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EAN : 9782736000813
97 pages
Bernard Barrault (08/01/1992)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Présentation de Mihai Stănescu, l'auteur, par Jean-Pierre Cliquet.
Livre de caricatures : Rire en Roumanie.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je vais prendre quelques risques et commencer par les pages 18 et 19, où un dessin minimaliste montre une file d'attente composée d'hommes et de femmes plutôt mûrs, voire âgés, qui patientent en silence pour on ne sait quoi, devant un magasin (?) d'on ne sait où, on ne sait quand. Presque en bout de file, deux hommes ont l'échange suivant: "que ferais-tu tu s'il y avait une alerte à la bombe? / Je demanderais à quelqu'un de garder ma place et j'irais m'abriter." Enfant, même si je détestais les files d'attente, et Dieu sait que pour travailler entre autres mon français, j'obtenais de ma mère de ne faire la queue que pour l'huile et pour le sucre (quantités limitées par personne), il m'est arrivé plus d'une fois de garder la place d'un voisin ou d'une voisine partis payer leurs charges de copropriété, ou même faire une petite belote en face de l'immeuble voisin dans le cadre d'un championnat des plus sérieux. J'ai la chance, en tout cas je perçois la situation comme telle, de ne plus garder la place des autres, voire de tenter d'en récupérer de biens meilleures. Cela repose bien entendu sur la démocratique égalité des chances aux concours et même sur la bienfaisante émulation de toute compétition. J'ai développé ainsi cette saisissante critique de l'esprit grégaire que servent plusieurs planches dans ce livre, par exemple aux pages 82 et 83.
Pour "étancher la soif de culture" sur ce site, aucun problème, a priori tout s'y trouve. Mais, chez Stănescu (et c'est à la page 49 une de mes planches préférées) je vois plutôt le puits de l'inculture que la meilleure bonne volonté de quelques vieilles, fussent-elles les sages du village, ne peut combattre.
Je dirais presque qu'il y en a pour tous les goûts et que dans le style bête et méchant, l'universalité ne fait pas défaut avec cette planche des pages 38 et 39 où pour faciliter le passage d'un convoi présidentiel un policier ordonne à un conducteur de tramway : "Garez-vous à droite et pas de discussion".
Beaucoup de cynisme ponctué de lueurs d'optimisme, à moins qu'il ne s'agisse de traiter les adultes de naïfs, comme à la page 43, où, sur une scène, une petite fille annonce: et maintenant, je vais vous réciter un poème intitulé "Quand allons-nous nous amuser?".
Très satisfaite d'avoir déniché cet album, je vous propose pour finir un extrait du mot d'introduction signée par Jean-Pierre Cliquet et intitulé "Ce que je sais de Stănescu" :
"Comme Paul Steinberg et André François. Comme Cioran et Ionesco. Comme Brancusi et Brassaï. Comme Nicolaï Ceaușescu et sa femme Elena, Mihai Stănescu est roumain. Il vit à Bucarest où il est très connu, peut-être parce qu'il ressemble au paysan Păcală, héros du folklore national dont le rire s'épanouit surtout dans les situations les plus tragiques.
Ses dessins, c'est la vie quotidienne: le pain rassis, le froid, les files d'attente, la pénurie… Chacun comprend ce qu'il veut bien comprendre. La règle du jeu est simple: rire et ne rien expliquer. Si la Sécurité a de mauvaises pensées, cela la regarde.
C'est ainsi que l'Union des Artistes de Roumanie a couronné un de ses dessins, pages 84-85 [un homme transforme une brique extraite d'un mur en étendard]. On y a vu un hommage à la politique d'indépendance nationale de la Roumanie au sein du camp socialiste (sous la direction éclairée, bien entendu, de Nicolae Ceaușescu et de sa femme Elena). Par contre, les autorités en ont interdit un autre, pages 38-39 parce que les tramways sont un sujet tabou à Bucarest. le réseau est très perturbé par l'immense chantier qui a recouvert la moitié de la capitale pour l'édification d'un somptueux palais présidentiel.
Son premier album publié en 1982 porte la mention "Première édition revue et corrigée". le second est imprimé mais introuvable. Pourquoi voit-on si peu ses dessins dans la presse roumaine? "Parce que les journaux ne réservent qu'un petit espace aux dessins. Comme je dessine trop grand, ça ne rentre pas."
Jean-Pierre Cliquet laisse beaucoup la parole au dessinateur, dont les propos s'avèrent très éclairants, y compris pour moi qui étais très ému(e) par le mot de la fin : "Quand nous sommes quittés, il m'a embrassé et glissé dans l'oreille: Tu m'as beaucoup amusé avec ton projet de livre."
Si vous tombez sur "Rire en Roumanie" prenez-en une bonne dose. Aucun danger de prolixité, ici les lignes de texte se comptent presque sur les doigts d'une seule main.
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Au second regard, il faut bien constater que l'humour (si c'est bien de l'humour) est noir, très noir ; même désespérant pour certaines images...
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Hier, j'ai voulu me suicider par le feu. Mais comme aucune allumette n'a pris... J'ai renoncé.
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