Citations sur Demain les chiens (141)
J'ai lu, p. 149
« Peu à peu, au fur et à mesure du déroulement de la légende, le lecteur se fait une idée plus exacte de la race humaine.
[...]
Les preuves abondent jusqu'ici de son manque de stabilité.
L'intérêt qu'elle porte à une civilisation mécanique, son ignorance de conceptions de la vie plus saine, plus valable, soulignent chez elle l'absence d'une base solide.
Dans ce conte, nous apprenons combien limités étaient les moyens de communication dont disposaient les humains, et c'est là un lourd handicap.
L'incapacité de l'Homme à comprendre et à apprécier la pensée et le point de vue de ses proches semble un obstacle que tous les trésors d'ingéniosité mécanique ne permettent pas de franchir. »
Cette illusion de souvenir glissait comme l’aile de la nuit sur l’ombre de la pensée.
Webster était immobile et crispé, il écoutait le pouls de l'Histoire battre entre ces murs. Une histoire qui s'était terminée en impasse, un grand fleuve qui n'était plus qu'une mare stagnante et inutile.
- Tu es préoccupé, dit Nathanael.
Grant fronça les sourcils.
- C'est bien possible. La race humaine est toujours préoccupée. Tu devrais le savoir maintenant, Nathanael.
Voici donc ces contes ; que chaque lecteur y trouve ce que bon lui semble : un simple divertissement, le reflet d'événements historiques, ou quelque allusion au sens caché. Pour notre part, et en guise de conclusion, nous nous contenterons de dire au lecteur : "Ne prenez pas ces récits trop à coeur car le désarroi, sinon la folie, guette ici le chercheur trop anxieux de savoir."
Après avoir lu ce conte, on est amené à croire, avec Rover, que l’Homme est dépeint dans la légende comme une antithèse délibérée de tout ce qu’incarne le Chien, comme une sorte de pantin mythique, une fable sociologique.
Il n’en faut pour preuve que la vanité des efforts de l’Homme, sa perpétuelle agitation, sa façon de chercher sans cesse à parvenir à un mode d’existence qui le fuit, peut-être parce qu’il ne sais pas exactement ce qu’il veut.
Il ne va jamais nulle part.
C’était ce que Jenkins avait dit au pasteur.
Et c’était vrai. Car à quoi bon aller quelque part ? Tout était ici. En tournant simplement un bouton, on pouvait aller, en esprit sinon physiquement, où l’on voulait. On pouvait voir une pièce de théâtre, ou entendre un concert, ou bouquiner dans une librairie située à l’autre bout du globe. On pouvait régler toutes les affaires que l’on voulait sans bouger de son fauteuil.
Et puis je l'ai vue. Un véritable spectre. Elle était tout pour quelqu'un et on l'avait délaissée, abandonnée. Ce jour-là, avec Pépé, j'ai compris que je devais préserver pour la postérité un aspect de la vie de nos aïeux.
Je vis dans le passé et ce n’est pas une façon de vivre.
Les horlas : les créatures derrière le mur, qu'on entend sans pouvoir les identifier ; les occupants de la pièce voisine.
Les horlas.
Les horlas t'auront si tu n'y prends pas garde.
Très humain. On ne peut pas voir, comprendre, examiner ou analyser une chose ? Alors elle n'est pas là. Elle n'existe pas. Il s'agit d'un fantôme, d'un lutin, d'un horla.