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Reçu le coffret des 3 volumes il y a 15 jours. Je ferai un commentaire sur celui ci car je n'ai pas encore lu la "bête".
3 Volumes (Zothique, Hyperborée et Autres Mondes) reliés et numérotés dans un joli coffret avec de magnifiques illustrations. Papier et reliure de qualité.
Mnemos a fait un boulot splendide. J'attendais cela depuis longtemps.
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Une magnifique découverte. J'étais en librairie, dans mon coin préféré, celui des elfes, des nains, des chevaliers, des gens qui maîtrisent la magie pour détruire le monde, tout ça. Et puis paf, je tombe sur ce livre dont l'auteur m'est vaguement connu. La couverture est intriguante. Donc je le prends sous le bras et une fois rentrée je l'entame à la lueur d'une bougie.
Parce que oui, voyez-vous, je lis à la lumière vacillante des bougies. Je m'étonne après de porter des lunettes .. bon donc je disais, je commence et ce n'était pas le bon moment parce que .. je n'accroche pas. Mais alors pas du tout. Je me dis que c'est bien dommage d'acheter un bouquin et de ne pas aimer. Alors je le fourre dans un coin libre de ma bibliothèque, remisé dans l'oubli à côté d'un polar et d'un bouquin de SF.

Puis des mois plus tard, quand lire des classiques m'agace et après avoir terminé «le roi des Cendres», je regarde ma bibliothèque, les poings sur les hanches, la bouche formant un rictus assez atroce, et je balance tout haut "bon, je vais lire quoi maintenant ?". Puis je vois ce fameux Zothique, dans la catégorie «livre remisé parce que ce n'était pas le bon moment» alors je le prends. Je hausse les épaules, bwarf, je ne sais pas pourquoi je l'ai acheté celui-ci.

J'y redécouvre ce fameux marque-page que je cherchais partout ! Il était là le bougre ! Non mais Hedwige, tu prends la poussière dans ce bouquin alors qu'Harry Potter te cherche partout !

Je me pose confortablement, je recommence depuis le début en me concentrant car je me rappelle qu'en plus de ne pas avoir accroché, je ne comprenais pas. Et là ... Là ... Je comprends mon erreur ! Erreur d'avoir pensé que ce n'était pas bien. Parce que ce livre est une PÉPITE ! C'est incroyable ! Mais quelle plume ! Mais quelle imagination !! Comment ai-je pu me fourvoyer ?! Et comment ai-je pu ne pas comprendre alors que l'écriture est tellement parfaite et fluide !

Je suis subjuguée par les phrases, par l'imagination, par la structure des nouvelles, par tout. La langue accroche les yeux, qui ne se décollent pas. Je suis prise de frénésie. Si je pouvais le garder dans les mains, vous me verriez me promener avec, en criant partout "mais lisez-le !! Lisez-le !".

La première nouvelle parle de nécromanciens. J'adore ces personnages glauques et terrifiants. Une autre parle de peuple cannibale. Entre autre.
De gentilles personnes en somme.


Bon voilà, vous avez une petite idée de ce que j'en pense. Reste à savoir si ça vous tente, maintenant. A mon avis vous ne regretterez pas, mais pour ça, courrez l'acheter.
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LIVRES UNIVERS


Lire – enfin ! – Clark Ashton Smith… le financement participatif lancé par les éditions Mnémos il y a un peu plus d'un an de cela m'en a enfin fourni l'occasion – et quelle occasion ! le trouvage de corbeau ayant rencontré un beau succès, il a débouché sur un magnifique coffret comprenant trois très beaux livres, reliés avec signet et illustrés en couleurs (les couvertures de Zdzislaw Beksinski sont superbes, mais tout autant les illustrations intérieures de Santiago Caruso), sans compter quelques goodies, dont une carte de Zothique au format poster (c'est cool, j'aime les cartes), et comprenant, surtout, des dizaines de textes dans une nouvelle traduction plus que bienvenue, le cas échéant, et qui m'a l'air tout à fait satisfaisante, à en juger sur ce seul premier tome, un beau travail de Julien Bétan ; il faut d'ailleurs y ajouter un paratexte appréciable, avec ici une préface de Scott Connors et une postface de S.T. Joshi (il est partout), toutes deux traduites par Alex Nikolavitch.


Mais qu'en est-il du contenu proprement smithien de ces livres ? le titre global est hélas trompeur : il ne s'agit certes pas d'une « intégrale » de Clark Ashton Smith, bien évidemment – mais pas même, comme on avait pu le dire, une intégrale de ses récits de fantasy, ai-je l'impression ? Mais il y a quand même du matériau – plus que conséquent.


En fait d' « intégrale », il s'agit d'abord ici de reprendre tous les textes de Clark Ashton Smith se rapportant à ses quatre univers imaginaires récurrents : dans le premier tome, qui va nous intéresser aujourd'hui, nous avons donc tout Zothique, et tout Averoigne ; le deuxième volume, plus petit, comprend tout Hyperborée, et tout Poséidonis. Mais il y a aussi un troisième volume (dont je crois qu'il s'agit d'une spécificité du crowdfunding, indisponible autrement ?), qui comprend d'autres textes de fantasy, indépendants de ces quatre univers majeurs, mais pouvant correspondre je crois à des tentatives d'ensembles moins amples.


Aujourd'hui, nous nous pencherons donc sur Zothique et Averoigne… en relevant que le titre de ce premier volume n'est pas plus pertinent que le titre d'ensemble : Zothique est assurément un « monde dernier », c'est même une de ses caractéristiques essentielles, mais Averoigne n'est certainement pas dans ce cas, qui correspond à un monde passé...


UNE APPROCHE DE LA FANTASY


Je ne vais pas revenir ici sur la biographie de Clark Ashton Smith, et notamment sa décennie d'écriture de nouvelles (la quasi-totalité des textes ici compilés ont été composés durant cette brève période de production presque frénétique de fictions), ou encore son statut primordial de poète, avec la possibilité que ces nouvelles publiées dans des pulps (en fait, très concrètement ici, Weird Tales, systématiquement) puissent être envisagées comme des poèmes en prose : tout ceci, j'en ai parlé hier, en traitant de l'essai de Donald Sidney-Fryer The Sorcerer Departs: Clark Ashton Smith (1893-1961).


On peut cependant, en guise de préambule, dire quelques mots de l'approche du genre fantasy chez Clark Ashton Smith, et de ses implications en matière de style.


Smith était donc un poète avant que d'être un conteur – même s'il avait livré, adolescent, quelques nouvelles, où les influences essentielles (et communes avec le correspondant Lovecraft) des Mille et Une Nuits et du Vathek de William Beckford se faisaient particulièrement sentir ; Zothique témoignerait plus tard de ce que ce n'était pas un enthousiasme passager, mais bel et bien une influence déterminante.


En tant que poète, Smith ne donnait initialement guère l'impression de pouvoir être associé au monde des pulps (quand bien même ils publiaient de la poésie), mais il y viendra pourtant – peut-être via Lovecraft ? Car il prisait la littérature « d'évasion », l'imaginaire au premier chef – et il l'a sans doute toujours prisée. En fait, ce goût du fantastique et de l'irréalisme était si prononcé qu'il a débouché sur une (très) vague querelle avec son mentor, le poète George Sterling, qui louait par-dessus tout la poésie du jeune Smith, et ne renâclait, dans ce contexte, pas le moins du monde aux éléments proprement baroques qui y abondaient, mais ne comprenait pas l'engouement semble-t-il soudain du poète pour l'évasion à peu de frais des pulps… Lequel a répondu par un plaidoyer plus qu'enthousiaste. Mais c'était une très vague querelle, si même « querelle » est bien le mot : Sterling et Smith sont restés très liés jusqu'à la mort du premier, cette opposition relative n'était d'aucun poids dans les rapports entretenus par les deux poètes.


Quoi qu'il en soit, Smith n'avait rien de cette intelligentsia littéraire qui ne pouvait que conspuer la sous-littérature des pulps, et peut-être au premier chef de ceux traitant d'imaginaire – que l'on parle de science-fiction, genre tout juste naissant en tant que tel (Smith a régulièrement publié dans le Wonder Stories de Hugo Gernsback), ou de cette « nouvelle » forme de fantasy américaine dont Smith serait finalement l'un des pionniers, à l'égal de son correspondant Robert E. Howard, à moins d'englober tout cela et d'autres choses encore (le fantastique et l'horreur au premier chef) sous l'étiquette plus souple de « weird ».


En fait, il faut associer ici deux tendances complémentaires, mais peut-être pas parfaitement équivalentes : le goût de l'évasion, et le mépris du « réalisme » dans sa forme la plus vulgaire – et, ici, Smith rejoint largement Lovecraft. Pour le Barde d'Auburn, la fantasy constitue une « libération bienvenue et salutaire de la tyrannie oppressante de l'anthropocentrisme » ; en effet, à l'instar du gentleman de Providence, Klarkash-Ton est bien au contraire persuadé de ce que l'homme n'a pas de place significative dans l'univers. Mais cela va au-delà :


To me, the best, if not the only function of imaginative writing, is to lead the human imagination outward, to take it into the vast external cosmos, and away from all that introversion and introspection, that morbidly exaggerated prying into one's own vitals—and the vitals of others—which Robinson Jeffers has so aptly symbolized as "incest." What we need is less "human interest," in the narrow sense of the term—not more. Physiological—and even psychological analysis—can be largely left to the writers of scientific monographs on such themes. Fiction, as I see it, is not the place for that sort of grubbing.


Une position assez radicale, donc.


Mais, sur un mode plus pondéré, Smith traitant de la fantasy ici ou là, probablement surtout dans sa correspondance, peut faire penser à ce que son contemporain J.R.R. Tolkien exprimerait bientôt devant de doctes savants oxoniens dans sa fameuse apologie des « contes de fées », figurant dans le recueil Faërie et autres textes. du moins se reconnaissent-ils essentiellement, vocabulaire spécifique ou pas, dans les fonctions qu'ils attribuent au genre fantasy – mais sans doute à une exception près, notable : l'eucatastrophe, si essentielle à la conception tolkiénienne de la féerie, ne signifie sans doute pas grand-chose pour Smith – même si, ai-je envie de préciser, ce concept-clef chez le philologue catholique va bien plus loin que le seul « happy end » ; or la préface de Scott Connors est quelque peu ambiguë à cet égard, notamment en appuyant sur les chutes « négatives » récurrentes chez le Barde d'Auburn (ce qui n'exclut pas des « bonnes fins » de temps à autre)… Même s'il est sans doute pertinent de relever que, dans la fantasy de Smith, les « mauvaises fins » sont régulièrement choisies par les protagonistes, de préférence à une « bonne fin » qui ne leur était en rien inaccessible.

UN STYLE ADAPTÉ


Quoi qu'il en soit, cette fantasy implique un style adapté, et Clark Ashton Smith le dérive de son expérience de poète – plus particulièrement de poète en prose ; au point où l'on a pu dire, comme Donald Sidney-Fryer dans The Sorcerer Departs, que nombre de ces nouvelles de fantasy pourraient tout aussi bien être envisagées comme autant de poèmes en prose, ou du moins de poèmes en prose « développés ». Il est vrai que, dans ce volume, même en faisant la part de la narration, certaines nouvelles de Zothique, par exemple, pourraient coller – ainsi, disons, « L'Empire des Nécromants », qui ouvre le cycle, ou peut-être davantage encore « le Sombre Eidolon » ou « Xeethra ».


En fait, à cet égard, l'approche de Clark Ashton Smith a quelque chose de savamment délibéré. Voici ce qu'il pouvait en dire :


My own conscious ideal has been to delude the reader into accepting an impossibility, or series of impossibilities, by means of a sort of verbal black magic, in the achievement of which I make use of prose-rhythm, metaphor, simile, tone-color, counter-point, and other stylistic resources, like a sort of incantation.


D'où cette langue à la fois chatoyante et peu ou prou « extraterrestre » (une chose qui ne pouvait que séduire un Lovecraft, j'imagine). Sans doute peut-on au moins pour partie la dériver, au-delà des modèles poétiques de l'auteur (et plus particulièrement en termes de poésie en prose), Poe et Baudelaire, de choses bien plus anciennes – en fait, la fascination enfantine pour les contes, et notamment ceux des Mille et Une Nuits, ressurgit ici, complétée au registre de l'orientalisme par Vathek : au fond, ces influences primordiales n'ont jamais lâché l'auteur. Mais cette langue largement incantatoire emprunte sans doute dans une égale mesure à d'autres sources, dont peut-être cette Bible du Roi Jacques qui, vingt ou trente ans plus tôt, avait fourni le substrat stylistique des contes oniriques de Lord Dunsany (S.T. Joshi, dans sa postface, fait explicitement le rapprochement entre les deux auteurs – et c'est encore une autre manière de lier Smith à Lovecraft).


Mais le « style » doit probablement être entendu au sens large – ce qui dépasse le seul registre de la langue, aussi baroque et chatoyante soit-elle, lequel pourtant suffit probablement à placer Smith au-dessus des deux autres « mousquetaires » de Weird Tales (avec toute la passion que m'inspire Lovecraft, je n'ai aucun doute quant à la supériorité formelle de Smith, écrasante). le Barde d'Auburn ne fait pas qu'aligner des mots, même colorés, il sait aussi parfaitement raconter des histoires, avec toute la compétence d'un conteur madré, conscient et maître de ses effets, et sachant en outre véhiculer le récit via des personnages autrement complexes, là encore, que ceux souvent « fonctionnels » d'un Lovecraft ou d'un Howard – une remarque avancée notamment par E. Hoffmann Price, confrère en pulps qui a eu l'insigne privilège d'être le seul homme à avoir rencontré successivement les trois maîtres de Weird Tales.


Même avec ce que la publication des cycles de Zothique et Averoigne en intégralité peut comporter de faiblesses et de redites, le tableau final est néanmoins celui d'un auteur puissant et habile avec les mots comme avec les thèmes – un auteur parfois joueur sur ces deux plans, aussi.


ÉROS ET THANATOS


Mais ces thèmes, donc : quels sont-ils ? Multiples, sans doute – d'abord et avant tout : une oeuvre de pareille ampleur ne saurait probablement être résumée à deux ou trois formules, même si l'analyse impose plus ou moins de procéder ainsi…


Chaque cycle a ses propres préoccupations : Zothique, ainsi, est une ode à la décadence, où l'idée de « fin » est omniprésente, et bannissant comme futiles toutes les prétentions à la civilisation, au progrès et aux oeuvres de la raison. Cette décadence, en dehors du seul chatoiement paradoxalement coloré d'un univers en fin de vie, s'exprime aussi dans un regard ambigu sur le passé, très concrètement incarné dans la pratique perverse et pourtant presque commune de la nécromancie. La sexualité a son mot à dire, à tous les niveaux, en tant que figure marquée de la décadence.


Averoigne, moins fantasque, est un terrain propice à la mise en scène d'une pseudo-rationalité d'ordre essentiellement religieux, luttant vainement contre les connotations les plus sombres (et en même temps parfois très prosaïques) d'une sorcellerie dont les abbés, etc., souhaiteraient qu'elle ne soit plus qu'un mauvais souvenir, et fort lointain – à moins bien sûr qu'ils ne soient eux-mêmes corrompus à cet égard, tel saint Azédarac, ou que leur pureté, très fâcheusement, ne leur offre pas le moins du monde les clefs pour l'emporter dans cette lutte eschatologique, ne leur laissant pour seul recours... que de faire appel à une autre sorcellerie. D'autant que le « mal » contre lequel nos saints hommes se dressent avec plus ou moins d'assurance, sinon de conviction outragée, relève souvent d'une sexualité qu'ils ne sauraient percevoir autrement que comme une menace à réprimer – un autre combat futile…


Globalement, l'amour et la mort, l'inévitable duo des instincts, sont cependant presque toujours de la partie. La fantasy de Smith, dans ces deux cycles en tout cas, a un caractère morbide marqué, auquel je ne connais guère d'équivalents ; bien sûr, le rôle essentiel de la nécromancie, surtout dans Zothique, en est un témoignage éloquent, sur lequel il me faudra revenir en temps utile. Mais, même sans recourir à ce procédé, la mort, qui est aussi la fin, la destruction parfois, l'oubli autrement, est toujours là – tapie non loin.


Or la mort entretient souvent des relations complexes avec l'amour – lequel peut être envisagé à la « romantique », voire « platonique », ou tourner bien plus concrètement à la mise en scène d'une sexualité franche et même outrée, porteuse à l'occasion de restrictions morales ou au contraire farouchement libérée sinon proprement libératrice. En fait, les deux univers de Zothique et Averoigne jouent de cette thématique de manière paradoxale : la décadence du dernier continent implique son lot de scènes d'orgie ou peu s'en faut, mais, hypocrisie ou pas, elle s'accompagne souvent de « critiques » d'ordre moral, dans des récits empruntant parfois des allures de fables ; Averoigne, au contraire, met en scène un monde « médiéval » où la sexualité est strictement réprimée par l'Église omniprésente, mais elle n'en apparaît que plus libératrice hors du mesquin contrôle des institutions.


Dans les deux cas, le ton peut se montrer moqueur, ou plus généralement provocateur. Plusieurs de ces nouvelles s'illustrent par un contenu érotique assez marqué, à un point parfois surprenant – et qui a pu choquer un Farsnworth Wright, retournant furieux quelques textes à Smith au prétexte qu'il s'agissait d'une « pure histoire de sexe », ou que « le satyriasis [n'était] pas dans la ligne éditoriale de Weird Tales » (magazine qu'on aurait pu supposer moins frileux, à regarder simplement ses couvertures, notamment celles de Margaret Brundage, mais c'est sans doute un biais guère significatif) ; il faut dire que la conception du « spicy », chez Smith, pouvait passer par des séquences fort étranges – pensez à « La Mère des crapauds » étouffant le pauvre « héros » sous ses énormes mamelles ; ce en quoi la nouvelle faisait d'ailleurs écho à la très narquoise « Vénus exhumée », immédiatement antérieure dans le cycle d'Averoigne, où l'auteur raillait méchamment les pulsions charnelles plus ou moins vertement réprimées des hommes d'Église…


Mais ce jeu ambigu de l'amour et de la mort imprègne bien davantage de nouvelles d'un ton moins léger, dérivant son traitement des deux notions, davantage associées qu'opposées, des canons d'une école décadente portée sur le scandale et l'ironie. L'orientalisme de Zothique y a d'ailleurs sa part. Quoi qu'il en soit, des « triangles amoureux » les plus chastes (dit-on) aux quasi-orgies frontalement lascives et perverses, les jeux pas si contraires d'Éros et Thanatos ne sont pas pour rien dans la réussite des contes, au plan de l'ambiance comme du fond.


LE FRÈRE DU LEVANT


Par ailleurs, lecteur de Lovecraft, j'ai été tout naturellement incité à guetter dans les nouvelles de ce beau volume des allusions « lovecraftiennes » : Clark Ashton Smith avait après tout participé à l'élaboration du « canular » cthulhien, et les deux auteurs s'appréciaient énormément, et s'empruntaient régulièrement.


En fait, les références lovecraftiennes « explicites » sont très rares : en dehors de « Iog-Sotôt » mentionné dans « Saint Azédarac » (dans le cycle d'Averoigne), on ne trouve pas grand-chose. Sans doute faut-il chercher de telles allusions dans un registre davantage implicite – mais sans aller jusqu'au principe même d'une « horreur cosmique », trop vague en tant que tel, même si Zothique en serait probablement une très parlante illustration (pas Aver
Lien : http://nebalestuncon.over-bl..
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Clark Ashton Smith n'est pas seulement l'un des pionniers de la Dark Fantasy, il n'est pas seulement l'ami de Lovecraft et Howard, il est aussi le dernier romantique, un écrivain à la plume raffinée, aux univers mêlant merveilles et tragédies, magies noires et décadences, amours et amoralité.

Ce tome 1 regroupe deux "cycles" de Smith : Zothique et Averoigne.
Zothique est un continent crépusculaire, l'ultime continent entouré d'océans sans fins ponctués d'îles de cannibales et de mages noirs.
Averoigne est une France de type médiévale telle qu'elle n'a pas été.

Oubliez toutes vos idées à propos de la Dark Fantasy découlant de Tolkien : ici nous sommes (dans l'histoire de la littérature) avant le Seigneur des anneaux. SI nous parlons de "cycle" c'est que ce sont des nouvelles qui furent publiées dans des fanzines américains dans les années 20-30-40 et regroupées plus tard.
Ici pas de bien contre le mal, pas vraiment de grandes quêtes, mais de l'aventure - et surtout des mésaventures, pas de niaiseries mais du romantisme noir. Pas de gnomes rigolos, pas de géants patauds, pas de hobbits, pas de tentative pour sauver le monde, pas de compagnie, ni de je ne sais quoi qui a pétri la fantasy depuis quelques décennies pour en faire cette soupe insipide de cycles à 20 tomes niais.

Il y a sera question de nécromants, de rêves et de cauchemars, de tortures, de survie dans ce monde hostile où des courants noirs vous feront dériver vers des peuplades pour qui la seule passion est la torture, de jardins peuplés de plantes empoisonnées, de peuples cannibales, de sorciers ayant pénétré d'ineffables mystères.

Difficile de résumer de tels recueils , mais Smith est, d'après moi, au pinacle le la dark fantasy. Ses ambiances, ses créations, ses personnages, ses intrigues, sa plume, tout est parfait. Ca foisonne d'idées, ça sent les influences de la fin XIX°, des poètes décadents.
Je n'en dirai pas davantage. Smith ça ne peut pas se transmettre.

Seul regret pour cette édition (globalement, ça varie d'un tome à l'autre, même si je devrais me contenter de ne parler que de celui-ci) : la traduction n'est pas au niveau de ce qui avait été fait précédemment en France, elle a des lacunes propres aux choix des éditeurs (et de la tendance du moment) de vouloir coller au texte plutôt qu'adapter en Français. Elle manque de poésie, on ne ressent pas l'art de Smith dans la forme. C'est regrettable car Smith c'est aussi une forme bien particulière, pas seulement des mots rares et des idées sombres, mais aussi un écrin poétique de velours imprégné de parfums étranges et de poisons inconnus (pensez aux auteurs fin-de-siècle), et avec cette édition nous ne l'avons pas.

Ce n'est donc pas la meilleure édition mais c'est la seule accessible à des prix raisonnable - et la seule en neuf - et ce serait dommage de passer à côté d'un monument de la Fantasy et de la Dark Fantasy. Pourtant si vous aimez vraiment la fantasy actuelle ne le lisez pas, ça rendrait vos autres lectures bien fades.
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Je découvre enfin Clark ashton Smith, dans l'ombre de Lovecraft, je suis complètement passé à côté de cet auteur. Et voilà mon erreur réparée.
Je me suis donc plongé dans zothique, monde de magie et de nécromancie. Et contrairement à Lovecraft dont je trouvais certaines nouvelles faibles, ici, tout se tient et malgré des meilleurs que d'autres, chaque nouvelle a été un plaisir.
C'est sombre, dérangeant mais jamais dans l'excès, la plume est très belle et agréable à lire, j'en ressors complètement conquis.
Il me reste 2 intégrales à lire, reste que j'appréhende car malgré la plume, c'est vraiment l'univers de zothique qui m'a plu et accroché. En tout cas, pour moi, cet auteur est sorti de l'ombre et je n'ai pas fini de conseiller cet ouvrage.
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Quand les éditions Mnémos et Babelio ont proposé Zothique dans une Masse critique, j'ai tout de suite été attirée par la couverture (oeuvre de Zdzisław Beksiński), qui illustre magnifiquement le contenu de ce livre, le fantastique sombre de Clark Ashton Smith. Quand j'ai ensuite vu qu'il était comparé à Howards Phillips Lovecraft, dont il était un ami proche, je n'ai plus hésité une seconde. Merci donc à eux de m'avoir permis de découvrir la plume de l'auteur !

Mnémos a récemment publié « l'intégrale » de l'oeuvre de Clark Ashton Smith dans une toute nouvelle traduction, effectuée par Julien Bétan. Si j'ai pu découvrir avec surprise que certains lecteurs avaient moyennement apprécié cette nouvelle traduction en comparaison de l'ancienne, je ne pourrais personnellement me baser que sur celle-ci (que j'ai trouvé plutôt réussie, ne pouvant comparer).

Ce premier tome, Zothique, est un recueil qui rassemble les nouvelles de Clark Ashton Smith qui prennent place à Zothique, le « dernier continent ». C'est un endroit sombre, une terre aride, où la magie et les démons pullulent.
Les nouvelles font toutes entre dix et vingt pages, ce qui m'a permis d'en lire une chaque soir avant de m'endormir. Ce format me plaît : suffisamment long pour nous tenir en haleine, mais pas de longueur ou de lassitude.
Toutes les nouvelles se déroulant sur un même continent, on retrouve certains liens entre elles (des lieux, des personnages) et c'est un fil conducteur qui nous guide tout le long du livre.
J'ai vraiment adoré l'atmosphère qui se dégage de ce recueil, à la fois morbide et fascinante, avec toutes ses créatures d'outre-tombe (goules, liches, dieux, nécromanciens… et simples humains), ses pactes avec des démons, ses péchés humains… On pourrait croire qu'une nouvelle offre peu de détails mais avec Zothique, nous sommes littéralement transportés dans ce monde : les décors sont si bien décrits que je m'imaginais parfois parcourir ces terres (bien aidée, encore une fois, pas la splendide illustration du livre).
Comme je l'ai déjà dit, l'écriture est travaillée, recherchée et le style (de l'auteur comme du traducteur) est indéniable, à la fois documentaire dans la précision des descriptions et poésie dans la maniabilité de la langue. Il faut toutefois être adepte de ce style d'écriture, où les passages descriptifs sont pléthore, laissant peu de place à l'action et aux dialogues, mais étant fan de l'oeuvre de Tolkien et de ses interminables descriptions, ceci ne m'a pas dérangée, bien au contraire.

Cette édition de Zothique est aboutie, le livre contenant une préface, diverses notes, une pièce de théâtre et quelques fragments (idées, débuts de nouvelles) de l'auteur.
Si je trouve l'objet particulièrement beau (même s'il n'égale sans doute pas le « collector » publié pour la participation financière à cette nouvelle traduction), je mettrai un petit bémol à la police d'écriture, bien trop petite à mon goût et qui fatigue vite (défaut relevé par d'autres lecteurs).

En bref, cette lecture fut pour moi une charmante découverte et je me plongerai avec plaisir dans d'autres nouvelles de Clark Ashton Smith pour explorer à nouveau son univers.
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Malgré ces éléments qui paraissent à décharge (une fantasy très masculine, des nouvelles qui paraissent redondantes si on lit tout d'un coup) et tiennent surtout de mes préférences personnelles, j'ai passé un bon moment avec Zothique qui m'a permis de découvrir un auteur pionnier dans un genre que j'apprécie tout particulièrement. Ce fut une expérience très riche culturellement parlant et je suis contente d'avoir assouvi ma curiosité. Je recommande Zothique à tous ceux qui aiment la fantasy old school, sombre et oppressante. Ce recueil vaut la peine d'être découvert !
Lien : https://ombrebones.wordpress..
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Si vous suivez mon blog depuis quelques temps, vous vous êtes aperçu que je m'intéresse de plus en plus au genre fantasy. Néanmoins, je me suis jamais vraiment attelée à découvrir les pontes de ce genre, que ce soit au sein du XXème ou du XXIème siècles. Jamais encore je n'ai lu de Tolkien, de Lovecraft, ou de Clark Ashton Smith. Mais pour ce dernier, je pourrais maintenant dire que je connais au moins une de ces oeuvres. Les éditions Mnemos ont commencé à regrouper les différentes nouvelles de l'auteur en plusieurs volumes, classées en fonction des différents continents fictifs où se passe ces divers cours récits. Zothique en est le premier tome et, à vrai dire, lorsque j'ai reçu cet ouvrage grâce à la masse critique Babelio, je ne m'attendais pas réellement à des nouvelles.

Le concept de tome m'a quelque peu floué sur le genre de ce livre. Clark Ashton Smith a écrit une multitude de nouvelles que nous pouvons découvrir d'une manière encore plus intéressante depuis cette année avec cette édition. Zothique est un continent qui renferme une multitude de magie, de créatures fantastiques parfois terrifiantes, intelligentes et prêtes à apporter joie mais aussi fatalisme et mort. Ça a été un réel plaisir de me plonger dans ce recueil de nouvelles, chacune d'entre elles ayant leur importance, leurs qualités propres, leur enchantement qui est souvent mêlé à de la noirceur. le style de l'auteur est recherché, complexe et tout bonnement délicieux. Les mots sont judicieusement choisis afin d'immerger le lecteur dans cet univers inquiétant, magique et magnétique. Je suis alors très envieuse d'en découvrir davantage de cet auteur reconnu. Je remercie Babelio et les éditions Mnemos pour l'envoi de ce premier tome et volume qui plaira sûrement aux amateurs et autres néophyte de la fantasy.
Lien : https://entournantlespages.w..
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Zothique est un très bon recueil de nouvelle. L'auteur était un grand ami de Lovecraft (c'est d'ailleurs lui qui l'a incité à ce lancer dans l'écriture de nouvelle d'imaginaire car il écrivait surtout des poèmes avant ça).
C'est de la très bonne fantasy. Sombre. Très sombre. Beaucoup de nécromancie (pour être honnête il n'y a presque que ça). Ont est pas dans du David Gemmell avec des combat dans tout les sens mais c'est franchement très bon.
Je vais certainement me prendre les deux autres intégrales pour continuer a découvrir cet auteur trop méconnu.
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Rois et reines vivent dans la débauche, et les mages ne peuvent se retenir de devenir nécromants, avec tout le dévoiement qui s'en suit.

Les nouvelles qui se trouvent dans ce livre ont été écrites dans les années 30 et 40, c'est une autre manière de conter, et pour chacune d'entre-elles, la fin n'est ni garantie heureuse, ni malheureuse. C'est ce qui fait chaque histoire intéressante. Et elles sont bien trouvées. Certaines ont pu devenir des classiques, ensuite.
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