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Qu'il est difficile de parler de ce livre sans spoiler.
Luca Tahtieazym nous montre une autre facette de son talent en nous offrant un thriller à la construction originale, puisqu'il commence par la fin, et je salue bien bas la prouesse, parce que le suspense est maîtrisé jusqu'au bout (donc jusqu'à la fin du livre, qui en est le début ; oui, je sais, il faut suivre, mais vous verrez, tout est magnifiquement articulé et coule tout seul), et nous n'avons la clé de l'énigme qu'une fois le dernier chapitre lu.
Et on y arrive bien vite, à ce dernier chapitre, parce que les pages défilent à toute allure dans ce roman à multiples rebondissements. Les personnages sont attachants et fort bien décrits, comme toujours dans les récits de cet auteur et encore une fois, on vit l'histoire avec eux.
Juliette aime Gabriel, accusé d'un horrible meurtre, et se lance dans une enquête visant à le disculper.
Du suspense donc, je l'ai déjà dit, de l'action, un peu de violence mais rien de gratuit, tout est parfaitement dosé et on ne s'ennuie pas une seule seconde. En plus de tout ça, beaucoup d'émotion... mais point trop non plus, on ne sombre pas dans la romance sirupeuse, rassurez-vous.
Un livre qui ne vous laissera pas indifférent, j'en suis persuadée. Alors n'hésitez plus et foncez vous le procurer.
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Étonnant, déroutant, détonnant !

Quelle surprenante surprise que ce livre.
Un auteur avec un nom à priori imprononçable et inconnu de mes radars, je partais avec un petit a priori.
Erreur, grosse erreur.

Il est difficile de faire une synthèse de cette histoire sans prendre le risque d'en dévoiler un pan.
Alors je n'en ferais rien.

Mais oui il s'agit bien d'un thriller et pas que.
On voyage un peu, on découvre la vie des sans abris, l'escalade, Freud, les échecs.. c'est riche !
Un brin de poésie, un poil d'humour (même plusieurs), du suspens, de l'horreur (toujours dans un thriller).

Mais c'est aussi et surtout la construction de ce roman, à rebours qui m'a vraiment marqué.
Alors oui parfois j'étais un peu perdu mais au final je me suis vraiment régalé.

Foncez !
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Ce roman débute par la fin. L'auteur a joué avec la chronologie de l'histoire et cela donne un livre original et prenant.
On lit le roman comme pris dans un compte à rebours et le mystère tient en haleine. Qu'une envie ; découvrir la fin.
Le personnage principal a un caractère atypique, fort et original que j'ai adoré. Elle n'a rien du personnage principal classique et elle en est que plus fascinante.
Ce thriller était une excellent découverte !
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Bonjour amis lecteurs je vais vous parler de "La mante nue" de Luca Tahtieazym.
Je dis waouh . Lucas c'est totalement surpassé, dans l'écriture de ce roman, il a mis la barre haute.
Un de ses meilleurs livres, pour moi.
Nous partons à la découvert de Gabriel et Juliette, les deux personnages principaux de cette histoire.
Deux êtres totalement différents.
Juliette , personnage énigmatique , des secrets , des non dits enfouis dans sa mémoire.
Gabriel qui avait tout pour mener sa vie à bien , mais un malheur lui tombe dessus , il est accusé dans meurtre ignoble
Juliette épris de Gabriel se lance à la chasse à l'homme pour le disculper.
Je m'arrête là pour ne pas spoiler l'histoire.
Un livre totalement original par sa construction.
La fin est dévoilée des le début.
Un livre qui mélange passé , présent.
Un livre tellement bien écrit , que nous ne nous égarons pas dans l'espace temporel, et dans la vie des différents personnages.
Un livre qui m' a torturé les neurones, du début à la fin ;
Une histoire à cent à l'heure, de rebondissement en rebondissement.

Un livre qui nous tient en apnée à peine le temps de respirer.
Une thématique totalement maitrisée.
Une intrigue, un suspens qui nous tient en haleine ,jusqu'au mot fin.
Une écriture fluide.
Une lecture addictive, visuelle, une sensation d'être un des personnages de ce roman.
Le final est le début de l'histoire;
Impossible de lâcher ce roman que j'ai dévoré
Un mot prestigieux
Un véritable coup de coeur.
Merci les Inception Éditions et Luca tahtieazym
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La mante nue est un roman construit à rebours. Tout commence avec la fin. Attendez! Quoi? On connaît l'identité du tueur et la victime? Et oui, dès l'épilogue, qui apparaît à la place du prologue, on sait qui meurt et qui commet le meurtre mais on ne sait pas pourquoi…

L'auteur va alors remonter le temps. On commence par la fin pour découvrir une explication à ce début de roman pour le moins abrupt. On y fait la connaissance de Juliette, folle amoureuse de Gabriel. Ce dernier a été accusé (puis blanchi) du meurtre sordide d'une jeune femme, retrouvée découpée dans une casse. le film se rembobine et on suit, à rebours, l'histoire d'amour de ce couple.

Juliette est un personnage très énigmatique qui dès le début m'a vraiment interpellée. C'est sur elle que repose le roman finalement et lorsqu'on découvre son histoire, on ne peut être que surpris. Elle se bat pour innocenter Gabriel, prenant les coups, encaissant les menaces. On se demande bien d'où lui vient cette passion des échecs. C'est un personnage mystérieux et bluffant d'un bout à l'autre du roman.

Mais le plus impressionnant dans ce roman reste sa construction, sorte de puzzle qui s'éclaire lorsqu'on parvient au prologue final! J'ai adoré, j'ai été bluffé et c'est un roman que j'aimerais relire pour enfin pouvoir tout remettre dans l'ordre maintenant que je connais le fin mot de l'histoire. L'auteur nous mène en bateau avec panache d'un bout à l'autre et ça fait du bien.

La mante nue est un thriller bien ficelé, au déroulé original que je recommande vivement.
Lien : https://carolivre.wordpress...
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C'est un peu par surprise que j'ai reçu le fichier numérique de la Mante Nue. le titre ne m'inspirait pas plus que ça… mais ayant déjà eu l'occasion de lire les livres de cet auteur, je ne pouvais pas refuser. Il fait partie des auteurs que je commence à suivre assidûment.
Bien m'en a pris, je crois que cette lecture fut l'une des meilleures de mon année 2021, rien que ça.
La construction du livre est clairement le point fort. L'auteur a décidé de démarrer son oeuvre par la fin… Sans vouloir être offensant, j'ai souri dans mes dents en pensant qu'il s'agissait là d'un effet de style un peu navrant, une manière de se mettre en valeur par une petite dose d'originalité sans grand intérêt. Et puis j'ai lu… Et c'est juste, extrêmement bien foutu… je crois qu'un jour je le lirai dans l'autre sens.
Cet effet, disons, de style apporte énormément et en grand habitué des thrillers, j'ai été complètement bousculé. Moi, qui d'habitude, entre dans l'histoire et cherche les petits détails pour deviner la fin, j'en ai été totalement incapable, même pas l'ombre d'une piste pour savoir comment l'histoire allait tourner. Je me suis même parfois attardé à revenir quelques pages en arrière pour me dire que j'avais manqué un indice, un morceau de l'histoire, rien de rien.
Le puzzle est resté entier jusqu'au bout. Et quel kiffe de voir tout s'imbriquer parfaitement sur les 10 dernières lignes du texte. Un coup de maître.
Et puis Luca T. a une écriture tellement agréable. Les auteurs de “noir” sont parfois taxés de plume pauvre. Ici, on est sur du très très haut niveau.
Sans vouloir offenser Inceptio, qui reste malgré tout une petite maison, j'ai du mal à comprendre comment ce gars n'a pas pu être repéré par un des géants de l'édition. Si j'avais un auteur à aller chercher, il serait probablement le premier nom sur ma liste pour ma maison d'édition.
Un talent rare, pour un livre exceptionnel (selon moi, bien sûr).
A vos tablettes… on y va, vous ne le regretterez pas.
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Lorsque j'étais jeune enfant, mon Pep ( mon grand-père adoré ) me proposait un jeu ( que j'adorais presque autant ) : j'observais une image quelques minutes, puis je devais lui décrire ce que j'avais retenu en omettant le moins de détails possible. On s'amusait de la même manière en pénétrant dans une échoppe, dans le salon d'amis, dans un bureau de poste, au restaurant et même lorsqu'il ne m'accompagnait pas, j'ai longtemps joué à ce jeu, toute seule. Un poil plus grande, mon vocabulaire plus riche, il me demandait de qualifier ce que j'avais retenu, c'est ainsi qu'un pull-over sur un sofa prenait la couleur de la moutarde séchée ou du beurre rance, le sofa était en velours à grosses côtes larges qui grattent désagréables sous les ongles et d'un vert comme la bouse des vaches…
Autre jeu, autre sens, il me faisait humer l'air et me demandait à quelle image j'associais une odeur. J'ai donc construit des souvenirs, des images illustrant des effluves au fil du temps, et sans m'en rendre compte, j'ai poursuivi cette éducation de mon imaginaire et développé probablement mon acuité, mon sens de l'observation et ma curiosité.
Lorsque je visionne un film, je suis passive, bridée, mon imaginaire se plie aux volontés du réalisateur et suis donc le fil de l'histoire et par le fait, je pense être peut-être moins exigeante, le confort du siège moelleux, le choix musical, les silences, la beauté des actrices et acteurs, des plaisirs artificiels anesthésiant probablement mon attention.
Dans un roman, si l'auteur me donne des pistes, des voies d'accès, mon imagination est le maître de cérémonie et ma curiosité et mon sens de l'observation sont à l'affût. C'est pour cela que je suis parfois assez déçue des polars parce que l'élément qui tient tout le bouquin, le détail qui va changer la destinée des protagonistes, le twist qui va donner une direction inattendue aux éléments, il m'arrive bien souvent de le voir venir, ou pire, il est amené par un truc pas crédible, comme si à court d'imagination, l'auteur s'était laissé aller à un truc un peu bancale dans l'espoir que le lecteur, pris dans la tempête du récit n'y verrait que du feu. Je viens de terminer un livre d'un auteur que j'apprécie personnellement tout juste édité dans une belle ME et qui m'a fait cet effet. Les 2 événements qui donnent tout le sens et le changement de direction ne sonnent pas la vérité. J'en sors donc frustrée, voire un peu déçue. Les retours sont pourtant dithyrambiques.
Dans ce roman de Luca Tahtieazym, je n'ai RIEN vu venir. J'imagine le gros travail de réécriture pour ne rien laisser échapper, le recul qu'il faut pour ne pas se laisser embarquer par l'élan de ce récit conté à rebours, enfin, pas complètement… néanmoins, jamais on ne s'y perd.
La fièvre fut telle qu'il m'a fallu beaucoup de volonté hier après-midi pour promener mon chien par ce grand beau temps et ne pas rester enfermée avec mon incroyable lecture. Et j'ai lu cet incroyable roman, cette incroyable fin. Je suis retournée lire quelques chapitres pour retrouver la chronologie, notamment quelques passages clés. Parce que comme Juliette ou Élise, je suis un peu têtue, bornée, curieuse et que j'aime pas ne rien voir…Pfiou…
Luca, j'en ai le frisson. Il y a l'Alex de Lemaitre, le Shutter Island de Lehane, le Tokyo de Mo Hayder, et il aura La mante nueDe Luca. J'y retrouve des thèmes redondants et chers à l'auteur comme la fatalité, factum ( et le latin toujours si malicieusement dilué dans le récit ).
J'ai été enchanté par l'écriture, prouesse stylistique mais sans prétention, sans se regarder écrire, je me suis mise rapidement à lire à voix chuchotante pour m'imprégner du rythme musical de chaque description. Allitérations, assonances, humour, interpellation du lecteur ( je ne connais que 2 auteurs qui savent le faire avec panache et style ), du pas de sioux pour approcher des chasseurs qui sont entrés en file indienne, à « l'oraison du plus fort est toujours celle qui meurt », d'Asterix l'irréductible clochard aux scènes de sexe sans pudeur, des dialogues justes aux réparties cinglantes, dans lesquelles flottent la mélancolie et une détresse éternelle, des mots qui souvent m'ont écorchée et bousculée, là un endroit où j'aime qu'on me bouscule ( les tripes, la boîte à émotions, je préfère citer, je vous vois venir )
J'ai les larmes aux yeux. Non parce que l'histoire est douloureuse. Pas seulement. Mais pour tout cet ensemble, cette entièreté qui fait que ce roman est tout simplement parfait. Je retrouve un peu d'Élise dans Juliette. Je retrouve sa funeste obstination. Son jusqu'au-boutisme. Son extrémisme, ses excès. Et je l'aime cette femme. Juliette. Un prénom qui sonne pourtant si gaiment, joyeux, si doux, si plein d'un avenir serein si on oublie celle de Shakespeare.
Bravo Lucas.
J'ai déjà posé de-ci, de-là, quelques citations qui m'ont fait lever les sourcils et prendre mon crayon à papier pour les noter. J'ai eu la chance de visiter La Rochelle début septembre et l'île de Ré. J'ai des clichés, des pastels, des effluves plein la caboche mais mon imaginaire reste intact. Merci Luca, merci 1000 fois d'en avoir été le guide.
Bravo pour ce polar, ce thriller, ce roman juste tout simplement Parfait.
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Une PÉPITE !!! ❤

Margot, jeune femme de 22 ans, est sauvagement torturée et assassinée, son corps est retrouvé démembré dans une décharge aux alentours de la Rochelle. Gabriel, agent immobilier est le dernier à l'avoir vu et à donc été suspecté et interrogé faute de preuves, il a été relâché. Juliette, sa petite amie, se lance dans sa propre enquête afin de trouver le véritable coupable.

Voilà un roman au format original où l'on commence par la fin ! Cet aspect est d'abord déroutant, ce n'est pas commun de commencer une livre par son épilogue ! Mais, c'est ce qui a rendu cette lecture encore plus intéressante, prenante et addictive. C'est une histoire à rebours et c'est un concept que j'ai vraiment adoré ! On est dans le flou tout le long et on ne comprend pas ce qui se passe jusqu'à la toute dernière page ! L'auteur tire les ficelles de son intrigue à la perfection, on se pose un tas de questions, on doute.

J'ai adoré le personnage de Juliette, une héroïne comme on en voit peu ! Elle est violente, associable, borgne, franche et vulgaire. C'est une jeune femme vraiment atypique et son côté décalé m'a beaucoup plu !

Pour ce qui est de l'écriture, la plume de Luca Tahtieazym est très fluide et agréable, vraiment un régal de le lire ! Cette lecture m'a donné envie de découvrir ses autres ouvrages !

Un excellent thriller, intense, haletant et troublant à souhait, que je vous conseille grandement ! C'est encore un coup de coeur pour ma part !
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Intense plaisir de lecture.

Une fois de plus Luca Tahtieazym signe un thriller captivant, audacieux, décalé, peuplé de personnages forts.
Oh cette splendide Juliette !… Oh ce troublant Gabriel !… Oh ce Bartosz satanique !… Oh ce merveilleux Astérix ! …
En commençant par la fin, donc, et en remontant le courant de l'histoire, Luca s'en tient à un parti pris technique radical. Notez qu'il ne s'agit pas d'une inversion complète de la marche du temps, car à l'intérieur de chaque séquence le défilé chronologique des faits est de rigueur.
Et, présentée de cette façon, l'enquête garde non seulement tout son intérêt, mais son suspens va croissant, car ce qui doit rester caché se terre au fond du fond, dans le mutisme éclatant des origines.
De ma part, vous ne saurez rien de plus sur les éléments de l'intrigue, à moins que je ne le formule sous forme énigmatique.
Alors, certes, la construction de la Mante Nue est insolite et excite la curiosité, mais là n'est pas l'essentiel de la séduction de ce roman multifacette.

Je ne parlerai que de mon plaisir de gourmet et tenterai de restituer ce que j'éprouve quand j'entre dans un bouquin De Luca. La première spécificité, c'est le temps d'accommodation nécessaire. Au début, je trébuche toujours sur les phrases, non en raison de leur construction bancale, mais en raison des choix de vocabulaire, en raison du rythme et de la musicalité imprimés. C'est un peu comme trouver le bon réglage de focale pour visualiser l'effet de relief d'une photo.
Très rapidement, après 4 ou 5 surprises, on fait correctement le point et on se sent glisser agréablement dans un paysage mental qui palpite. Car les choses sont comme tangibles et vivantes autour de soi. Vite, un exemple :
« quand les vents violents vous versent vers les rivages sauvages », l'effet stylistique de consonances et d'allitérations combinées mis à part, ça se lit comme si on tournait autour d'une sculpture, on a une perception en volume du ressenti vertigineux. Et ça tombe remarquablement bien puisqu'il s'agit d'une scène d'ouverture consacrée à l'escalade… on tourne autour d'une roche, on joue avec le danger d'un a-pic.
Juliette, qui mène la cordée, monologue intérieurement :
« Je veux quelque chose d'épidermique, quelque chose de si tonitruant que j'en serai balayée comme une vétille. ».
Le choix des mots, à ce stade de ma lecture, m'arrête, me surprend, m'interpelle, tonitruant me harponne ; je reviens sur lui deux ou trois fois avant de reprendre la phrase ; ce tonitruant est vraiment tonitruant, assourdissant, foudroyant, inquiétant ; il me semble déplacé, incongru, et donne à cette proposition un côté décalé, flirtant avec l'expression d'une folie. Alors… dingo la Juliette ?
Folle de rage et d'amour, oui !
Plus loin, elle délivre quelques ébauches de son autoportrait (d'ailleurs, est-ce que ce thriller est autre chose que cela ?) :
« Une damnée diaphane qui danse dans les dédales de son désarroi. »

Plus loin encore, à l'occasion de la description d'un hématome qui se forme sur le visage de Gabriel, je relève dans l'écriture cette nouvelle percée musicale :
« dessinant des ridules veineuses qui tréfilent vers la lisière de sa chevelure. »
Ces consonances ne sont qu'un aspect des jeux littéraires que pratique Luca. Il y a notamment le choix des verbes qui font à eux seuls métaphore : « qui tréfilent » ! et le choix des termes qui à eux seuls portent tout un patrimoine culturel : « Des bars grillés, fardelés de branches de thym,… » « fardelés » ! Ou encore celui-ci : « … l'humour est la manière la plus efficace de me protéger. Chacun sa rondache. » « rondache » !

Lucas pratique ainsi tous les jeux de mots possibles et s'amuse autant qu'il peut, s'autorisant toutes les figures de style, des plus plates au plus emphatiques, jouant l'excès dans tout :
«… je sens la charge furieuse de la haine boucher mes artères, compresser mon cerveau, brésiller ma clémence. »
Ou encore :
« le voile noir du ciel, tirant sur le bleu cobalt, plastronnait son amertume sur le décor sépulcral, amplifiant la panique et l'ambiance crépusculaire. »
Voilà son audace, sa marque stylistique, sans oublier son humour, son autodérision, sa fausse nonchalance, l'appel non voilé à la complicité du lecteur au coeur même d'une scène d'action tapageuse – où d'autres n'auraient certainement pas osé un tel dérapage contrôlé ! :
« Je cogne James dans les côtes. Juste comme ça, en amoureuse des casus belli. Pour lui rappeler que la menace est réelle, que je suis folle, que la foudre tombe sans avoir été invitée et sans s'annoncer, qu'il est une proie, qu'il ne doit attendre aucune pitié de ma part, qu'il est à ma merci, que je vais peut-être/certainement/forcément (barrez la mention inutile) le tuer. Il gémit. L'odeur de son sang me grise. C'est un parfum métallique, avec des notes insistantes qui rappellent le soufre. Je l'aime, cette odeur. »

Encore faut-il signaler les multiples auto références qu'il glisse dans le cours du texte et sont autant de clins d'oeil adressés à ses afficionados.

Pourtant ce n'est pas tout.

S'il s'amuse avant tout – par exemple à émailler son récit de locutions latines – c'est aussi avec le plus grand sérieux, par touches précises, qu'il évoque le contexte médiatique, social et politique des années 1980. C'est avec un réalisme exigeant qu'il dépeint la figure d'un journaliste de la presse écrite de Province, et surtout, c'est avec une véracité inouïe qu'il réussit un reportage absolument époustouflant sur le mode de vie – ou de survie plutôt – des sans-abri dans le Paname du XXe siècle, qui annonce de manière troublante la grande misère des recalés du passage au XXIe .

Mais vous l'aurez compris, et l'illustration de la couverture le clame, la figure maîtresse de ce roman est la Mante. Qui est-elle ? Un avatar de Miss Fatalité ? Un fantôme ? L'une des Parques ? Une séductrice perverse ? Une marionnestiste cynique ? Une puissance qui joue avec ses créatures comme avec des pions sur un échiquier ?

Au cimetière de Saint-Éloi, où Juliette a conduit Gabriel pour qu'ils se trouvent réunis tous les deux au plus près de l'âme de Margot, jamais le lecteur n'aura été aussi près de la révélation en lisant ce à quoi songe Juliette :
« Je médite sur le sort, les voies, les choix, les couloirs qu'on emprunte et dont on ne sort pas, les boulets aux pieds et la lumière qui attire, trompe et se meurt avant qu'on ait pu se brûler en l'attrapant. Aucune odeur n'en domine une autre, comme si cet espace était en dehors du temps et de tous les sens humains. Une dimension funeste dans laquelle s'entortillent des âmes égarées qui geignent en assaillant les vivants. »

Mais avant cela, vers un hier embaumé d'espérance, il y avait une Juliette qui se jetait dans l'amour « aveuglément, sans mesure, avec toute sa folie et toute sa rage ».

À lire passionnément.
Lien : https://www.blogger.com/blog..
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Cela commence par la fin, violente, incompréhensible. Et puis on remonte le temps et on découvre tous les personnages.
Juliette est une fille très mystérieuse.
Gabriel a souffert et veut se faire oublier.
Bartosz incarne toute la dangerosité du monde des clochards.
La Rochelle est comme toutes les villes, bruissante de ragots, peuplée de gens bien pensants dont certains sont prêts à faire justice eux-mêmes. Un joyeux cocktail où le meurtre affreux d'une jeune femme fait couler beaucoup d'encre.
J'avais deviné une partie de l'énigme mais la fin est bluffante et indétectable. Moi qui habituellement n'aime pas les constructions tarabiscotées avec flashes back incessants, j'ai été captivée. A aucun moment on est perdu.
A signaler aussi le style soigné et le vocabulaire riche.
A la prochaine occasion, je relirai cet auteur.
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