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109 pages
Albiana (01/10/2018)
5/5   1 notes
Résumé :
Dans le présent essai, relevant de l'histoire de la culture et des idées, l'auteur propose d'aborder la formation d'un "républicanisme corse" à l'âge de l'indépendance de la Corse (1755-1769). Il s'agit là d'une page de l'histoire de l'île souvent dédaignée voire déniée, parfois simplement méconnue des spécialistes ou des Corses eux-mêmes.

Pourtant, l'expérience inouïe de la promulgation de la première constitution démocratique de l'âge contemporain (... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cet essai est le résultat d'un travail de recherches effectué par monsieur Jean-Guy Talamoni dans le but de rédiger sa thèse.
Ce livre se divise en trois parties :
- Les sources
- Les institutions
- Imaginaire

Le sujet qui mêle Histoire, politique, religion, élaboration d'une Constitution... est complexe pour un néophyte. L'étude réalisée est étayée par des recherches bibliographiques poussées et riches ( Aristote, Thomas d'Aquin, Don Gregorio Salvini, François-René-Jean de Pommereul, Antoine Genovesi, Hannah Arendt, Dorothy Carrington... une multitude d'historiens et auteurs Corses).
Le thème de l'ouvrage est l'étude de la formation d'un "Républicanisme corse" au moment de l'indépendance de la Corse (1755-1769) avec la promulgation de la première constitution démocratique en 1755, (donc largement antérieure aux révolutions de 1776 en Amérique et de 1789 en France), Constitution très innovatrice (liberté, démocratie, droit au bonheur, droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Notions nées de la lecture d'ouvrages d'auteurs italiens des Lumières. le lecteur pourra constater également combien l'idée de laïcité ou les questions relatives à l'éducation ont pu être importantes (création de l'université)... Expérience universitaire interrompue brutalement par la conquête française de la Corse en 1768.
Cet essai est un ouvrage précieux, d'une petite centaine de pages, qu'il sera utile de lire et reconsulter ponctuellement pour les lecteurs non spécialisés en politique ou qui ont des lacunes relatives à l'Histoire de la Corse... et cela tant que cette matière ne sera pas enseignée dans les écoles insulaires.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Comme nous venons de le voir, à une époque où les Français et la plupart des Européens vivaient sous le joug d'un roi de droit divin, les Corses fondèrent une république démocratique et laïque, sous l'autorité de Pasquale Paoli. Ce dernier sépara fermement ordre politique et ordre religieux, quitte à être sévèrement critiqué par les "intégristes" d'alors. Il invita des juifs à venir s'installer en Corse et leur reconnut expressément le droit de vote. Paoli respectait également les musulmans et hébergeait les corsaires tunisiens lorsqu'ils connaissaient des avaries sur les côtes de Corse. Il entretenait des relations cordiales avec le bey de Tunis. Ces relations étaient fondées sur un respect réciproque. Si la laïcité corse fut une laïcité sereine, c'est que l'île baignait à l'époque dans les Lumières italiennes, lesquelles, à la différence des françaises, ne poursuivaient pas l'objectif d'éjecter le fait religieux de la société. Comme son maître Antonio Genovesi, ou Dante Alighieri dont il était le lecteur, Paoli était favorable à la séparation entre le politique et le religieux, mais sans tomber dans l'anticléricalisme violent qui caractérisa les penseurs - et bientôt les révolutionnaires - français. Cette différence de sensibilité ne sera d'ailleurs pas pour rien dans la rupture de 1793 entre la Corse de Paoli et la Convention.
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Alors que la Révolution française apparut comme une rupture - la politique "de la table rase" en fut l'illustration - la Révolution corse constitua un moment de ce fil républicain italique, parfois souterrain mais jamais rompu. Même si sur la péninsule ce fil devait être souvent éclipsé par la seigneurie, ce ne fut.pas le cas à Gênes - puissance dominante dans l'île - qui demeurait une République au moment où les insulaires entreprirent de s'en séparer. C'est évidemment la raison pour laquelle, en Corse, la "République" de Paoli ne pouvait dire son nom : le mot évoquait trop l'ennemi génois. Ainsi, les insurgés se doterent d'institutions républicaines sous le nom de ... "Royaume de Corse" (Regno Di Corsica). De ce royaume, la souveraine était la Vierge Marie, ce qui en montre le caractère purement fictif sur le plan politique. Le procédé évoque celui adopté par les Florentins au cours d'un XVIe siècle quelque peu agité, quand leur république proclama Jésus-Christ roi de la Cité.
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Les Corses du début du XVIIIe siècle connaissaient de graves difficultés économiques du fait du système colonial génois, comme le montre Salvini dans la Giustificazione (*). Toutefois, le peuple y était socialement plus homogène que la société française d'Ancien Régime. Salvini reproche d'ailleurs à Gênes d'avoir ravalé les grandes familles corses au rang des couches les plus populaires! Aussi est-ce bien la question nationale - et non la question sociale - qui est placée au centre de la problématique par les textes politiques de l'époque : plutôt que le vocable "égalité", le maître mot est "liberté" (libertà), dont on relève un nombre conséquent d'occurences dans la Giustificazione.

(*) Giustificazione della Rivoluzione di Corsica, Corti, 1758
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La pensée politique élaborée en Corse au XVIIIe siècle, que l'on appelle généralement le paolisme, conserve aujourd'hui encore une importance considérable, non seulement dans les formations dites nationalistes - lesquelles représentent une grande partie de l'électorat - mais encore sur l'ensemble du paysage politique insulaire. Lorsqu'on considère la distance existant entre les traditions politiques corse et française, on comprend mieux les difficultés parfois rencontrées dans le dialogue entre l'île et l'hexagone.
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(...) l'aspect le plus remarquable de la politique religieuse paolienne est l'attitude adoptée à l'égard des juifs. Cette dernière ne se limite pas à une simple tolérance, ce qui aurait été digne d'éloge en ce mitan du XVIII ème siècle dans un pays de vieille catholicité. On sait qu'il y eut un véritable encouragement à l'installation en Corse, pour des raisons essentiellement économiques. Le plus étonnant est la volonté d'intégration au système politique national, clairement manifesté par Paoli à l'occasion de la fameuse affaire dite du "Juif de l'Ile-Rousse". A la députation de l'Ile-Rousse qui demandait au Conseil d'Etat si un juif pouvait participer aux élections, le Général de la nation faisait cette réponse dépourvue d'ambiguïté :

"La liberté ne confesse pas... Nous avons une loi d'après laquelle tout honnête homme domicilié sur le sol affranchi de notre patrie peut prendre part à la nomination de ses magistrats et de ses représentants. La loi politique ne doit intervenir que pour empêcher les querelles religieuses de troubler la paix de l'Etat."
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Vidéo de Jean-Guy Talamoni
Jean-Guy Talamoni : "Nos revendications dépassent très largement notre majorité" .https://www.franceculture.fr/emissions/journal-de-12h30/journal-de-12h30-mardi-6-fevrier-2018Le président de l'Assemblée de Corse répond à Ludovic Piedtenu.
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