Un goût acre.
L'histoire
Adèle vit avec Richard, ils sont marié, ils ont chacun une profession prenante, surtout lui, il est chirurgien, elle est journaliste. Ils vivent à Paris. C'est le couple ordinaire, bourgeois. Adèle est une femme avide, vidée, insatisfaite. Elle veut être remplie de sensations. Son mari Richard ne peut rien et n'y peut rien, c'est une maladie. Pourtant Adèle a tout pour être heureuse. Richard cherche à combler sa femme avec des préoccupations financières, matériels et bien-sûre il veut un deuxième enfant. Des projets, il y en a, un déménagement en province, une grande maison, une nouvelle clinique, pour lui, des enfants, pour elle, pour eux.
Adèle ne pense ces projets, elle n'y pense pas non plus, ce sont les projets de Richard. Les projets de Richard sont les calculs, le banal, le quotidien. Adèle aime Richard, c'est évident, elle ne pourrait se passer de lui, de cette vie, de leur fils adoré. Mais cette avidité se loge toujours en elle. Elle souffre.
Tous ces projets cela ne change rien ou plutôt ce n'est pas cela qu'Adèle attend. Lui n'a jamais été très porté sur les choses liées au sexe. Il ne cherche pas l'orgasme à répétition. Il ne cherche pas comme elle en permanence de nouvelles liaisons sans lendemain, sans but précis, ou le seul but est cet abandon avec l'inconnu sexuel. le désir entre eux n'est plus ce qu'il était, ils se touchent moins, beaucoup moins. Lui n'a jamais aimé cela, le sexe pour le sexe.
Adèle n'est pas une personne comme tout le monde, ce n'est pas une femme comme toutes les autres. On ne sait pourquoi, ce n'est pas si important. Les raisons de son addiction sexuelle ? Son éducation ? son enfance ? les maladresses de ses parents ?la jalousie de sa mère ? l'entourage de son enfance ? un besoin irrépressible d'être désiré et prise par un ou plusieurs hommes ?
Adèle aime l'état d'excitation d'une rencontre, ce moment où les préliminaires n'ont pas encore commencés, ce moment où le désir monte. Elle aime se sentir désirer, elle aime être au centre du jeu. Elle aime se sentir prise. Adèle cherche en vain les moyens de satisfaire ce vide, cet ennui, cette dépression latente Elle aime ces rencontres maladives, furtives avec d'autres hommes.
Adèle dans un moment de très grand égarement va jusqu'à organiser son propre viol avec deux hommes. Son sexe en sort tuméfié, horrible. On supporte mal ce genre de passage. C'est le sexe incompréhension, le sexe dégoût. Adèle va à l'extrême de ses possibilités, à l'extrême du supportable pour sa santé psychique et physique.
Un soir Adèle rencontre un collègue de Richard, un autre chirurgien il s'appelle Xavier, et là fatale erreur, le pire pour Richard survient. Xavier et Adèle deviennent amant. Elle n'aurait pas pu choisir pire. Avant, pourtant, elle prenait plus de précautions. Et le secret tombe. Ils deviennent esclaves de leurs situations. A partir de là, Richard souffre comme sa femme. Et les infidélités maladives prennent fin.
Le pire, Richard attrape accident, sa jambe est fracturé pour quelques temps, il a encore plus besoin de sa femme. Celle qui le trompe est aussi son soutien de tous les jours. Cette situation devient pesante et il transpire des pages une atmosphère qui ne peut durer très longtemps.
Il l'aime tellement et il est médecin, il reste pragmatique, il fait le bilan avec sa femme et il menace. Ensuite, avec Adèle Richard fonctionne comme avec une patiente, comme avec un animal blessé dans sa chaire et dans son esprit. Elle mettra le temps pour guérir, loin de toutes tentations et plus proche que jamais de son fils se sera plus facile.
Mon avis, mes impressions
Leïla Slimani me fait découvrir le genre. Ce roman me donne le vertige grâce à cette fameuse ambiance pesante au rythme étonnant. Ambiance pesante, dans le sens comment cela va-t-il finir ? Je suis fasciné par ces deux êtres pris au piège. J'aime le rythme donné à l'histoire, il emporte tout. Leïla réussit très bien elle nous emmène dans la vie d'Adèle qui aime le sexe, pour le sexe et qui en est malade.
Cette histoire pose la question de la culpabilité, c'est très étrange et voulu mais on ne peut pas en vouloir à Adèle et l'on se met aussi à la place de Richard.
On est coupé en deux et on veut recoller les morceaux entre eux deux on veut plus de tendresse entre eux deux.
Je pense que toute l'originalité de ce court roman tient là, le fait d'avoir de la compassion pour ce couple à la dérive.
Et aussi parce qu'on ne saura jamais si Adèle recommencera. Si elle guérira, si lui s'en ira un jour, s'ils continueront à faire l'amour comme si rien ne c'était passé, comme si ce trauma était sans importance.
Leïla évite de tomber dans le tragique, c'est tant mieux, elle pose les choses, les problèmes, leurs conséquences à nous d'imaginer le reste.
A l'époque de « balance ton porc » et des mâles idiots qui nous emmerdent c'est ici un autre point de vue. Je continuerais ma découverte de cette auteure avec
Chanson douce.