HYPÉRION, LA CHUTE
Chœur 6
tombés dans un éternel
fragment
nous avons tout perdu
la première lumière sur nous
embrasée a tout brûlé
la toute première créature à l'humaine
beauté est morte, sans qu'elle le sût
elle-même
les peuples appartiennent à la ville
qui les aime
privé de cet amour chacun
devient noir squelette
la nature imparfaite ne supporte pas
la douleur
//Traduit de l’italien par Angèle Paoli
HYPÉRION, LA CHUTE
Chœur 2
en chacun de nous demeure une nuit archaïque
une nuit d’où nous venons
une nuit pleine de stupeur
cette identité perdue des blessés
se peuple de visages,
cette étreinte mortelle
en un temps suspendu entre cœur et esprit
jamais la nuit ne fut si étoilée
jetés à la mer ils ingurgitèrent eau
et pierres, et rampèrent sur la grève
et furent en totale discorde
leurs pas étaient lourds
et ils disparurent, sous terre
le signe se dissout
tombe de lui-même le fruit humain
fragile et éphémère, du mortel
//Traduit de l’italien par Angèle Paoli
HYPÉRION, LA CHUTE
Chœur 5
la lumière se dispersait,
chutait la masse corporelle
appuyée à la densité de la goutte
il se tenait là sur le seuil
le changement fut un évanouissement
arbitraire
du fond du vent se dégageait
traînant hors de lui
quelque chose qui lentement apparut
ainsi en lui
ce qui ne cesse d’arriver
entre dans son regard
en se soulevant contre la nébuleuse
il devint la brise étendue sur l’eau
éperdu il se brisa contre elle
contre la pureté de celle qui s’ouvrait
devant elle il se laissa tomber, enfin
Hypérion
//Traduit de l’italien par Angèle Paoli
HYPÉRION, LA CHUTE
rien ne peut grandir,
rien ne peut aussi irrémédiablement disparaître
comme l’homme
(F. HÖLDERLIN, Hypérion)
Chœur 1
tout reposait sur elle
et c’est elle qui supportait tout ce poids
et ce poids c’était ses enfants
des créatures qui n’étaient pas encore
venues au monde
elle se tenait là dessous et dedans
ce tourment la traversait encore
quand quelque chose vint à s’évanouir
les eaux l’accueillirent
et lorsqu’elle s’approcha du rivage
de la petite île, elle les portait
tous dans son giron
//Traduit de l’italien par Angèle Paoli
HYPÉRION, LA CHUTE
Chœur 3
dans la ceinture d’eau
l’indistinct flottait, immense
inabouti il se fondait à la brume
fangeuse, il ne faisait pas encore jour
mais une nuit inachevée, se prolongeait
dans cet espace la non-lumière
se tourna la nuit se tourna
besogneuse pour nous qui ouvrîmes
les yeux sur la forme en suspens
seul ce geste qui voit
quelque chose se met à briller
illumine et avoisine
dans l’instant posé
dans les yeux qu’il ferme
//Traduit de l’italien par Angèle Paoli