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3,82

sur 139 notes
Je referme ce livre avec un petit soulagement, car sa lecture a été plutôt laborieuse pour moi. de belles promesses pourtant avec cette dystopie dans le "huis-clos" d'un vaisseau monde, abritant une société terriblement inégalitaire... voilà un cadre de SF rassurant. Pour la touche originale nous suivons une héroïne puissante soutenue par une communauté de femmes opprimées.
Mais après mélange de ces ingrédients, on se retrouve à avaler une soupe assez lourde aux parfums confus. Trop de choses se bousculent : écologie, sororité, oppression, résistance, quête d'identité... Les personnages et les situations sont extrêmes, difficile alors pour moi de m''identifier et d'être plus qu'un spectateur qui attend juste le dénouement par curiosité. On attrape ponctuellement des passages très inspirés, et on se dit que cette auteure "non-binaire" dont c'est le premier roman (j'apprends cela en lisant d'autres critiques) a encore de belles choses à raconter. Il y a des chances pour que j'y revienne à l'occasion !
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Quand un livre et un lecteur ne se rencontrent pas
Il est de ces livres où le sujet vous échappe complètement, où la forme et le fond paraissent si éloignés l'un de l'autre que les saisir vous semble improbable, à moins de plonger dans la tête dérangée de l'auteur. L'incivilité des fantômes est de ceux-là : le mystique, la religion et la science-fiction s'invitent pour nous donner à lire une aventure douloureuse, où les personnages malaisants et perturbants ne nous touchent pas vraiment. Il est difficile de les comprendre, ils restent comme hermétiques, peu enclins à partager leurs émotions et à partager leurs cheminements intérieurs.

Leurs manières de s'exprimer, leurs préoccupations, leurs histoires et leurs désirs restent parqués à des milles de notre coeur, déjà bien trop englué dans la masse noire dépeinte par le roman, qui nous enveloppe de son animosité et de son atmosphère déprimante, angoissante. Les douleurs des héros restent les éléments les mieux définis mais nous assaillent tant qu'il est nécessaire de fermer le livre pour mieux respirer et reprendre contenance. Les termes crus, familiers, en argots ou d'un autre temps, se mélangent pour définir les catégories sociales, et nous rappellent à quel point ces personnages sont pauvres, oubliés du pouvoir en place, et sans espoir de vivre dans un monde meilleur. Les métaphores du mal, de la crasse et de la douleur défilent sans discontinuer sans nous laisser de répit.

Une atmosphère bien trop perturbante et malsaine
L'auteur instille de l'espoir, pour ensuite le tuer dans l'oeuf. Cette balance infernale donne la nausée, aggrave les émotions néfastes que le récit transmet et crispe le lecteur. En plus, les dialogues à rallonge et plats tournent en rond. Les personnages s'avèrent difficiles à saisir, alors que les chapitres les plus édifiants et intéressants n'arrivent que dans les dernières pages, des chapitres où les personnages prennent enfin toute la place qu'ils méritent, des chapitres où ils s'expriment dans toute leur puissance. Mais bien trop tard…

Une intrigue principale qui n'a plus aucun sens
Certains passages ralentissent inutilement l'intrigue, comme ceux qui nous racontent le passé d'une héroïne qui ne nous atteint plus depuis longtemps. Un suspense intenable et mal dosé qui ne fait que nous frustrer, nous donnant l'envie de tourner les pages pour enfin toucher le point sensible de l'intrigue principale. Celle-ci se distille à trop de niveaux, perd de sa substance première et nous perd, littéralement. Les discours métaphysiques et religieux reprennent de la place, nous questionnent, et ne semblent pas trouver de réponse satisfaisante. Les non-dits et les sous-entendus s'accumulent sans que la fin du roman ne nous aide véritablement à comprendre. le message de l'auteur nous passe par-dessus la tête, et c'est vraiment dommage.

Les personnages asociaux et atypiques manquent cruellement d'émotions pour que l'on s'y attache. Tels des robots, ils s'expriment sans nuance, presque avec automatisme et raideur. le lecteur se détache de leurs soucis, de leurs souffrances et reste simple spectateur d'une histoire qui part dans tous les sens. L'intrigue principale, d'abord dystopique et prenante, tombe à plat. le combat contre le pouvoir n'intéresse plus, finit par lasser. le roman décrit des tranches de vie, des instants simples qui auraient pu suffire à eux-mêmes si les personnages avaient été captivants.

Des montagnes russes
Le côté science-fiction se perd de vue à de multiples reprises, tant le récit se focalise sur les vies étranges des héros. de temps à autre, l'âme du vaisseau et la traversée dans l'espace se rappellent à l'histoire, mais cela ne dure jamais bien longtemps. L'intrigue sur les « fantômes » prend rapidement et se trouve liée à celle de la mère morte de l'héroïne. le lecteur joue le jeu, mais, comme le reste, elles s'éteignent d'elles-mêmes, tombent à l'eau sans explication satisfaisante. le roman constitue une montagne russe dans laquelle les secousses et la vétusté ne nous donnent pas envie de rester, malgré des sensations agréables qui nous parcourent par moment.

L'incivilité des fantômes aurait mérité une construction peut-être plus linéaire pour que l'on puisse suivre, et surtout des personnages émotifs, qui touchent nos coeurs. L'univers morne et froid aurait questionné davantage, comme ceux des dystopies à la mode, si l'intrigue ne partait pas dans tous les sens, nous amenant à nous questionner à longueur de temps sur des sujets sans intérêt.

Un roman sans doute trop métaphorique, alambiqué et perché pour plaire à tous les fans de science-fiction et d'intrigues survoltées. La lutte contre le système n'a jamais été aussi ennuyante.

[Je publie des chroniques littéraires sur lavisqteam.fr et celle de ce roman est présente au lien suivant : https://www.lavisqteam.fr/?p=57759

J'ai mis la note de : 6/20]
Lien : https://www.lavisqteam.fr/?p..
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L'histoire se passe en huis clos sur un vaisseau spatial cité où vit depuis quelques siècles ce qui reste des humains de la Terre. D'ailleurs, la Terre n'y est plus guère qu'un mythe des origines sans réalité tangible. Les étages du vaisseau identifiés par des lettres, une société où la couleur de peau détermine le statut social. Des conditions de vie extrêmement dures pour les basses classes sans surprise. On suit Aster, une jeune femme qui a une intelligence hors normes, des compétences en médecine et sa relation privilégiée avec le Général Chirurgien Théo (héritier d'un des dirigeants) qui lui permettent de louvoyer à travers les niveaux, d'apporter son aide aux gens. Mais son passé et notamment celui de sa mère la met en danger vis à vis de l'oncle de Théo qui l'a prise en grippe.
Entre manoeuvres politiques, secrets ancestraux et familiaux, racisme, oppression des masses, quête d'identité et de racines, violence extrême (trigger warning si vous êtes sensibles ce livre contient pas mal de scènes de viol et de torture assez insoutenables), recherche scientifique, course poursuite, le tout dans une atmosphère de cocotte-minute prête à l'implosion. Ce livre ne laisse pas indifférent mais la multiplicité des thèmes comme l'enchaînement erratique des séquences de narration, emmaillées de rêves, de souvenirs, de passages complètement en dehors du contexte présent, m'ont souvent sortie du récit et me l'ont rendu difficile à suivre. Ajouté à cela le style complètement détaché du personnage d'Aster dont l'emprise émotionnelle sur les choses est quasi inexistante.
Un OVNI littéraire qui m'a convaincue par son fond extrêmement riche, l'univers en huis clos de ce vaisseau monde et le foisonnement de thématiques importantes traitées ; moins par ces personnages trop détachés, le caractère violent de certaines scènes et l'aspect décousu de sa forme pour une finalité peu à la hauteur des espérances. A lire par les amateurs de SF qui n'ont pas froid aux yeux et l'estomac bien accroché.
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Ce premier roman de Rivers Solomon, An Unkindness of Ghosts ( 2017) traduit en français par Francis Guévremont sous le titre L'Incivilité des fantômes ( Aux Forges de Vulcain ) a été remarqué et souvent salué favorablement, surtout en raison des thèmes qui y sont abordés :
la domination d'une partie de la population du vaisseau regroupée sur les « hauts ponts » sur une autre (les « bas-ponts), oppression liée à la couleur de peau ( pour résumer : la domination blanche, particulièrement celle des hommes) ; la violence et la ségrégation ; la notion de genre ; et la perception interne du handicap ( autisme Asperger ).
Le roman se déroule à bord d'un immense vaisseau spatial, une arche générationnelle, un thème bien connu en SF ( Croisière sans escaleBrian Aldiss ; Les orphelins du ciel — Robert Heinlein ; et toutes ces représentations dans les séries TV plus proches de nous). le Matilda, nommé en référence au dernier bateau négrier le Clotilda à avoir accosté aux USA, est en route depuis plus de 300 ans pour une planète qui accueillera enfin les rescapés d'une Terre mourante. Nous n'en saurons pas plus, ni des conditions de l'extinction de la Terre, ni de l'époque, ni de rien d'autre, d'ailleurs (et c'est là que ça commence à être faible mais j'y viens).
A bord, comme dans le Transperceneige, on trouve différents ponts répartis de A à Z : une élite, sociale, politique, économique, religieuse et blanche se situe dans les « hauts ponts. Les ponts inférieurs sont occupés par ce qu'on pourrait appeler des esclaves, une population noire, exploitée, laissée sans soins médicaux, sans confort, violentée, etc…
Ponts, vaisseau, tout cela rappelle les navires négriers.
(suite sur le blog)
Lien : https://imaladybutterfly.wor..
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Cela fait plus de 300 ans que les humains ont quitté une Terre en ruine et inhabitable, ils vivent désormais sur un vaisseau spatial en quête d'une nouvelle planète pouvant les accueillir.
Sur ce vaisseau la discrimination fait rage, et les castes sociales se mesurent en fonction du pont sur lequel vous vivez et de votre couleur de peau. Nous suivons Aster, jeune femme à la peau noire, vivant sur les bas-ponts. Héroïne incroyable de par son intelligence et sa différence, elle nous entraîne dans un monde régressif, qui fait froid dans le dos.

L'histoire est passionnante et le lecteur est entraîné dans cet univers futuriste dramatique. Action, drame, politique, flashback, on ne s'ennuie pas une seconde au cours de la lecture. Mais la vraie force de ce récit est Aster. Aster est la voix principale de ce roman. C'est un personnage attachant, passionnant, brillant. Sa voix, sa façon de penser et d'aborder les choses de manière très littérale donnent un ton apaisant au récit. Un ton inébranlable, un ton qui défie le monde. C'est une héroïne comme on en voit rarement, mais assurément, elle restera dans les mémoires par son exceptionnalité.

Le roman se lit tout seul, et l'auteur, à travers ses écrits, parle de racisme, de politique, d'autisme, de transgenre, d'écologie, de famille, d'amour... Jamais elle ne met des mots dessus et pourtant on ne peut pas les rater. C'est très bien écrit et très bien abordé. Et cela prend encore un sens plus profond quand on sait que l'auteur, River Solomon, se définit comme transgenre et non binaire.

Ce livre bouleverse et transporte le lecteur dans un univers qui fait écho à notre passé et notre présent mais, espérons-le, pas à notre futur.
Lien : http://wlatetedanslesetoiles..
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Depuis longtemps, L'incivilité des fantômes de Rivers Salomon me faisait de l'oeil. Et pourtant, ayant enchaîné une série de livres assez durs récemment, j'ai pris mon temps avant de le commencer. Une fois lancée, en revanche je me suis retrouvée happée par l'histoire d'Aster et du Chirurgien, tentant chapitre par chapitre de retrouver mon chemin dans cet univers riche et déroutant.
De quoi parle L'incivilité des fantômes ? Il pourrait se résumer très succinctement dans un croisement entre Racines et La Couleur pourpre confinés dans un seul lieu : un vaisseau générationnel. Une catastrophe non précisée a forcé l'Humanité à quitter la Terre et celle-ci vogue depuis des générations dans un vaisseau en ayant presque tout oublié de son lieu d'origine ou du fonctionnement dudit vaisseau. Dans cette société confinée, une ségrégation s'est établie entre les différents ponts : au sommet vit l'élite blanche et patriarcale gouvernant dans une sorte de dictature militaro-religieuse le reste du vaisseau ; dans la soute, les techniciens, ouvriers et autres personnes de couleurs survivent en étant corvéables à merci. Chaque pont va développer son propre langage et ses propres coutumes : sur l'un les enfants seront tous considérés comme neutres de la naissance à l'âge adulte, sur l'autre, les citoyens sont par défaut des femmes à moins d'en décider autrement, etc.
Plongeant au coeur du voyage, L'incivilité des fantômes nous propose de suivre Aster, assignée femme du pont Q, médecin clandestine, polymathe et malheureusement pas de la bonne couleur de peau. Orpheline, elle va tenter de déchiffrer les carnets de sa mère mécanicienne pour savoir ce qui cause la maladie du Souverain actuel et les défaillances du vaisseau.
À travers cette enquête, Rivers Solomon nous dépeint un monde cruel et dur, qui finalement rend malheureux tous les habitants du vaisseau, quel que soit leur étage de naissance ou de vie. Ses personnages, aussi bien les deux protagonistes principaux — Aster et le Chirurgien — que les seconds rôles comme la dangereusement fantasque Giselle ou la tante Mélusine, sont criants de vérité et particulièrement humains. Même le cruel Lieutenant et les gardes avec leur veulerie et leur violence ne sont que les travers d'un système profondément injuste. La résolution de l'intrigue tient également bien la route avec une fin douce-amère qui respecte fidèlement les personnages. En revanche, si vous êtes fan de hard-science-fiction passez votre chemin : les explications scientifiques sur le comment du pourquoi le vaisseau fonctionne et arrive à nourrir toute cette population depuis plus de trois siècles ne sont pas le fort de Rivers Solomon. Son point fort est dans les « soft science ». En effet, ses descriptions des interactions sociales, des différentes coutumes qui se sont établies d'un pont à l'autre et sur la transmission des savoirs sont fascinantes. Tout autant que les différentes approches du genre et de la sexualité de ses personnages, pas forcément réjouissantes en raison de la société dans laquelle ielles évoluent (oui, le pronom non-binaire est volontaire). En raison de certaines scènes dures, ce livre de conviendra pas à tout le lectorat. En revanche, c'est une oeuvre de science-fiction particulièrement forte qui vous incitera, j'espère, à réfléchir.
Lien : https://www.outrelivres.fr/l..
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Avant toute chose, pour ceux qui, comme moi, seraient tombés amoureux de la couverture VO et veulent tenter la lecture en anglais, An unkindness of ghosts m'a semblé très accessible et je n'ai ressenti aucune difficulté de compréhension insurmontable à mon humble niveau. L'extrait en fin de chronique peut vous aider à voir si c'est compréhensible pour vous. Ce roman est en tout cas une véritable claque qui secoue non seulement nos émotions mais critique aussi fortement les inégalités sociales et de genres et le racisme tout en dénonçant les dérives d'une société ultra contrôlée, tyrannique et violente. le vaisseau Mathilda [...]

Pour lire la suite de cette critique, rendez-vous sur yuyine.be!
Lien : https://yuyine.be/review/boo..
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« Asperger welcome », disent parfois les offres d'emploi dans les labos de recherche internationaux actuellement. Est-ce l'influence de Rivers Solomon ? En tout cas celle de ses semblables, des autistes de haut niveau que la recherche et la création osent solliciter pour leurs qualités exceptionnelles, et leur sociabilité singulière, souvent à fleur de peau. Ce roman L'incivilité des fantômes, ISBN : 978-2373050561, a été traduit (très finement et ce n'était pas simple, saluons la performance consistant à respecter les décalages de langue : sa miman, iel…, mais aussi les qualités de traduction des termes inventés, tel le siluminium, ou pire et sans recours possible au latin) par Francis Guévremont pour les éditions AFDV, Aux Forges de Vulcain. L'univers de ce roman est constitué par le Matilda, un hyper-gigantesque vaisseau spatial bien au-delà de nos proportions et notre imagination. le Matilda a quitté la Terre pour échapper à l'anéantissement et vogue entre les galaxies ; mais ses concepteurs et promoteurs ont reproduit les divisions sociales, comme si elles étaient essentielles. Pourtant l'auteur donne au vaisseau ce nom de Matilda, sans doute en hommage à Matilda Joslyn Gage, féministe américaine qui a donné son nom à « l'effet Matilda » désignant la dépréciation systématique des réalisations féminines. Et puis la figure centrale, Aster, semble parente d'Uhura, la lieutenant afro-américaine de Star-Trek, qui inspirera la vocation de la première astronaute noire, Mae Carol Jemison, scientifique titulaire d'un doctorat en médecine. Aster à la peau sombre et aux doigts agiles mais épais (dit-elle) est une soignante, dont les sources sont la nature et la pharmacologie, et une physicienne, capable aussi de chirurgie, autopsies, opérations. Elle assiste le Lieutenant-chirurgien, figure toute proche des hautes sphères (!!) du pouvoir (on verra par quels mystères de sa naissance), des ponts supérieurs, plutôt. En effet, haut et bas ont été reconstitués dans le Matilda, avec une atmosphère et une pesanteur propres à maintenir les divisions sociales.
Pour autant, et justement, ce roman vogue par-dessus les genres littéraires, et de même pour les identités socio-sexuées : Aster, qui vit avec ses compagnes sur un pont inférieur, est soumise comme elles à la vigilance et aux violences des gardes à la solde du pouvoir d'en haut, symbolisé par Petit-Soleil, mystérieuse source d'énergie, qu'il va falloir localiser et percer à jour pour envisager une libération de ce destin socio-ethno-cosmique ; sommes-nous dans la science-fiction, oui, dans la politique-fiction, oui, dans le roman d'aventure et d'action, oui, dans l'enquête et même la quête, oui aussi. Aster, en effet, cherche à comprendre le destin de sa mère, Lune, qui se serait suicidée en laissant un cahier personnel incompréhensible, qu'il va falloir décoder pour apprendre l'essentiel sur le Matilda, ses plans, ceux des circuits électriques et la localisation des sources d'énergie. Mais au fait, Lune s'est-elle suicidée ? Ou alors ? Et qu'avait-elle découvert ?
Nous suivons les tribulations d'Aster et de ses compagnes tout au long de ce récit fermement construit, en trois parties motrices chacune à sa manière : I. Thermodynamique, II. Métallurgie, III. Phylogénie, IV. Astromatique. Et l'autre intérêt de ce récit inclassable est qu'il mêle l'archaïsme au futurisme, par exemple, les châtiments corporels violents, les croyances sacralisées. Est-ce donc cela l‘avenir de nos successeurs ? Des luttes abolies dans une catastrophe plus que géante et une prise de pouvoir par une élite auto-proclamée déployant sa religion et ses forces de maintien de l'ordre social établi ?
Mais Aster et ses compagnes, dont la fantasque Giselle, vont accéder au saint des saints, l'énorme voûte de verre du Matilda et le coeur du réacteur propulseur et, avec l'aide du Lieutenant-chirurgien, comprendre ce que Lune a révélé dans son cahier codé, et ainsi pouvoir agir sur leur destin de filles dominées, noires quand les femmes des ponts supérieurs sont de peau claire. Reverront-elles la Terre, et dans quel état ? Vous le saurez en… lisant cet exceptionnel roman de SF et bien plus. Vous ferez confiance au pilote, qui le mérite bien. Vous ne le regretterez pas.
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Solomon Rivers reprend dans L'Incivilité des fantômes le trope du vaisseau générationnel pour dépeindre le Matilda, au sein duquel une population blanche réduit en esclavage une population noire. L'autrice aborde ainsi dans un contexte science-fictif les thématiques de l'esclavage et du racisme systémique, en montrant les violences et les exactions commises par des oppresseurs sur une population discriminée, à la fois par des descriptions explicites et des sous-entendus glaçants.
À travers le regard profondément sensible d'Aster, personnage non-binaire atteint de troubles autistiques, l'autrice rend compte d'une révolte grandissante au sein du vaisseau, en proie à un durcissement de son régime.
Ce roman m'a profondément secoué, et je ne peux que vous le recommander.
Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
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Matilda: un vaisseau immense, qui emmène les reliquats d'une humanité survivante vers le mieux. Dans cette prison de métal, les riches blancs se pavanent sur les ponts supérieurs alors que les femmes de couleur, moins qu'esclaves, triment dans les entrailles du navire, sur des champs imitant les fermes de la Terre, planète en décrépitude laissée loin derrière.

Entre le Transperceneige, Underground Railroad et La Servante Écarlate, ce roman assez fulgurant et très militant fictionnalise les grands thèmes féministes actuels. Et plus précisément afro-féministes: personnes racisées, avortement, esclavage, transexualité, homosexualité, patriarcat, suprémacisme blanc, culte divin comme fondement de la hiérarchie sociale, violences sexuelles institutionnalisées... Mais c'est fin, jamais pontifiant, et ça se lit comme une grande oeuvre SF bien plus que comme un essai à thèse.

L'héroïne, asociale et rebelle mais pas sans faille, se débat ainsi dans un univers proto-carcéral d'une violence insoutenable, où courber l'échine vaut parfois mieux que de bomber le torse. Avec quelques bribes de livres et les micropousses d'une pharmacopée cultivée en vase clôt, elle essaye de reconstituer la carte de cette prison céleste. Afin d'en trouver la sortie...

Le lecteur, lui, n'en sortira pas indemne.
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