Pas ma meilleure pioche cette année.
Je serai franche en admettant m'être parfois – beaucoup – ennuyée pendant la lecture d'
Abigaël.
À l'aube de la Seconde Guerre mondiale. Gina Vitay habite, avec son père veuf, une grande demeure à Budapest. Ils ont une vie aisée pour l'époque, ayant même une gouvernante, et s'entendent bien tous les deux mais ce bonheur fragile ne saurait durer…
Du jour au lendemain, le père de Gina lui annonce qu'elle doit quitter la capitale pour aller poursuivre ses études dans un pensionnat réputé et ne l'informe même pas dans quel endroit il l'envoie parce que, dit-il, personne, pas même tante Mimó, ne doit savoir. Évidemment Gina proteste, fulmine, refuse catégoriquement de quitter sa ville, son école et ses amies – d'autant plus qu'elle ne comprend rien à ce qui se passe – mais il n'y a rien à faire, coûte que coûte, elle partira.
Adolescente au tempérament rebelle, ce changement de vie ne lui sera pas des plus faciles, c'est du mauvais pied qu'elle débutera ainsi sa nouvelle année scolaire. Incomprise, se sentant exclue, privée de presque tout contact extérieur, même en ce qui concerne écrire ou téléphoner à son père, Gina va échafauder des plans pour retourner chez elle.
« Lorsqu'ils eurent franchi le seuil, Gina se trouva dans l'autre univers qu'on lui avait désigné comme le sien désormais, et le changement de sa vie fut aussi total que celui d'un enfant qui vient au monde ou d'un mourant qui rend son dernier souffle. »
Mais entre-temps, c'est long…
Dans cet univers strict, austère, silencieux et immaculé, j'ai eu l'impression de vivre en noir et blanc, comme si toutes les couleurs avaient été aspirées.
Abigaël est un roman condensé, contenant très peu de dialogues et dont les chapitres s'éternisent. L'histoire en tant que telle n'est pas dénuée d'intérêt et le texte est bien écrit mais c'est surtout cette forme qui est lassante.
D'un rythme lent, les journées se succèdent puis se ressemblent, l'action est quasi inexistante, la religiosité prend beaucoup de place, il est difficile de se focaliser sur le récit. Cette lecture m'a été au final plus laborieuse que reposante malgré le fait qu'il ne s'agisse pas d'un roman si volumineux.
Heureusement, les personnages rencontrés sont intéressants, comme la pétillante Mici Horn. Tous sont très diversifiés et en cela, j'ai bien aimé.
Tout de même, bien qu'en milieu clos, je me suis sentie dépaysée dans cette Hongrie qui m'est encore méconnue. le thème de la guerre y est abordé d'un point de vue original parce que vécu dans l'ombre, en arrière-plan, comme si les murs épais et infranchissables du pensionnat protégeaient ses fidèles de tout danger extérieur en les tenant dans l'ignorance ou le déni.
Bien contente d'avoir enfin lu ce roman mais je ne le lirais pas à nouveau. Quant à la qualité d'écriture, je n'hésiterai pas à tenter le coup avec «
La Porte », de la même auteure, parce qu'elle a un je-ne-sais-quoi de distingué.
CHALLENGE PLUMES FÉMININES 2023