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sur 2284 notes
Ce livre est une allégorie de l'argent ou, à tout le moins, une parabole autour de la thématique de la possession matérielle. Son style est assez différent du style "ordinaire" de Steinbeck, tout comme "Tortilla Flat", il possède un style bien à lui.
Tout est symbole dans ce livre, la perle, objet tant convoité par les chercheurs de perle, tout comme l'argent, recherché par ceux qui n'en ont pas, en sont le centre.
L'histoire se passe en Californie mexicaine, presque au bout de la presqu'île. Les protagonistes sont pauvres (comme souvent chez Steinbeck) et l'un d'eux va trouver, c'est le cas de le dire, la perle rare. Je vous laisse découvrir ce qui peut arriver à des pauvres qui d'un coup de dé magique décochent la fortune... Pensez bien au double sens du mot "fortune".
Pour ceux que cela intéresse, l'histoire débute ainsi : Kino et sa femme Juana sont de rudes indiens, pauvres et travailleurs, parents d'un jeune enfant nommé Coyotito. Ce dernier se fait piquer par un scorpion et est entre la vie et la mort. Juana comprend que ses remèdes traditionnels risquent de ne pas être suffisants et convainc Kino de le présenter à la médecine des blancs.
Le richissime docteur blanc les envoie balader en voyant qu'il ne pourrait vraisemblablement pas être payé. le couple s'en retourne donc, plein d'amertume, presque résigné à perdre son enfant. Devant repartir travailler pour ne pas mourir de faim, Kino et Juana s'en vont une nouvelle fois draguer le fond du golfe et découvrent, une énorme perle, une gigantesque perle, une comme pas même ils n'auraient osé l'imaginer, encore moins la posséder.
Bien qu'ils désirent la cacher, la nouvelle se répand comme une trainée de poudre, un peu comme pour l'or de Suter (voir L'or de Blaise Cendrars).
De là, leur destin ne leur appartient plus en propre, le médecin blanc, mystérieusement, désire voir l'enfant, Kino entend rôder le soir autour de sa hutte...
Que faire quand on n'est pas de la partie pour jouer dans la catégorie de ceux dont l'argent est le métier ? C'est maintenant à vous de lire et de savourer cette belle nouvelle à caractère philosophique ou sociologique, mais souvenez-vous que tout ce que je viens d'écrire n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand chose.
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Une vraie révélation j'ai découvert Steinbeck avec des Souris et des Hommes, je me suis dis pourquoi pas essayer La Perle et là grosse claque.
Steinbeck a l'art et la manière de dénoncer les inégalités provoquées par l'argent, l'origine sociale et le manque d'éducation. Il insiste sur le destin qui s'acharnent sur les personnages principaux malgré la trouvaille d'une perle inestimable du fait de la convoitise, de la folie, elle ne provoque que désolation. La légende de cette perle s'est répandue jusqu'en Afrique on la retrouve dans Désert de le Clézio.
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Une très jolie et longue nouvelle pour entrer fermement en douceur dans l'univers de ce géant.

Steinbeck nous y conte une histoire cousue de fil blanc, universelle, et si j'ose dire, anthropo-naturaliste.
Tout y est rigoureusement à sa place… hélas… mais de manière apaisée…

Terrible et éternelle lutte des classes : pyramide trop pointue, voire cercles concentriques déviants, illustrée tout simplement par cette fable dont le discret exotisme ne nous éloigne en rien de son caractère général.

Tels ces vainqueurs du gros lot, maudit TotoLoto, où la soudaine richesse n'amène que malheurs et séparations, notre modeste et charmante petite famille, mise de côté d'une certaine modernité, va pourtant en subir les épreuves successives, pétries d'injustice, du dérisoire de la révolte, sa dignité comme seule réponse.
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John Steinbeck est aussi multiple que sa littérature. Néanmoins, il existe un dénominateur commun dans l'écriture ensorcelante de l'auteur américain : le récit s'enracine toujours dans l'oralité des contes et des légendes que les anciens transmettent au fil du temps aux nouvelles générations pour qu'elles n'oublient jamais d'où elles viennent. Ici il s'inspire d'un conte mexicain traditionnel.

Cette petite parabole se lit d'une traite, tant l'écriture est riche et limpide. Les thèmes chers à l'auteur et communs à de nombreux de ces romans sont encore omniprésents.
Steinbeck dépeint la misère pour faire prendre conscience des existences malheureuses, mais surtout il dénonce les conditions de vie des pêcheurs de perles, exploités et asservis par les marchands de pierres précieuses.
Il dénonce s'insurge encore et toujours contre le clivage social et la misère pénible et sans espoir qu'il engendre.

Ce qui fait vivre, ce sont les rêves et l'imagination florissante. Mais les rêves des pauvres sont systématiquement piétinés par les plus puissants.

Malgré une vision réaliste mais très pessimiste de la société, toute la finesse de Steinbeck éclaire La perle, dont la musique mélancolique, s'incruste durablement dans la mémoire.


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Lu dans le cadre du Challenge Nobel.

Début du 20ème siècle, quelque part en Basse Californie, Mexique. Sur une plage de la côte Pacifique, les huttes de pêcheurs s'alignent. Décor paradisiaque ? Ca aurait pu… Mais nous sommes chez Steinbeck, alors vous feriez bien de vous préparer à une histoire dramatique, au lieu de rêver soleil et cocotiers.
Kino, Indien, pêcheur, vit avec Juana et leur bébé Coyotito. Il ne possède que sa cabane et son bateau de pêche. Ils n'ont ni argent, ni instruction. Sont-ils malheureux ?
Un jour, Coyotito est piqué par un scorpion. Kino et Juana amènent le bébé à la ville, chez le docteur. Celui-ci, pour les pauvres, est aux abonnés absents.
Rentrant sa colère sous des strates séculaires d'oppression des indigènes par les Blancs, Kino retourne à la pêche, dans l'espoir de gagner un peu d'argent pour soigner son fils. Et là, miracle… Il pêche la « Perle du Monde », la plus grosse qu'on ait jamais vu sur Terre.
Kino voit là la fin de tous les problèmes de sa famille, alors que Juana pressent la catastrophe. Et en effet, après un bref moment d'euphorie, la Perle a tôt fait d'attiser la convoitise des voisins, de l'Acheteur de perles, et du docteur, qui soudain se souvient de son petit patient piqué par un scorpion. Et d'attiser aussi la paranoïa de Kino, qui craint les voleurs, et qui, de brave type, se muera peu à peu en fauve prêt à tout pour défendre son bien. Il avait soif d'argent, il avait trouvé le moyen d'être l'homme le plus riche de la région, et il va tout perdre.
Entre conte philosophique et tragédie classique, cette fable sur la richesse matérielle montre que si l'argent fait le bonheur des riches, il brise celui des pauvres. Les riches ont et auront toujours le pouvoir, et les pauvres resteront écrasés par leur destinée implacable d'esclaves. Chacun doit rester à sa place : « aspirer à un destin autre que celui pour lequel on semble avoir été créé, est-ce le péché ? La résignation vaut-elle mieux que la révolte ? » (introduction à l'édition Folio). Cette fable, cruelle, ne fait guère dans la nuance : il y a le Bien et le Mal, et peu de choses entre les deux. Mais c'est un petit bijou, noir, de poésie et de finesse psychologique, dans un style limpide. Comme pour «  Des souris et des hommes », je reste sans voix devant ce talent pur : dire tant de choses en si peu de mots, susciter tant de réflexions avec des histoires si simples, marquer si profondément les esprits avec quelques lignes, avoir une telle force d'évocation avec tant de pudeur et de douceur dans les phrases… Permettez-moi cet auto-plagiat : qui donc pourra m'expliquer ce mystère qui transcende des mots anodins et des faits divers en prodige littéraire intense et bouleversant ?
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Pauvre Kino !
Il a rêvé d'un avenir meilleur,
que son fils irait à l'école,
qu'il serait « celui qui pourrait lui dire la vérité des choses. »
Mais quand Kino l'indien pêche la plus grosse perle du monde, « aussi grosse qu'un oeuf de mouette »,
il connait la peur, la cupidité et le crime qui le contraint, pour échapper à la justice,
à fuir dans le désert avec Coyotito et sa jeune mère.
Ce qu'il advint ensuite de Kino et de sa famille, il est vraiment triste d'y penser.
C'est ce qui arrive aux pauvres pêcheurs, que les puissants transforment en tueurs, pour avoir voulu changer l'ordre du monde.
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S'il n'avait pas été un aussi fabuleux écrivain, Steinbeck aurait été un fantastique réalisateur. A travers les mots, on sent la chaleur sèche de ce village de Basse-Californie qui fait couler la sueur sur le front des protagonistes, on voit le contraste entre le ciel éblouissant et la nuit d'encre et d'ombres, les couleurs vives des cases de pêcheurs de perles, on entend les sabots des chevaux des pisteurs s'avancer sur le chemin de poussière puis s'arrêter près du buisson où se cache Kino, le silence caniculaire, la peur dans les yeux du couple en fuite.
Mais Steinbeck est avant tout un conteur, et nous entrons avec lui au coeur de ce monde de croyances mexicaines confronté au récit intemporel des riches et des pauvres, des gentils et des méchants.
Juana, dès le début, se méfie de la perle, cette perle belle et grosse comme personne n'en a jamais vu et que Kino a pêché, ronde et éblouissante comme la lune. La jeune maman protège sa famille de sa chanson protectrice mais Kino, lui, entend surtout la musique de la perle, envoutante, étincelante, avec en sourdine celle du malheur, qu'il ne veut pas écouter.
Steinbeck se met comme toujours du côté des pauvres et des opprimés, se méfiant de la richesse, de l'envie car elles se frottent à un monde implacable, sans sentiments et corrompu. On pourrait dire que c'est un roman un peu trop manichéen, la vie initiale, pauvre mais harmonieuse et heureuse, suivie de cette chute dans le malheur et la haine. Mais l'écriture de Steinbeck est tellement tellement belle!

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J'ouvre le frigo. Plus une seule bière au frais. La vodka même pas au congélo. Et même plus une goutte de bourbon dans la bouteille. La dèche ! La pauvreté. Ô Misère, misèReeeee. Autant vivre dans une hutte en branches sous le soleil de Mexico. Ô Mexico, mexIcooooooo !. Au milieu de simples pécheurs. Seigneur, priez pour mon âme et pour ma soif. Je retrouve Kino, et sa ravissante femme Juana, des seins qui pendent et des hanches solides. Kino mon nouvel grand ami depuis toujours. Depuis surtout que la rumeur fit de lui un autre homme, du genre extrêmement riche. le genre de richesse qui peut acheter un costume, amener le respect et posséder le pouvoir.

Ce bruit a accouru jusqu'à mon oreille à demi-endormie si bien que j'ai quitté le caniveau dans lequel je m'étais affalé et la raison certaine pour laquelle ma bouteille de bourbon était désespérément vide. Traverser les montagnes, le désert de cactus, la mer.

Mon histoire commence par un scorpion qui danse au-dessus du berceau du petit Coyotito. Un instant trop tard, le nez plongé dans le verre de pulque, et Kino qui n'eut point ce temps nécessaire pour tuer le scorpion avant que son aiguillon ne vienne se planter dans le cou du bébé. Aspirer le venin, le prendre dans son châle et l'amener en ville, là où les routes bétonnées ne sont plus des chemins de terre, là où les maisons ne sont plus faites de bois mais de pierres. Un médecin, renommé et puissant. Mais quel salaire a à proposer ce pauvre Kino pour soigner son enfant. Nada. Pas de sou, pas de médecin, ce dernier préférant fumer son havane venue de l'île voisine, plutôt que prendre en considération la vie des pauvres.

Kino plonge, pour ramasser des perles, prendre sa respiration et descendre au fond pour quelques perles enfermées dans leurs huitres. Une faille dans un rocher, et là une vieille huitre. Elle a du vécu, en a certainement vu des flux et des reflux de marée, des vagues venues s'affaler contre ce rocher. Mais Kino sait que ce sont dans les vieilles huitres que l'on fait les meilleures perles. Il retient sa respiration et détache la plus grosse perle jamais vu au monde. La perle des Dieux, même. Aussi grosse que… Pas de comparaison possible, je t'ai déjà dit que c'était du jamais-vu !

Kino est riche, extrêmement riche, l'homme le plus riche du monde. du moins le croit-il ! Les autres aussi d'ailleurs le croient. Mais cette perle ne fera pas de lui un homme heureux. Comme quoi la richesse ne semble pas tout faire dans la vie d'un homme. Encore moins une perle. Surtout si celle-ci te semble maudite. Ce roman de John Steinbeck – je me souviens avoir lu il y a si longtemps « des souris et des hommes », un temps où je ne buvais pas encore, c'est dire ! – est une parabole de la vie. C'est écrit en préambule, mais par cette histoire, il montre comment la richesse peut transformer la vie d'un homme, l'homme même. Et il n'est pas plus riche que celui qui reçoit des Dieux, une perle empoisonnée. Mieux vaut encore la piqure du scorpion… ô misère, misère.

« La Perle », un scorpion dans mon verre de pulque (pourquoi pas, y'en a bien qui mettent un ver dans une bouteille de mezcal !).
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Dans la Bible il est écrit : "Tu ne peux servir qu'un maître : l'amour ou l'argent". Cette citation me semble parfaitement illustrer la terrible problématique traitée par Steinbeck dans ce très beau conte.

De par sa brièveté, il a la violence de l'éblouissement d'un éclair. Kino, pauvre pêcheur, chef de famille, mari et père, voit son existence basculer par la découverte d'un trésor, la plus belle perle jamais tirée des eaux profondes. Adieu simplicité et honnêteté d'une existence humble et laborieuse, bonjour détresse de la concupiscence, vanité du possédant et folie du chercheur d'or qui pense que tout sera désormais possible. Comme l'innocent Sméagol de Tolkien devient peu à peu le répugnant Gollum, rongé par la matérialité d'un espoir de richesse qui tient dans la paume de sa main, Kino va dévaler quatre à quatre les degrés qui mènent vers les sentiments les moins nobles jusqu'à tout perdre avant même d'avoir possédé.

Récit poignant qui a fait vibrer en moi la corde sensible de la compassion et de la charité, "la Perle" est une très belle illustration de l'influence néfaste des biens terrestres sur l'équilibre social. Je n'ai qu'un regret, que le récit ait été si court mais pour qu'il conserve son identité de conte philosophique il se devait de l'être.
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Il est des fois ou le matérialisme n'apporte pas le bonheur. Kino, pécheur de perle l'a appris à ses dépends.

John Steinbeck, nous narre avec brio la vie des pécheurs de perles exploités par les commercants.
Ce roman est une belle satire de la société, des clivages riches - pauvres. Mais également de l'acquisition des richesses et surtout du besoin de les conserver qui entraine l'homme vers des dérives et le rend capable de tout.

J'ai juste le regret d'avoir "lu" ce roman en livre-audio. Une première pour moi. Et franchement je n'aime pas ça. Je l'ai fait pour répondre à un item de la coupe des 4 maisons sur FB.
J'ai trouvé ce livre assommant, mais d'un autre côté je pense avoir trouvé la solution idéale (pour moi) contre l'insomnie.

De ce fait, je crois ne pas avoir apprécié ce roman à sa juste valeur.
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