Je connais un théosophe fort cultivé qui a exprimé ainsi sa nostalgie profonde de dépasser un jour la seule érudition pour accéder à la vision : si je pouvais voir ne serait-ce que le petit bout de la queue d’un être élémentaire ! Certes, cela est tout à fait compréhensible. Ce théosophe ne dirait certes jamais qu’il renoncerait pour autant aux connaissances des vérités spirituelles. Mais il peut arriver qu’on souhaite les échanger contre un peu, seulement un peu de clairvoyance. Et quand quelqu’un éprouve cela, il s’agit d’une aspiration fallacieuse à plus d’un titre. Car nous vivons à une époque qui est, au sein de l’évolution globale, l’âge du penser conscient. Comme nous l’avons souvent rappelé, l’antique époque indienne cultiva une tout autre forme de conscience qui rappelle la clairvoyance crépusculaire, assourdie. Les facultés actuelles ne se sont développées que progressivement, et ce n’est qu’avec le développement de l’âme de conscience que nous avons fait entrer le penser humain dans le cercle de l’évolution terrestre. C’est pourquoi il faut qu’aujourd’hui la science de l’esprit descende du monde suprasensible et qu’elle fasse appel au penser humain fondé sur la raison.
Si le mot peur avait ici une signification, on pourrait dire que la recherche spirituelle peut éventuellement avoir peur d’un examen manquant de précision, mais certes pas des personnes qui veulent analyser tout ce que la recherche physique met à leur disposition. Celles-ci verront que plus elles effectuent leurs recherches avec exactitude, plus elles y trouvent la confirmation des faits dont parle le clairvoyant.
RUDOLF STEINER Artiste et enseignant - L'art de la transmission - Céline Gaillard
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=37325 Rudolf Steiner, tout comme Kandinsky, Klee ou encore Beuys furent tout à la foi...