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Catherine Delaruelle (Traducteur)
EAN : 9782721012944
Editions des Femmes (15/02/2024)
4.5/5   4 notes
Résumé :
Hélène Podliasky, grande tante de l'autrice, s'est échappée d'un camp de travail forcé avec la complicité de huit autres femmes résistantes. Elles ont traversé les lignes de front de l'Allemagne pour rejoindre Paris. Ce livre raconte leur histoire. Les neuf femmes avaient toutes moins de trente ans lorsqu'elles ont rejoint la résistance. Elles ont fait de la contrebande d'armes à travers l'Europe, hébergé des agents parachutistes, coordonné les communications entre ... >Voir plus
Que lire après Elles étaient neuf : L'histoire vraie d'un groupe de femmes qui a survécu au pire de l'Allemagne nazieVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Elles étaient neuf, de Gwen Strauss, relate, comme l'indique le sous-titre, L'histoire vraie de l'évasion d'un groupe de femmes qui a survécu au pire de l'Allemagne nazie.
Mais quelle leçon de courage et quelle leçon de vie que ce récit !
En préambule, Gwen Strauss présente en quelques lignes chaque jeune femme. Ce groupe des neuf se compose de Hélène Podliasky connue des autres sous le nom de Christine, Suzanne Maudet (Zaza), amie de lycée d'Hélène, Nicole Clarence, Madelon Verstijnen (Lon), Guillemette Daendels (Guigui), Renée Lebon Châtenay (Zinka), Joséphine Bordanava (Josée), Jacqueline Aubéry du Boulley (Jacky) et Yvonne le Guillou (Mena), .
Elles avaient toutes moins de trente ans lorsqu'elles ont rejoint la Résistance, et même plusieurs, moins de vingt ans. Elles ont assuré l'acheminement d'agents et de messages et la réception de parachutages d'armes, apporté leur aide aux réfractaires au service du travail obligatoire, hébergé des agents parachutistes, parcouru les itinéraires d'évasion vers l'Espagne ou caché des enfants juifs dans des appartements dispersés. Toutes ont été déportées pour raisons politiques.
Hélène, brillante ingénieure, polyglotte, cette aisance avec les langues étrangères feront d'ailleurs d'elle, tout naturellement, une meneuse à Ravensbrück, « le pilier de leur groupe », est la grand-tante de Gwen Strauss, l'autrice.
Partie d'un entretien enregistré avec Hélène en 2002, « Comme ce fut le cas dans de nombreuses familles, on préférait laisser derrière soi cette période sombre », Gwen Strauss a dû effectuer un vaste et incroyable travail de recherche pour mettre au jour cette saisissante histoire d'entraide et de sororité malgré l'horreur, recherche dans différents fonds d'archives et immersion dans des entretiens radiophoniques et des archives filmées lors des retrouvailles d'Hélène avec Lon.
La première publication, The Nine, est paru en anglais en 2021. Cette édition de 2024, traduction de l'anglais par Catherine Delaruelle, permet enfin de découvrir le parcours exceptionnel de ces jeunes femmes.
Gwen Strauss consacre un chapitre à chacune des héroïnes faisant un retour sur leur vie, leurs actions en tant que résistantes, leur arrestation, les tortures, leur arrivée au camp, leur survie, toutes les épreuves endurées, leur évasion pendant une marche de la mort. Pour chacune d'elles, en présentation, une photo individuelle prise dans leur vie « d'avant », des portraits de jeunes filles resplendissantes de santé et de bonheur….
Toutes arrivées à Ravensbrück à l'été 1944, elles sont transférées en août près de Leipzig au Kommando Schönefeld, camp satellite de Ravensbrück puis de Buchenwald, où elles sont affectées à l'usine d'armement Hasag, à la production de munitions et de Panzerfaust, un lance-grenade portatif comparable au bazooka, à destination de la Wehrmacht. Elles devront effectuer ces travaux extrêmement pénibles, 12 heures par jour, avec un manque cruel de nourriture, durant huit mois, n'hésitant pas, malgré les risques à freiner le travail et à le saboter le plus possible.
Face à l'avance des troupes alliées, la nuit du 13 avril 1945, on ordonne aux 5000 prisonnières de s'assembler dehors sous un crachin glacial, les neuf tentent de rester groupées, et le 14 avril, à deux heures du matin, le cortège de déportées franchit les grilles du camp et est emmené dans une marche de la mort.
Encadrées par les soldats SS, les 5000 d'abord divisées en groupes de 1000 puis en cohortes de 100 doivent marcher par rang de cinq à travers les villes et villages.
Le 15 avril, profitant d'un moment d'inattention de leurs gardes, les neuf parviennent à s'échapper de la marche, à sortir du rang et à sauter dans un fossé : « Elles avaient réussi. Elles s'étaient évadées ! »
Commencent alors des jours d'errance pour rejoindre les troupes américaines stationnées dans la ville allemande de Colditz où elles arrivent malades et affaiblies, avec une traversée de la Mulde dantesque. du temps s'écoulera encore avant leur retour chez elles…
Ce récit absolument sidérant révèle le rôle essentiel de l'entraide et la sororité dans la survie à des épreuves défiant toute imagination.
Gwen Strauss fait ressortir avec talent toutes les ressources dans lesquelles ces femmes sont allées puiser pour survivre et rester des êtres humains. le soutien qu'elles se portent les unes aux autres, toujours vigilantes et prêtes à aider celle qui vacille, leurs caractères très dissemblables leur permettant justement de se stimuler mutuellement, et puis cette inventivité à créer d'autres mondes, ces astuces de recettes qui peuvent paraître complètement improbables pour survivre dans cette période où elles souffrent atrocement de la faim, c'est cette solidarité qui les aidera à tenir.
En échangeant par exemple, leurs recettes qu'elles se remémorent, elles savourent des souvenirs, des souvenirs moins douloureux qu'en pensant à leurs proches qu'elles ont laissés ou perdus. « En partageant le souvenir d'un bon repas, les femmes retrouvent leur humanité sans que la souffrance soit trop aiguë. Les recettes les relient au monde extérieur, à leur vie d'avant et à leur vie après. Et elles créent un lien avec les autres groupes de déportées. Tout le monde mange, tout le monde a un plat préféré. »
En racontant cette histoire vécue par ces neuf jeunes femmes, l'autrice, sur la base de recherches très documentées, nous rappelle au passage le caractère essentiel de la Résistance et le rôle fondamental qu'y ont joué les femmes, ces femmes qui n'avaient pas le droit de vote, pas de compte en banque, pas d'emplois, mais qui étaient capables de résister, et qu'on a un peu oubliées…
C'est aussi cette France de Vichy, la milice, la Gestapo et les tortures qu'elle décrit dans son livre, avant de nous plonger dans l'horreur des camps, tout en décortiquant leur mode de fonctionnement.
Les conditions de travail dans l'usine d'armement Hasag sont bien détaillées tout comme les moyens utilisés par les Françaises pour saboter à plusieurs reprises le chauffage des fours pour fragiliser les coques des obus, blessant ou tuant à coup sûr les soldats les utilisant. L'écrivaine n'omet pas de mentionner, alors qu'Hitler est en train de perdre la guerre, l'intensification de la production d'armements, en particulier les V2, les premiers missiles balistiques à longue portée dans les galeries souterraines de ce qui deviendra le camp de Dora-Mittelbau.
La carte de la marche de la mort puis du chemin d'évasion suivi par les fugitives de même que la carte de l'Europe insérées en début d'ouvrage m'ont été bien utiles pour suivre leur périple.
Impossible de terminer sans parler de leur retour et de leur arrivée en France avec toutes les formalités administratives interminables, puis leur arrivée à Paris où elles sont assaillies par une foule qui cherche à reconnaître les siens, avant d'être dirigées vers l'hôtel Lutetia.
En réintégrant ce monde, les survivants se sentent incompris et ont du mal à trouver leur place. « Dans les camps, la solidarité a constitué un rempart contre la solitude. »
Il faudra du temps, beaucoup de temps, attendre souvent que la génération qui n'a pas connu la guerre pose des questions pour que les déportées commencent à parler…
Loin d'être un récit plombant, c'est un texte fort et prenant qu'a écrit Gwen Strauss dévoilant combien l'entraide, la solidarité ne sont pas de vains mots et peuvent permettre d'affronter et contrer les pires atrocités.
De même, à plusieurs reprises, au coeur des cruautés incommensurables commises par les nazis, quelques lueurs d'espoir apparaissent comme ce contremaître Fritz, visiblement un homme sensible ou encore ce fermier et sa fille qui offrent aux évadées une hospitalité sincère…
Elles étaient neuf de Gwen Strauss est un livre bouleversant qu'il faut absolument découvrir, un récit documentaire qui ne se lâche pas tant l'auteure a su y donner de la présence et de la vie.
Les valeurs portées par ces femmes sont tellement essentielles et devraient inspirer tout un chacun dans monde qui a tendance à les avoir oubliées.
Pour ne pas oublier, pour qu'il n'y ait plus jamais ça, il est impératif de se souvenir.
Un immense merci aux éditions des femmes - Antoinette Fouque et à Babelio.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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📽🔍La période de la seconde guerre mondiale est un sujet qui a été traité un nombre incalculable de fois en littérature, notamment.
Cependant, cela ne fait que trop peu de temps, que certains témoignages voient le jour.

📆💐Nous sommes le 8 mars quand j'écris ces premières lignes à propos de mon retour de lecture, à l'occasion de l'opération masse critique Babelio. Quel belle journée pour parler donc de l'histoire vraie de ces femmes qui se sont, ensemble, évadés après avoir été déportés .

🗨« Elles étaient neuf : l'histoire vraie d'un groupe de femmes qui a survécu au pire de l'Allemagne nazie.» de Gwen Strauss, traduit par Catherine Delaruelle.

▶« Cette histoire ne peut raconter que le destin de quelques femmes, parmi tant d'êtres humains qui ont lutté pour conserver leur dignité malgré les conditions dégradantes et malgré les efforts des nazis pour les anéantir »⏸p.26
🔸Quand on plonge dans la véracité de l'horreur humaine, comment poser les bons mots sur les maux si profond qui nous sont transmis ?
Remuer le passé est douloureux, mais le devoir de mémoire est aussi essentiel. Pour l'avenir. Pour ces témoins du passé qui disparaissent .Pour qu'on ne puisse pas dire que ça n'a pas existé. Pour que l'on n'oublie pas que l'être humain en est capable.
Il est facile aussi de se dire que l'on n'a pas besoin d'en savoir plus. Pour le savoir, il faut se pencher sur la question.
▶« A mesure que j'avançais dans mon projet, ma réflexion sur la nécessité des lieux de mémoire a évolué. Au début, je ressentais comme une ambiguïté morale à visiter ces sites qui avaient été des lieux de souffrances, à alimenter ce que l'on a qualifié de « tourisme macabre ». A notre époque de tourisme de masse, alors que le site d'Auschwitz reçoit quelque 1,5 million de visiteurs par an, se posent des questions compliquées de gestion des foules, d'une part, et de marchandisation de mémoire de l'autre. Que faire, face à des visiteurs qui prennent des selfies déplacés sur ces lieux de souffrance et de tragédie ? » ⏸p.252

🔸Ce qu'elle dit à propos des visites d'Auschwitz a fait écho en moi, pourtant loin de moi l'envie de parler de ma maigre expérience sur le sujet.
A 16 ans, j'ai eu l'opportunité d'aller visiter Auschwitz et Birkenau. A l'époque j'étais nul en histoire mais je savais ce qu'il c'était passé, et ça me touchait. Pour autant, je ne comprenais pas ce que cette visite allait m'apporter de supplémentaire et je ne savais pas trop si c'était une bonne chose que « d'aller voir ».
J'avais le choix, mais on n'est pas tous les quatre matins en Pologne alors je me suis rendu en ces lieux.
Et là, j'ai compris.
Ça parait fou, mais j'ai compris l'intérêt d'être sur place. L'inconcevable prenait une forme. A chacun de mes pas, je pensais à ceux qui l'avaient foulé avec souffrance. Au courage qu'ils avaient eu. A l'impensable dont l'homme est capable. Les marques sur les murs, la végétation qui semble par pudeur recouvrir les marques de l'horreur, les souvenirs conservés sous vitrines comme les chaussures, … Il ne faut pas que notre mémoire les oublis.
Aucun mot n'est assez juste pour parler de ce genre de visites mais il est certain que ça a changé beaucoup de chose dans mon prisme de vue, dans ma conception de la vie, et de l'Histoire.
C'est pour ça que j'ai été, comme Gwen Strauss, particulièrement choqué par ceux qui se prenaient en photo, tout sourire devant la grille ou encore les fours, devant l'innommable, …j'ai conscience que la transmission suivant les cultures diffère, mais ce même détail m'avait fortement interpellé.
De la même façon que le célèbre philosophe disait « La seule chose que je sais, c'est que je ne sais rien », plus je lis aujourd'hui sur le sujet, plus je réalise que moi non plus, je ne sais rien.
Alors, j'espère humblement que je serais à la hauteur pour cette chronique.

🔸C'est dans le cadre familiale que l'auteure commence ses investigations. Nourrit de ses nombreuses recherches et de son investissement personnel sur le sujet, nous avons la chance de découvrir le fruit de ce fabuleux travail de mémoire.
De nombreuses recherches ont été effectués, le récit est très documenté et sourcés. Il s'agit d'un travail colossal.
J'ai ressenti une vraie volonté de vérité, de mettre en lumière des témoignages que l'on avait moins entendu, notamment celui des femmes, perdus dans ceux des autres.
▶« Selon certaines estimations, 100 000 femmes ont été violentées par les occupants soviétiques. Lors de sa publication en 1959, ce récit a été vilipendé parce qu'il portait atteinte à l'honneur des femmes allemandes »⏸
🔸J'ai appris des choses que je ne savais pas. Je me suis souvent demandé aussi pourquoi on avait pendant si longtemps minimisé, ou tu certains faits, certains récits, …
En même temps, p.100 on nous rappelle les propos de Primo Levi « l'Histoire est racontée par les survivants, et que ceux-ci, presque toujours, ont joui d'une forme ou d'une autre, de privilèges dans la perverse hiérarchie du camp. Un privilège, cela pouvait signifier simplement des chaussures correctes, être affecté à un chantier moins pénible, ou se trouver sous la surveillance d'une blockova équitable. »
🔸Parmi ceux qui ont eu « des privilèges » comme l'évoque Primo Levi, il y a ceux qui ne se sont pas contentés de survivre, ce qui était déjà une épreuve en soi, mais de prendre des risques .Comme Odette, qui a risqué sa vie pour le devoir de mémoire .

▶« Avant de voler la liste des nazis, Odette a ramassé des bouts de papier sur le sol de l'usine de la Hasag et fabriqué un cahier de fortune. Elle y mentionne qui se trouve avec elle dans le camp, qui a été transféré, ou assassiné.
(…)
Tout ce travail clandestin révèle son obsession de faire connaitre la vérité. »⏸p117
🔸Ce qui marque lors de cette lecture, c'est la solidarité qu'il y a eu entre ce groupe de 9 femmes que je vais vous laisser découvrir. Toutes différentes. Pourtant, elles ne se sont jamais laissé tomber même quand cela aurait pu paraitre plus judicieux pour leur survie. Mais elles ont toutes eu au final, besoin des autres à un moment donné . Nous aurions beaucoup à tirer de cette histoire .
Des solutions les plus risqués, aux plus ingénieuses ; ces neuf femmes ont aussi eu l'immense courage de continuer à se battre pour conserver un peu de vie au camp.
Du plus incongru comme la confection secrète d'un recueil de recettes, laissant oublier que manger à sa faim était exclu, partageant entre cultures diverses les mets préférés de chacune comme l'histoire que l'on lit avant d'essayer d'aller dormir.
Il y a eu aussi la surprenante préparation des Catherinettes ! Là où moi je vais dépenser une somme folle pour réaliser un loisir créatif à peu près convenable, ces femmes ont réalisé des chapeau et festoyés avec rien.
Autant de risques et d'énergie utilisés ça peut paraitre fou, mais c'est cette solidarité féminine, cette volonté de conserver un semblant de vie, qui a surement, je l'imagine, sauvé aussi ces femmes.
Cette histoire ne parle donc pas seulement de celles qui ont tenté de survivre.
Elle parle de ces femmes qui ont continués de vivre, là où pareil mot n'avait plus de sens.
Quand rester en vie est une lourde épreuve, on ose à peine imaginer ce qu'il a fallu de mental, d'énergie pour aller encore plus loin.


🔸Gwen Strauss ne nous parle pas seulement de cette vie au camp et de cette évasion. Elle nous parle de la vie de ces femmes avant, mais aussi de l'après.
Je remercie l'auteure d'avoir parlé de la transmission traumatique évoqué par Gerard Fromm. Je ne pensais pas qu'elle était autant présente chez les enfants qui sont nés ensuite.
▶« Ce que les êtres humains ne peuvent pas endiguer de leur expérience (…) est exclu du discours social, mais très souvent se transmet à la génération suivante sous forme de sensibilité affective ou d'impériosité chaotique » ⏸ p.226
🔸L'Après, c'est le retour difficile des survivants.
Retrouver ses repères. Il y a les fiancés qui n'ont pas attendu, il y a les amours tant priés qui ne sont plus de ce monde, les enfants qui ne reconnaissent pas leurs parents, ceux qui répètent que le plus important c'est qu'ils soient là et non l'évocation de ce qu'il s'est passé, …La liste pourrait être nombreuse.
L'Après, c'est le 3eme combat après la Résistance et les camps.
Se demander à présent que la guerre est finie, quel est son but de vie .
La prise de parole est difficile dans un monde qui veut surtout « oublier ». Et pas forcément en s'y prenant de la bonne façon.
Les Tondues, par exemple.
▶« On fait défiler les « tondues » dans la rue sous les insultes de la foule. Parfois, on les déshabille à demi, voire entièrement. (…) il arrive aussi qu'elles soient châtiées uniquement parce que, dans l'incapacité de refuser, elles ont servi l'occupant.
(…)
Elles doivent payer pour l'humiliation de la France et la collaboration de Vichy. Pétain, déjà, avait stigmatisé le corps des femmes en rendant la dénatalité responsable de la choquante rapidité avec laquelle l'armée française avait été mise en déroute par les troupes allemandes. »⏸p.221

✅💚Vous l'aurez compris, j'ai énormément apprécié cette lecture avec laquelle j'ai appris des choses. J'ai suivi le parcours de ces femmes avec grand intérêt. J'ai été touché par ces témoignages. Je salue aussi les « petits détails » inconnu du public que l'auteure a su mettre en avant et qui apporte une autre dimension au récit, se distinguant de ceux déjà lu.
Le ton ne tombe pas dans le pathos, le discours ne m'a pas semblé manichéen.

🤔❗❓Mais alors, voyons, pourquoi elle n'a pas mis 5 étoiles ?!!

➡ 🔸Oui, je n'ai pas pu mettre 5 étoiles. Cela n'enlève rien au fait que je vous conseille vraiment de découvrir cette oeuvre que j'ai beaucoup apprécié.
Nous parlons de vérités, et j'ai toujours été honnête dans mes retours de lectures.
C'est toujours dur de le faire quand on parle de témoignages qui sortent du coeur, des tripes. Quand les récits remuent des passés douloureux.
On veut mettre des 5/5 , pour avoir eu le courage de la parole , de nous transmettre , de mettre en lumière,…
Rien de grave je vous rassure, mais pas assez anodins pour ne pas être mentionné.

◼La structure du récit m'a gêné.
A première vue, un chapitre par personnage, avec un récap de celles-ci au début. Parfait !
Sauf que les apparences sont trompeuses et les chapitres par personnages n'en étaient pas vraiment. Tout se mélangeait et j'allais souvent voir le récap des personnages alors qu'elles n'étaient que 9.
J'ai eu l'impression que l'auteure n'avait pas su trancher entre récit chronologique et par personnages. Peut-être aurait-elle pu le chapitrer ainsi au début, avec un court passage sur chacune : leur vie d'avant, leur parcours, ...
Puis une grande partie sur l'histoire de leur groupe, et à la fin, le retour au chapitrage pour savoir ce qu'elles étaient devenues. Je pense que ça aurait d'avantage facilité mon immersion.
◼Il y a eu aussi quelques coquilles qui sont passés, je pense, à la trappe après la traduction.
Cela étant dit, je dois moi-même en faire pas mal lors de mes chroniques (« le rejoint » au lieu de « la rejoint » ; « le traumatisme de la séparation laissé des traces » ,… )
Rien de grave, mais quel dommage tout de même dans cette oeuvre si intense de vérités.

✅🤍❤J'espère que vous aurez envie de découvrir le destin de ces femmes. Elles ont tant à nous apprendre. Sur le monde, sur nous même, sur l'Histoire, sur ceux qui ne sont plus mais aussi sur ceux qui ont survécus, vécus .
C'est effrayant de plonger dans une histoire comme ça, mais ça l'était encore plus d'en être. Elles se sont battues pour vivre, pensez-vous pouvoir au moins découvrir leur témoignage ? de cette façon, elles continueront à vivre quelque part en nous tous. Et peut-être que si nous faisons ce pas, nous pourrons contribuer à éviter que tout ça existe de nouveau, et que personne ne les oublies .

▶« -Est-ce tout ce que vous avez réussi à sauver, mon enfant ?
-Non, madame. J'ai aussi sauvé ma vie. » ⏸p.114


😁Et n'oubliez pas, prenez du plaisir à lire !👋📚
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Ce livre m'a été offert dans le cadre de la Masse critique de février 2024.
On suit l'histoire de ces neuf femmes, françaises, hollandaises et espagnole qui ont toutes intégrées la Résistance d'une façon ou d'une autre, qui ont été emprisonnées, déportées et envoyées dans le camp de concentration de Ravensbrück.
Elles ont continué à résister dans le camp, à se battre pour vivre et ont réussi à s'échapper toutes les neuf pendant les marches de la mort à la fin de la guerre.
C'est un récit très fort et poignant. La deuxième partie du livre est consacrée au retour à la vraie vie et à la complexité de reprendre une vie normale, le silence et la transmission de toutes ces épreuves aux enfants et petits enfants.
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critiques presse (1)
LeMonde
26 mars 2024
Magnifique récit de l'évasion de neuf déportées dans le Reich en ruines, au printemps 1945.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
La foule brandit les clichés en les agitant frénétiquement, les familles veulent qu’on regarde « leur » photo, celle d’une mère, d’une sœur, d’une tante. Des photos de mariage, des scènes de pique-nique avec de radieuses jeunes filles, des mères tenant dans leur bras de gros bébés joufflus. Les visages ne leur disent rien, elles n’identifient personne. Et les gens, de leur côté, essaient de reconnaître un être cher parmi ces femmes squelettiques, épuisées, aux traits émaciés, qui leur lancent des regards apeurés.
Elles ont l’impression de rentrer dans un monde qui leur est étranger. À moins que ce ne soit elles qui proviennent d’une autre planète. Quoi qu’il en soit, le sentiment d’aliénation qu’elles éprouvent est total. Elles ne savent pas quoi faire. C’est comme si la déception qui règne sur le quai était de leur faute. Elles sont coupables d’avoir survécu. Pourquoi elles, et pas ces femmes magnifiques sur les photos ? Pourquoi sont-elles en vie, et pas l’être cher qu’on attendait ? Qui sont ces créatures étranges et squelettiques, sinon des imposteurs ?
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Les camps de travail forcé constituent une gigantesque source de profit pour la machine de guerre nazie. Les industriels allemands paient le gouvernement pour cette main-d’œuvre et l’argent va directement dans les caisses du Parti. Les SS louent les prisonnières au prix de quatre reichsmarks par jour, à dix-neuf entreprises allemandes, notamment Krupp, BMW,IG Farben et Siemens. Germaine Tillion, qui travaille comme secrétaire dans le camp, a pu constater les bénéfices considérables amassés par Himmler et ses comparses sur le dos des déportées. Leur maintien en vie ne coûte presque rien et, de surcroît, les nazis revendent ce qu’ils leur ont volé, y compris les dents en or qu’ils arrachent. En septembre 1943, Rudolf Bingel, le dirigeant de Siemens, est si satisfait des bénéfices qu’il a engrangés, qu’il offre 100 000 marks au « cercle des sympathisants » de Himmler. Les banques ont elles aussi profité de cette manne, et elles sont restées largement impunies après la défaite de l’Allemagne.
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En partageant ces « repas », ce sont des souvenirs qu’elles savourent, sans que ce soit trop douloureux. Il est dangereux de penser aux proches qu’on a perdus, un enfant, un conjoint, un père ou une mère. La douleur peut faire perdre l’esprit, la mémoire risque de vous entraîner dans une spirale mortelle. En partageant le souvenir d’un bon repas, les femmes retrouvent leur humanité sans que la souffrance soit trop aiguë. Les recettes les relient au monde extérieur, à leur vie d’avant et à leur vie après. Et elles créent un lien avec les autres groupes de déportées. Tout le monde mange, tout le monde a un plat préféré. Il n’est pas donné à tous de pouvoir écrire une chanson ou un poème, mais le souvenir d’un bon repas est universel.
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Quelques 2000 femmes ont ainsi été tondues en public et exposées à la vindicte populaire. Elles doivent payer pour l’humiliation de la France et la collaboration de Vichy. Pétain, déjà, avait stigmatisé le corps des femmes en rendant la dénatalité responsable de la choquante rapidité avec laquelle l’armée française avait été mise en déroute par les troupes allemandes. Les tondues sont ostracisées de leur village, de leur foyer. Les enfants nés de ces unions avec l’ennemi en porteront la honte toute leur vie. Quel contraste par rapport à tous les hommes qui se sont enrichis grâce au marché noir, ont collaboré ou commis des méfaits bien pires encore, et qui continueront de vivre en toute impunité.
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La pensée limite la compréhension. Tandis que j’écris ce récit, je me demande si le langage, à son tour, limite la pensée. Les familles que j’ai interrogées, les descendants des neuf femmes qui se sont évadées ce jour-là en Allemagne, disent tous la même chose : leur mère, leur grand-mère ou leur tante ne pouvait pas décrire complètement ce qu’elle avait vécu. Il y a une limite à ce que l’on peut dire, et même si ces femmes ont raconté leur histoire , il restait toujours une part de non-dit.
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