C'est mon premier
Maud Tabachnik, ma lettre T du Challenge ABC Critique 2011, et ce livre (offert avec deux achetés dans la même collection) était dans ma PAL depuis un certain temps déjà. le challenge ABC vide les PAL d'un côté et les remplit de l'autre. Disons-le tout de go, le style de
Maud Tabachnik qui transparait dans ce roman (je ne connais pas les autres) me laisse une impression extrêmement mitigée. Malgré un scénario classique et pour le moins efficace (une enquête policière haletante qui vise à identifier un dangereux tueur en série), le roman souffre de deux défauts majeurs : l'allergie pathologique aux Français et la facilité scénaristique.
Maud Tabachnik a peut-être une revanche à prendre, en tout cas elle semble vouloir régler des comptes avec ses compatriotes (« je trouve les Français assez cons »). le personnage principal, Sam Goodman, est un policier juif américain de Boston détaché à Paris. Avec sa mère, qui ne tarde pas à venir le rejoindre, ils sont pratiquement les seuls personnages sympathiques du récit. Les autres protagonistes, les Français donc, sont invariablement méprisables, incompétents, prétentieux, fourbes, racistes voire à moitié idiots. Et on a droit à un tour de France de nos régions pour prouver qu'il n'y a pas d'exception possible : Colonna le Corse (« qui parle comme un truand dont il a l'allure ») est belliqueux et raciste, Faou le Breton est d'extrême-droite et raciste (« on est quelques-uns à penser que la France doit rester propre, vous voyez ce que je veux dire ? »), la jolie voisine de palier est de Montluçon, c'est une « nunuche intégrale », nymphomane et raciste (« des restaurants ? Mais ils sont tous juifs ! […] C'est dégueulasse ! Tu pourrais manger la viande d'un animal qui a été égorgé ? Et tous ces types avec leur barbe et leur galette sur la tête ! »). Les Français en général, quand ils ne sont pas ouvertement antisémites, sont antiaméricains et prétentieux (« je n'ai pas l'impression que les enfants de l'Oncle Sam soient tellement en odeur de sainteté de ce côté-ci de l'océan » ; « qu'est-ce que t'es lettré, pour un Américain ! Je lève les yeux au ciel. J'avais oublié que les Français, même les meilleurs, pensent avoir inventé la culture »). Au milieu de ce peuple arriéré et xénophobe, les deux américains, eux, font figure de surdoués, ils sont riches, élégants, distingués, cultivés, et forcément pris pour cible (la mère sera enlevée par le tueur en série). Il n'est donc pas étonnant que Sam Goodman, dans la chasse aux malfaiteurs, surpasse très vite ses collègues Français incompétents et devienne même un héros médiatique.
Le deuxième problème de ce roman est la grosse ficelle finale qui va permettre de conduire au tueur en série : l'utilisation de l'art divinatoire vaudou et d'un pendule pour se diriger tout droit vers la cachette du meurtrier ! Tout ceci n'est pas crédible un seul instant, et vient mettre à mal un scénario au suspense pourtant garanti, qui par ailleurs aurait pu tenir ses promesses.