Préface
ou avant-propos ou liminaire ou présentation ou encore préambule, prologue, introduction ou encore avis préliminaire, ou plus savamment prolégomènes (vive les dictionnaires de synonymes!) ou simplement notice.
Faites votre choix.
Un de mes amis me disait: «Robert si tu veux une préface pour un de tes livres, vaut mieux que tu l’écrives toi-même.»
C’est ce que je vais tenter de faire. Par contre, en me basant sur ma propre expérience, je sais pertinemment qu’on ne lit pas, sinon que très rarement, les préfaces, ou bien on les lit après avoir terminé le livre si on n’a pas autre chose à faire.
Quoi qu’il en soit, il est déjà trop tard, vous êtes rendu-e ailleurs (à la page 17 par exemple) et moi, je suis en train d’écrire cet avant-propos.
C’est par un souci économique et un fort sentiment altruiste (si, si, si!) que j’ai rassemblé ici 15 de mes nouvelles sur la quarantaine que j’ai écrites au fil des ans. Coquetterie littéraire me diront certains, exposition de l’ego me diront d’autres et, certains, plus envieux et méchants, ajouteront dans un murmure très audible: une chance qu’il les édite lui-même parce que sinon…
Mais revenons au plan économique: 15 nouvelles éparpillées dans 15 ouvrages différents et dont plusieurs sont épuisés depuis longtemps ça nous donne, à raison de 11,95 $ en moyenne par bouquin: 188,21 $ avec la tps; ce n’est pas donné. Mais bon, les mots, comme le pétrole, ont un prix. Elles sont regroupées ici pour votre bon plaisir pour la modique somme de 15,69 $ avec la tps, ça revient à 1,04 $ la nouvelle. Ce n’est pas cher payé, surtout si vous empruntez le livre à la bibliothèque ou que vous l’achetez en format numérique.
Regrouper ce que l’on a rédigé au fil des ans, de 1987 à 2013, apporte un certain plaisir. Un regard en arrière, pas trop prolongé, nous donne la mesure du chemin parcouru ou de sa stagnation ou encore de l’état de notre médiocrité qui ne cesse de s’affirmer d’année en année et de livre en livre!
Comme Patrick Modiano, un écrivain français, racontait dans une entrevue: «Parce qu’à trop se pencher sur ce qu’on a écrit, on se retrouve paralysé. Il faut éviter de trop regarder en arrière…» et il a bien raison. C’est pourquoi, à la relecture de mes nouvelles, je n’ai pas tenté de les réécrire, même si je me suis aperçu que je me répétais parfois. Bref, je n’ai presque rien changé sauf un mot par-ci, par-là. Pour garder la saveur du temps s’il y en avait une, pour figer la nouvelle en restant fidèle à ce que j’étais, fidèle à l’époque aussi, je ne sais pas. Par contre, par plaisir, j’ai ajouté une dédicace pour chaque nouvelle lorsqu’il n’y en avait pas et je vous présente ça en ordre chronologique de parution.
Au final, malgré cette diversité, on remarque (si vous êtes attentif!) une certaine homogénéité: plus d’amour que d’humour, et les relations gars-filles sont très souvent au coeur des nouvelles. C’est ce dont je me suis aperçu. Étonnamment. Sans doute suisje plus romantique qu’humoriste, du moins à mes débuts.
Finalement, - vous êtes sans doute rendu-e maintenant à la page 21 - je me rends compte que j’ai pris plaisir à resituer l’époque de l’écriture de la nouvelle, en quelques mots, en espérant que cela ne vous ennuiera pas trop. Derrière chaque nouvelle, il y a toujours l’histoire de sa création…
Questions et réponses: Étais-je obligé-e de lire cette préface?: NON.
Suis-je obligé-e de lire toutes les nouvelles?: NON.
Dois-je les lire dans l’ordre?: NON.
Suis-je obligé-e de lire la section intitulée À PROPOS à la fin de chaque nouvelle?: NON.
Suis-je obligé-e de lire le mot de l’auteur à la fin du livre?: NON.
Suis-je obligé-e de découper sa photo pour la mettre sur le mur de ma chambre? NON.
Alors, si vous n’êtes pas obligé-e de lire la préface, les nouvelles dans l’ordre ou dans le désordre et les notes à la fin des nouvelles, ni de lire le mot de l’auteur et de découper sa photo, reposez ce livre immédiatement là où vous l’avez pris. Ce livre n’est pas pour vous.
La pluie était sur toutes les lèvres. Sujet de conversation banal, mais pratique, lorsqu’on n’a rien à dire.
Pour Giuseppe Benetto, cependant, cette pluie représentait le moindre de ses soucis. Ce matin, il tenait entre ses doigts le but de sa vie. Entre ses mains larges et puissantes, il détenait fermement sa prochaine victime. Ses mains épaisses et poilues serraient de plus en plus fort cette gorge rose si délicate.
Une tête au regard inquiet le fixait. Des yeux noirs demandaient quand cette salope de vie allait se terminer. Dans la petite pièce, on aurait cru entendre son cœur battre.
«J´suis snob… J´suis snob
J´m´appelle Patrick, mais on dit Bob.»
tiré de la chanson
J’suis snob de Boris Vian
Les Mots à la bouche -Robert soulieres- partie 2.flv