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4,33

sur 1015 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un très grand (et gros) roman, dans lequel j'avoue avoir eu quelques difficultés à entrer, mais dépassant les premiers chapitres l'histoire devient très prenante.

Stingo, débarquant à Brooklyn de son Sud natal, est un être en quête d'identité. Engoncé dans sa jeunesse, il se cherche, tant professionnellement que socialement et sexuellement. Et c'est durant cet été 1947 qu'il rencontre Sophie et Nathan.

Le couple Sophie/Nathan est excentrique, débridé, insoumis. Sophie est une jeune femme entièrement soumise à son ami violent. Au fil des pages, Sophie se dévoile, ment, rétablit les vérités, encore et encore, jusqu'à raconter l'indicible. Parallèlement, Nathan devient de plus en plus incontrôlable, tantôt sombre, jaloux et violent, tantôt extrêmement amoureux. Stingo va donc peu à peu découvrir les secrets les plus profonds de ce couple, mais également ceux, intimes et personnels, qui se cachent derrière l'homme et la femme de ce duo à la symbiose un peu désespérée, bancale et irrationnelle.

Sophie/Stingo est le binôme socle du roman, par le biais duquel le récit du passé de Sophie se fait, Stingo ayant le rôle de confident. Elle lui raconte son passé en Pologne.

Stingo et Nathan ont une relation ambiguë, mêlée d'amour et de haine, d'admiration et de rejet. Nathan est un être exquis, dont l'humour et l'intelligence sont hors du commun, mais parfois il adopte une attitude étrange, ce qui ne laisse pas d'inquiéter Stingo. Il s'en prend régulièrement à ses origines Sudistes, le traitant avec mépris et l'accablant pour des faits historiques dont il n'est pas responsable. Sophie n'est souvent que la spectatrice de leurs parfois très longues joutes verbales.

Et enfin Stingo/Sophie/Nathan : relation triangulaire où chacun des protagonistes court lentement à sa perte.

Il est finalement très rare que le repos et la sérénité animent les trois personnages en même temps, puisqu'ils sont tous tenaillés par le doute, le tourment, le remords et la culpabilité, et ce pour des raisons bien différentes. Leurs malaises s'interfèrent en permanence, de façon très juste, dans une atmosphère délétère et souvent malsaine.
Ce « choix », que Sophie s'est résolue à faire un jour, est le fil conducteur du roman. Mais autour de ce drame gravitent d'autres drames, qui donnent de l'ampleur à ce grand roman de la perdition et du malheur. En effet, "Le choix de Sophie" est construit sur la superposition de trois thèmes. le premier est le récit fortement autobiographique de Stingo, de ses tribulations professionnelles, amoureuses, sexuelles. le deuxième est la relation amoureuse passionnelle, merveilleuse, violente et destructrice de Nathan et Sophie dont Stingo est l'observateur. C'est une nouvelle approche bien conduite du thème tant de fois exploré de "l'amour à la mort". le troisième thème est bien sur le passé concentrationnaire de Sophie, de sa lutte pour survivre et toute son horreur, avec le choix entre la vie et la mort d'un de ses deux enfants et le remord destructeur qu'implique un tel acte.

Styron nous livre une synthèse brillante. L'enchainement des trois thèmes fait que ce roman est exceptionnel. Oser mélanger des frustrations sexuelles de jeunesse et Auschwitz ! Et le réussir... le culot de Styron n'a d'égal que son talent pour construire ce roman essentiel et l'écrire d'une plume fluide et agréable. Un livre inoubliable!
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Quel grand livre! On en sort complètement bouleversé. L'histoire d'un choix qui a pour conséquence la destruction totale de celle qui a été obligée de le faire. L'Homme" a fait (et fait encore) des choses monstrueuses. Un chef-d'oeuvre à lire absolument.
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J'ai commencé ce pavé à partir d'un malentendu. J'avais lu quelque part qu'il y était question, comme l'indique le titre, du choix horrible imposé à Sophie à son arrivée à Auschwitz : l'officier allemand responsable du triage des prisonniers l'oblige à désigner celui de ses deux enfants qui va survivre, l'autre étant envoyé à la chambre à gaz.
Vu le thème annoncé et la taille du roman, j'ai longtemps hésité à m'y lancer, me demandant comment l'auteur pourrait bien « meubler » 900 pages avec ce sujet.
En réalité, la relation de ce choix intervient assez tard dans le roman, et occupe (en tout cas explicitement) relativement peu de place. Mais il éclaire (enfin, le terme est mal choisi pour des choses aussi sinistres) a posteriori le comportement et la culpabilité sans nom qui ronge Sophie.
Et donc, pour prendre les choses au commencement, se présente à nous Stingo, jeune narrateur fraîchement débarqué de sa Virginie natale à New York. Nous sommes en 1947, Stingo vient de terminer des études littéraires et se rêve en grand écrivain, marchant dans les traces de Faulkner et consorts. Après avoir quitté un premier job alimentaire dans une maison d'édition minable, il s'installe à Brooklyn, dans une pension et un quartier presqu'exclusivement juifs. Il y fera la connaissance du couple formé par Sophie, Polonaise catholique rescapée d'Auschwitz, et Nathan, issu d'une famille juive américaine aisée.
Le roman raconte l'amitié naissante entre Stingo et le couple, et au gré des confidences de Sophie à Stingo, les horreurs que celle-ci a vécues en Europe, son arrivée aux Etats-Unis à l'état d'épave humaine, sa rencontre avec Nathan, et la relation destructrice qu'elle entretient avec celui-ci. Car si Sophie est d'un tempérament doux et désespéré mais stable, Nathan, lui, peut tour à tour se montrer parfait gentleman mais aussi parfait salaud, violent, odieux, paranoïaque, allant jusqu'à reprocher à Sophie d'avoir survécu (Nathan ou le monde à l'envers : quand un Juif devient celui qui persécute).

La description du système des camps de concentration et l'Holocauste offrent l'occasion de nombreuses réflexions philosophiques, sociologiques, psychologiques, sur le Bien et le Mal (ce Mal absolu que seuls les humains peuvent générer), sur la culpabilité et l'innocence, sur le « qu'aurais-je fait à sa place ? », sur le « pourquoi moi ? », et sur l'absurdité des choses qui fait se demander à Stingo si, et pourquoi, au moment même où Sophie arrivait à Auschwitz, lui n'était pas tranquillement assis sur un banc à lire de la poésie.

Qu'on se rassure, le roman n'est pas toujours plombé par ces événements tragiques. Comme pour nous permettre de respirer dans cette atmosphère oppressante, l'auteur nous fait suivre aussi les mésaventures et fantasmes amoureux (attention crudités ) du puceau Stingo (qui fait preuve de beaucoup d'auto-dérision), complètement bleu de l'inaccessible Sophie, et qui ne fera que des rencontres au final décevantes (mais hilarantes pour le lecteur. Je soupçonne l'auteur d'avoir pris un malin plaisir à ne mettre sur la route de notre frustré de service que des filles « compliquées »). A tel point qu'à plusieurs reprises Stingo sera tenté de rentrer auprès de son père dans son Sud tranquille et monotone.
Les allusions à ce fameux Sud permettent aussi d'évoquer l'esclavage, réminiscence de la guerre de Sécession, et les oppositions Nord/Sud, Noirs/Blancs. le roman a été écrit en 1979, à une époque où ces sujets étaient peut-être encore plus sensibles qu'aujourd'hui ? En tout cas le thème est cher à Styron puisque l'auteur/narrateur fait presqu'explicitement référence à un autre de ses livres, « les confessions de Nat Turner ».

Le Choix de Sophie est une oeuvre monumentale, de longue haleine, qui ne se lit ni facilement ni rapidement. Mieux vaut être au calme avec du temps devant soi pour digérer tout ce mal et cette violence.
Mais j'ai trouvé cela remarquablement bien écrit (amateurs de phrases courtes s'abstenir), ce qui n'est pas si courant, intéressant pour qui s'intéresse à l'Histoire. Mention spéciale aux analyses psychologiques très fines des personnages et de leurs interactions (Sophie et Nathan, Sophie et Höss), qui les rendent inoubliables.
Pour moi, ce fut un grand moment de littérature. J'ignore ce que vaut le film qui en a été tiré.
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Quel livre!! Un grand auteur.

Brooklyn,New York, dans les années 50.Un jeune écrivain ,Stingo,venant du Missisipi,avatar de l'auteur,degote une chambre dans une pension toute de rose peinte à Brooklyn
.Il y rencontre Nathan,''pretendu'' biologiste,colérique et schizofrène,amant de Sophie,belle emigrée polonaise.
On decouvre l'histoire de Sophie,deportée d'Auschwitz,à travers son amitié grandissante avec Stingo .Entre rires et larmes, sa relation trouble avec Nathan, son passé ,elle se raconte à lui peu à peu jusqu'à lui faire l'ultime aveu,à la fin du livre,l'un des plus beau et terrible moment littéraire qui soit,le choix que les nazis lui ont imposé,monstrueux,qui l'a brisé à jamais

Parfois lourd (vie au camp de concentration...),on est malgré tout emporté par le flot du récit,sa marche ineluctable,sa puissance réaliste A lire!!!
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Des années après, ce choix me bouleverse toujours autant.
Encore un livre à relire !
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Excellent roman de Willian Styron qui, bien qu'il traite d'un thème qui a déjà été abordé des centaines de fois dans des romans, à savoir la période historique de la Seconde Guerre mondiale, est vu ici d'une manière différente. le narrateur est un jeune auteur, Stingo, qui se sent étrangement attiré par ses voisins du dessus, Nathan Landau et Sophie Zawistowska, qui, il s'en doute révèlent tous deux leur lot de secrets. Bien que celui de Sophie est assez lourd à porter puisqu'elle est une polonaise rescapée d'un camp de concentration, celui de Nathan ne sera que difficilement décelable puisque ce dernier est en réalité un schizophrène, jaloux, et menteur et que même sa femme l'ignore. Sophie, elle se livrera à Stingo et lui confiera ses souffrances et notamment la plus dure qu'elle ait due à subir. En effet, au cours de sa captivité, dans une tentative désespérée, elle a tenté en vain de séduire un SS allemand afin de sauver la vie de son fils qui est blond aux yeux bleus et pourrait facilement s'introduire dans la société allemande. L'histoire de Sophie est dramatique au-delà de l'imaginable puisqu'elle ne saura jamais ce qu'il est advenu de son fils.
Livre dur mais l'écriture de Styron est remarquable et celui-ci mérite d'être lu. À découvrir !
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Une évocation de la Shoah à travers le destin d'une mère devant un impossible choix. Une oeuvre majeur.
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