurais terminé de relire toute son oeuvre).

Lire le Dit du Genji est loin d'être un exercice facile lorsqu'on s'est habitué à lire des romans modernes et contemporains, néanmoins, une fois la barrière de l'époque dépassée, on découvre alors tout un monde fascinant, qui l'air de rien, n'est finalement pas si éloigné du notre.

Le Prince Genji est un bel homme, raffiné, qui aime se parfumer, loin de l'image de l'homme guerrier du japon féodal. Alors qu'il mène son petit train de vie à la cour impériale, il recherche l'amour, le vrai, l'inconditionnel. Celui qui fera vibrer chaque once de sa peau, la passion, le feu. Il écrit des poèmes, il est poli, mais il est frivole et a un comportement auto-destructeur. Playboy, violeur, capricieux, c'est un homme méprisable et peu recommandable, mais sa beauté presque irréelle fait que tout le monde l'admire et lui passera presque tout.

La vie à la cour impériale est loin d'être un long fleuve tranquille, chacun y va de ses manigances et de ses manipulations pour parvenir à ses fins. Les hommes et les femmes se rencontrent séparés par des cloisons exacerbant les sens et les fantasmes, les amants communiquent principalement à travers des waka (poèmes de 31 syllabes).

Dans un Japon où tout est très codifié, et où les non-dits règnent en maître, Murasaki enfonce les portes et n'a pas peur de briser le silence et les tabous qui l'entourent avec subtilité et sous-entendus maniés intelligemment.
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L'autrice japonaise, dame de la cour de Kyoto, n'est connue que sous le nom de son personnage principal. Ce texte de 1500 pages, écrit au tout début du XIe siècle, émerge parmi d'autres autrices étonnantes de la même période. Cette critique donc sera un peu longue, d'où quelques intertitres ;-) : Les difficultés de lecture, L'histoire, Les arts, le statut des femmes, L'écriture, le religieux, La traduction, Quelques scènes, Et encore.

- LES DIFFICULTES DE LECTURE
Une lecture prenante quoique difficile… J'ai dû acheter l'excellent guide de lecture paru aux éditions Diane de Sellier pour ne pas décrocher (A la découverte du Dit du Genji). Outre un résumé par chapitre contenant parfois quelques explications éclairantes, il propose une liste des personnages ainsi que des arbres généalogiques bien utiles. En effet, les nombreux personnages ne sont pas connus sous leur nom mais sous leur surnom ou bien sous leur titre, qui change au fur et à mesure de leur progression dans le cursus honorum. Difficulté supplémentaire, si le Ministre de la droite (par exemple) est promu Grand Ministre, un autre ministre de la droite va être nommé. Cette succession des titres et de ceux qui les portent évoque d'ailleurs le glissement du monde, la notion d'impermanence au coeur du bouddhisme, la vie semblable à un fleuve qui coule.

- L HISTOIRE (première partie)
Le Genji, prince d'une beauté éblouissante, dit le Radieux, est le fils de l'empereur et de sa favorite morte trop tôt. Il séduit toutes sortes de femmes, souvent très belles, mais parfois aussi laides (par ex, La fleur dont se cueille la pointe !) ou vieilles. Mais il porte au coeur une blessure : il est amoureux de l'Impératrice, femme de son père, car elle ressemble, dit-on, à sa mère décédée. Lors d'une unique nuit d'amour il engendre un enfant que l'empereur croit sien. Sa quête de l'amour amène le Genji à éduquer une jeune enfant qui ressemble, elle aussi, à sa mère (et à l'impératrice par la même occasion). Freud, au secours ! Quand elle a grandi, il l'épouse. C'est Murasaki, celle qui prête son nom à l'autrice. Aventures amoureuses, politiques, relations sociales, clans, influences, exil, apogée et déclin tissent la trame du roman.

L'HISTOIRE (2ème-3ème partie)
Après quelques chapitres de transition commence l'histoire de deux descendants des personnages du premier livre. le premier, le Commandant Suave, ainsi nommé par son corps dégage naturellement une odeur délicieuse, est de tempérament austère, religieux et renfermé. Dur d'être amoureux quand on veut renoncer au monde ! Quant au Prince Parfumé, qui doit son nom à sa passion pour les parfums qu'il élabore lui-même, il est volage et entreprenant. Leurs surnoms signalent leur rivalité amoureuse autour des trois filles d'un Prince religieux retiré du monde.

- LES ARTS
Les poèmes ("wakas") insérés dans le récit servent à la fois à communiquer de façon allusive et à évoquer l'intériorité des personnages, qui choisissent avec soin le papier, l'encre, et le rameau ou le feuillage à accrocher à leur missive. Calligraphie, musique, concours de poésie se succèdent. La beauté fugace des saisons, dans les jardins comme dans la nature indomptée, imprègne tout le récit.

- LE STATUT DES FEMMES
On ne peut manquer d'être frappé par la condition des femmes de la haute société qui ne doivent à aucun prix être vues, même par leurs frères, et sont dissimulées derrière écrans, cloisons et paravents, communiquant parfois par le truchement de leurs fidèles dames de compagnie, pour ne pas même faire entendre leur voix. Et elles se déplacent en glissant sur leurs genoux (voir le film Aristocrats : encore de nos jours parfois...). Ajoutons qu'il est de mauvais goût que les femmes manifestent leur jalousie quand leur mari prend une deuxième épouse ou une concubine. Cela dit, le mariage pour elles ne signifie pas toujours vie commune avec leur époux, puisqu'elles restent dans la demeure paternelle, et certaines s'autorisent de discrètes aventures. A la décharge du Genji, celui-ci n'abandonne pas les femmes qui ont été, même brièvement, ses maîtresses, au point de les aider matériellement et/ou de les loger ensemble dans un palais.

- L'ECRITURE
Que de choses à dire ! C'est poétique, imagé, souvent drôle, acerbe. La narratrice intervient parfois pour nous dire que les poèmes n'étaient pas tous bons, qu'on n'en a pas gardé trace, que les habits étaient splendides, inutile donc des les décrire... Etonnant de la part d'une écrivaine qui use d'autant d'hyperboles ! Deux exemples d'humour : lorsqu'une femme d'un rang peu élevé est remarquée par le Genji, la narratrice nous dit malicieusement qu'elle a l'impression que "le ciel et les étoiles se reflètent dans son petit baquet". Et elle croque le Secrétaire aux Rites peinant dans la neige ; il "valait d'être vu, marchant avec componction en relevant des deux mains le bas de ses chausses bouffantes". » Murasaki sait évoquer des atmosphères, des vêtements (le bas des robes superposées semblable aux pages d'un livre), la neige qui tombe, les feuillages d'automne, des conflits intérieurs : "voilà que sous un déguisement sordide, à cheval, et poussé par une curiosité mêlée d'appréhension et de remords, il allait pénétrer au coeur des montagnes, cependant que des sentiments divers agitaient son coeur impatient."

- LE RELIGIEUX
Surprenants : le mélange de shintoïsme et de bouddhisme, les superstitions, la croyance dans les esprits malins et les renards maléfiques, les directions interdites et les souillures. Ajoutons que les personnages se font souvent religieux, notamment quand ils avancent en âge (vers quarante ans, on est vieux).

- LA TRADUCTION
Remarquable traduction qui évoque aussi bien Mme de la Fayette et sa Princesse de Clèves, que la prose incisive du duc de Saint-Simon.

- QUELQUES SCENES PRISES AU HASARD, DANS LE DESORDRE
* Grosse chaleur ; les femmes se sont fait apporter un bloc de glace qu'elles ont du mal à briser
* Décidément, impossible de voir les femmes dissimulées derrière leur rideau dans la nuit. le visiteur cache des lucioles qu'il relâche brusquement en faisant mine d'arranger le rideau, et peut ainsi assouvir sa curiosité.
* Elle ressemble à une femme qu'il a aimée passionnément. le Commandant Suave l'appelle un "simulacre" et en tombe amoureux.
* Sur la grève les pêcheurs font brûler le sel.
* Chez Belle-du-Soir, le Genji est confronté pour la première fois aux conversations du peuple et au bruit pénible du foulon qui bat le tissu.
* Les tenues des femmes : accords de couleurs entre robes du dessus et du dessous, ou robes blanches assouplies par l'usage et touchantes dans leur charmant négligé.
*

ET ENCORE :
Je suis loin d'avoir épuisé le texte. C'est à la fois très dépaysant et intemporel, universel. Un petit bémol : l'aspect répétitif et parfois contradictoire des débats intérieurs des personnages.
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Traduction du Japonais par rené Sieffert
Monument de la littérature japonaise, le Dit du Genji rapporte de façon romancée la vie d'un prince "radieux" de la cour impériale japonaise.
D'un abord qui n'est pas des plus faciles, il analyse la vie et les comportements humains d'un façon encore très actuelle, avec une extrême finesse dans l'analyse des sentiments et psychologies. Il montre une société qui est certes à l'extrême pointe de la pyramide sociale, mais incroyablement raffinée et subtile comme en témoignent des pratiques et comportements tout-à-fait impressionnants :
- l'extrême recherche dans les vêtements et tenues ;
- le raffinement des musiques, que l'on voulait s'accorder avec le chant des insectes (cigales) environnants ;
- la sensibilité à la nature (que l'on ne peut comparer qu'à celle de Mary Webb) ;
- l'art subtil de se dissimuler derrière des paravents (pour les femmes), et d'essayer d'apercevoir les femmes (pour les hommes) ;
- la correspondance que les amants échangeaient, sous forme de courts poèmes (près de mille dans l’œuvre) exquis, calligraphiés avec art sur des papiers soigneusement choisis, souvent accompagnés d'une branche sélectionnée avec art d'un arbre en fleurs;
- l'extrême soin et prévenance que l'homme prend de la femme à conquérir (bien que ne lui demandant pas toujours son avis !), et qu'il conserve en même temps vis-à-vis de ses autres maîtresses, concubines et épouses déjà en place, et ce sur la très longue durée.
Un monument donc, impressionnant par le raffinement des moeurs (au XI° siècle) qu'il présente, et par la subtilité de ses poèmes.
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Le Genji monogatari (récit du Genji) est attribué à Dame Murasaki, qui a aussi laissé un Journal, journal qui mentionne l'existence de ce roman. C'était une Dame de la Cour du Japon de l'an mil qui fut au service d'une jeune impératrice pendant près de dix ans. Ce sont les personnages côtoyés qui lui serviront de modèles. Elle serait morte vers 1014, à peine âgée de 40 ans, les traces sont insuffisantes pour être précis.

Le personnage principal est un fils d'empereur, homme au multiples talents et d'une grande beauté, écarté de la succession du trône et qui devient un Genji, ancêtre d'un clan de sujets. Cela lui permet de faire une carrière politique. Ce que ne peuvent faire les princes du sang.
Genji n'est pas un nom, mais un titre honorifique.
Le livre est constitué de deux romans, le premier constitue une biographie complète de la naissance à la mort du Genji ; le second est consacré à son fils, Kaoru.

Le premier volume que je viens de lire est consacré à la jeunesse et à la maturité du Genji. C'est un homme d'une grande beauté, ayant de multiples talents. C'est un séducteur, et le livre nous conte ses aventures galantes.

1- J'avoue j'en ai bavé. Non pas parce que le livre est ennuyeux mais il m'a fallu me déshabituer de la littérature du XX° pour celle-ci du X° siècle. Style, langage, image, symbole etc pas facile pour moi de bien saisir ce qui se joue. Notamment le sens des wakas (poèmes) qui abondent dans tous le texte et que s'envoient les protagonistes pour si dire bien des choses, se déclarer, faire des reproches etc...
J'ai traversé quelques tunnels mais la lecture de ce roman est une expérience intéressante.
2 – On me l'a toujours conseillé et c'est ce que j'ai fait : j'ai lu l'introduction écrite par René Sieffert...
3 – que je cite "ce qui importe, ce n'est pas une « histoire », à peu près inexistante du reste, mais un climat, une atmosphère, un état d'âme, le parfum d'un prunier en fleurs ou les accords d'une cithare".
4 – Il faut considérer que j'ai fait une première lecture comme on dit qu'on a écrit un premier jet. Un deuxième passage n'en sera que plus appréciable, agréable...
5 – Petit conseil : reportez vous à la page wikipédia qui dresse une liste des personnages. Ils sont nombreux et désignés par leur titre. Et comme ils font carrière, ils changent de titre ! C'est très très utile car j'ai mainte fois été perdu : de qui parle-t-on? Qui est ce personnage ?
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Voilà une chronique difficile à écrire. Parce que j'ai énormément de choses à vous dire et que je ne sais pas où commencer (d'ailleurs, je vais rapidement vous perdre vu la longueur de l'article), parce que j'ai peur de ne pas rendre hommage à ce livre, parce que c'est un roman atypique qui détonne complètement parmi mes lectures habituelles (non, je ne suis pas familière des récits japonais du XIe siècle).

Le Dit du Genji est une oeuvre millénaire. Ecrit au XIe siècle, il raconte la vie politique mais surtout amoureuse du Prince Genji. Considéré comme le premier roman psychologique, il est attribué à une femme dont le vrai nom nous est resté inconnu. En effet, Murasaki est le nom du personnage féminin principal tandis que Shikibu se rapporte à la fonction de son père (de l'autrice donc) qui était un lettré à la cour.

• Les us et coutumes d'une époque

Présenté comme une histoire vraie, le Dit du Genji nous offre une plongée dans le Japon de l'époque de Heian (794-1185) dans la cour impériale sise dans la ville du même nom (l'actuelle Kyôto). le Genji étant un Prince de sang, nous nous familiarisons peu à peu avec les usages de la cour et les protocoles.
Riche en détails, le récit donne une bonne place aux us et coutumes de l'époque : les fêtes religieuses, les conjurations lors de maladies, les mariages, les entrées en religion, les abdications (j'ai d'ailleurs été surprise par le fait que les empereurs laissent volontiers la place à leur successeur, il n'y a pas du tout de lutte pour le pouvoir dans le roman, ce qui change des histoires de dirigeants avides et accrochés à leur trône) et même une célébration de l'entrée dans la vieillesse… à quarante ans (eh oui, il n'est pas surprenant de trouver, dans une oeuvre aussi vieille, quelques éléments qui détonnent avec notre quotidien).
En revanche, nous restons dans un milieu de nobles et la peinture du Japon du XIe siècle n'est nullement complète. Les paysans et autres gens du commun sont présentés soit avec condescendance, soit comme un tableau bucolique (ce qui n'en est souvent pas moins condescendant d'ailleurs…).

• La place des femmes

Je parlais des éléments qui surprendront, voire choqueront, un lecteur ou une lectrice du XXIe siècle. En voici un autre : le traitement des femmes. « Ça y est, elle commence son laïus féministe. » Eh bien oui, mais je précise dès à présent que je ne condamne pas catégoriquement le roman pour une simple raison : il a été écrit il y a mille ans.

Le Genji, homme d'une beauté presque surnaturelle, grand séducteur, a, au fil du récit, de multiples maîtresses, dont certaines deviendront des épouses officielles. Il n'hésite pas à les harceler pour obtenir ce qu'il veut : une tentative de viol initie ainsi sa première histoire d'amour, il presse tant une autre qu'elle tombe malade, l'esprit jaloux d'une amante délaissée vient torturer son épouse…
De mon point de vue de femme du XXIe siècle, ce n'est donc pas toujours un personnage recommandable (son petit-fils, le Prince Parfumé, sera de ce point de vue là encore plus insupportable) mais ce n'est absolument pas présenté ainsi. Sa beauté est si éclatante que le monde est sans cesse en admiration devant lui, chacun – hommes et femmes – lui passera (presque) tout, chacun le trouvera touchant dans sa détresse (comprendre « quand une femme lui résiste un peu ») et tant pis pour la femme concernée qui se retrouve seule contre le monde entier (par exemple, lorsqu'il force la porte de la chambre de la demoiselle d'Akashi, cette dernière est seule pour s'opposer à lui car il a l'accord du père de la jeune fille qui souhaite pour elle un mariage grandiose). Mais ça, c'est seulement la façon dont j'ai vu les choses en lisant entre les lignes car le Genji, surnommé le Prince Radieux, n'est jamais vraiment déprécié dans le récit.

Je continue d'ailleurs ma parenthèse féministe.
Le mot « viol » ne sera jamais prononcé – nonobstant la notion de consentement, on parlera plutôt de « liaison » –, l'acte n'est même jamais présenté comme tel (et la langue est telle que ce n'est parfois pas évident de ne pas passer à côté), mais en ce qui me concerne, aussi implicite que ce soit, c'est bel et bien ce dont il s'agit.
Je ne nierai pas que la façon dont les femmes sont regardées, étudiées, évaluées et en même temps surprotégées est parfois agaçante. Par exemple, elles ne doivent pas être vues des autres (même le fils du Genji ne découvrira le visage de Murasaki, sa belle-mère, qu'en l'épiant en secret) mais si l'une d'elles se laisse apercevoir, c'est elle qui en sera blâmée même si l'homme a forcé sa porte ou ne cesse de la poursuivre de ses assiduités comme on dit.
Elles sont soumises à une pression perpétuelle. Sans protecteur masculin, elles risquent une vie peu reluisante, mais elles doivent faire très attention à leur mariage sans qu'elles aient vraiment leur mot à dire dans le choix de leur époux. le mot d'ordre : ne surtout pas déchoir, ne pas céder à un homme, etc. Ainsi le Prince Huitième conseillera à ses filles de vivre recluses dans la montagne lorsqu'il ne sera plus et de « s'épargner ainsi les fâcheux éclats de la médisance. »
De même – et je terminerai là-dessus –, la grossesse à onze ans pour la fille du Genji choque un peu.

Attention, je ne veux pas donner l'impression d'écrire un réquisitoire. Non seulement, ce n'est pas une succession de viols, mais surtout il faut vraiment effectuer une remise en contexte. D'ailleurs, même si l'on exigeait beaucoup des femmes – ce qui n'a pas vraiment changé –, elles sont tout de même globalement respectées. Il est d'ailleurs surprenant, en lisant ce livre si raffiné, si avisé sur ce qui agite les coeurs et les esprits des hommes et des femmes, de mettre en parallèle l'histoire de l'Europe alors en plein Moyen-âge.
Je me dois tout de même de réhabiliter un peu le personnage du Genji. Ce dernier est tendrement épris de Murasaki : tous deux ont une relation complice et émouvante. (C'était pourtant mal parti : il en a fait sa protégée toute jeune et celle-ci, devenue grande, est quelque peu tombée des nues en apprenant qu'il voulait l'épouser.) Il la placera toujours au-dessus des autres, inquiétera de ses sentiments (notamment lorsque l'Empereur l'obligera à épouser l'une de ses filles) et lui demandera souvent son avis. En outre, passées les erreurs orgueilleuses de la jeunesse, il est, étonnamment peut-être, d'une grande fidélité envers les femmes qu'il a aimées. Il ne les abandonne pas et fait construire une grande demeure pour leur offrir à toutes confort et sécurité. Il accepte les défauts de chacune et leur rend régulièrement visite même si certaines relations amoureuses se transforment en amitié respectueuse. de même le Commandant Suave sera par la suite plein de respect pour les femmes et se révélera incapable de mal agir.

• Des thèmes universels…

En dépit des siècles qui nous séparent de l'écriture du roman, celui-ci aborde des thèmes universels et immortels tels que l'amour – le Genji recherche durant de nombreuses années l'amour absolu et la femme parfaite –, mais aussi, via le fils du Genji, l'adolescence, la relation avec un père strict qui exige de lui qu'il étudie avec sérieux et régularité. En effet, par la voix du Genji, Murasaki-shikibu évoque l'importance des études, délaissées par les nobles de l'époque. En cela, son personnage n'est pas du tout représentatif des moeurs de l'époque.
En outre, présentant les arts et loisirs qui occupaient les loisirs des membres de la cour impériale, l'autrice offre également quelques leçons pour les lecteurs et lectrices de l'époque : parfums, accords de couleurs pour vêtements, littérature de fiction et dits historiques, calligraphie…

Murasaki-shikibu n'hésite pas à bousculer un peu son époque en parlant de choses qui choquaient la distinction et la retenue polie de l'aristocratie de l'époque. Elle parle d'accouchement, de la laideur d'une femme de haut rang ou du corps pourrissant d'une autre (ne vous attendez pas à entendre parler d'asticots ou de fluides s'échappant de la dépouille, tout reste toujours très subtil et est davantage affaire de couleurs et de rigidité). L'humour n'est d'ailleurs pas absent. Par exemple, le jeu de séduction dans lequel s'embourbe le Genji avec une femme de cour âgée qui ne recule devant rien est (tendrement) moqueur.

• … dans un écrin de sensibilité et de raffinement

L'intériorité des personnages tient une place cruciale dans ce roman qui n'est aucunement une histoire d'action. Murasaki-shikibu offre à ses personnages, principaux ou secondaires, de multiples facettes. Elle dissèque les relations amoureuses, celles qui embellissent ou qui s'essoufflent avec le temps, la jalousie, le désir et les frustrations, les doutes et les lassitudes.

Le récit, lent et méditatif, illustre parfaitement l'expression « mono no aware », que j'avais déjà rencontrée dans les livres de Minh Tran Huy, et qui désigne, pour reprendre les termes de l'avant-propos du Dit du Genji, « la tristesse inhérente à la beauté du monde » ou « la beauté poignante des choses fragiles ». de nombreux protagonistes sont sujets à la mélancolie et conscients de la nature éphémère de toutes choses du monde, que ce soit leur propre existence, la vie des plantes et autres êtres vivants, les sentiments ou encore les positions sociales. « L'impermanence de toutes choses en ce monde » se révélera, avec le désir de « se retirer de ce siècle dégénéré », être le leitmotiv du Genji (et du Commandant Suave par la suite). Son exil, bien que temporaire, le confrontera à l'expérience de la solitude est renforcera cette certitude que rien n'est assuré.

C'est un roman empli de douceur, d'élégance et de raffinement. Les saisons et la nature y tiennent un rôle très important, ce qui confère au roman une tonalité très contemplative et reposante. Elles ne sont d'ailleurs pas invoquées en vain ou simplement pour « faire joli », mais, subtiles métaphores, sont souvent porteuses de sens. (Mais j'y reviendrai (non, je n'ai pas du tout fini...).)
Les titres de chapitres, et les surnoms de femmes, donnent le ton : « La belle-du-soir », « Jeune grémil », « La fête aux feuilles d'automne », « Ce mince nuage… », « Jeunes herbes », « Sarments de vigne vierge », etc. Les protagonistes vont d'ailleurs régulièrement admirer les fleurs omniprésentes qui poussent ici et là. La résidence de la Sixième Avenue où le Genji installe ses femmes est divisée en quatre demeures. Celles de l'été et de l'hiver sont pour les femmes de rang de moindre importance tandis que le printemps et l'automne, considérés comme les plus belles saisons, sont réservées à celles possédant le rang le plus élevé, dont Murasaki. Son inauguration, donne lieu à de splendides descriptions de ce qui m'est apparu comme un lieu enchanteur avec ses cours d'eau, ses plantes et ses arbres qui se pareront de leurs plus belles couleurs à telle ou telle saison. La description des saisons, des fleurs et des cérémonies mois après mois trouve son paroxysme dans le livre-chapitre 41, « Illusions », très lent et poétique puisqu'il s'agit du dernier dans lequel apparaît le Genji.

• Une lecture parfois difficile

Je ne vais pas vous mentir, ma lecture a tout d'abord été assez laborieuse et très lente. Il m'a fallu un mois pour arriver à bout du premier livre, mais beaucoup moins pour les deux suivants. En effet, l'écriture est extrêmement poétique et précieuse, ce qui la rend très exigeante. Elle demande de la concentration, non seulement à cause de la minutie et de l'élégance avec lesquelles les phrases sont construites, mais aussi pour comprendre pleinement l'histoire.
Tout n'est pas explicite (en tout cas pas pour une lectrice du XXIe siècle) : par exemple, il n'est pas dit « ils se marièrent », non, on te parle de nuits passées ensemble et de petits gâteaux et, trois pages plus loin ou dans une légende d'illustrations, on parlera de la femme comme d'une épouse. La première fois, je suis revenue en arrière pour voir ce que j'avais raté. En fait, je n'avais rien raté sauf le fait qu'un mariage est officialisé lorsque l'homme passe trois nuits auprès de sa promise, s'en va avant l'aube les deux premières et partage avec elles des gâteaux le troisième matin. Ce n'est pas évident (la première fois parce qu'une fois au courant, ça va mieux) lorsqu'on ne sait pas que cette succession d'événements est synonyme de mariage.
De même, les personnages s'expriment souvent en courts poèmes, des wakas, pour exprimer leurs sentiments, leur tristesse, leur amour… Et comme je le disais plus haut, ils le font souvent avec des métaphores puisées dans la nature (les arbres et les fleurs, les nuages…). Au bout d'un moment, on sait que tel élément est une image pour tel autre, mais n'étant familière de la poésie (et encore moins japonaise), il m'a fallu un petit temps d'adaptation. Signe de leur culture, ils font également régulièrement appel à des poèmes célèbres à l'époque, références qui m'étaient bien entendu totalement inconnues.
Enfin, il n'y a pas ou peu de prénoms et de noms. A l'exception d'un ou deux subalternes, les hommes sont uniquement désignés par leurs titre (des titres qui évoluent et passent de l'un à l'autre en fonction des promotions, des titres qu'ils sont plusieurs à avoir comme les Princes par exemple…) tandis que les femmes – Murasaki exceptée – sont généralement identifiées par des surnoms (Belle-du-jour, Parure Précieuse, Oie-sauvage-au-séjour-des-nues, dame du « séjour où fleurs au vent se dispersent »). Les surnoms rendent tout de même les femmes bien plus faciles à reconnaître, sauf pour ce qui est des princesses et anciennes princesses d'Isé et de Kano et des Dames de la Chambre ou du Clos aux Glycines/au Paulownia/etc., ce qui a été un casse-tête du début à la fin pour moi.
Heureusement, ma lecture s'est fluidifiée progressivement pour mon plus grand plaisir et j'ai profité de ce texte ensuite avec beaucoup de confort, mais il est vrai que la langue et le style tranchent vigoureusement avec mes lectures habituelles. J'ai également fortement apprécié la présence des annexes réunies dans un petit livret. Les résumés de chaque chapitre, les arbres généalogiques (avec les noms japonais, points de repère fixes pour suivre les changements de grades et de titres) et les petites biographies de chaque personnage m'ont été d'une aide précieuse.

• La découverte d'illustrations absolument fascinantes : les Genji-e

Cette superbe édition, fruit du travail des éditions Diane de Selliers, est également fascinante pour ses illustrations. Je m'attendais à des parallèles avec des oeuvres diverses de peintres japonais puisque le coffret porte la mention « illustré par la peinture traditionnelle japonaise », mais il s'agit en réalité – et ce n'est pas un reproche, cela s'est au contraire révélé être une totale découverte absolument passionnante – des Genji-e, des peintures illustrant des passages du roman.
En effet, le Dit du Genji a immédiatement remporté un franc succès et était admiré avant même son achèvement. Il a inspiré lecteurs et artistes au fil des siècles. Une suite a été écrite au XIIe siècle, des critiques et commentateurs y ont trouvé un inépuisable sujet, tandis qu'en 1277, des nobles ont tenté de reproduire le concert féminin offert par le Genji dans le roman. Mais surtout, de nombreux peintres l'ont illustré. Les plus vieilles peintures retrouvées et présentées dans l'ouvrage datent de 1130-1140. La préface sur les Genji-e, très intéressante, présente l'histoire du genre et quelques artistes tout en donnant quelques précieuses explications sur la manière de « lire » les images.
Les Genji-e est un genre très codifié. Il était interdit de montrer directement une statue religieuse (ainsi, un Bouddha est signifié par des pétales de lotus) tandis que les visages des nobles sont représentés de manière très lisse, sans défaut ni relief. de même, les peintres se montraient réticents à montrer une demeure délabrée, des vêtements modestes ou un faciès laid si tout cela appartient à un noble… se heurtant ainsi au texte beaucoup moins farouche de Murasaki-shikibu. Toutefois, les peintures laissent une place non négligeable à l'expression personnelle de chaque artiste et c'est un aspect fascinant à observer : voir comment différents artistes ont illustré une même scène. Certains sont plus ou moins fidèles au texte, d'autres montrent un intérêt qui pour les scènes intimes et familiales, qui pour les grandes démonstrations d'apparat… le récit est véritablement embelli par ses images d'un grand raffinement.
Je ne vais pas nier que les légendes des Genji-e se sont avérées cruciales pour percevoir toute la symbolique qui irrigue ces oeuvres. Elles sont très enrichissantes et permettent d'appréhender correctement les peintures et de ne pas passer à côté de l'essentiel (ce qui aurait été le cas pour moi, avec mon regard d'Occidentale, sans ses précisions). En outre, elles aident parfois à comprendre certains événements décrits avec tant de subtilité (entre les codes et l'étiquette) que j'ai parfois manqué de passer à côté (l'histoire du mariage par exemple).

• Les dix livres d'Uji

J'ai été surprise de découvrir que le roman ne s'arrêtait pas avec la mort du Genji. Celui-ci étant entré en religion, il disparaît du récit car son statut de religieux est incompatible avec celui de personnage de récit romanesque selon les codes de l'époque. Les derniers chapitres laissent la place à la nouvelle génération avec le petit-fils du Genji, le Prince Parfumé, et son presque-fils, le Commandant Suave. Les dix derniers sont appelés « les dix livres d'Uji » et racontent leur rivalité amoureuse. J'ai cru ne pas pourvoir me faire à ce changement – je venais tout de même de passer deux mois avec le Genji – mais finalement les deux protagonistes ont su éveiller des sentiments tels que je me suis vraiment immergée dans leur histoire. D'un côté, on a donc le Prince Parfumé qui m'a sans cesse exaspérée. Ce personnage, insupportable de sans gêne et d'égoïsme, m'a souvent fait râler à haute voix, malheureusement, il n'a pas réagi à mes injonctions le priant de ne pas se comporter comme un idiot. de l'autre, le Commandant Suave, sensible à l'extrême, tellement réservé et malchanceux en amour que je n'ai pu qu'éprouver de la compassion pour lui. Définitivement, j'ai été de son côté et, la fin étant ouverte, j'espère vraiment que les choses se sont, par la suite, améliorées pour lui (oui, les personnages sont vivants pour moi).

• Une lecture atypique et inoubliable

Tournant la dernière page, j'ai été prise par des émotions parfois contradictoires. La joie et la fierté d'être arrivée jusqu'au bout, la tristesse de dire adieu à ce livre – je n'avais jamais mis autant de temps à lire un seul livre en continu – ou encore le désir de m'y replonger (pour mieux profiter de la première partie dont la lecture avait été laborieuse). Pendant quelques jours, je me suis sentie désoeuvrée, abandonnée sans ce roman-fleuve pour me tenir compagnie. le livre lu ensuite – La Cité exsangue – en a d'ailleurs pâti et je lui ai reproché sa brièveté. En effet, qu'est-ce que
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Certes, c'est un ouvrage de référence mais alors il faut être bien reposé et au calme pour le lire. Il ne se lit vraiment pas facilement.
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