Je n'ai pas du tout accroché à cette histoire. C'est lent, c'est long pour pas grand-chose.
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Sur Internet, la quantité de choses qu’on peut apprendre n’a jamais de fin : l’endroit où se trouve la plus grosse banane artificielle du monde (vous devez être rudement fiers dans la Nouvelle-Galles-du-Sud !), comment s’épiler les jambes à la cire maison (je n’essaierai jamais plus !) et le fait que, chaque incroyable année, le village du Cap d’Agde en France accueille jusqu’à quarante mille nudistes sur ses plages. Peut-être que si mon dix-septième été s’était déroulé normalement, je serais aussi en train de chercher sur Google les universités qui me recruteraient pour mes performances en natation, à essayer de décider si je préfère les Buckeyes de l’université d’État de l’Ohio ou le Bleu ciel de l’université de Chapel Hill en Caroline du Nord.
Pour moi, nager était aussi naturel que marcher, aussi naturel que respirer. Après l’université, mon rêve était de traverser la Manche à la nage, et je lorgnais du côté des jeux Olympiques. Dans ma tranche d’âge, j’ai décroché la première place en national pour le deux cents mètres papillon. La seule chose qui me gênait, ou presque, c’était que les gars de l’école ne cessaient de faire des remarques sur mes muscles. Ils me traitaient « d’hommasse ». De mon point de vue, j’étais cent pour cent féminine. J’étais juste une fille qui pouvait leur en foutre plein la gueule une fois dans la flotte.
Le ciel est de plus en plus noir, simplement parsemé d’étoiles blanches, minuscules ossements, qui nous épient – un spectacle caractéristique de la fin octobre dans le Maine. Je remue les doigts pour les empêcher de geler et je jette un coup d’œil à droite et à gauche en quête du lynx bleu qui tournait autour de nos citrouilles. Nana jure que son absence porte malheur : la première nuit où il a disparu, toutes nos citrouilles ont viré au pourpre et la température est brusquement tombée à trois degrés en dessous de zéro.
Je suppose que j’en avais marre. Marre d’apercevoir dans le miroir le reflet qui me rappelait à quoi je ressemblais l’été dernier. À présent, les plus longues mèches encadrent à peine mes mâchoires. Maman et Nana Eden en ont fait toute une affaire et ont plaisanté en prétendant récupérer les chutes pour fabriquer un plaid. (Exactement le genre de truc dont rêvent toutes les filles de dix-sept ans ! Une couverture tissée avec ses propres cheveux.)
J’ai brisé tant de choses. Parfois, j’ai la sensation d’avoir déchiré l’univers tout entier de ma famille pour en faire des confettis que j’ai éparpillés aux quatre vents. Mais si… Et si je pouvais rassembler ces morceaux ? Si je pouvais réparer quelque chose, recueillir quelques fragments pour les réunir dans le monde ?
Ce serait…