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EAN : 9782890523920
151 pages
Boréal (01/09/1991)
3.31/5   16 notes
Résumé :
Il y a des amours dans les polyvalentes. L'histoire d'amour de François Gougeon a commencé le jour où, sur la moto de Luc Robert, il a avalé une mouche. Depuis, il a le cœur dans un ascenseur.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai trouvé ce livre très drôle et je le recommande autant aux filles qu'aux garçons! Marie-Hélène
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J'ai adoré ce roman! le personnage principal est tellement drôle!!!
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Récit très amusant des tribulations d'un anti-héros aux prises avec des problèmes d'ado.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Plus jeune, j’étais content. Les vacances m’ennuyaient à la longue. Maintenant, c’est la même chose mais, pour la forme ou pour faire comme les autres, je joue l’écœuré. Si je m’amenais en hurlant : «Youppi ! les cours reprennent !», de quoi j’aurais l’air, hein ? Du dernier des concombres ! D’autant plus qu’ils ne débutent vraiment que la semaine prochaine. Aujourd’hui, nous venons chercher nos livres, notre horaire et nous faire photographier. C’est la routine du premier jour où on niaise à faire la queue d’une place à l’autre. Alors j’entre dans la polyvalente en traînant mes runningshoes sur le terrazzo bien ciré. À mes côtés, Luc voyage en solitaire. Il flotte. Il donne l’impression de naviguer une dizaine de centimètres au-dessus du sol. Il ne voit rien. Seul au monde ! Il lévite, comme si un gourou lui avait appris la manière. Il ne regarde personne mais il ne manque rien. Il épie tous ceux que nous croisons pour voir qui remarquera l’anneau de son oreille.

D’abord, nous nous rendons à la cafétéria pour la photo. Il faut que notre tête apparaisse sur notre carte d’étudiant, parce que, sans carte, il paraît que nous ne sommes rien. Et paf ! En entrant dans la café, c’est arrivé. Paf ! Comme la foudre ! Le coup dans les côtes ! Le hurlement du système d’alarme !

Elle était là ! Là ! En plein cœur de la grande salle où tout le monde se reconnaissait et parlait en même temps. Là ! Comme un bout de vacances qui veut pas disparaître ! Là ! Les jambes étendues, le dos contre le bord d’une des longues tables, à parler avec Andréa Paradis et Stéphanie Lachapelle. Ce sont ses jambes que j’ai remarquées en premier... ses jambes parce que... parce qu’elle portait deux runningshoes de couleurs différentes. Une mauve avec des contours roses et l’autre carreautée. Si ça n’avait été que ses jambes... des jambes, j’en avais quand même déjà vues, mais il y avait le reste. J’aurais pu jurer qu’elle souriait pour le simple plaisir de montrer ses dents blanches et parfaites. Un sourire que les fabricants de dentifrice vont s’arracher pour leurs publicités. Des yeux bleus, grands comme des piscines, maquillés comme pour un party et qui pétillent... de quoi s’y noyer ou y fêter au champagne. Je suis un peu snob, je sais, je préfère le champagne à la bonne vieille bière. Et puis, ses cheveux... ses petits cheveux blonds, rouges et noirs... bon ! des cheveux de trois couleurs et de plusieurs longueurs différentes ! Des cheveux à faire redresser ceux de ma mère qui déteste les choses extravagantes et les gens qui veulent se faire remarquer. Pour cette raison, ma mère ne pète jamais en public. Elle m’a appris à en faire autant, ce qui est le premier principe de la bonne éducation selon elle et ma grand-mère. Tout d’un coup, j’avais le cœur dans les genoux... comme s'il avait pris l'ascenseur pour me laisser sans voix, le regard glauque, l'esprit comme des mains qui s'acharnent à saisir un savon de bande dessinée. Je ne regardais plus où j’allais, j’avançais. Normalement, j’aurais dû être aux côtés de Luc, mais le cave avait bifurqué, me laissant seul. Elle a bien vu que je ne pouvais plus la quitter des yeux. Et c’est ainsi qu’elle m’a dit tout simplement :

Salut !

Et que j’aurais voulu lui dire salut, moi aussi. Mais la voix m’a manqué. J’avais le cœur au fond des mes runnings, les orteils en nœuds, la langue comme une pâte molle dans ma bouche béante. Mon pied gauche a buté contre une table... oui, avec le bruit qu’il faut pour attirer l’attention d’une foule, je suis rentré directement dans une table. Un peu plus et je m’y serais étendu comme un cadavre fatigué. Du coup, le cœur m'est remonté aux oreilles, que je sentais rouges comme une crête de coq. J’ai réussi à rattraper mes lunettes avant qu’elles ne s’égarent trop loin et j’ai fait demi-tour. En deux ou trois secondes, qui m’ont semblé une éternité, une bonne douzaine de boutons m’ont poussé dans le dos. C’est là qu’ils se concentrent quand je suis nerveux, gêné ou fatigué. Là ou sur mon nez.
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Rien n’a d’allure. À la polyvalente, tout va tout croche, les cours, les profs, les étudiants, tout ! Luc me dit que c’est moi qui suis de travers, que tout est aussi normal que d’habitude. La seule chose, selon lui, qui ne tourne pas rond, c’est le moteur de sa moto. Il ne perd plus d’huile mais s’étouffe toujours autant. Luc ne pense qu’à sa moto.

Moi, j’ai eu un regain de vie quand il a fallu inventer les surnoms des profs. Je suis devenu l’oiseau moqueur, j’ai eu l’air brillant. Les profs me trouvent étonnamment moins brillant que par les années passées. S’ils savaient que je suis le grand responsable de la plupart de leurs surnoms, ils me respecteraient davantage. En physique, Mme Dupras a tellement l’art de nous mélanger que je l’ai surnommée Blender ; Mister Zee, c’est Gerry Zabitowski, le prof d’anglais qui n’articule jamais ; le Bonhomme Irish est en éducation physique. Il s’appelle Gonthier et n’a rien d’irlandais sauf son petit pinch roux. Jacques Cartier nous enseigne l’histoire, c’est l’histoire du Québec et du Canada. Dans son cas, j’ai trouvé que c’était plus simple qu’il change de surnom à chaque cours. Il est donc à la fois Jacques Cartier, Champlain, Montcalm, Papineau, Chapais et les autres. C’est Moins-Cinq qui nous enseigne le français. Disons que là j’ai joué sur le physique parce que Mme Labelle a le cou un peu croche. Elle doit être une lointaine petite-fille de l’architecte qui a dessiné la tour de Pise. Bon. Les surnoms m’ont procuré une certaine notoriété. Les autres ont trouvé que j’avais l’imagination fertile.

J’avais cru oublier Anik, mais en la revoyant tous les jours, mon attirance pour elle n’a fait qu’augmenter. Et puis mon imagination fertile a justement élaboré un nouveau plan. Dans un cours de français, Moins-Cinq a proposé un travail en équipes. Il fallait analyser le contenu d’une annonce publicitaire. Une lumière s’est allumée au-dessus de ma tête. Je venais de trouver le moyen de percer la barrière qui me séparait d’Anik. Je me suis tourné vers elle et je lui ai dit :

On fait équipe.

Elle m’a répondu :

O.k.

C’est comme si elle avait accepté que je l’embrasse, je n’en revenais pas. Mais ça ne faisait pas soixante secondes que je planais au-dessus de ce que Moins-Cinq racontait devant la classe que j’ai eu un frisson. Andréa Paradis a demandé à Anik :

Est-ce qu’on fait le travail ensemble ?

J’attendais la réponse d’Anik. Elle s’est tourné vers Andréa pour lui chuchoter :

Je vais travailler avec François.

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Luc est fou. Depuis trois jours, il ne parle plus, il ronronne. Il écoute son moteur, vibre avec lui, l’ausculte… et se demande pourquoi il s’étouffe aussi souvent. Mais il jure qu’il trouvera bien le bobo. Il ne veut pas traîner d’un garage à l’autre et surtout pas avouer qu’il s’est fait passer un citron. Luc Robert a son orgueil. Cette moto-là, c’était une aubaine formidable! Il y tient.
Après avoir payé son bienfaiteur, il ne lui restait pas assez d’argent pour s’équiper des vêtements de cuir qui font les vrais motards. Il a commencé par s’acheter un beau casque neuf et flamboyant — ce qui n’est pas donné — et s’est fait percer l’oreille droite. C’est à la mode et ça fait plus motard. Avec sa moto, son casque et son oreille, il attendait impatiemment que l’école nous fasse signe de revenir. Lui, il était prêt. Hier, il m’a dit:
— Je te ramasse à neuf heures.
Il avait le ton autoritaire qu’il utilise quand il veut me faire croire que ma musique classique, c’est bon pour les tapettes. Je me suis débattu un peu.
— Il te faudrait deux casques. Je tiens à ma tête, moi. On aurait l’air fin si on se faisait arrêter par la police.
J’avais l’impression de chialer comme ma mère quand elle veut me convaincre que tout est dangereux.
— Un casque! Je vais t’en trouver un! Tu vas voir, on va faire sensation.
Sensation! Ouais… Tout le monde nous a vus. Tout le monde nous a montrés du doigt. Tout le monde a ri aussi. En entrant dans la cour de la polyvalente, Luc a voulu faire le fin et beaucoup de bruit. C’était pas l’endroit. Son moteur s’est mis à fumer et à rouspéter pour finalement s’étouffer. Là, j’ai dû descendre plus tôt que prévu. Nous avions l’air ridicules. Moi avec son vieux casque de football trop petit pour ma tête et la maudite mouche que je n’arrivais pas à cracher!
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J’aurais pu jurer qu’elle souriait pour le simple plaisir de montrer ses dents blanches et parfaites. Un sourire que les fabricants de dentifrice vont s’arracher pour leurs publicités. Des yeux bleus, grands comme des piscines, maquillés comme pour un party et qui pétillent… de quoi s’y noyer ou y fêter au champagne. Je suis un peu snob, je sais, je préfère le champagne à la bonne vieille bière. Et puis, ses cheveux… ses petits cheveux blond, rouge et noir… bon! Des cheveux de trois couleurs et de plusieurs longueurs différentes! Des cheveux à faire redresser ceux de ma mère qui déteste les choses extravagantes et les gens qui veulent se faire remarquer. Pour cette raison, ma mère ne pète jamais en public. Elle m’a appris à en faire autant, ce qui est le premier principe de la bonne éducation selon elle et ma grand-mère.
Tout d’un coup, j’avais le cœur dans les genoux… comme s’il avait pris l’ascenseur pour me laisser sans voix, le regard glauque, l’esprit comme des mains qui s’acharnent à saisir un savon de bande dessinée. Je ne regardais plus où j’allais, j’avançais. Normalement, j’aurais dû être aux côtés de Luc, mais le cave avait bifurqué, me laissant seul. Elle a bien vu que je ne pouvais plus la quitter des yeux.
Et c’est ainsi qu’elle m’a dit tout simplement:
— Salut!
J’aurais voulu lui dire salut, moi aussi. Mais la voix m’a manqué. J’avais le cœur au fond de mes running shoes, les orteils en nœuds, la langue comme une pâte molle dans ma bouche béante. Mon pied gauche a buté contre une table… Oui! Avec le bruit qu’il faut pour attirer l’attention d’une foule, je suis rentré directement dans une table. Un peu plus et je m’y serais étendu comme un cadavre fatigué. Du coup, le cœur m’est remonté aux oreilles que je sentais rouges comme une crête de coq. J’ai réussi à rattraper mes lunettes avant qu’elles ne s’égarent trop loin et j’ai fait demi-tour.
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Si j’avais pu ramper sous le terrazzo ou emprunter les conduits d’aération du plafond, je l’aurais fait volontiers. D’autant plus qu’elle m’a trouvé drôle et qu’elle s’est mise à rire avec ses amies. Le pire chœur de rires que j’aie entendu de toute mon existence de timide. J’aurais pu me donner une série de coups de pied dans le derrière. J’étais raisin. Je me sentais raisin. Le dernier des raisins! Et, si j’avais été intelligent pour deux sous, j’aurais poursuivi ma gaucherie et me serais jeté aux genoux de cette fille-là pour lui demander son nom, son numéro de téléphone et tout et tout. Mais je suis débile dans ces occasions-là. Le parfait débile! Alors j’ai couru rejoindre Luc qui se demandait ce que j’étais en train de fabriquer presque à plat ventre sur une table.
— Tu as vu la nouvelle?
— Quelle nouvelle?
— Celle-là.
Je n’osais pas la montrer du doigt. J’ai dit:
— Celle qui parle avec Andréa et Stéphanie.
— C’est pas une nouvelle. C’est Anik.
— Anik?
— Anik Vincent!
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