Par sa hantise de ne pas être aimée, elle avait toujours vécu la peur au ventre, bien accrochée comme une chauve-souris dans les recoins sombres de son existence. Bien résolue à ne pas rater sa vie de couple comme ses parents avaient échoué la leur, à éviter, de surcroît, de mettre en péril le sentiment de sécurité apporté par son époux, elle avait, lui semblait-il, accepté bien des compromis.
Sa relation avec les représentantes de son sexe s’était transformée également. Alors que certaines femmes mariées s’étaient mises à se méfier d’elle, les célibataires lui manifestaient davantage d’intérêt, voyant possiblement en cette éventuelle recrue une occasion d’agrémenter leurs activités. N’ayant pas le cœur aux réjouissances, Marie s’était contentée de fuir toutes manifestations à caractère mondain.
L’univers féminin s’était enfin ouvert à lui sous les traits d’une jolie blonde pleine de fraîcheur, de sensibilité, qui ne méritait pas d’avoir été heurtée par ses inconvenances à lui. Il réalisait qu’il ne connaissait même pas cette Marie. Il s’était laissé emporter par la nouveauté... et peut-être la bière.
Marie sentait le besoin d’accorder sa vie avec des exigences fondamentales, de se rapprocher de la nature comme nouvelle source d’inspiration. Elle trouvait vital d’apprendre à dépendre d’elle-même, quitte à s’éloigner de ses frères qui lui avaient rendu bien des services durant l’année qui venait de s’écouler.