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3,57

sur 461 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Kay vient de perdre son père, atteint de la maladie d'Alzheimer. Contrairement aux convenances, elle se sent davantage soulagée que triste. Ces dix dernières années à être là pour lui et le voir dépérir ont été particulièrement éprouvantes. Kay et son mari en discutent longuement et arrivent à conclure un pacte : ils partiront ensemble d'eux-mêmes le jour de leur 80ème anniversaire. Lionel Shriver s'amuse alors à concocter différentes possibilités une fois arrivée la date fatidique.
Le ton est provocant, tout en étant drôle et touchant. L'auteure aborde le rapport à la vieillesse et à la fin de vie avec beaucoup de mordant et une grande justesse.
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C'est décidé, pour leurs 80 ans, Kay et Cyril s'offriront un suicide. Dans le frigo, il y a la petite boîte noire que Cyril prend soin de tenir à jour, dans laquelle se cache l'élixir mortel. À boire avec un bon verre de vin, afin de partir les papilles heureuses, une dernière fois. C'est à cinquante ans, après avoir assisté leurs parents jusque dans la mort, qu'ils ont pris leur décision. Inutile d'être un fardeau pour leurs enfants ou la société, Kay et Cyril partiront proprement, avant de devenir une charge pour qui que ce soit.

Lorsque la date fatidique se présente, Lionel Shriver imagine douze scénarios, douze destins possibles où la mort côtoie la vie. Avec, en prime, de merveilleuses réflexions sur le Brexit et les confinements liés à la pandémie (pour une fois qu'elle est utilisée à bon escient dans un roman !)

Les pages de ce délicieux roman laissent entrevoir toute l'intelligence et la finesse d'analyse dont sait faire preuve l'autrice. Et on se surprend à passer du rire à l'horreur avec angoisse et délectation.

En s'emparant du sujet brûlant de la vieillesse, Lionel Shriver interroge le rapport que la société entretien avec elle, ainsi que les enjeux personnels et sociaux liés à la sénescence.

Le suicide est-il une réponse valide et valable face à la vieillesse ? Et si oui, à quel âge ? Dans quelles conditions ? Tant de questions qui interrogent et interpellent, face à l'agisme grandissant au sein de nos sociétés.

Lionel Shriver peut définitivement tout écrire. Avec brio, intelligence et discernement. Une vraie réussite !

Et si pour réussir sa mort, rien de mieux que de vivre sa vie ?
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Brillant. M'a fait un peu penser à "4321" de Paul Auster mais en plus complexe encore puisqu'il est question, à partir d'un point de départ unique, de décliner une bonne dizaine de variantes sur le thème de la fin de vie.
Après avoir vécu la fin de vie longue et épouvantable du père de Kay, son mari, Cyril, un médecin un "rien" rigide sur les bords, propose, en fait impose, un accord à Kay : lors de leur 80ème anniversaire ils avaleront un cocktail léthal pour éviter d'imposer à leur famille (et au système de santé) une fin de vie pénible.
A partir de là s'ouvrent une quasi infinité de possibles, au travers desquels se dessine une prise de conscience de Kay de ce que, finalement, son cher Cyril a toujours décidé de tout, y-compris de leur fin. Et le pauvre Cyril en prendra régulièrement pour son grade.
Contrairement à ce à quoi on pourrait s'attendre, vu le thème, c'est souvent très drôle tout en étant parsemé de réflexions assez fines sur notre société actuelle et ses paradoxes inombrables sur cette question. La fin "idéale", celle où nos vieillards se trouvent dans une sorte de paradis parfaitement écoeurant, m'a fait penser à ces toiles de Jerôme Bosch où le paradis apparaît tellement ennuyeux et l'enfer, par contraste, vachement plus excitant.
Et puis, à chaque variation on attend le retour de la camionette blanche et de la tache au plafond évoquant la Norvège...
Chacun choisira sa fin préférée, j'ai la mienne ;-)
Une lecture réjouissante, un petit tour de force...



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Le titre en VO est une chouette référence à une chanson des Clash que j'adore "Should I stay or Should I go ?". Si dans la chanson des Clash, il s'agit d'une relation amoureuse, ici, ce n'est pas le cas. C'est un sujet très grave qu'aborde l'auteure : le droit de choisir sa mort, son temps, son heure. En France, c'est pas près de se régler vu les pressions catholiques ! Moi, j'ai choisi, c'est la Belgique. Je refuse d'imposer à mes enfants ce que j'ai vécu avec mes parents. Et voici donc notre auteure qui étudie les différents scénarios possibles avec ou sans seconal. C'est tragico-comique comme souvent avec elle, mais j'adore. Elle arrive même à s'inviter dans le débat avec l'un de ses bouquins : génial ! A lire vite pour l'auteure, le plaisir du texte, le sujet : ne rayez aucune mention inutile.
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Une pépite pour qui aime l'ironie , le grinçant et, parfois même, le burlesque.

Un couple, Kay et Cyril, décide, à l'âge de 45 ans, qu'ils se donneront la mort à 80 ans pétantes pour partir dignement, ensemble, sans « peser » pour leur famille ni la société.

L'écrivaine américaine, Lionel Shriver, s'éclate et égratigne, comme il se doit, la société actuelle qui ,apeurée par la vieillesse et la mort, se lance dans une course effrénée au jeunisme.

C'est drôle. Ça décape. C'est caustique. Un roman follement ironique, follement réussi.
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Wow c'est une lecture qui vous touche et vous fait réfléchir. le sujet est abordé sous tout les angles possibles, et donc cela plaira au plus grand nombre. J'ai aimé les sujets liés à l'actualité, le format hyper dynamique. Je suis passée par plein d'émotions et ce livre m'a fait réfléchir. Je recommande vivement.
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Variations sur le même thème. À la mort du paternel sénile, Kay et Cyril font le pacte de programmer leur mort à 80 ans. La boîte de Séconal aura désormais sa place sur la clayette supérieure du frigo. Un programme simple, une dizaine d'issues possibles.

Quel livre magnifique sur la vieillesse, la sénilité, sur l'amour, sur le mariage et sur la mort qui reste inévitable. À lire de toute urgence.
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Sur le plan narratif, c'est très fort.
Il s'agit en effet de 12 variations autour de : « Avaleront /n'avaleront pas leurs comprimés? » . Ceux que Cyril et Kay s'étaient promis de prendre à 80 ans, quand ils n'en avaient encore que 50, pour s'épargner à eux-mêmes la déchéance du très grand âge, et au Système de Santé Britannique le coût exorbitant que représentent la prise en charge, l'hébergement , les soins apportés aux grands vieillards.
- 12 variations autour de : ° Comment la mort les saisira-t-elle, ensemble ou séparément ? ». Puisque de toute façon c'est toujours ainsi que cela se termine ( sauf dans l'un des chapitres. Assurément le plus baroque, mais probablement aussi le plus terrifiant).
Et donc, de vieillesse tonique et harmonieuse en vieillesse condamnée à la déchéance intellectuelle, physique, ou les deux, ou pire encore aux mauvais traitements de certains établissements-mouroirs, Lionel Shriver explore avec méthode, avec férocité, le problème du vieillissement dans les sociétés occidentales.

J'ajouterai en outre que l'aspect volontairement répétitif de ces 12 variations, avec leurs détails récurrents, leurs reprises en boucle, leurs clins d'oeil appuyés, me paraît traduire non seulement la très grande maîtrise de la romancière mais aussi et surtout une forme de « radotement « qui ajoute une couche supplémentaire de complexité à ce roman particulièrement riche, et troublant.

Avec cela , et malgré tout, beaucoup de cynisme, et d'humour.( Il en faut , pour aborder sereinement un tel sujet !) C'est peut-être pour cela que ce roman m'a fait songer à ce que peut être un Michel Houellebecq, chez nous. A savoir qu'il porte un regard lucide et décapant sur les grands enjeux des sociétés contemporaines , et qui ne s'interdît rien: ni la cruauté ni la tendresse, ni la drôlerie, le cocasse. Ni la distance à la fois politique, sociologique et philosophique. Ni même l'écart dans la science-fiction, dans l'absurde.
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L'ouverture de ce roman se fait au Royaume-Uni, en 1991. Kay et Cyril, la petite cinquantaine, sont mariés depuis plusieurs décennies et parents de grands enfants qui ont quitté le nid. Kay vient d'apprendre le décès de son père. le premier sentiment qui l'habite n'est pas la tristesse mais le soulagement. En effet, son père était atteint de la maladie d'Alzheimer depuis dix ans et lui et ses proches en ont énormément souffert. le voir se dégrader, oublier tous ses proches et laisser la sénilité l'habiter, tout cela était beaucoup trop difficile. Kay et son mari se promettent une chose : en 2020, lorsqu'ils auront 80 ans, ils mettront fin à leur jour.

Si ce pacte peut sembler difficile à concevoir, dans l'esprit du couple, cela est plutôt rassurant. Pas question d'être fortement diminués, malades, d'être un fardeau pour leurs enfants ou de croupir en EHPAD. Ils veulent s'en aller dignement et avoir vécu une vie plus courte mais heureuse que longue et en mauvaise santé. Mais voilà qu'à l'aube de 2020, Kay et Cyril font un constat : ils sont encore en très bonne santé. Que vont-ils finalement faire ?

A partir de ce scénario, Lionel Shriver a écrit douze chapitres qui sont en réalité douze fins possibles à l'histoire de nos personnages. J'ai aimé sa créativité foisonnante et ses dénouements parfois très futuristes et relevant parfois même de la science fiction. J'avoue avoir eu une préférence pour les chapitres mettant en scène le Docteur « Mimi », l'affreuse gériatre responsable d'une maison de retraite crapuleuse. J'ai aimé que ce roman tienne compte des actualités de l'époque : le COVID et le Brexit notamment.

Si l'humour est bien présent, l'écrivaine nous pousse à nous interroger sur le grand âge et la fin de vie. Que ferions-nous à la place de notre couple de retraités ?

Pour conclure, je suis heureuse d'avoir (enfin) découvert la talentueuse plume de Lionel Shriver à travers ce roman satirique très actuel.
Lien : http://romansurcanape.fr/a-p..
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Kay et Cyril savent ce que c'est de vieillir. Trop de patients souffrant trop longtemps pour l'infirmière et le médecin ; une douleur trop vive lorsque la maladie d'Alzheimer a emporté lentement le père de Kay. Et quel coût pour la collectivité que de vieillir plus que de raison, un poids économique insupportable pour Cyril l'idéaliste. Alors à 50 ans le couple conclut un pacte pour s'éviter souffrances et ne jamais peser sur les autres : à 80 ans, il faudra mourir. La date anniversaire de Kay est choisie, ce sera en mars 2020. Après des années d'un invivable Brexit, le cauchemar devient mondial et leur départ coïncide avec l'arrivée de la pandémie de Covid en Europe. Et voilà que les deux octogénaires sont plutôt en forme. Vont-ils aller au bout de l'étrange pacte conclu trente ans plus tôt ?

Là réside toute l'originalité du roman : après une centaine de pages d'installation, la date fatidique se pointe. L'auteur nous propose alors douze variations de ce jour funeste (ou pas) et de ce qu'il advint du reste de leurs jours. Autant de possibles pour rendre à la vie ses hasards.

« Ce dîner était divin et notre vie aussi. »

Ce roman m'a enthousiasmé par qu'il évite toute les facilités, il est extrêmement inventif et surprenant. Les variations permettent une exploration narrative qui donne un rythme singulier à ce roman social dans lequel le pacte intime - et les irréductibles questions qu'il charrie sur la fin de vie - rencontre les plus récentes pages d'Histoire du Royaume-Uni. Avec ce qu'il faut de légèreté pour accepter le sérieux du sujet, Lionel Shriver m'a emporté dans la « fin sans fin » de Kay et Cyril.
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