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Une ambiance toute particulière, la plongée dans l'univers des pays du nord avec des personnages tout en ambivalence et très attachants en même temps. Un bien beau dépaysement et une histoire de coeur, de mort, de vie...
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C'est le dernier tome de la fascinante trilogie de Jon Kalman Stefansson qui, à travers le destin du "gamin" nous emmène dans l'Islande du XIXème siècle et nous fait partager l'existence rude mais baignée de beauté de ses habitants.
Dans ce dernier volume, peut-être plus difficile à suivre à cause de la multiplicité des personnages, la neige fond et laisse place à un printemps - très bref - puis à l'été. L'aventure de Jens et du gamin s'achève, la morte est enterrée. L'île s'anime avec le va et vient des bateaux, l'activité de la pêche et du commerce battent leur plein, la présence des Danois, des Anglais, des Norvégiens amène le souffle d'un ailleurs. La lumière a chassé la nuit, des rayons de chaleur viennent baigner les villages, le désir des hommes et le charme des femmes s'éveillent pour quelques semaines...Et le gamin poursuit sa quête, troublé par l'éveil des sens - vivre au delà d'un quotidien marqué par un climat rigoureux, l'odeur du poisson et la frustration des hommes, goûter le charme unique des paysages islandais mais aussi s'ouvrir au vaste monde à travers les livres.
La vie et la mort sont toujours étroitement imbriquées, la mer, le froid, le désespoir, sont des gouffres qui engloutissent nombre d'entre eux. Même l'été ne les protège pas de leur dangers ni de la jalousie des hommes.
Un livre poétique, une écriture envoutante, à méditer et à relire...
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Miracle ! Je viens enfin de terminer la trilogie de Jon Kalman Stefansson, deux ans après avoir découvert Entre ciel et terre, qui fut mon coup de coeur de l'année et mon choix pour le Prix des Lectrices 2013. En 2012, j'ai lu le deuxième tome, La tristesse des anges. Et c'est donc le coeur de l'homme, paru fin 2013, qui clôt ce triptyque magnifique, en beauté !

Pour l'occasion, j'ai relu mes deux articles précédents, que je trouve très complets, et je ne vais pas prendre le risque de me répéter.

J'ai retrouvé le même style impeccable, d'une poésie rare, qui m'a emportée encore sur plus de 400 pages. Néanmoins, ce dernier volume a ouvert de nouvelles pistes de réflexion. Nous retrouvons donc le gamin au début du printemps, à la fin de sa livraison de courrier bien loin de son pauvre village de pêcheurs. Il est recueilli par de généreux villageois qui l'aident à se remettre sur pied, puis peut enfin rentrer chez lui. Mais il est accompagné par de plus en plus de fantômes, et il n'a toujours pas trouvé de nouvelles raisons de vivre … jusqu'à ce que l'amour se pointe sous une forme inattendue.

"En résumé : elle a des cheveux si roux qu'on les voit distinctement même à travers les montagnes. Et pourtant ces montagnes n'ont rien d'une plaisanterie, elles sont épaisses et impitoyables, mais la couleur de ses cheveux les traverse sans peine pour lui parvenir et elle change tout. Elle transforme le ciel et la terre, tout se teinte de roux."

Nous assistons ici avec plaisir au dégel : l'été est là, et les Islandais se réchauffent enfin au pâle soleil arctique ("Les étés d'Islande sont si brefs et capricieux qu'on dirait parfois qu'ils n'existent pas"). C'est le temps des salaisons, de la morue. Cela laisse peu de temps pour lire et rêver, et pourtant le gamin s'y accroche, grappillant chaque minute pour apprendre encore et encore auprès du directeur d'école alcoolique. Apprendre pour oublier l'hiver meurtrier. Apprendre pour ne pas connaître le même destin que son ami Barour et tant d'autres, dans un monde où "le poisson compte plus que la vie." Apprendre pour faire autre chose que remonter du poisson. Il lui faut donc maintenant vivre pour ne passe trahir soi-même, tout oser pour ne rien regretter.

"Il est à ce point dangereux de s'autoriser à rêver de passions, de tâches de rousseur et d'yeux profonds, à rêver au lieu de penser à lutter pour préserver la vie. C'est ainsi. On a l'esprit plongé dans un poème, on oublie sa vareuse et on meurt de froid. [...] Voilà qui devrait nous enseigner quelque chose. Quelque chose à propos des dangers de l'amour, des dangers du poème. Et pourtant. Qui se souvient de ceux qui n'ont que rarement et peut-être jamais été distraits, qui ne se sont jamais perdus dans le rêve, qui au lieu de trouver l'étincelle sont devenus gris, pâles, et se sont peu à peu fondus à la monotonie, transformés en monotonie, disparaissant longtemps avant leur propre mort. [...] Même si cela doit nous en coûter la vie, prématurément – prenons plutôt le risque, et vivons."

J. K. Stefansson nous offre encore un splendide roman, qui complète parfaitement ses deux premiers, accomplissant un travail impressionnant de peintre de la nature humaine, autour du travail de deuil. Mais aussi et surtout, un sublime hommage à la littérature et à la poésie, présentes à chaque page.

Un roman qui aide à vivre.

J'ai eu du mal à dire au revoir à ce gamin que j'ai suivi sur plus de 1000 pages. Ce petit gamin qui a grandit tout au long de ces pages. Qui a du mal à vivre mais a tenu le coup, par la poésie et la littérature (sa recommandation : pour quitter le monde des rêves, chaque matin : lire un poème !). Il faut donc lui dire au revoir, à lui et à tous les autres personnages – comme la forte Andréa qui a le courage de changer de vie, dans un monde si codifié – en me promettant que ce n'est pas un adieu … Il y a des livres comme ça, qui m'accompagneront toute ma vie. Celui-là en fait partie, avec ses deux frères.
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Jon Kalman Stefansson né en 1963 à Reykjavik est un auteur islandais. Après avoir fini ses études au collège, il travaille dans les secteurs de la pêche et de la maçonnerie. Il entreprend ensuite des études de littérature à l'université de 1986 à 1991, mais sans les terminer. Pendant cette période, il donna des cours dans différentes écoles et rédigea des articles pour un journal. Après avoir vécu trois ans à Copenhague au Danemark, il rentre au pays et s'occupe de la bibliothèque municipale d'une petite ville 2000. Depuis, il se consacre à la production de contes et de romans. le Coeur de l'homme qui vient de paraître, clôt une trilogie débutée par Entre ciel et terre et La tristesse des anges, dont la toile de fond est l'Islande à la fin du XIXème siècle.
« Où s'achèvent les rêves, où commence le réel ? Les rêves proviennent de l'intérieur, ils arrivent, goutte à goutte, filtrés, depuis l'univers que chacun de nous porte en lui, sans doute déformés, mais y a-t-il quoi que ce soit qui ne l'est pas, y a-t-il quoi que ce soit qui ne se transforme pas, je t'aime aujourd'hui, demain, je te hais – celui qui ne change pas ment au monde.» Jens le postier et le gamin ont failli ne pas sortir vivants de cette tempête de neige, quelque part dans le nord-ouest de l'Islande. Ils ont été recueillis après leur chute par le médecin du village, et le gamin, une fois de plus, a l'impression de revenir à la vie. Nous sommes au mois d'avril, la glace fondue succède à la neige et au blizzard. Après avoir repris des forces et fait connaissance avec quelques habitants comme cette jeune femme à la chevelure rousse qui met en émoi le gamin, tous deux peuvent finalement reprendre le bateau pour retrouver une autre communauté villageoise, celle de leur vie d'avant : la belle veuve farouchement indépendante, le capitaine aveugle et sa bibliothèque, puis Andrea, la femme du pêcheur Pétur qui rappelle au gamin le pouvoir des mots. Il lui a écrit une de ces lettres qui transforment un destin, l'enjoignant de quitter son mari au coeur si sec... »
Il y a des romans qu'on peut lire n'importe quand - la majorité - et puis il y a ceux qui ne s'apprécient que s'ils sont en phase avec nos sentiments du moment. le Coeur de l'homme est de ceux-là mais manque de chance, ce n'était pas le moment pour moi de le lire. Il s'agit d'un de ces livres, dense, qui laisse peu de place à la nuance, soit on s'y immerge complètement et l'on s'en délecte, soit on se confronte à l'ennui qui rôde.
Roman introspectif, l'idée de mort vous accompagne tout du long du roman et plombe un peu le moral, roman poétique aussi, avec de très belles images. En exagérant et pour faire court, il y a quelque chose de l'ambiance des films à la Bergman tout en faisant la part belle au pouvoir des mots « Les besoins des hommes ne sont pas légion : il lui faut aimer, se réjouir, manger, puis un jour il meurt. Pourtant, plus de six mille langues sont parlées à travers le monde, pourquoi doivent-elles être si nombreuses ? ». Et des questions existentielles de ce tonneau, il y en a plein les pages, qu'on se laisse aller à souligner.
Quant à la forme, des phrases plutôt longues à la musicalité certaine charriant un lyrisme renvoyant au domaine du rêve parfois, à l'ennui poli d'autres. Les dialogues sont inclus dans le texte sans tirets ni guillemets, certains noms de personnages sont carrément imprononçables car faisant appel à des caractères typographiques inconnus de mon clavier d'ordinateur (le traducteur aurait-il dû adopter une transcription phonétique ?), ce qui ne facilite pas la lecture non plus.
Un bouquin qui me laisse sur un sentiment mitigé, de très beaux passages et d'autres très forts émotionnellement, magnifiés par l'écriture, mais et c'est toute l'ambigüité de ma position à cet instant, je n'ai pas tenu la distance. A moins que ce ne soit Jon Kalman Stefansson qui en fasse trop ?
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Merveilleux livre qui constitue à la fois, un roman d'aventures, de la poésie et un roman psychologique qui nous transporte dans l' Islande de la fin du XIXème siècle.
On a perpétuellement l'impression de vivre entre rêve et réalité, de partager la vie des Islandais, la rigueur du climat et la beauté des paysages.
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Je ne connaissais pas du tout l'auteur, qui a écrit une trilogie dont ce coeur de l'homme est le dernier volet, et c'est grâce aux grand prix des lecteurs du Progrès dont je vous ai déjà parlé ici, que je suis parti à sa découverte, non sans savoir par la présentation que nous avaient fait les organisateurs du prix, que cette lecture allait être un peu exigeante et intense, tant cet écrivain possède une langue et un univers à lui, pour peu qu'on puisse et sache y trouver les clés.

Hélas, un peu comme dans le bruit de nos pas lu dans le même prix, cet univers m'a semble un peu hermétique, et je pense qu'il aurait fallu que je lise avant les deux tomes précédents de la triologie pour vraiment y comprendre les mystères des personnages.

En effet, avec "Entre ciel et terre" et "La tristesse des anges" respectivement parus en 2010 et 2011, "Le coeur de l'homme" complète une saga islandaise qui raconte l'apprentissage de la vie par celui qui est nommé "le gamin" et dont on ne connaît pas le nom.

Pour qui a lu les deux précédents volets, celui-ci est une étape incontournable dans la narration, mais incontestablement, ce livre peut difficilement constituer une lecture isolée tant les allusions au passé sont nombreuses. La profusion des personnages demande une attention accrue pour ne pas perdre le fil. de plus, il me semble difficile de se lancer dans cette lecture sans connaître les deux autres tomes car les références y sont nombreuses et donnent beaucoup de clés indispensables à la compréhension de l'ensemble.

Ce qui est réussi, c'est la transposition du climat et de l'ambiance : on a vraiment l'impression d'y être et de ressentir ce froid glacial qui transperce les héros du roman.

Toutefois, il m'a semblé que la narration est parfois un peu lourde, car Stefánsson a un peu tendance à user et à abuser des grandes phrases, formules sentencieuses (qui peuvent d'ailleurs prêter à discussion), qui insistent sur le coté morbide et sombre de l'histoire et qui créent une certaine lourdeur. "Ils ont traversé ensemble l'enfer et le bout du monde, ils ont vu des vies, ont été confrontés à la mort, le lien qui les unit ne se rompra jamais, c'est le destin qui les a liés l'un à l'autre et nul ne saurait se défaire d'un tel noeud, qu'il soit homme ou démon".

Visiblement, la grande majorité de mes acolytes du prix ont été bien plus enthousiastes que moi, même ceux qui n'avaient pas lu les deux précédents tomes. Bref, encore un de ces ouvrages qui me rend un peu copuable et honteux de ne pas plus apprécier la très grande littérature, lorsque celle ci est trop austère et exigeante pour s'apprivoiser facilement.
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Toujours aussi magnifique ! L'écriture de ce troisième tome des "aventures du gamin" est toujours aussi majestueuse, l'histoire toujours aussi prenante et la reflexion humaine toujours aussi belle. Cette trilogie ( "Entre ciel et terre", "La tristesse des anges" et "Le coeur de l'homme" ) est pleine de merveilleux, d'humour et de poésie; il y a peu de frontière en Islande entre réel et la magie ... Ici, en fait ce sont des fantômes qui racontent les histoires, on ne s'en apperçoit pas forcément tout de suite. Et pourtant, ces histoires sont tout à fait "vraies"; c'est l'oeil qui voit et la bouche qui parle qui font partie du surnaturel. les personnages, eux, se débattent dans leurs aspirations, leurs contradictions et leurs conditions de vie; cette fois c'est l'été avec ses longues nuits claires, du soleil et un peu de chaleur, enfin. Mais il peut y avoir des tempêtes terribles et un homme va mourir; plusieurs hommes vont mourir parce que la vie est ainsi sur cette côte islandaise, on peut être vivant à un moment et mort celui d'après. Et toujours l'omniprésence de la littérature et de la poésie qui, semble-t-il peuvent seules sauver d'une vie misérable.
Lien : http://www.les2bouquineuses...
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Contre toute attente, Jens le postier et le gamin ont survécu à la terrible tempête de neige qui les a surpris à la toute fin de l'hiver. Recueillis par un médecin, ils reprennent des forces alors qu'enfin le printemps s'annonce. Avant de repartir vers son village, le gamin rencontre une jeune fille rousse qui le trouble au plus haut point. de retour dans sa communauté, il reprend le cours de son existence auprès de la belle Geiprudur et des autres femmes qui l'entourent. Mais bientôt de nouveaux drames vont s'annoncer…

Le coeur de l'homme signe la fin de la trilogie islandaise de Jon Kalman Stefansson. La tristesse des anges, le volume précédent, m'avait littéralement emballé et je n'avais pas hésité à le mettre sur la plus haute marche de mes lectures 2012. Ici, pas le même énorme coup de coeur mais la magie a néanmoins de nouveau opéré. Cette conclusion se concentre sur la vie de la communauté villageoise et de ses membres. le caractère épique et aventureux du volume précédent n'est plus de mise ce qui est quelque peu dommage. La profusion des personnages demande par ailleurs une attention accrue pour ne pas perdre le fil. de plus, il me semble difficile de se lancer dans cette lecture sans connaître les deux autres tomes car les références y sont nombreuses et donnent beaucoup de clés indispensables à la compréhension de l'ensemble.

Pour autant, le coeur de l'homme reste un merveilleux roman. Toute l'âpreté de cette Islande du début du 20ème siècle vous saute à la gorge. A travers la figure du gamin sont abordées des questions existentielles majeures. le rêve, la douleur, le deuil, la tristesse, l'absence, le désir et l'espoir d'une vie meilleure sont au coeur du récit.

L'écriture de Stefansson (ou plutôt l'exceptionnelle traduction d'Éric Boury) résonne fortement en moi. Ces réflexions sur le sens de la vie, le poids des mots, l'absolu besoin d'amour et cette haine viscérale pour la mort et la désolation qu'elle apporte me parlent et me touchent profondément. Pas certain que ce soit le cas de tout le monde. Je ne serais pas étonné de découvrir ici ou là des avis très mitigés sur ce texte qui peut, je le conçois, laisser totalement indifférent. Je ne cherche donc à convaincre personne. Je dis simplement que cette trilogie aura constitué pour moi un inoubliable moment de lecture. Et croyez-moi je ne dis pas ça tous les jours.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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