AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,12

sur 17 notes
5
1 avis
4
4 avis
3
3 avis
2
1 avis
1
0 avis
La volonté stendhalienne de Mina de Vanghel

Stendhal, dans cette nouvelle posthume, semble assez pressé de dérouler son intrigue, l'usage du passé simple à gogo rend le récit expéditif et laisse peu de répit au lecteur pour s'arrêter sur la personnalité de Mina de Vanghel, portrait d'une femme ingénieuse et en quête de liberté au XIXème siècle.

Pas de procès. Si le récit n'est pas publié du vivant de l'auteur on peut supposer qu'il n'en avait pas encore l'étoffe, ainsi je ne vois pas cet ouvrage comme une nouvelle mais comme une ébauche.

“C'était une âme trop ardente pour se contenter du réel de la vie”. Ce qu'il reste de cette histoire d'une passion ? Une étoile filante vengeresse et presque érotomane.

“Se venger, c'est agir ; agir, c'est espérer.” Stendhal est un écrivain de l'action, du mouvement fait homme, de la “vida grande” ainsi qu'il le rapportait dans son journal…il est aussi un individualiste, Régis Debray l'a bien souligné dans son ouvrage sur l'écrivain national, par opposition à Victor Hugo.

Certes les choix du héros stendhalien sont discutables, il/elle se trompe et parfois le tragique vient de l'absolue contingence qui amène implacablement le héros au trépas. Mais comment savoir a priori ? N'est-ce pas le risque que courent tous les entrepreneurs de l'existence ? Milan Kundera lui-même soulignait que “l'homme ne peut jamais savoir ce qu'il faut vouloir car il n'a qu'une vie et il ne peut la comparer à des vies antérieures ni la rectifier dans des vies ultérieures.”

Ainsi, les héros stendhaliens se dressent seuls, presque en marge de leurs semblables, par leur seule ingéniosité ils tracent leur propre voix, et se coupent ainsi de ce que peut tolérer le commun des hommes. Stendhal ne disait-il pas “dans tous les partis, plus un homme a d'esprit, moins il est de son parti” ?

Qu'en pensez-vous ?
Commenter  J’apprécie          683
Mina de Vanghel est un orage d'été. Elle est jeune, belle et, qualité par dessus toutes recherchée, elle est riche. Elle habite Koenigsberg, ville de Prusse orientale. le grand-duc de C*** souhaite la marier avec son aide de camp favori. Refusant ce mariage arrangé elle quitte en hâte l'Allemagne des années 1820 pour arriver en France où tout ne lui semble que vanités et vacuités.
Un seul être trouve grâce à ses yeux, mais pour l'atteindre elle devra faire un choix…

Sans amour la vie ne vaut d'être vécue, voilà son credo. Ma richesse pour un homme de bien, voilà son refrain. Prête à tout, quitte à y perdre son âme, Mina n'a plus qu'un objectif, une unique raison de vivre : obtenir corps et âme et coûte que coûte l'objet de sa passion ! "Aimer à perdre la raison" aurait chanté Jean Ferrat.

L'écriture De Stendhal est très agréable à lire, sans cultiver une nostalgie excessive, je dois dire qu'un classique ça fait du bien aux yeux.
Au final Mina de Vanghel est une courte mais jolie illustration d'un questionnement millénaire : une vie semblable à un feu d'artifice, intense et fulgurante, est-elle préférable à une vie calme distribuant aléatoirement de jolies fusées colorées que l'on peut prendre le temps de contempler ?
Commenter  J’apprécie          517
Une petite découverte agréable, dénichée coincée entre la Chartreuse de Parme et le Rouge et le Noir! Rédigé dans la même période que ce dernier, ce court récit nommé d'après une femme que Stendhal avait aimé dans sa jeunesse, relate les stratégies mises en place par une jeune Allemande pour être conquérir le coeur d'un homme marié pour lequel elle s'est éprise.
Orpheline depuis peu, romanesque et passionnée comme Stendhal imagine les Allemands, Mina n'hésite pas à se travestir en femme de chambre afin de pouvoir voir et fréquenter tous les jours l'objet de ses désirs, n'hésitant pas à tenter le tout pour le tout afin d'obtenir ce qu'elle veut, mais pas à n'importe quel prix: l'homme doit succomber lui-même à la passion, et non juste au vice.
Au-delà de cette conquête amoureuse, Stendhal s'amuse à critiquer la société parisienne et notamment l'air emprunté des Français et leur ironie cachant une incapacité à se montrer ému, au contraire d'Allemands francs et naturels.
Mina est une femme de caractère et libre, telle que celles que l'on retrouve dans d'autres de ses romans (mais je n'ai pas encore lu les deux plus célèbres cités plus haut).
Le roman étant court, la narration va à l'essentiel et ne s'embête pas avec les détails et les descriptions; on n'est pas loin d'une ébauche de roman, sauf que tout y est et que le récit, finalement, se suffit à lui-même: direct et efficace.
Commenter  J’apprécie          250
C'est une surprise pour moi, qui connaissait Stendhal pour de grands romans comme La Chartreuse de Parme ou le Rouge et le Noir, de le découvrir, auteur d'un court roman, qui n'a rien à voir avec les grands et ambitieux récits cités ci-dessus… Quoique… Quoique… Il y a en effet dans Mina de Vanghel l'ébauche du Rouge et le Noir : une jeune personne, ambitieuse, dotée d'une vive imagination, est amoureuse d'une autre personne, hélas déjà mariée. Tout ça sur fond de société du XIXème siècle.
Et cela donne une histoire d'amour curieuse, étonnante, qui n'a rien à envier à Tristan et Yseult ou à Roméo et Juliette. D'ailleurs, en le lisant, je n'ai pu m'empêcher de penser à un autre grand roman d'amour : La Princesse de Clèves ! Peut-être parce que cette histoire est non moins piquante, non moins originale, non moins passionnée que ladite Princesse de Clèves.
Un court roman, qui n'a rien à envier à de plus longs récits.
Commenter  J’apprécie          180
Ce fut une âme trop ardente pour se contenter du réel de la vie.
Commenter  J’apprécie          140
Avec "Mina de Vanghel" Stendhal montre qu'il a un certain talent de nouvelliste.
Son héroïne est une jeune aristocrate née à Koenigsberg en Allemagne au début du 18ème siècle dont la passion amoureuse va l'emmener sur les routes de France.

Héritière fortunée, elle cache ses grandes terres de Prusse orientale pour se rapprocher incognito d'Alfred dont elle est éperdument amoureuse. Pour être au plus près de cet homme marié qui semble heureux en ménage, elle se fait embaucher comme femme de chambre pour mieux observer et séduire celui qui aime la botanique et Rousseau. Mais l'âme trop ardente et sentimentale de Mina va la pousser à mentir de plus en plus jusqu'à la déraison.

Je me suis dit que même si Albert devient amoureux d'elle, construire une relation sur le mensonge ne mène en général pas bien loin. Pour autant, savoir qu'elle est riche pourrait l'avantager mais on dit que l'argent ne fait pas le bonheur et il est certain que Stendhal sait raconter qu'il n'a rien à voir avec la force puissante et dangereuse de l'amour.


Challenge Riquiqui 2024
Challenge Coeur d'artichaut 2024
Challenge Multi-défis 2024
Challenge XIXème siècle illimité
Commenter  J’apprécie          100
Joliment écrit, Mina de Vanghel souffre d'un défaut: son héroïne a du mal à choisir entre son talent pour la manipulation et son désir d'un amour pur et entier. Résultat, ça alterne entre les moments où elle fait tourner tout son petit monde d'un claquement de doigts dans la position désirée, et ceux, la toute fin par exemple, où elle agit en oie blanche.
La lecture d'un milieu d'après-midi pluvieux quand vous aurez déjà tout lu de cet auteur!
Commenter  J’apprécie          70
Exilée à Paris, l'héroïne éponyme, "so ein romantisches Mädchen", s'emberlificote dans les rets peu subtils dont elle veut emprisonner le coeur d'Alfred Larçay, un homme marié. Merteuil au petit pied, la jeune Teutonne se travestit grossièrement, dénonce anonymement sa rivale et fomente de piètres chausse-trapes pour les beaux yeux d'un chéri qui finalement n'est pas son genre !

Ébauche déplaisante d'un roman mort-né, Mina de Vanghel pianote prestissimo son aigrelette musique. Stendhal expédie ce vaudeville exalté avec sa brusquerie habituelle et étouffe son avorton dans un tourbillon de péripéties approximatives.

Le plus réussi dans cette nouvelle, qu'on aurait dû laisser immémorée, ce sont ces syllabes : Mi-na-de-Van-ghel dont la réverbération flavescente laisse à rêver...
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
Commenter  J’apprécie          60
Même si c'est un court récit que nous livre Stendhal ici - roman ou nouvelle qu'importe, cela reste un plaisir de lecture, toujours un hommage aux femmes fortes et une description et une analyse de la passion amoureuse. Mina incarnerait l'âme prussienne, forte et résolue, prête à tout, par rapport à la spiritualité charmante mais légère des salons parisiens. Elle écrase donc le récit par son caractère, les autres personnages n'étant que bien trop effleurés pour être intéressants - je me demande bien ce qu'elle trouve à Alfred. Elle donne donc l'impression d'être une manipulatrice, achetant les autres par l'argent.
J'ai bien aimé en tout cas la description de la Savoie - mon département d'accueil avec la vie mondaine dans les stations thermales.
Pas la meilleure oeuvre de Stendhal, mais une lecture rapide et agréable.
Commenter  J’apprécie          50
Soit, c'est Stendhal, soit c'est le romantisme, mais je trouve ces histoires pleines de calculs, de normes sociétales qui prennent une importance démesurées, complètement artificielles, en un mot : pas crédibles. On veut bien que certains ruinent leur bonheur à force de plier sous le regard normatif de la société ; on veut bien croire aux histoires d'amour passionnelles, mais là, on a l'impression que la tragédie est purement artificielle. Combien de couples adultères...? Même dans des sociétés très normatives. On a peine à croire à la logique du récit qui ressemble à mon goût plus à la logique toute personnelle de Stendhal qui veut à tout prix créer des archétypes qui n'existent pas, qu'à une véritable logique humaine ou sociale.
Donc, pour moi, ni épique, ni tragique, ni romantique, juste une partie d'échecs intellectuelle de l'auteur avec lui-même.
Commenter  J’apprécie          30


Lecteurs (54) Voir plus



Quiz Voir plus

La chartreuse de Parme

De quel pays est originaire le héros du roman ?

France
Italie
Espagne
Allemagne

10 questions
209 lecteurs ont répondu
Thème : La Chartreuse de Parme de StendhalCréer un quiz sur ce livre

{* *}