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sur 334 notes
Je vous invite à prendre les voiles et vous rendre sur l'île Aburi. Une petite île japonaise recluse où la nature et ses habitantes, des chèvres sauvages vous accueillent poils et barbichette au vent. C'est ici que ce rend le jeune Ryôsuke sur les traces de son défunt père. Cet endroit et une rencontre humaine (et pas seulement) vont lui inspirer un rêve peu commun mais néanmoins sérieux, celui de fabriquer du fromage de chèvre ! Si ce procédé peut paraître connu pour un français, il relève du défi pour un japonais. La culture gastronomique nippone et son climat n'y sont pas favorables. le rêve est donc ambitieux d'autant que ce projet n'est pas accueilli avec ferveur auprès des habitants rustres de l'île. Ryôsuke se heurte donc au fonctionnement et aux coutumes de l'île.

Derrière cette quête et construction personnelle, le récit traite de la notion d'adaptation, d'accueil et d'assimilation: soi et les autres ! L'auteur dépeind les freins d'une relation et ses inepties mais aussi ses aspects bénéfique: la confiance et l'amitié.

L'histoire est simple mais touchante par la pudeur et la beauté de son récit. La narration est juste et réaliste. Et au détour d'un paysage, d'un instant, l'environnement devient enchanteur.
Une lecture calme, poétique et reposante.
Un talent narratif certain.

Je remercie Babelio de m'avoir permis de participer à une masse critique privilège et aux éditions Albin Michel de m'offrir en exclusivité cet agréable moment de lecture.
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Huis clos aux chèvres

Les chèvres sont sur le dessin de couverture, la quatrième de couverture. Elles sont dans la forêt, la forêt est dans l'île, les chèvres sont condamnées à l'île, et les habitants qui vivent d'elles leur ont donné un nom autochtone. Tout tourne en rond, mais pas si rond dans ce microcosme (l'enfer, c'est les autres).
La perturbation arrive de l'extérieur, trois travailleurs -pour quoi au juste les a-t-on fait venir ? Parmi eux, Ryôsuke, passablement perturbé. Des rencontres avec des personnes bienveillantes vont lui révéler son rêve, sa possible raison de vivre. Il devra choisir s'il l'accepte. Ses rapports avec les chèvres vont l'amener à réfléchir sur le prix de la vie, animale et humaine. Va-t-il s'en sortir ?

En lisant sur Babelio la biographie de l'auteur : « Artiste éclectique, Durian Sukegawa est poète, écrivain et clown, diplômé de philosophie et de l'École de pâtisserie du Japon. D'abord scénariste, il fonde en 1990 la Société des poètes qui hurlent, dont les performances alliant lecture de poèmes et musique punk défraient la chronique. » je me disais que sa production risquait d'être intéressante autant que bizarre. Mais non, sa prose coule bien, n'est pas non plus du genre outrageusement poétique qui s'écoute ronronner. La narration est vivante, prenante, le livre se lit facilement et avec un intérêt constant.

Tout n'est pas rose, des conflits éclatent, mais tout cela m'a semblé juste, bien amené : si c'est un roman de construction – ou de reconstruction, Ryôsuke n'est pas tout jeune – il est articulé autour de plusieurs pôles, pas manichéen. La nature est un pôle, avec les chèvres et la forêt primitive, qui font l'objet de belles descriptions, pas non plus trop longues. Les personnes bienveillantes dont j'ai parlé sont un second pôle stabilisateur. Pour le troisième, j'hésite : est-ce l'île ou ses habitants ? Leur organisation sociale est bizarre pour un européen et un continental, sans doute née des conflits intrinsèques à l'insularité.

Une scène autour de la page 200 est assez typique : commencée par une conversation amicale, elle culmine avec une scène d'une beauté presque magique au milieu des noctiluques, et s'achève par une réflexion sur la maternité et la mort.

En somme, c'est une lecture agréable, avec son lot de surprises, qui donne à penser sans épuiser. Je remercie Babelio et Albin Michel pour cette lecture privilégiée et appréciée. J'ajoute que vous en apprendrez sans doute beaucoup sur la fabrication du fromage si vous me suivez.



Note 1 : une fois de plus, la 4e de couverture est fausse : « l'île où celui-ci a passé ses dernières années ». Il y a aussi une erreur à la ligne suivante, d'ailleurs. Ne faites jamais confiance aux 4e de couverture, mais dans l'esprit celle-ci ne trahit pas le livre et c'est ce qui compte.
Note 2 : difficile de juger la traduction de Myriam Dartois-Ako quand on ne connaît pas le japonais. Il me semble que le compliment sur la fluidité de la narration se partage entre l'auteur et sa traductrice. Quelques expressions m'ont un peu surpris, et le fait de donner des noms de poissons comme « coureur arc-en-ciel » est sans doute moins naturel en français qu'en japonais.
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Avant toute chose, je tiens à remercier Babelio (Masse critique) et les éditions Albin Michel de m'avoir permis de lire en exclusivité le dernier roman de Durian Sukegawa.

J'avais été très séduit par la lecture de Les délices de Tokyo. Le charme opérerait-il une fois encore pour ce second roman ? J'étais très impatient de pouvoir le vérifier.

L'action se déroule sur l'île (réelle ou imaginaire) d'Aburi. Une petite communauté d'habitants retirée de presque tout, y vit essentiellement de l'activité de la pêche. Les affaires du village sont gérées par le fondateur de la communauté, le Président, homme exigeant mais également bienveillant.
Des travailleurs saisonniers sont régulièrement engagés dans la métropole lointaine de Tokyo pour venir effectuer des travaux sur l'île, pour les besoins de la communauté. C'est ici que le jeune Ryôsuke nouvellement embauché, arrive sur l'île en compagnie de deux nouvelles recrues : Kaoru et Tachikawa. Ces trois là vont se lier d'amitié. On l'apprend très vite Ryôsuke n'est pas venu par hasard sur l'île d'Aburi. Il transporte au fond de son sac un colis secret qu'il veut remettre à une homme, Sôichi Hashida. L'histoire nous apprend vite que le jeune héros a vécu un drame lorsqu'il était enfant, celui du suicide de son père et de la séparation d'avec sa mère. Il porte en lui le poids d'un secret dont il veut se défaire, une énigme qu'il veut résoudre.
C'est là, durant cette quête personnelle, dans cet endroit retiré, que va germer en lui un rêve étrange mais tout empli d'une profonde signification : celui de produire des fromages de chèvre.

Voici les quelques arguments qu'a choisis Durian Sukegawa pour écrire le rêve de Ryôsuke, un roman qui ressemble à un conte initiatique, bordé tout à la fois de rêve et de réalisme, terriblement attachant. le rythme de l'histoire est enchanteur et sa fin d'une touchante beauté.
C'est un roman sur la quête de soi, sur la quête du bonheur, sur le courage, sur tout ce qui fait grandir : l'amitié, la solidarité, l'attention portée à la nature (parfois impitoyable) et à ses bienfaits (ici, des chèvres), aux plaisirs culinaires (le fromage de chèvre, l'alcool de shôchû) , etc.

Le rêve de Ryôsuke m'a confirmé que Durian Sukegawa était un écrivain de grand talent à la prose élégante et délicate, au talent narratif et de conteur incontestables.
Je recommande chaleureusement ce livre à tous ceux qui ont adoré Les délices de Tokyo ainsi qu'à tous les autres qui ne connaissent pas encore Durian Sukegawa.
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