En français, cette plante s'appelle pétasite. Ses feuilles ressemblent à celles de la rhubarbe, je n'en ai jamais vu sur nos marchés. Après avoir refermé ce roman, j'aimerais bien y goûter!
Les bourgeons de fuki-no-tô ont une forme sensuelle, comme cette histoire. Ses pousses délicates sont-elles une métaphore des amours naissantes, tout à la fois voluptueuses et fragiles? Mais, dans un même temps, si faible en soit l'apparence, grande est leur force, et l'on sait leur développement inéluctable...
Dans un style simple, de phrases courtes, - on pense à des haïkus - l'auteure nous raconte l'amour au féminin. J'avoue qu'avant de lire ce petit roman, je ne savais pas qu'il s'agissait encore d'un sujet si difficilement accepté par la société japonaise.
Une des morales de l'histoire est que l'on ne peut échapper à sa nature profonde. Fukiko sait depuis son adolescence qu'elle est homosexuelle, pourtant, elle va se marier avec un homme, et se plier aux conventions durant de longues années, avant de laisser parler ses vraies inclinations.
En toile de fond, l'auteure joue sur l'opposition entre deux modes de vie. Celui apparemment simple des deux femmes, à la campagne. Un tableau idéalisé: le travail de la terre est agréable, les légumes d'Atsuko poussent sans problème, ils se vendent bien, son affaire prospère. En contrepoint,
Matsuo, son mari, a conservé son travail plus abstrait, "hors-sol?" de rédacteur de revue, ses fréquentations, et doit de temps en temps se déplacer jusqu'à Nagoya.
C'est la force du roman de nous décrire cette histoire inhabituelle comme si elle était totalement banale. Même la séparation d'Atsuko avec son mari va se passer en douceur, sans éclat, ni déclarations grandiloquentes. Viendra peut-être un jour où ce genre de péripétie ne choquera plus personne, même au pays du soleil levant!