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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ça parlerait de quoi le dernier roman de Jon Kalman Stefansson ? Peut-être qu'il serait vain de chercher à le savoir, ça parlerait de tout et de rien, ça entremêlerait les époques et les strates, l'imagination et le réel, les lignes du temps s'y superposeraient entre vivants et défunts au dessous du cosmos, Johny Cash, le père et l'Éternel ou les Beatles, les sternes arctiques et les phoques, la mort d'une maman et l'arrivée d'une belle-mère. Ça parlerait en filigrane d'un merveilleux conteur à qui tout semblerait permis, sa baguette d'immunité de poète en défricheur de vie, allant de détails en digressions, de délocalisations en situations. Mieux que de la TNT pour tout exploser, le JKS agirait comme de la pure dynamite à narration, toute en festival poétique.
Ça parlerait surtout d'un livre de vies presque sans histoires mais qui serait l'histoire de la vie, un livre sous forme de littérature englobante adepte du grand tout et surtout de condition humaine, qui défocalise et débusque, titille les astres comme les aspérités d'une existence, une littérature envoûtante et débridée à l'affut de tant de choses surprenantes en ce monde, que « celui qui prétend le comprendre est soit un idiot soit un menteur».
Mais ça parlerait aussi d'une rengaine sous forme de rencontre en août 2022 de l'auteur avec Paul McCartney dans un parc londonien, avec la Trabant de son père en sous-marin et de son projet de redonner voix aux défunts et à sa mère, de sa jeunesse, de son copain Örn apostrophé par de vieux poètes de Mésopotamie, de tant de choses et encore d'autres, parfois drôles, même si la nostalgie est souvent là avec sa tristesse comme « une braise en nos coeurs ».
On croyait tout savoir de Jon Kalman Stafansson et ses méthodes de narration débridée, mais sans doute que l'on n'en savait rien ou pas grand chose tant la surprise et le plaisir à s'embarquer dans ce sous-marin jaune restent intacts, peut-être même qu'il nous livre ici son roman le plus personnel, traumatique et émouvant. Et magnifique.

« Et peut-être la littérature est-elle en fin de compte le lieu qui nous permet de nous rapprocher un peu plus de la compréhension de l'existence ou d'en appréhender quelques éléments, en grande partie parce qu'elle abolit toutes les limites. Ou plutôt parce qu'elle ignore les frontières que l'homme est bien le seul à comprendre, il les éparpille autour de lui et les souligne avec tant de force qu'on peut aller jusqu'à dire qu'elles sont le principe selon lequel se définissent son existence et son univers. 
Même si lesdites frontières n'ont d'existence qu'à l'intérieur de sa tête. »


Un grand merci à Babélio masse critique et aux Éditions Christian Bourgois !
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Dans ce récit aux accents autobiographiques, l'auteur raconte son enfance façonnée par la mort de sa mère, son obsession pour les Beatles, ses entrevues avec les défunts, ses cours de catéchisme et sa crainte de celui qu'il appelle l'Éternel, vieil homme colérique qu'il assimile à son père. Aussi tendre que décalé, fantaisiste que mélancolique, ce livre est tissé d'une sagesse candide aussi verdoyante et apaisante que les landes islandaises (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2024/02/19/mon-sous-marin-jaune-jon-kalman-stefansson/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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C'est le deuxième roman que je lis de cet auteur dont je ressors époustouflée.

Comme le mentionne le 4ème de couverture, il s'agit d'un roman d'inspiration autobiographique.

L'histoire débute dans un parc de Londres en 2022 où un écrivain (notre narrateur) se retrouve non loin de Paul Mc Cartney. Mais pour savoir comment il est arrivé là, il faut remonter le temps jusqu'en 1969 quand il avait 6 ou 7ans environ, le jour où alors qu'il était assis à l'arrière de la Trabant, son père lui annonce froidement la mort de sa mère. Envahi par un sentiment de manque incompréhensible que son père autoritaire emmuré dans le silence et enclin à la boisson ne peut combler, le jeune garçon se met à lire la bible car elle peut, lui a-t-on dit, guérir toutes les blessures. Mais que peut-on comprendre à la Bible à cet âge ? Il voit dans les récits de l'Ancien Testament un Eternel cruel, injuste et colérique qu'il associe à son père, juste bon à vider des bouteilles de vodka en écoutant Johnny Cash.
Il trouve heureusement un peu de réconfort chez le vieux couple de l'étage du dessus mais à son retour de voyage ils ont quitté l'appartement.

Dans une narration aux multiples facettes reflétant parfaitement l'état d'esprit du jeune garçon, l'auteur nous emmène à bord de son sous-marin jaune, dans un monde imaginaire créé pour affronter la réalité et rompre la solitude. Un monde où les Beatles composent une chanson sur l'amitié dans un car en direction des Standir, où Ringo Star devient évêque de Holar, où le ventre des poissons délivrent des messages venus de l'Espace et où les morts sont ses seuls compagnons. Et puis il trouve refuge dans la littérature.

Ce voyage introspectif qui prend parfois des allures loufoques n'en est pas moins touchant par sa profondeur et sa poésie. Malgré l'omniprésence des défunts auxquelles ils donnent voix, ce roman est une ode à la vie et à la mémoire et nous rappelle combien la littérature peut être salvatrice et élargir notre vision du monde.

Un coup de coeur.
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Jon Kalman Stefansson

Mon sous-marin Jaune

Il y a les livres… et il y a des livres.
Jon Kalman Stefansson est un des plus grands écrivains Islandais vivant. Et même grand écrivain tout court. Lu et publié dans le monde entier, il est en train de devenir, si ce n'est pas déjà fait, ce que l'on peut appeler d'une formule ambiguë et peut être pas très heureuse le concernant, un écrivain culte. 60 ans, une imposante oeuvre romanesque et poétique derrière lui, un public averti qui le suit, l'écoute et le lit, c'est le dernier Stefansson entend on ! Son précédent opus « Ton absence n'est que ténèbres « en a touché plus d'un, et si ce n'est pas déjà fait, je vous encourage à le lire. Pardon à le relire. Pardon encore, à le dévorer.
Une littérature âpre et exigeante, puissante, terrestre, humaine, qui nous vrille le coeur.
« Mon sous-marin jaune » est une fois encore, un livre extraordinaire, complètement baroque, si je n'avais pas peur d'effrayer, je dirais presque de la Punk Culture. Mais, ne soyez pas inquiets, car l'écriture reste classique dans sa forme. C'est toujours difficile de partager son enthousiasme et l'usage abusif d'adjectifs redondants et emphatiques ne nous conduit pas forcément vers l'envie de lire. Et pourtant, comment faire ? Stefansson est un créateur, au sens où il casse les codes de la littérature, il déconstruit, il déstructure comme le disent les pâtissiers pour en faire une oeuvre tout à la fois moderne, chorale, ambitieuse, sèche et rude comme les splendides paysages qu'il fait rayonner dans son livre. L'envie d'aller voir comment c'est, là-bas, en Islande, nous saisit, le vent, la mer, les côtes, les paysages, le ciel, je peux vous dire que ça me taquine !
Le Pitch : « My Yellow Submarine « C'est la chanson des Beatles, pas leur meilleure loin de là, Stefansson aime la musique, les musiques sont partout dans ses oeuvres au point de pouvoir confectionner des playlists des titres qu'il intègre dans tous ses textes. le narrateur c'est l'auteur lui-même. La trame : Assis sur un banc, dans un parc londonien, il aperçoit de loin, l'ancien Beatle Paul Mc Cartney, 80 ans, toujours en contre champ dans l'histoire, qui rêve, téléphone et peut être pianote sur son portable. Il brule de lui parler, mais pas comme ça, pas sans réfléchir. Il lui faut préparer cette rencontre. Pas sans avoir compris lui-même d'où il venait et ce qu'il était lui-même devenu, dans un parcours de vie pour le moins chaotique. C'est l'objectif du livre, construction et reconstruction d'un enfant-adulte, le narrateur va faire d'incessants aller et retour entre son enfance -ses 8 ans lorsqu'il perd sa maman, « je crains que ta mère soit morte lui dit son père. Oui c'est la réalité, je crains que ce ne soit la réalité » et sa vie d'aujourd'hui à presque 60 ans, là, sur son banc londonien.
de là, nous allons croiser une foule de personnages , comme des repères de vie, son père, maçon avec qui les relations sont impossibles parce qu'incomprises, sa belle-mère qui va un temps l'amener dans sa famille là-bas, dans les paysages arides des Strandir où planent les sternes arctiques et où l'on ramasse les oeufs des goélands , où il va passer plus de temps connecté avec les morts qu'avec les vivants, l'Éternel qui n'est autre que le Dieu de l'Ancien Testament, pas aussi aimant qu'il le voudrait , car plutôt prêt à défoncer son prochain qu'à l'aimer et lui tendre la main, d'ailleurs est ce bien Dieu ou le démon inversé, est-ce bien Dieu ou son double qui a façonné l'homme à son image? Il va essayer tout de même de plonger dans la lecture complexe de la Bible pour y chercher explications et solutions, il y a aussi la Trabant , emblématique, la voiture de son père qui s'invite régulièrement au fil des histoires pour nous en faire gravir les différentes strates , où l'Éternel et Johnny Cash planqués à l'arrière du père conducteur , avinés de vodka entonnent des chansons de marins. Quelle tambouille devez-vous vous dire ! Et pourtant ! Raconté comme cela, difficile d'attraper le fil romanesque, c'est en ce sens que le livre est grand et touche parfois au sublime, car ce petit garçon va forger son identité à travers des pièces un peu brisées, un peu rafistolées, qui façonnent le puzzle de sa vie sans maman. « Celui qui prétend comprendre le Monde est soit un Idiot soit un menteur nous dit ce jeune garçon fou de lecture. « La vie nous arrache tant de choses. Nous n'y pouvons rien. Elle empile sur nous ces événements, ses tâches, ses factures impayées, son quotidien, nous nous éloignerons de nos amis, nous n'en prenons pas assez soin. Nous oublions que l'amour et l'amitié ne sont pas une lumière, une chaleur qui affluent vers nous depuis une source intarissable, qui fait verdir les bords des rivières que nous abritons en notre for intérieur, dans les moments de bonheur comme dans les tempêtes. Nous oublions que tout doit être cultivé, que tout doit être entretenu, sinon la clarté décline, le courant du ruisseau faiblit, la source refroidit. Vivre, c'est répondre présent, et celui qui le fait enrichit le monde. Il lui ajoute une valeur qui ne saurait être mesurée, des choses que nul ne pourrait vous ôter, et qui fait que vous n'êtes jamais tout à fait seul. »
Mon expérience de lecture fut étrange, car une fois fini, j'ai repris le livre immédiatement pour le relire, en boucle. Ça je ne l'avais jamais fait. J'aurais pu annoter de mon crayon tant d'aphorismes et de paragraphes à chaque page, dont celui-ci: « j'ai construit un vaisseau spatial ou un sous-marin taillé dans les mots, mais il est incapable de franchir les frontières entre les univers, je crois qu'en fait le réel est professeur de menuiserie, bientôt, il va m'empoigner par l'épaule m'entrainer vers la porte qui débouche sur les ténèbres. Pourquoi est-ce que je vis ? Bonne question, mais j'ignore la réponse parce qu'aucune place n'a été prévue pour moi dans l'existence, disons comme ça. « .
Je pourrais vous parler longuement , de cet orphelin de mère, et l'on comprend la souffrance de l'auteur-a t-il vécu ça?- par son style, alerte, par son humour (ne croyez pas le livre sombre, on se « marre » vraiment parfois, par ses mots et ses expressions, ces situations déjantées (« A dire vrai, je ne crains pas les mots, même lorsqu'ils sont capables de pulvériser la roche, en revanche je redoute les mains des adultes ».) On comprend sans peine où l'auteur nous entraîne dans cet incessant ballet entre l'enfance et l'âge adulte, (avec toujours Paul McCartney en contrepoint), qui parle, qui vit, qui souffre. Tout est profond et fort. Les murs tombent, on comprend ce qu'est qu'une création, les codes littéraires qui volent en poussière, notre chère unité de temps et de lieu s'écroule pour laisser place à un texte nu, dense et intense, qui nous émeut. Communication avec les morts, (« Prononce son nom et je suis vivant ») avec des voix d'outre-tombe souvent plus sympathiques que celles des vivants, nous serions en société ce garçon serait traité de psychotique. Parfois bouffon lorsque l'Eternel s'enivre de vodka avec Rod Stewart en tenue flashy à l'arrière de la Trabant, quand l'évêque du village voisin d'Holar s'appelle « Ringo Starr », forcément, l'avoir bombardé évêque va empêcher les Beatles de se reformer et de créer dans sa tête ces chansons inédites dont il a tant besoin. de très belles pages lorsqu'il apprend lors d'une leçon de conduite la mort de John Lennon, c'est un effroi pour lui, les Beatles ne pourront plus composer, comme de très belles lignes sur la Vie sans mère , tout simplement. Comme si, lorsqu'il évoque sa maman, il avait envie de lui dire : « ton absence n'est que ténèbres ! «
Et tout ça pour ça me direz-vous ? Et bien même pas, car il y a une « morale » tout de même : « je dois creuser plus profond encore, c'est alors que m'apparaît le principe de l'oubli, et je constate que c'est le terreau sur lequel prospèrent la cruauté, l'intransigeance et la violence. Je creuse plus profond encore, jusqu'au commencement, il est en langue sumérienne, et voyez, il est l'incarnation du désespoir, et en dessous se cachent ces lignes :
'
« Ne m'oubliez pas, et me voilà en vie.
Prononcez mon nom, et la mort recule.
Changez-moi en mélodie, et les missiles explosent avant de toucher terre.
Souvenez-vous de moi, et les chars d'assaut se figent. «

C'est vraiment bien, c'est vraiment fort. C'est une splendide lecture. Ne la manquez pas.

PS : je me suis fait une playlist de Mc Cartney , je vous dis pas!
PPS : Formidable travail de traduction par Eric Boury.
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“Il faut que j'aie une conversation importante avec Paul McCartney.” Oui, mais pas tout de suite. L'ancien Beatles de quatre-vingts ans est tout proche, adossé à un vieux chêne, un livre à la main, dans un parc à Londres en août 2022. Avant d'aborder cette légende, cette presque divinité, le narrateur a besoin de temps, de courage et de poésie ancienne.

“J'ai l'impression qu'il regarde dans ma direction, mais je n'en suis pas certain, et je n'ai pas le temps d'y réfléchir parce que nous sommes à la fin septembre 1970 et que je pars à l'école.” Au milieu d'une seule et même phrase, on est là puis ailleurs, maintenant et avant, c'est stupéfiant. le récit sillonne la vie et la mort, le silence et la tristesse, le passé et le présent, le monde avec les Beatles et le monde sans.

Il semble plus facile pour notre narrateur de converser avec les morts qu'avec les vivants ou qu'avec Paul McCartney. Il s'adresse à Dieu, qui n'est qu'un père qui boit trop. À Jésus, tellement formidable qu'il pourrait être le cinquième membre du groupe. Aux défunts d'un cimetière tout au nord du monde. Il entasse toutes ces ouailles à l'arrière de la Trabant de son père. Cette voiture qui traverse, entêtée, les années, les décennies, les parcs londoniens et les routes islandaises.

Ce livre contient la mémoire des mondes enfouis qui, presque pleine, “déborde, se mélange et se confond avec les journées qui continuent de s'écouler jusqu'à ce que nous cessions de faire la différence, jusqu'à ce que nous doutions de l'époque dans laquelle nous vivons.”

Tout se télescope dans ce roman : le silence d'un petit garçon qui cherche la voix de sa mère, les battements d'un coeur tambourinant comme la batterie de Ringo Starr, un rayon de soleil aussi éclatant qu'un sous-marin jaune, un rire sous un vieux chêne. Tout s'enchevêtre pour former une harmonie qui tend vers l'infini. Pour affronter la mort et la vie.
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Il ne faut pas se mentir, les Beatles ont accompagné beaucoup d'entre nous au cours de notre vie. Enfin je dis « nous », je veux dire vous parce qu'en ce qui me concerne, je n'étais pas née quand ils se sont séparés ! Ce qui n'est pas le cas de notre personnage (peut-être l'auteur ?), qui lui était déjà de ce monde à leur séparation, mais pas à leur création.
Bref, le fait est que, vous l'aurez deviné , il est question des Beatles dans ce roman, mais pas que d'eux. Ils sont les compagnons de vie d'un petit garçon islandais rêveur qui a bien grandi et qui cinquante ans plus tard retrouve Paul Mc Cartney dans un parc londonien pour lui donner un exemplaire de L'Épopée de Gilgamesh, qui est à ce jour, une des oeuvres les plus anciennes de l'humanité.
Basé sur le style d'écriture de Asta du même auteur, il part de cette scène, qu'il place en point d'ancrage. Tous ces souvenirs passés se fondent dans ce présent presque figé. Tout n'est que dualité : présent et passé, vivants et morts, réalité et imagination et cependant ils se fondent dans une grande cohérence.
Mon sous-marin jaune ressemble à un voyage méditatif et philosophique au coeur du temps qui passe ; les années s'écoulant, il est temps de faire le point. Les souvenirs remontent, les personnes disparues reviennent nous parler, peut être pour nous préparer à les rejoindre ? Les questions se posent sur Dieu et sur ses intentions.
Ce roman qui peut paraître superficiel dans les premières pages devient de plus en plus profond et laisse deviner une grande sensibilité.
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Il y a, dans l'écriture de Jón Kalman Stefánsson, un petit je-ne-sais-quoi qui m'émeut et me transporte à chaque fois. Ça tient, je crois, à cette atmosphère bien particulière qui semble au carrefour de l'onirisme, du profond et du fantasque. Croisement éclectique dont "Mon sous-marin jaune" ne fait pas exception. Durant l'été 2022, notre narrateur aperçoit Paul McCartney dans un parc londonien et l'entend fredonner une chanson qui le propulse instantanément dans ses jeunes années, à cette époque cruelle où, assis dans la Trabant de son père, ce dernier lui annonce le décès de sa mère. Dès lors, il n'aura de cesse de se réfugier dans un monde parallèle au coeur duquel les coups ne l'atteignent pas. Heureusement, les Beatles sont là, avec leurs chansons, surtout « Yellow submarine », sa favorite.
Au fil des pages, à mesure que le garçon devenu romancier s'avance vers Paul McCartney, les souvenirs remontent à la surface, envoyant valser l'oubli aux oubliettes et érigeant en étendard le pouvoir de nos existences entremêlées les unes aux autres, interdépendantes. de sa mémoire, il y aura donc ce couple âgé qui lui offrira un regard apaisé sur la vie, un moniteur d'auto-école un peu barré qui n'en a que faire de la mort de John Lennon, une femme travaillant à vider les poissons qui lui dira qu'il est destiné à mieux que ça, une belle-mère silencieuse qui l'emmènera découvrir ce que le mot « reculé » veut dire. Et puis son père. Père aimant. Maladroitement. Père dépassé, père isolé. Un père qui aura prononcé, un matin, ces mots qui n'aurons de cesse de lui revenir en tête : « je crains que ta mère ne soit morte. Oui, c'est la réalité. Je crains que ce ne soit la réalité. »

Au coeur de ce récit très personnel se niche le miroir de nos vies : peuplées de rencontres qui en changent le cours, d'instants fugaces qui nous dévient de ces routes que nous pensions toutes tracées. Merveille de littérature, le nouveau roman de JKS raconte comment la vie blesse, inévitablement, et comment, même si on ne s'en remet jamais tout à fait, cette vie est porteuse d'espoir. « Car c'est en nous que demeure ce qui commande la vie. »
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L'auteur s'apprête à rencontrer son idole. Paul McCartney se trouve sur un banc à quelques mètres. Comment aller oser lui parler, l'aborder, et pour lui dire quoi ?
Comme face à une mort imminente avant la confrontation finale, le temps s'étire à l'infini, le présent mis sur pause, toute sa vie se met à défiler devant nos yeux.

Avec une poésie de chaque instant, l'auteur revient sur son enfance, avec en premier lieu la découverte inoubliable et fondatrice des Beatles, leur musique comme refuge autant que le sous-marin jaune de cette chanson plus commerciale, mais si chère à son coeur.

Le regard d'un enfant sur le monde régit par un dieu omniprésent, ses lectures de tarzan et puis de la Bible en y cherchant une certaine sagesse et peut-être des réponses : la possibilité de franchir la barrière de la mort pourquoi pas, et ainsi retrouver une mère partie trop tôt, un bouleversement éternel.

Parmi les champs de lave noir islandais, on y croise Proust, Lana del Rey, les Beatles (dont l'inoubliable pape Ringo), Johnny Cash, la Trabant, Poutine, Rod Stewart, Dieu et son fils, et tant d'autres gens simples qui auront croisé sa route et dont il rend hommage avec l'imagination débordante d'un enfant de 6 ans.

Un livre qui parle de la vie et de la mort, du passé et du présent, de religion et de tant d'autres sujets tous plus passionnants les uns que les autres car évoqués avec une sagesse qui force le respect, un humour désopilant, une nostalgie touchante.
Bref, si vous ne le saviez pas déjà, Jon Kalman Stefanson est un auteur immense et le prouve à nouveau avec ce roman intimiste, mature et poétique.
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Un livre assez différent des autres livres de Jon Kalman Stefansson: Je n'en suis pas très loin mais je suis tombée complètement sous le charme de ces confidences teintées d'humour, de mélancolie et d'auto-dérision. Je vais continuer à le déguster comme...un bon chocolat chaud!
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