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sur 139 notes
L'incivilité des fantômes est un roman SF de Rivers Solomon qui s'inscrit dans le courant de l'afrofuturisme. L'action se passe dans un vaisseau, le Mathilda dont la mission est de trouver une planète habitable pour ce qu'il reste de l'humanité, échouée à bord de cette arche géante. Contrainte de quitter la planète terre plus de 300 ans auparavant (« Chronologie spatiale »), les humains ont construit au fil des décennies, une société malheureusement trop semblable aux modèles terriens.
Chaque strate du vaisseau symbolise une appartenance sociale et/ou ethnique et bien sûr, plus on descend, plus les habitants seront pauvres et obligés de travailler comme des forcenés.
C'est dans ce contexte que nous suivons le personnage d'Aster, jeune femme un peu androgyne et « spéciale » entourée par Mélusine, sa « Tanta » qui l'a élevé, ses amies et son mentor « le chirurgien », lui-même marginalisé de par sa naissance et son apparence mais qui jouit de par sa couleur « claire » d'une position plutôt confortable au sein de la flotte.
C'est une lecture qui m'aura énormément marquée. Terminée il y a quelques jours, l'histoire reste très présente à dans mon esprit. Les personnages m'ont beaucoup touchée et plus particulièrement Aster et son amie Giselle dont les mots sont trop faibles pour décrire les agressions qu'elles ont subies depuis toute petite. Les conditions de vie du pont sur lequel elles vivent, déjà peu enviables, se détériorent au fil de la lecture. L'atmosphère était pesante, anxiogène, je craignais toujours qu'il n'arrive une nouvelle horreur aux personnages.
Les questions de genre sont très présentes. Les bébés sur certains pont sont genrés au féminin jusqu'à ce que les garçons se démarquent avec une barbe par exemple.
Un racisme primaire est omniprésent réduisant la communauté noire à moins que des animaux. Les mots employés sont parfois d'une terrible cruauté, visant à leur dénier leur droit à l'humanité.
C'était une excellente lecture qui m'a profondément attristée et laissé un sentiment de désespérance.
Reste une faible lueur au fond du tunnel, qu'Aster gardera allumée par sa rage et sa volonté D'être tout simplement.

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Genres : science-fiction, dystopie, post-apocalyptique, space opéra, afrofuturisme.

Thèmes abordés : racisme, ségrégation, esclavage, domination des puissants, classes sociales, endoctrinement, résistance, importance des racines, droit à la différence, neurodivergence / neuroatypie, questionnements sur le genre et le corps, santé mentale.

Contexte :
Le récit est situé dans un futur non daté, suffisamment lointain pour que les humains aient dû fuir la Terre devenue inhabitable depuis plusieurs générations, dans un gigantesque vaisseau spatial. En quête d'un nouveau monde qui semble de plus en plus inatteignable, voire utopique, les habitants du vaisseau vivent au sein d'une société très stratifiée et policée, de plus en plus détachés de leurs racines et sans réelles perspectives d'un nouveau foyer.

Le pitch :
Aster, une jeune habitante des Bas-Ponts, vit et travaille avec les autres Goudrons, les personnes noires regroupées sur les ponts les plus pauvres du vaisseau. Elle a toutefois été formée à la médecine par le Chirurgien, un haut gradé parmi les personnes au pouvoir, et elle est respectée par ses pairs pour son savoir-faire. Cela lui permet également de se déplacer plus librement que les autres Bas-Pontiens, et de bénéficier d'une certaine protection du Chirurgien. Aster est toutefois détestée par le Lieutenant, le futur successeur de l'actuel Souverain du vaisseau, et elle doit donc rester discrète.
La population des Bas-Ponts est exploitée, brimée par les Gardes, et leurs conditions de vie sont de plus en plus difficiles, notamment à cause de pannes de courant répétées qui plongent cette partie du vaisseau dans un froid terrible.
Aster, obsédée par sa mère décédée, dont il ne lui reste que des carnets illisibles, va s'intéresser à plusieurs événements étranges qui lui semblent liés, accompagnée par son amie Giselle.

Mon avis :
Ce livre est pour moi l'exemple parfait du roman que l'on apprécie pendant la lecture, mais dont la puissance vient vraiment nous frapper une fois refermé, et qui continue à se déployer dans notre esprit dans les semaines qui suivent.
Il se lit très facilement, et son apparente simplicité cache une construction très maîtrisée. L'auteurice a porté une grande attention aux détails pour faire vivre ses personnages et nous partager ses réflexions sans alourdir le récit.
Iel déploie une originalité dans son écriture, ses personnages et les thèmes abordés. Il est rafraîchissant de lire du space opéra, genre emblématique de la SF “traditionnelle”, renouvelé ainsi avec brio.
Les idées sont développées avec un parti pris qui nous pousse à nous questionner. Rivers Solomon a une vision personnelle qu'elle insuffle dans son roman, et elle n'a pas peur d'aller jusqu'au bout dans ses prises de position, ce qui permet d'éviter les évolutions de personnages ou les intrigues consensuelles et tièdes. J'ai depuis écouté plusieurs de ses interviews et j'aime beaucoup ce qu'elle apporte, son éclairage sur des questions relatives notamment à l'afrofuturisme.
C'est un roman noir, qui ne laisse pas beaucoup d'espoir quant à l'avenir de l'espèce humaine, et il risque de vous heurter si vous êtes sensible aux sujets explorés. Mais on y trouve également des passages de douceur qui réconfortent (un peu) sur la beauté des relations qui peuvent se développer, même dans le contexte le plus sordide. Notamment, les relations atypiques entre Aster et le Chirurgien sont pleines de respect et de tolérance, et constituent le genre de représentations que l'on voudrait voir plus souvent dans les films ou les romans, afin de créer de nouveaux modèles où se projeter.

Points forts du roman :
Des personnages ancrés dans leurs différences, un roman noir sans sensationnalisme, des messages forts exprimés par les personnages et l'univers, le traitement des questions liées au genre et au corps.

Pour une analyse détaillée de l'intrigue et des procédés narratifs, rendez-vous sur curiosites-litteraires.fr

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L'intrigue :

Le vaisseau-monde, le Mathilda a quitté la Terre voici plus de 300 ans avec ce qu'il restait de l'humanité survivante. le voyage est programmé pour 1000 ans avant d'arriver à destination. Cela fait 25 ans que des coupures de courant ont lieu par intermittence entrainant dans les plus bas niveaux du vaisseau une panne de chauffage qui a de graves conséquences, dans l'indifférence des plus hautes sphères. Aster, de plus en plus révoltée par les violences subies, se sert de son statut de médecin pour fouiner dans le vaisseau sur les traces de sa mère, décédée à sa naissance, pour résoudre le problème de l'électricité détournée et trouver un moyen de fuir cet enfer.

Les thématiques :

La première thématique la plus visible est celle de la violence sociale. le vaisseau est construit sur plusieurs étages, ces ponts se suivent par ordre alphabétique, eux-mêmes divisés en plusieurs quartiers. Plus on descend plus la population est pauvre, noire et illettrée. A cette violence sociale s'ajoute donc pour ceux qu'on appelle les bas-pontiens, le racisme, et pour les femmes noires, s'ajoutent encore les violences sexuelles. le système esclavagiste est de retour avec le travail forcé 12h par jour sur les ponts agricoles pour le confort des classes blanches privilégiées.

La seconde thématique est celle de l'importance de ses racines. La mère d'Aster s'est suicidée il y a 25 ans et seuls restent ses carnets que sa fille apprend à déchiffrer avec son amie, Giselle. Cette dernière a mis au jour le code dans lequel sont écrits les carnets ce qui permet à Aster de se mettre en chasse sur les pas de sa mère pour savoir ce qui lui est réellement arrivé et ce qui se trame à bord du Mathilda. Cette quête sera le véritable fil rouge de l'histoire, Lune, la mère d'Aster, hante sa fille tel un fantôme.

Une troisième thématique exploitée est celle du corps et du genre. Aster se décrit souvent comme laide, pas féminine. Elle a subi des opérations pour limiter les risques de viols et leurs conséquences avec une hystérectomie (ablation de l'utérus) et une double mastectomie (ablation des seins), elle ne se sent ni homme ni femme ou en tout cas ces questions n'ont absolument aucune importance pour elle et elle ne comprend pas pourquoi ça l'est pour d'autres personnes. le Général-Chirurgien Théo est lui aussi peu apprécié, son refus de porter la barbe le rend victime de quolibets sur son manque de virilité, il est soupçonné d'homosexualité mais son statut le protège des violences directes car il est blanc et le fils d'un ancien Souverain du vaisseau, par contre son oncle n'hésitera pas à le violenter psychologiquement en s'en prenant aux personnes qui lui sont proches.

La dernière thématique exposée est celle de la maladie mentale et du handicap. Aster est un personnage qui a du mal à comprendre les gens, elle est souvent confuse devant des paroles ou des actes qui lui paraissent incohérents, on apprend de même qu'elle a prononcé ses premiers mots à l'âge de 8 ans mais pour autant elle excelle dans les matières scientifiques au point d'en être devenue l'assistante du Chirurgien avant d'être elle-même médecin, sans jamais être dit clairement, on soupçonne un syndrome d'autisme à haut potentiel. Ce statut ne la protège pas des mauvais traitements car elle également peu encline à respecter les lois de plus en plus étouffantes. le personnage de Giselle est également intéressant, c'est une écorchée vive, trop de traumatismes l'ont brisé, Giselle est tour à tour euphorique, agressive, suicidaire, mais surtout en colère, elle possède une rage folle de tout détruire et n'hésite pas à faire preuve de violence autant verbale que physique.

En bref :

Ce fut une lecture dure dans ses thématiques, le roman se lit bien mais vous ne serez pas épargnés par des discours ouvertement racistes ou des violences physiques subies par les personnages, il vous faudra avoir le coeur bien accroché pour aborder cette lecture.

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« L'incivilité des fantômes » nous emmène à bord du Matilda, vaisseau spatial qui emmène les survivants de la Terre vers une destination inconnue et hypothétique. A bord, si j'ai bien compris, les blancs (hauts pontiens) ont asservi les personnes de couleur (bas pontiens) et utilisent aussi la violence que le mysticisme et la religion pour asseoir leur pouvoir et faire travailler les bas pontiens. Aster, une bas pontienne, refuse cet état de fait et petit à petit, avec l'aide de son ami Théo, général chirurgien, va entrer en révolte.

Autant vous prévenir d'entrée de jeu, le livre m'a laissé une drôle d'impression. Il faut dire qu'il s'agit d'une lecture vraiment exigeante, qui ne s'offre pas si facilement que ça au premier venu. Rivers Solomon nous lâche un peu en rase campagne et il faut un peu se battre pour raccrocher les wagons et comprend où l'on se trouve et ce qui s'y passe. L'univers du Matilda est très original et par certains côtés m'a fait penser à celui de « Silo » de High Howey. J'avoue que j'ai été un peu perdu par les considérations techniques et scientifiques en toile de fond de l'histoire. Mais ça ne m'a pas empêché de profiter de l'intrigue dynamique et des personnages très marquants qui peuplent le vaisseau et ne peuvent définitivement pas nous laisser indifférents.

En bref, une lecture exigeante qui fait écho à la situation raciale aux Etats-Unis, pour un livre original qui se mérite !
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L'incivilité des fantômes de Rivers Solomon s'appuie sur l'histoire de l'esclavage aux États-Unis pour évoquer de façon métaphorique le fait "de ne pas pouvoir s'échapper d'une situation invivable et inhumaine". Cette métaphore prend la forme d'un vaisseau spatial où les restes de l'humanité reproduisent des rapports de domination à la fois essentiellement sociaux et racistes. Ce vaisseau, le Matilda, fait référence au Clotilda, dernier navire négrier des États-Unis. Il rattache le roman de Rivers Solomon à la science-fiction et plus particulièrement au courant de l'afrofuturisme qui envisage l'avenir à partir des spécificités africaines ou afro-américaines.

Pour lire quelques remarques supplémentaires et découvrir l'incipit du roman, le lecteur curieux est invité à suivre le lien du blog.
Lien : https://thomasspok.blogspot...
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La Terre est devenue si inhabitable que les humains ont dû la quitter à bord d'un vaisseau-monde en quête d'un nouveau foyer, qu'ils n' atteindront qu'au terme d'un voyage millénaire. Plusieurs générations se sont écoulées depuis le départ, et le passé est devenu mythologie, le futur, une fable.

Parce qu'Aster est noire, elle est reléguée dans les cales du vaisseau et se voit confier les taches les plus ingrates. La violence est partie intégrante de son quotidien, le souverain la considère, elle et ses congénères, comme des moins que rien.

La révolte gronde, au fond de nous, de nos tripes de lecteur.ice, quand on assiste à toutes ces injustices et cette hostilité. Aster est forte, et malgré l'acharnement violent des gardes et plus généralement des hommes contre elle, elle leur tient tête à tous. J'y ai vu un vrai plaidoyer féministe. C'est fort et ça bouleverse. J'ai pleuré quelques fois.

Aster a un objectif, un rêve, qui semble inateignable mais qui prend forme petit à petit : comprendre ses origines, d'où elle vient, qui elle est, car elle n'a pas connu sa mère, Lune. Tout ce qui lui reste d'elle, ce sont des carnets noircis de notes. Mais qui recèlent de nombreux secrets 🤫

L'écriture est puissante, la personnalité des protagonistes est bien approfondie et l'auteur réussi ce prodige de les faire devenir vivants sous nos yeux. Bien que l'histoire m'ait un peu fait penser à un mélange de Fondation et 1984, le scénario reste très original
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Lecture éprouvante. Honnêtement lectorat averti.


Ce livre me paraît nécessaire et le passage par le vaisseau spatial nous donne à lire une réalité de notre monde d'exploitation actuel et passé. Mais malgré sa nécessité, il m'a souvent donné la nausée. Les mots sont bruts et brutaux, tout est taillé à la serpe et sans fioritures. C'est une claque. On n'apprécie pas d'en recevoir. Mais c'est comme si la perception du monde n'était plus la même ensuite.

Je ne vais pas lire toute l'oeuvre de Solomon rapidement, c'est trop éprouvant pour moi, mais je trouve qu'il faudrait la lire.

C'était tellement intéressant de lire sur des personnages non-blancs, intersexes.
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Chronique de Diana :

Ce roman me pose des problèmes dans sa construction, j'ai bien lu que l'auteur était transgenre et ses personnages principaux sont un peu à son image. le problème est qu'au final rien clair ni totalement abouti. J'ai eu une impression de confusion jusqu'au point final, sans jamais avoir la sensation que les choses bougent réellement.

Les thèmes abordés sont pourtant forts, il s'agit de : violence, racisme, totalitarisme, la lutte entre les classes. Il faut savoir que cette intrigue se déroule dans l'espace même si le roman ne l'annonce pas tout de suite. L'humanité est contrainte à vivre et prospérer sur un vaisseau spatial. L'attente d'une terre « promise » leur permettant de rêver, de garder l'espoir d'un monde meilleur et moins divisé. Pourtant l'on sent que cette lutte de pouvoir est profitable aux étages supérieurs et encore plus nettement à la gente masculine.

Aster notre héroïne est noire, elle vit dans les cales du vaisseau. C'est une femme intelligente et très forte mais le système est fait pour la broyer. On retrouve un peu le contexte de la servante écarlate concernant la condition féminine. Elle va sortir du lot en aidant celui qu'on appelle « le Chirurgien », ce qui va lui permettre d'avoir accès à du matériel et de continuer à apprendre et à soigner les plus démunis.

Ce qui me dérange le plus c'est finalement la morale qui en ressort à la fin. Je suis peut être trop habituée à des personnages altruistes, qui pensent à faire le bien pour une population entière, alors qu'ici ce n'est pas du tout le cas.

Le roman est somme toute bien écrit et même si le rythme est lent, ce qu'on peut comprendre dans un vaisseau qui dérive sans avoir de point de chute. Il y pourtant trop de moment qui tirent en longueur, qui se répètent et j'aurais préféré des coupures plus incisives qui aurait su me redonner un élan dans ma lecture. J'ai passé un bon moment à me motiver pour connaitre la fin et le terminer.

L'idée de départ est excellente mais je n'ai pas réussi à rentrer dans le récit, j'étais toujours sur la retenue et c'était une lecture plus éprouvante que satisfaisante. Et peut être que j'avais déjà trop lu d'autres romans du même style avec des constructions proches. Je n'ai pas eu l'effet surprise que j'attendais.

C'est un récit bien écrit et travaillé. Il est très riche, la plume est très recherchée et l'on sent que Rivers Solomon voulait transmettre des messages aux travers de ses mots. Mais il me manquait des éléments de précision qui m'auraient sortie de la confusion ambiante que j'ai ressentie durant ma lecture. C'est ainsi, on ne peut pas tout aimer et ce roman n'est tout simplement pas pour moi, ou ne fait pas écho en moi.
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