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sur 2296 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est court, mais intense.
Et assez intense pour que je fasse des pauses dans ma lecture. Dès la découverte de la Perle, j'ai espéré : enfin Kino allait pouvoir sortir de sa triste condition, ou plutôt la perle allait permettre à son fils d'en sortir, il irait à l'école, il apprendrait à lire, et alors il pourrait ne plus se faire "rouler dans la farine" par ceux de la ville.
Puis il y a eu l'angoisse grandissante.
Et pour finir cette immense tristesse.
Est ce le lot commun de tous : ne pas pouvoir sortir de sa condition. C'est un peu le lot des castes indiennes, chacun ne pourrait pas évoluer au dehors du milieu dans lequel il est né.
Je trouve cette conclusion très pessimiste, trop pour moi
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Une petite merveille qui se lit d'une traite. On y retrouve le talent de Steinbeck, son écriture subtile, sa concision et sa poésie.

C'est l'histoire de Kino, le pêcheur, de sa femme Juana et de leur bébé Coyotito. C'est la courte fable d'un pauvre pêcheur d'origine indienne qui pêche, en Californie, la plus grosse perle du monde. Il espère qu'elle lui apportera tout ce dont il a toujours rêvé, le meilleur pour sa femme et son fils, la reconnaissance sociale, et le respect. Mais cette découverte éveille les convoitises des voisins et déchaîne autour de lui les forces du mal...

Parabole sur la richesse qui provoque l'espoir, mais aussi la jalousie, la haine, la violence, la désespérance et la mort, ce court roman est magnifique, intemporel et universel.
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En préface de la Perle, John Steinbeck avertit le lecteur : "si cette histoire est une parabole, peut être chacun en tirera-t-il sa propre morale". Voici donc la mienne :

Afin de payer les soins de leur fils Coyotito, piqué par un scorpion, Kino et Juana, de modestes indiens de Californie, se mettent en quête d'une perle avant d'en trouver une énorme. Ce faisant, ils s'attirent la convoitise de la Ville et des voleurs. Une nuit, Kino tue l'un d'entre eux. Commence alors la fuite dans les montagnes ...

La perle peut d'abord être lu comme une allégorie de la ruée vers l'or en Californie. La nouvelle de la découverte de Kino se propage à une allure folle dans la ville, créant avidité, envie, jalousie auprès des voisins, animés d'une furieuse envie de dépossession. À l'instar du général Suter, l'homme que l'or à rendu fou, l'homme ruiné par la découverte de l'or sur ses terres, Kino sera anéanti par cette perle, qui lui prendra tout ce qu'il avait de plus cher : sa vie, sa liberté. La morale que l'on pourrait tirer serait alors que les sources de richesses ont tendance à être objet de guerre et de convoitise alors qu'elles pourraient servir le bien commun.

Toutefois, on ne peut pas lire La Perle en faisant abstraction des considérations sociales qui accompagnent toute l'oeuvre de Steinbeck. Comme dans le conte de Perrault intitulé "les trois souhaits", de misérables paysans sont condamnés à rester pauvres malgré un coup de pouce du Destin. Steinbeck y ajoute une dimension sociale : si Kino ne peut s'arracher à sa condition d'indien, c'est avant tout parce que le système est conçu par les dominants. La description des acheteurs de perles (p. 68 s.) résume en quelques lignes la pratique de l'entente et de l'abus de position dominante. Ceci n'est pas sans rappeler la toute puissance de la Banque dans les raisins de la colère. le système au service des riches est trop fort, il est impossible de le renverser. Les institutions sont ici représentées par le médecin (p.21 et 54) refusant les soins aux indigènes indigents et le prêtre qui ne baptise pas les indiens mais réclame leurs dons (p.44). La finance est incarnée par les acheteurs de perles et leurs dés pipés.

La Perle est enfin un nième plaidoyer de Steinbeck en faveur des opprimés. Ces êtres humains à qui, parce que pauvres, la dignité est refusée. Ces ostracisés de la société, qui, comme la perle de nacre au fond des huitres, ne doivent jamais sortir de leur coquille, si ce n'est pour tomber dans les mains avides et peu scrupuleuses de ceux qui, siècles après siècles, ont assis leur domination par le vol et l'incendie.

Face à la noirceur de ce monde, Steinbeck tisse avec poésie une ode chaleureuse à l'amour filial et à la solidarité entre gens de peu, deux thèmes qui lui sont chers. L'amour sans faille que se porte Kino et Juana, soudés malgré les meurtrissures, est un modèle de romantisme et nous offre une caresse réconfortante à la sortie de ce conte philosophique plutôt pessimiste.
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J'étais dans la pirogue quand Kino a trouvé la perle dans l'huître. le grain de sable qui était rentré dans le mollusque a donné forme à la plus grosse perle qu'il soit donné d'exister. La Perle du monde. J'ai vu un regard d'espoir et la promesse de jours meilleurs passer dans l'oeil scintillant de Kino. J'ai imaginé avec eux l'étendue de leurs futures richesses, un fusil, un harpon, une éducation pour leur nourrisson Coyotito. Plus de famine, plus de misère. J'ai entendu le bruissement du village, les paroles des villageois, leurs sournoiseries, leurs jalousies pour cette chance qui n'avait pas frappé à leur porte.
Le chant de la Perle murmurait dans les huttes se confondant avec le chant du Mal.

Steinbeck a l'art et la manière de nous décrire les paysages de la Paz, et les désirs noirs que renferment bien souvent le coeur des hommes.
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C'est avec un grand plaisir que j'ai retrouvé la plume de Steinbeck.
J'ai lu il y a longtemps, au lycée, Des souris et des hommes. J'avais adoré son écriture sobre et puissante qui sait dire beaucoup en peu de mots. C'est une grande qualité il me semble.
Et depuis tout ce temps, à part le film Les raisins de la colère de John Ford qui adapte le roman du même nom, j'avais laissé de côté Steinbeck!!!

La perle est roman qui me laissera un souvenir étrange, à la fois triste et plein d'espoir, un goût de colère et d'incompréhension, une impression de "à quoi bon". Je n'en dirais pas plus sur cette histoire; de nombreuses critiques sur le site l'ont déjà fait.
Il y a une morale à cette histoire, un peu à la façon d'un conte, tout y est blanc ou noir, le bien et le mal s'y oppose.
C'est un roman très court, qui se lit rapidement et facilement. Il permet d'apprécier la capacité de Steinbeck a posé un décor, des personnages forts et une histoire incroyable en une centaine de pages, une ambiance troublante et un grand suspense.

Je recommande cet ouvrage pour découvrir un auteur et son style.
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Ma courte scolarité ne m'a pas souvent donné l'occasion de découvrir de grands auteurs. Je garde de ces moments privilégiés, si rares et si brefs fussent-ils, un souvenir précis. le programme du collège d'enseignement technique prévoyait environ une ou deux heures de français par semaine, c'était pour moi l'occasion de sortir de la léthargie dans laquelle me plongeait les autres matières. Au début du premier trimestre, notre professeur nous mis entre les mains un livre de poche en nous enjoignant de le lire avant la fin de l'année scolaire. Atteindre ce modeste objectif n'était pas garanti pour tous, aussi notre aimable maître nous invita à en faire une lecture orale à raison d'une vingtaine de minutes à chaque cours. C'est ainsi que j'ai découvert John Steinbeck (1902 - 1968) en lisant l'un de ses meilleurs romans "Les raisins de la colère".

 L'intrigue se déroule pendant la crise de 1929, une famille pauvre de métayers en prise à des difficultés économiques doit s'exiler en Californie pour retrouver un travail et un avenir. Ce roman emblématique de l'oeuvre de Steinbeck parle des inégalités et des injustices que subissent les gens du peuple face au pouvoir de l'argent. Il restera fidèle toute sa vie à ce thème comme dans son roman "La perle" publié en 1947 et dont je viens de terminer la lecture.

 En quelques lignes magistrales, sobres et élégantes, l'auteur nous fait découvrir la vie digne, malgré les difficultés de leurs conditions, de Kino, humble pêcheur de perles, de sa femme Juana et de leur bébé Coyo ito. Pour soigner leur enfant qui s'est fait piquer par un scorpion, le jeune couple doit se résigner à solliciter le médecin du village dont la réputation les fait frémir. Mais celui-ci, dont la cupidité n'a d'égale que la cruauté refuse son aide aux indigents, il ne fera pas d'exception même pour un enfant dont la vie est menacée.

 De retour chez eux, Kino et Juana se remettent courageusement au travail en espérant un prodige pour les sortir du malheur. le miracle attendu survient au cours d'une plongée.

"Dans la plénitude de sa jeunesse, de sa force et de sa fierté, Kino était capable de rester, sans aucune fatigue, plus de deux minutes en plongée, aussi travaillait-il tranquillement en sélectionnant les plus grosses coquilles... A sa droite, se dressait une roche recouverte de petites huîtres, trop jeunes pour être cueillies. Kino s'en approcha, et là, au flanc du rocher, sous une saillie, il vit une énorme coquille nue et solitaire. A l'abri de cette saillie, le vétuste coquillage bâillait et, dans le muscle lippu, Kino entrevit une lueur fantomatique puis, soudain, la coquille se referma. le coeur de Kino battit à grands coups et la mélodie de la Perle possible éclata à ses oreilles." extrait, page 32.

 Kino se met à rêver. Avec le prix de cette perle, non seulement il pourra soigner son enfant, mais aussi il s'achètera des habits neufs, il épousera bientôt Juana à l'église, il s'achètera un fusil et Coyo tito ira même à l'école pour « s'assurer lui-même de ce qui est écrit dans les livres ».

Cette perle était « ...la panacée contre la maladie, le mur contre les insultes. Elle fermait la porte à la famine... ».

 Une fortune venue à point nommé mais qui va bouleverser la vie de cette famille. Kino et Juana vont découvrir la noirceur de l'âme humaine lorsque celle-ci est dominée par la convoitise. Ils vont subir des épreuves inattendues. Je ne dévoilerais pas la suite, mais sachez que j'ai été tenu en haleine jusqu'à la dernière ligne.

 Dès les premières pages, je me suis senti emporté par l'histoire et je me demandais pourquoi je n'avais pas encore lu toute l'oeuvre de Steinbeck. Depuis le collège et malgré l'excellent souvenir de ma première lecture des "raisins de la colère", je n'ai lu que "Des souris et des hommes" , il est temps que je comble cette lacune.

 Ce roman, "La perle", m'a fortement impressionné et me permet de confirmer mon goût pour cet auteur au style simple, efficace, parfois poétique toujours intense et au service d'une philosophie sociale qui donne à réfléchir. Plusieurs de ses romans ont fait l'objet d'adaptations au cinéma. Gageons que les metteurs en scène n'ont pas du avoir de difficultés à transposer à l'écran un texte dont le réalisme suggère à l'esprit des images si vivantes et colorées.

***

 Par un détour inouï que le destin nous réserve parfois, j'ai trouvé dans une cabine aux livres le roman de Jonathan Litell "Les bienveillantes", sur la page de couverture une étiquette indiquait le nom de son précédent propriétaire, il s'agissait de mon professeur de collège. Ainsi, à plus de cinquante ans de distance, celui-ci me transmet d'outre-tombe un nouveau conseil de lecture et je n'ai pas eu à plonger pour découvrir cette perle.

Bibliographie :

"La perle", John Steinbeck (2013) Folio, 122 pages.
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Je ne vais pas me lancer dans une étude littéraire de cette oeuvre, d'autres plus qualifiés se sont déjà prêtés au jeu.
Mais il est quand même un point important à souligner : il s'agit d'une parabole.
Petit rappel de notre ami wikipédia : "une parabole est une histoire courte qui utilise les évènements de la vie quotidienne pour illustrer un enseignement, une morale, ou une doctrine".

Donc oui, il s'agit d'un texte court. Plus précisément une histoire, qui se déroule chronologiquement.
Si j'aime par-dessus tout les grandes sagas de Fantasy de Robin Hobb, les romans écrits sous le feu de la Passion à la Zweig, la plume Baudelairienne, , ....j'ai trouvé du plaisir à la lecture de ce court récit :
simple, manichéen même, émouvant, dénonciateur, il a su me tenir sans interruption du premier mot au point final.
On ressent l'injustice, on pressent la fin tout en espérant un échappatoire , un dénouement différent...
Destin, fatalité, injustice sociale, Bien et Mal.

Pour mon petit avis, c'est une mission accomplie : il est court, mais il fait réfléchir longtemps.

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La perle, ou comment la brusque richesse d'un jeune couple va leur faire perdre tout ce qu'ils avaient de plus cher...
On retrouve dans ce court roman, les fossés sociaux, la corruption du coeur par la richesse, l'envie dévastatrice, la jalousie destructrice...
L'auteur nous dépeint les conditions de ces pauvres pécheurs de perle, dont l'existence dépend du seul bon vouloir des acheteurs et nous fait la morale...
Jusqu'à cette fin dramatique... cette fin inexorable...


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John Steinbeck a décidément l'art de raconter les pauvres gens.
Cette courte fable n'y fait pas exception.

En Amérique latine, Kino et Juana vivent modestement avec leur bébé, cocassement prénommé Coyotito .
Lorsque l'enfant se fait piquer par un scorpion, et que le médecin vénal refuse de le soigner de peur de se faire mal payer, leur vie bascule. Or, comme porté par le destin, Kino trouve une perle ce jour là. Une perle énorme, fabuleuse. Il se dit qu'il va pouvoir sauver son fils, et que leur vie va changer.
Sur le premier point il avait raison. Sur le deuxième aussi, malheureusement...

Avoir acquis cette perle, c'est comme gagner au loto. Tout le monde l'envie, parle de lui. La famille n'est plus jamais seule, les villageois les chaperonnent en permanence, comme un choeur antique venant commenter la tragédie (" alors, le choeur des voisins éclata : il a trouvé la Perle du Monde ! S'exclamerent-ils, et joignant le bout du pouce et de l'index, montrèrent la grosseur de la perle.")
Malgré ce cadeau du ciel, Kino se rend compte qu'ils sont condamnés à rester dans leur condition, comme l'exprime son frère : "Nous savons bien que nous sommes volés, depuis notre naissance jusqu'au prix exorbitant de nos cercueils. Mais nous survivons. Ce que tu as défié, ce n'est pas les acheteurs de perles, mais le système entier, toute une manière de vivre, et je tremble pour toi."

Énormément de puissance pour une si courte histoire, et le talent de Steinbeck pour nous transporter.
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Steinbeck nous dresse un bref exposé du fonctionnement de la vie sous-marine. Notamment lorsque Kino plonge pour découvrir la Perle. On apprend que la perle est secrétée dans la coquille de l'huître lorsqu'un corps étranger pénètre à l'intérieur de la coquille. Elle est produite dans un mécanisme de défense. Lorsque Kino pénètre l'huître de son couteau pour en extraire la perle, elle se rétracte et se détend comme une jeune épousée le ferait dans son lit nuptial mais Kino ne demande pas l'assentiment de Madame l'Huître et il s'en saisit, fasciné par le Chant de la Sirène, le Chant de la Perle. Il s'en saisit comme d'un trophée et referme sa main sur la perle, faisant de sa main une nouvelle coquille pour la perle, laissant la chair morte de l'huître sous l'eau.

Poisson ou poison, ce qui repose sous l'eau remonte à la surface. Kino, le pêcheur de perles, remonte la plus grosse perle du monde, "la Perle du Monde", devenant une légende, un homme béni de Dieu ou des dieux, et plus encore un homme riche, dans ce monde où on fait commerce de la première monnaie du monde, de coquillages et crustacés. Tout le monde ou presque envie Kino et Kino entend de plus en plus fort résonner le Chant de la Famille qu'il défend et le Chant de l'Ennemi, venant de l'Intérieur (des Profondeurs) - de l'Extérieur ?

Au chapitre suivant la découverte de la Perle, la ville dans son ensemble est représentée comme l'huître en sa coquille ou comme un animal. "Elle possède un système nerveux, une tête, des épaules et des pieds [...] Et une ville a des émotions". On s'émeut du destin de Kino, on répand la rumeur et la nouvelle de la découverte de Kino tombe sur la ville située en littoral comme le feraient les vagues sur elle, assez violemment, comme un tsunami. Non, tout se fait lentement, insidieusement et l'élément marin s'infiltre peu à peu, goutte après goutte, comme le ferait un poison venu d'ailleurs, un poison venu des profondeurs.

"La nouvelle avait éveillé un sentiment noir et diabolique dans la ville, et cette sombre mixture était comme le scorpion, ou comme la faim [...] Les poches à venin de la ville se mirent à secréter le poison et la cité entière s'enfla sous sa poussée". " le poison s'infiltre et se répand dans l'organisme, le corps social en souffre mais plus encore souffre le corps individuel.

En effet, Kino a laissé s'introduire en lui un corps étranger : la Perle et il secrète alors pour s'en défendre de la bile, quelque chose d'insidieux comme le Chant de l'Ennemi. Kino, à partir de ce moment, se refermera sur lui-même, comme l'animal, s'emmitouflant dans sa couverture comme son bébé, emmitouflé dans le châle de sa mère. Coyotito, son bébé, a lui-même été piqué par un scorpion, avant même que son père ne découvre la Perle, et Juana, la mère de l'enfant, a dû aspirer le venin ainsi le poison s'infiltre partout et toute la famille subit l'influence du corps étranger qui s'infiltre et la famille se retrouve comme l'huître, tentant de se défendre en sa coquille.
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