J'aime d'habitude beaucoup les longues nouvelles d'
Aki Shimazaki car j'apprécie l'atmosphère souvent mélancolique qu'elle sait créer ainsi que ses personnages très humains. J'avais hâte de lire ce tome car on y retrouve les personnages de
Mitsuba et j'avais hâte de voir la version de l'histoire du point de vue de Yuko. J'ai été déçue par son point de vue qui manquait d'intensité par rapport à l'histoire racontée dans
Mitsuba. Même si le temps passé entre les deux (13 ans) permet de se dire que l'intensité des émotions s'est émoussée, je n'ai pas accroché à ce personnage qui pourtant se pense comme quelqu'un faisant passer les émotions avant le paraître mais agit à l'opposé. On ne ressent pas de bouillonnement derrière le visage lisse offert à la société.
Chaque tome s'attaque à un aspect de la société japonaise et dans ce quatrième tome, j'ai d'abord pensé qu'
Aki Shimazaki nous parlait de l'acceptation de l'homosexualité dans la société japonaise. Elle nous parle en fait beaucoup plus du poids des convenances et des sacrifices à faire pour les mainte
nir. Elle fait d'ailleurs référence tout au long de son texte au roman de Mishima “Soif d'amour” qui parle exactement du renoncement face aux convenances mais avec des personnages qui semblent plus entiers. Je me suis dit que je vais essayer de le lire pour me faire mon idée.
On retrouve beaucoup de subtilités dans ce texte vis-à-vis du regard de la société qu'elle aborde via l'homosexualité (qui est toujours mal vue au Japon) et j'ai trouvé que l'auteur était moins subtile que d'habitude dans son traitement de ce thème : on sent bien que quelque chose sous-tend la façade de perfection de la vie de Yuko et on comprend assez vite ce que c'est. J'ai été du coup déçue dans la description de la réaction de Yuko et de Takashi et j'ai trouvé que le texte manquait d'intensité. Je n'ai en fait pas ressenti l'amour de Yuko pour son mari et je n'ai du coup pas ressenti son sentiment de jalousie et de trahison, surtout qu'elle essaye de les cacher. Peut-être que vu les thèmes qu'elle voulait traiter, ce tome aurait mérité d'être plus long?
On retrouve cependant la langue douce d'
Aki Shimazaki, qui s'attache aux petis gestes du quotidien et j'aime beaucoup ses évocations si vivaces de la société japonaise, avec ces personnages qui ne veulent jamais faire de vagues et qui se retrouvent souvent bien seule quand des maelstrom d'émotions s'abat sur eux. Je pense que ce qui m'a un peu manqué aussi, c'est la rébellion de Yuko face à son sort, contente de la vie que lui offre son mari et refusant quelque part de se poser des questions.
Je reste très attachée à la plume et aux histoires qu'
Aki Shimazaki sait nous offrir même si ce tome n'est pas mon favori. Et je suis très heureuse qu'il m'en reste plein à découvrir!