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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La montagne en sucre, tout le monde veut en croquer.
Bo Mason, atteint d'hypoglycémie chronique, un peu plus que la moyenne.
Bo, c'était le genre balèze en tout. Horripilant facilement la gente masculine, affolant l'autre.
C'est peut-être bien pour ça qu'il lui a tapé dans l'oeil à la Elsa, pour lui taper un peu aussi sur le système par la suite, faut bien l'avouer.
Bo, s'il avait pu soulever des montagnes, il l'aurait fait.
Jamais rassasié, n'aspirant qu'à une chose, la réussite et ce par tous les moyens, légaux ou pas .
Aussi différents que complémentaires, ils vont tracer un bout de chemin ensemble.
Écrivant à quatre mains, puis huit, l'histoire de leur vie au rythme d'une Amérique en pleine mutation qui récompense alors les plus audacieux tout en châtiant férocement les ambitions les plus folles, ils vont enfiler les chapitres au gré des fortunes diverses rencontrées par un paternel semblant, tout comme le phénix, toujours renaître de ses cendres.

Avis aux petites mimines, ce livre, édition poche, n'est pas pour toi.
D'un fort beau gabarit ma foi, il pourrait aisément choir de ta main tremblotante un soir de fatigue passagère et réduire à néant tes espérances de vie centenaire. En même temps, trouver le repos éternel lors d'une courageuse escalade, on a déjà vu plus extravagant comme disparition. C'est toi qui voye, le piolet est désormais dans ton camp...

La montagne, ça vous gagne.
Pas faux au vu du bestiau proposé.
Le trek est monstreux, beau et intense.

Stegner décrit l'humain dans tout ce qu'il a de plus généreux et de plus absurde.
Dualité de l'homme toujours en quête d'ailleurs, allant voir si l'herbe verte, justement, ne le serait pas un peu plus en d'autres lointains horizons.

Elsa en femme courage et aimante, le portrait fascine et émeut du début à la fin.
Sans rien dévoiler, il m'a profondément touché, au final, en convoquant certains souvenirs douloureux, toujours à l'état de braise, sur lesquels Stegner a soufflé en usant d'une plume par trop évocatrice. Émotion à fleur de peau, palpitant qui déborde. le bonhomme meurtrit, chagrine. Les pages défilent, mortifiantes, mémoires d'un passé pas si lointain.

Bo, en mec aussi courageux qu'inconscient et égoïste, suscite tout et son contraire.
Doté d'une ambition démesurée à laquelle il sacrifiera souvent sa famille alors considérée comme frein récurrent à une réussite qui ne cessera jamais de lui tendre ses p'tits bras musclés, le gars touche finalement en affichant un caractère volontaire que rien ni personne ne bridera jamais.
Le bonhomme ne dépareillerait pas en Don Quichotte abonné aux escarmouches mort-nées.

La Montagne En Sucre est un magistral roman d'apprentissage épique et mémorable, ode à la liberté la plus absolue, fût-elle cultivée au prix d'une vie de famille sacrifiée sur l'autel de la cupidité et de l'orgueil poussé à son paroxysme.

4,5/5

Merci à Babelio et aux éditions Gallmeister pour la cerise sur la montagne en sucre !
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1905, la jeune Elsa tout juste 18 ans fuit ce qui fut son foyer, une mère décédée et un père remarié avec une femme plus jeune que lui de 20 ans. Départ vers l'Ouest, comme les pionniers, vers les grands espaces du Dakota, une ville nouvelle où l'accueille son oncle et où elle tombe amoureuse de l'étonnant Bo Mason. Bo rêve de faire fortune, épouse Elsa et l'entraîne dans ses rêves : toujours plus loin, toujours à l'affût de la bonne affaire, celle qui le rendra riche et lui permettra à son tour de croquer une bonne tranche de cette montagne en sucre qui paraît-il attend les audacieux.

Beau pavé que ce roman de 800 pages dans lequel j'ai un peu hésité à me plonger mais dès le premier chapitre on est happés par une lecture qui a le charme des westerns éternels et du mythe américain qui nous a bercés : voici cette jeune Elsa dont on ne sait rien, seule dans un train qui file vers l'Ouest, ayant abandonné tout ce qu'elle connaissait à la recherche d'une vie meilleure. Et la voici qui rencontre celui qui deviendra, comme le dit la formule et à juste titre dans son cas, pour le meilleur et pour le pire, son mari, le flamboyant Bo Mason. Bo a grandi dans une famille dysfonctionnelle avec un père violent, s'est enfui adolescent et a cherché fortune de par les routes en exerçant tous les métiers dans une époque où un garçon débrouillard et costaud pouvait faire à peu près ce qu'il voulait. Mais cela ne lui suffit pas : Bo est à la poursuite d'un rêve, LE rêve pour tout américain qui se respecte, faire fortune à partir de rien. Alors Bo écoute avec envie les récits des pionniers partis à l'ouest, il est à l'affut de toutes les bonnes pistes pour devenir riche et n'aura de cesse de se battre, de travailler, de braver vents, marées, policiers ou adversaires se mettant en travers de sa route, de faire assaut de toute sa force physique et de son intelligence pour contourner les obstacles. Et dans cette quête insensée, Bo entrainera Elsa, son épouse, puis ses 2 enfants, Elsa qui n'aspirerait qu'à construire un foyer et à profiter de l'amour des siens, Elsa dont l'amour pour son mari ne s'étiolera jamais malgré tout ce qu'il lui fait subir, Elsa qui se contentera de si peu et qui pourtant, toujours, protégera les siens.

Wallace Stegner, que je lis pour la première fois, a l'art de construire des personnages si attachants qu'on a l'impression de les connaître depuis toujours. Quels magnifiques portraits que ce Bo qui veut à tout prix faire ses preuves mais qui hélas pour lui semble né trop tard, l'époque des pionniers et du Far West étant déjà presque révolue, et surtout cette Elsa, si forte sous ses apparences fragiles. le roman semble en partie autobiographique, l'histoire de Bruce le 2nd fils d'Elsa et Bo ressemblant par bien des aspects à celle de l'auteur lui-même et on sent transparaître à travers les pages tout l'amour que Wallace Stegner éprouvait pour cette mère courage (et sans doute pour ce père à la fois haï et admiré). le roman prend son temps et nous laisse tout le temps de mieux connaître et apprécier cette famille avec qui on va passer près de 20 ans. On y retrouve aussi en filigrane l'histoire des États-Unis des années 20, la fin du mythe de la ruée vers l'ouest avec ces villes pionnières au milieu de rien, l'arrivée du chemin de fer, les colons tentant de faire leur un bout de terrain hostile au milieu de rien, et puis petit à petit la civilisation qui gagne du terrain, les villes qui se développent et hop déjà la première guerre mondiale en filigrane puis l'époque de la prohibition. Petit bémol, j'ai parfois trouvé quelques longueurs à ce roman, notamment dans sa trame narrative qui se fait un peu répétitive au milieu du livre : Bo a une nouvelle idée, traîne femme et enfants derrière lui, échoue à devenir riche, et hop on recommence... A force cela devient un peu prévisible et certains passages auraient peut-être gagné à être un peu plus concis.

La montagne en sucre vaut vraiment le coup d'être découvert malgré son côté un peu imposant qui peut impressionner. C'est un roman que j'ai savouré (et vu sa taille il y a de quoi en profiter longtemps) et dont certains passages me resteront longtemps en tête : ces magnifiques scènes dans la nature sauvage et l'immensité des états de l'ouest des États-Unis et du Canada, ces aventures insensées du temps de la Prohibition, dignes des meilleurs films américains, et surtout, surtout, la justesse de cette description d'un homme qui poursuit un rêve inaccessible et n'aura de cesse d'atteindre son but pour sa famille, pour ceux qu'il aime sans réaliser que ceux-ci ne lui ont rien demandé et qu'il est ainsi en train de blesser ceux qu'il aimerait protéger. Très beau, très américain et en même temps universel !
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Ce roman, traduit en 2002, a été écrit trente ans avant Angle d'équilibre. Mais il traite en fait du même thème, analysé avec peut-être moins de recul, et ça se comprend, trente ans de vie aident, quelquefois, à prendre du recul !
C'est une histoire très autobiographique, celle de la famille de cet écrivain américain mort en 1993.
Cette fameuse "candy mountain" représente ce qu'on appelle couramment le "rêve américain", partir de rien et arriver... à quoi, c'est autre chose !
La grande majorité des habitants de ce pays y aspiraient, en tout cas, en ce début de siècle dernier. de là à tous y aboutir....
C'est le récit d'une quête effrénée pour "réussir", en allant toujours plus loin et de manière toujours plus aventurière, du père, donc, de Wallace Stegner, un homme de l'étoffe des premiers pionniers, mais né un peu tard, peut être, alors que la fortune des pionniers est déjà faite, et qu'il ne reste que des miettes à grappiller dans des conditions toujours plus difficiles.
Cet homme traîne derrière lui sa famille, bien obligée de suivre et de s'adapter, sa femme (merveilleux hommage rendu à la femme dans son personnage de mère, le reste est beaucoup plus ambigu) et ses fils, de plus en plus révoltés par les sautes d'humeur d'un père éternellement sujet à des revers de fortune. Un des fils en mourra, et l'autre deviendra universitaire puis écrivain, et son histoire familiale lui servira de trame pour ce premier roman.

A la mort du père, ce fils va lui rendre une sorte d'hommage en écrivant : "Harry Mason était et un enfant et un homme. Quoiqu'il fît jamais, à n'importe quel moment de sa vie, il fut, jusqu'en ses colères, un être mâle de bout en bout, et il fut presque toujours un enfant.
A une époque plus ancienne, en d'autres circonstances, il aurait pu être un individu montré en exemple par la nation toute entière, mais il n'eût été en rien différent. Il n'en fût pas moins resté un être humain au développement imparfait, un animal social immature ; or, plus la nation va de l'avant, moins il y a de place pour ce genre de personnage. Harry Mason vécut avec celle qui fut ma mère et que je révère pour sa bonté, sa douceur, son courage et sa sagesse. Mais j'affirme, en ce jour où sont célébrées les obsèques de cet homme, et en dépit de la haine que j'ai eue pour lui pendant de nombreuses années, qu'il possédait plus de talents, plus de ressources et d'énergie qu'elle. En affinant les qualités de ma mère, on arriverait à la sainteté, jamais à la grandeur. Ses qualités à lui étaient la matière brute à partir de laquelle se construisent les hommes remarquables. Quoique je l'aie toujours détesté, et bien qu'aujourd'hui je ne l'honore ni ne le respecte, je ne peux lui retirer cela..."

Dans des extraits d'entretiens publiés par le journal Libération en juin 2002, Stegner, parlant de la littérature, écrit :
"Penser qu'il y ait quelque chose de nouveau à dire, à mon sens, ne mène à rien. Ce qui importe, c'est la compréhension toujours plus approfondie de ce qui de tout temps a existé."

C'est ce que, je pense, il a essayé de faire au long de son oeuvre (du même auteur, toujours chez Phébus, deux très beaux romans d'un écrivain plus assagi sinon plus serein, "Vue cavalière" et "La vie obstinée")
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La montagne en sucre, c'est l'histoire d'une femme. Elsa, 18 ans. Avec l'intransigeance de la jeunesse, elle fuit son père, qui s'est remarié. Dans le Dakota, elle rencontre un homme, Bo. Aventureux, ambitieux. Elle l'aime, elle l'épouse, elle le soutiendra, vaille que vaille, malgré les nombreuses épreuves, les très mauvaises passes, les douleurs. Elle est celle qui unit, celle qui vit une vie qu'elle n'avait pas vraiment souhaité, mais qu'elle estime, parfois, meilleure que celle d'autres femmes, parfois pire. Lucide, toujours, sur elle, sur son père, sur l'homme qu'elle a sincèrement aimé, elle prend des décisions, douloureuses, elle agit, fait toujours non pas de son mieux, mais tout son possible. Pas d'auto-apitoiement, pas de misérabilisme chez elle, toujours, même dans les pires moments, un regard d'une rare acuité (voir son dialogue avec son fils p. 670).
La montagne en sucre, c'est l'histoire d'un homme qui veut vivre le rêve américain des années après la conquête de l'Ouest. Un homme issu d'une famille aussi désunie qu'une portée de chiot qu'on a confiés à droite à gauche, Un homme qui n'attend pas, que l'une ou l'autre des affaires qu'il a entreprises prospère suffisamment, toujours à courir vers de nouvelles perspectives d'enrichissement, que ce soit grâce à des terrains, des mines, ou du trafic d'alcool (l'une des parties les plus passionnantes du roman), un homme qui ne s'est jamais préoccupé de construire un foyer pour sa famille, un homme qui, s'il n'avait pas eu une femme comme Elsa à ses côtés, n'aurait jamais été capable de prendre soin des siens.
La montagne en sucre, c'est l'histoire de l'Amérique. Pas l'histoire avec ses dates, même si la première guerre mondiale fait irruption dans le récit sans crier gare. Une Amérique des champs, des bois, des vagabonds. Une Amérique où les routes ne sont pas encore praticables, où l'on n'a pas de voisin, où les communications fonctionnent mal, voire très mal. Une Amérique où l'on est attentif aux bruits, aux sons, aux odeurs. Une Amérique où le sport comptait déjà beaucoup. Cela va peut-être paraître étrange, mais j'ai pensé à La petite maison dans la prairie en lisant ce livre, pas la série, non, mais les livres dans lesquels Laura narre les épreuves endurées par sa famille – elle aussi vécut dans le Minnesota et le Dakota.
Oui, la montagne en sucre mesure plus de 800 pages, et, parfois, il faut s'accrocher pour lire la vie quotidienne de cette famille, non que ce soit difficile à lire, mais parce qu'il s'agit vraiment du quotidien d'une femme, d'un homme, pas toujours là, et de leurs deux fils, l'un téméraire, l'autre moins. Pourtant, il n'est pas facile de quitter ce livre, de laisser les personnages ainsi, sans doute parce que nous les avons accompagnés non le temps d'un récit, mais le temps de toute une vie.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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L'été dernier, j'ai fait la connaissance de Wallace Stegner avec "En lieu sûr" qui m'avait beaucoup plu. J'avais d'ores et déjà programmé "la montagne en sucre" pour l'été suivant. Chose dite, chose faite, je me suis attaquée à ce pavé avec vaillance, un peu terrassée à la fin par une succession de malheurs et de coups durs, compensée par assez peu de joies.

Elsa et Harry Mason (Bo) tombent amoureux dès qu'ils se rencontrent. Elsa a 18 ans et a fui le foyer familial, n'ayant pas accepté le remariage de son père après le décès de sa mère. Elle a grandi dans un milieu sévère, mais protégé et plutôt confortable. Bo a un passé plus compliqué et plus brutal. Elsa reste sourde aux mises en garde de son entourage et les jeunes gens se marient rapidement.

Nous suivons donc le couple sur toute la durée de leur vie, leurs multiples déménagements, les hauts et les bas, les naissances de deux garçons et l'évolution de l'Amérique durant toutes ces années. L'histoire commence dans le début des années 1900, y sont présentes la guerre de 14-18, la prohibition, l'épidémie de grippe espagnole, ce dernier passage rejoignant fortement l'actualité.

Ce roman brasse de nombreux thèmes, je me contenterai de mes impressions d'ensemble. le but De Bo dès le départ est de faire fortune. Pour cela il est prêt à tout, se lance dans de multiples projets, souvent chimériques, qui contraignent la famille à vivoter dans des conditions précaires et à bouger constamment. Bo est courageux, ingénieux, a la volonté d'offrir une belle vie à Elsa, mais il a aussi des crises de violence, ne considère que son point de vue et tout le monde doit suivre. Il est brutal, y compris avec les enfants, ce qui sera l'occasion de l'unique rebellion d'Elsa, rebellion qui ne sera qu'un feu de paille.

Elsa est incontestablement amoureuse et elle le restera, même lorsque Bo est indéfendable. Son deuxième fils, Bruce, le lui reprochera une fois adulte. J'avoue avoir été assez exaspérée sur la longueur par cette femme aimante, dévouée, compréhensive au delà de l'acceptable. Ne transigeant pas sur ses valeurs, elle acceptera cependant de meilleures conditions de vie au prix d'activités illégales.

Le point fort du roman, c'est que nous avons le point de vue des uns et des autres, nous finissons par connaître les personnages en profondeur, dans toute leur subtilité et leurs contradictions. Par contre j'ai trouvé des longueurs qui rendent la lecture un peu fastidieuse par moment. L'évocation de l'Amérique, d'abord celle des cows-boys, puis de toutes les phases qui ont suivi est passionnante. Bo estime être arrivé trop tard, toutes les opportunités avaient été saisies avant lui.

J'ai été plus touchée par les derniers chapitres, ou Bruce, le deuxième fils, étudiant à l'université, cherche à comprendre ce qu'a été la vie de son père, partagé qu'il est entre détestation et admiration. Il est obligé d'admettre qu'il a lui-même certains traits de caractères de son père.

Au final, une lecture un peu mitigée, moins réussie à mes yeux que "En lieu sûr". Il n'est pas inutile de savoir que c'est une autobiographie à peine déguisée de l'auteur.
Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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Bo Mason ou le rêve américain,portait d'une famille, Bo et Elsa, et les deux enfants, Chet et Bruce. Portrait d'une ambition, portait d'une Amérique où tout semble possible, d'espoirs déçus en victoires éphémères. Bo Mason, force de la nature, violent, ambitieux, prêt à tout pour une fortune facile, il exerce tous les métiers qui lui semblent augurer d'un gain rapide: tenancier d'un saloon, trafiquant d'alcool, logeur des ouvriers sur un chantier de voie ferrée, trappeur à l'occasion.Et la réussite se dérobe à lui, montagne de sucre inaccessible.
Voilà un récit qui se promène entre les États-unis et le Canada, au gré des déplacements de la famille. Tour à tour détestable et admirable , Bo finit par se faire détester de son plus jeune fils. Sa femme Elsa, supporte avec résignation les échecs répétés, tente se s'interposer entre le père et les fils, maintient autant que faire se peut l'unité de la famille. C'est elle la véritable héroïne du roman, femme digne, résolue, courageuse. Et les enfants qui grandissent au fil des chapitres, Chet, fort comme son père, prêt aux quatre cents coups, joueur de base-ball. Bruce, plus rêveur, incompris par un père qui le brutalise.
Un bonheur de livre, un vrai roman d'aventures, un roman d'initiation aussi, où la nature joue un rôle primordial, où les personnages sont vivants comme si vous les connaissiez depuis toujours, un roman qui fait regretter de tourner la dernière page.
Une fois de plus, merci au traducteur , Eric Chédaille, de l'avoir rendu accessible .
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La montagne en sucre
Wallace STEGNER

Elsa a 18 ans quand elle fuit le foyer familial en 1905.
Elle part du Dakota pour aller vivre chez son oncle dans le Minnesota.
Charmée par Harry, celui qu'on surnomme « Bo » elle se marie à lui.
Bo est un fameux tireur à la carabine, un ex bon joueur de baseball mais aussi un homme sauvage, éprit de liberté et qui fourmille d'idées et de projets.
Un homme qui fut un enfant violenté et malmené par ses parents.
Elsa rêve de tranquillité et de stabilité pour élever leurs deux enfants mais Bo veut gagner de l'argent en cherchant de l'or au Canada.
Ce projet qu'il est contraint d'abandonner car un des enfants est malade le rendra mélancolique et violent.
Ce sera là le premier épisode de rupture entre lui et Elsa qui rentrera chez son père avec ses fils.
Pas résigné pour un dollar, Bo va la reconquérir et fomenter d'autres projets... plus ou moins raisonnables, plus ou moins réalisables mais toujours Elsa a ses côtés car elle a promit de rester.
Bo monte un nouveau projet en pleine période de grippe : aller acheter de l'alcool pour la revendre en contrebande puis ça sera ouvrir une salle de jeux.
Un business risqué encore une fois.
De réussites en arrestations il mettra une fois de plus sa famille en péril.
Puis les enfants grandissent et les relations entre Bo et Chester son fils aîné se détériorent, une fois de plus...
Jusqu'au point de non retour pour Chester et c'est alors Bruce qui nous raconte la fin de la vie de cette famille si attachante, les Mason qui vécurent dans 2 pays, 10 états et 50 maisons à dessein d'atteindre la bonne grosse montagne en sucre.

Un roman comme je les aime.
Le déroulé d'une vie avec ses hauts et ses bas, ses bonheurs et ses malheurs, les personnes au grand coeur et les détestables, les faiblesses des uns portées par la force des autres.
Un très bon moment passé en compagnie de cette famille et une belle découverte que cet auteur qui m'a parfois fait penser à Pete Fromm...

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La montagne en sucre est la saga d'une famille où le malheur est roi. L'histoire débute en 1905. Elsa à dix sept ans fuit sa famille quand sa meilleure amie épouse son père à la mort de sa mère. Elle se réfugie chez son oncle dans le Dakota et tombe amoureuse d'Harry Mason dit Bo, propriétaire d'une salle de billard. Bo est un homme au torse puissant, ambitieux et pétri de qualités. Ils vont fonder une petite famille. Deux garçons vont naître : Chet le sportif et Bruce le chétif. le bonheur semble possible mais Bo a la bougeotte, il ne se satisfait pas de ce qu'il a et veut toujours plus au risque de mettre en péril sa propre famille.
Suivant les Mason sur près de trente ans, Wallace Stegner écrit une fresque magnifique sur la famille, donnant à voir au lecteur l'évolution de la société américaine au début du XXème siècle. Une histoire qui commence comme un western et qui finit à l'aube de la Seconde Guerre mondiale. Entretemps, des hommes et des femmes ont vécu, se sont aimés, se sont trompés et ont péri. Comme tout être humain. Une histoire universelle.
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Je dois à Keisha un certain nombre de nuits et de petits déjeuner très éloi­gnés des côte de la Manche, avec ce roman de 987 pages qui fait rouler l'imagination dans les grands espaces de l'ouest améri­cain. J'aimerais comprendre pour­quoi les fran­çais aiment à ce point changer les titres. En anglais l'auteur a appelé son roman « The Big Rock Candy Moun­tain », en 2002 le livre est publié aux éditions Phébus, sous le titre traduit exac­te­ment de l'anglais « La bonne Grosse Montagne en sucre ». Et main­te­nant, il revient avec ce titre raccourci, pour­quoi ? Dans l'ancien titre, on croit entendre la voix de Bo, le person­nage prin­cipal, qui fait démé­nager sa famille tous les 6 mois pour les convaincre d'aller recher­cher la fortune sur une « bonne grosse montagne en sucre » . Bref, je m'interroge !

Je suis restée trois semaines avec Bo, Elsa, Chet et Bruce. J'ai trouvé quelques longueurs à cet énorme roman, mais n'est-ce pas de ma part un phéno­mène de mode ? Je préfère, et de loin, quand les écri­vains savent concen­trer ce qu'ils ont à nous dire. Je recon­nais, cepen­dant, que, pour comprendre toutes les facettes de cet « anti-​héros » Bo Wilson, mari d'une extra­or­di­naire et fidèle Elsa et père de Chet et de Bruce, il fallait que l'auteur prenne son temps pour que le lecteur puisse croire que Bo soit à la fois « un indi­vidu montré en exemple par la nation toute entière » et un malfrat violent recherché par toute les polices sans pour autant « être un indi­vidu diffé­rent » : ce sont là les dernières phrases de son fils, Bruce qui ressemble forte­ment au narra­teur (et peut-​être à l'auteur), il a craint, admiré, détesté son père sans jamais tota­le­ment rompre le lien qui l'unit à lui.

Cet homme d'une énergie incroyable, est toujours prêt pour l'aventure, il espère à chaque nouvelle idée rencon­trer la fortune et offrir une vie de rêve à sa femme. Il y arrive parfois mais le plus souvent son entre­prise fait naufrage et se prépare alors un démé­na­ge­ment pour fuir la police ou des malfrats. Elsa, n'a aucune envie d'une vie dorée, elle aurait espéré, simple­ment, pouvoir s'enserrer dans un village, un quar­tier un immeuble, entourée d'amis qu'elle aurait eu plaisir à fréquenter. C'est un person­nage éton­nant, car elle comprend son mari et sait que d'une certaine façon, elle l'empêche d'être heureux en étant trop raison­nable. Son amour pour ses enfants est très fort et ils le lui rendent bien. Cette plongée dans l'Amérique du début du XXe siècle est passion­nante et l'analyse des person­nages est fine et complexe. C'est toute une époque que Wallace Stei­gner évoque, celle qui a pour modèle des héros qui ont fait l'Amérique mais qui s'est donné des règles et des lois qui ne permettent plus à des aven­tu­riers de l'espèce de Bo de vrai­ment vivre leurs rêves. Jamais dans un roman, je n'avais, à ce point, pris conscience que la fron­tière entre la vie de l'aventurier et du bandit de grand chemin était aussi mince.
Lien : http://luocine.fr/?p=6108
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