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3,9

sur 388 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les trois soeurs /Anton Pavlovitch Tchekhov
Olga, Macha et Irina rêvent de revoir Moscou. Quitter leur maison familiale héritée de leurs parents disparus située loin de la capitale dans une ville de garnison, c'est leur obsession. Macha s'est mariée jeune à un certain Koulyguine, professeur de lycée, et tombe amoureuse du commandant de la base, Olga est célibataire et enseigne aussi au lycée, et Irina est courtisée par le lieutenant Soliony. André, le frère des trois soeurs a perdu au jeu et a dû hypothéquer la maison. Une famille en détresse qui s'ennuie et pour qui rien de vraiment positif ne se passe. C'est seulement lorsqu'elles sont ensemble que la vie reprend un peu de couleur.
Tchekhov dans cette pièce écrite en 1900 à la veille de la révolution bolchévique, évoque l'immense détresse de la Russie de la fin du XIX e siècle. Écrire une pièce avec comme thème principal l'ennui que vivent les trois soeurs a pour conséquence que le lecteur presque forcément s'ennuie lui aussi car il ne se passe effectivement rien d'extraordinaire qui puisse maintenir en éveil son attention. À plusieurs reprises les trois soeurs qui sont ballottées par les événements sans y avoir prise, se posent la question existentielle, à savoir, pourquoi vivre cette vie qui n'a pas de sens. Sauf si l'on considère que le travail est plus important que l'amour et la culture. Discutable !
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« Tu ne seras jamais heureux si tu continues à chercher en quoi consiste le bonheur. Et tu ne vivras jamais si tu recherches le sens de la vie. »

Cette citation d'Albert Camus, sur laquelle je suis tombée par hasard sur internet, fait diablement écho à cette lecture. Avec les trois soeurs, nous sommes plongés dans l'érosion des rêves avec le temps, ces rêves et espérances qui se refusent à prendre leur envol et dépérissent au fond de leur nid. Mais c'est bien la recherche vaine du bonheur et du sens de vie qui alimentent les discussions des protagonistes.

Je ne sais pas trop quoi penser de cette pièce. Elle est intéressante et encore une fois, sous son aspect minimaliste, elle est d'une grande richesse. Mais j'ai eu l'impression d'être engluée dans une chape d'immobilisme alors même que le temps filait comme l'éclair d'un acte à l'autre. Les va-et-vient des personnages apportent une certaine dynamique mais peu d'action : ils parlent beaucoup et agissent peu. Par moment, j'ai même eu l'impression d'assister à une sorte de litanie lancinante. Certains questionnements reviennent constamment, comme si les personnages tournaient en rond mollement en ressassant et puis…et puis rien.

Le moins que je puisse dire, c'est que cette pièce ne respire pas la joie de vivre. Tchekhov a une vision du bonheur, et même de l'amour, assez déprimante, et dans le même temps une foi démesurée en l'avenir de l'humanité. D'autres thèmes sont également présents (plus ou moins les mêmes que dans la Cerisaie d'ailleurs) : l'ennui, la solitude des individus, l'oisiveté, le travail, mais ils sont ici abordés sous un angle différent. Il semble que j'aie été moins sensible à cet angle ci.
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Ils sont quatre, un frère et trois soeurs.
Leur père est décédé il y a un an.
Et maintenant les trois soeurs n'ont plus qu'une seule envie : quitter cette ville de caserne de province dans laquelle leur père a été muté il y a plus de 10 ans pour retourner à Moscou leur ville natale.
Mais voilà bien qu'Andreï, le frère s'est fiancé à Natacha.
Le temps a passé, 4 ans plus tard Andreï et Natacha sont mariés.
Et Natacha devenu la maîtresse de maison a réussi à en chasser les trois soeurs.
Andreï a renoncé à son rêve de devenir professeur à l'université Moscou et ses soeurs à celui de retourner y vivre.
Et puis les militaires eux-mêmes quittent la ville, alors même qu'ils étaient le seul noyau social des trois soeurs qui se retrouvent désespérément seules.
Elles vont donc devoir apprendre à vivre isolées dans cette petite ville de province dans laquelle la vie s'écoule au ralenti.
Encore une fois Tchekhov a la dent dure sur cette société russe à l'aube du XXème dont il prédit déjà qu'un immense bouleversement la guette.
Bouleversement qu'il n'aura pas l'occasion de voir arriver puisqu'il est décédé quelques années avant la Révolution qui allait voir la fin du tsarisme et de cette petite noblesse de province.
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👧 « Comment vous dire ? J'ai l'impression que tout sur terre est destiné à changer petit à petit, et que tout change déjà sous nos yeux. Dans deux ou trois cents ans - mille ans, si vous voulez ce n'est pas une question de durée – une vie nouvelle, heureuse, commencera. Cette vie, nous n'en serons pas, bien sûr, mais c'est pour elle que nous vivons aujourd'hui, que nous travaillons, que nous souffrons, enfin ; c'est nous qui la créons –c'est cela seul, le but de notre existence et, si vous voulez, notre bonheur. »
(P.54)

👧 Voilà Irina, Mâcha et Olga, les trois soeurs. Dans leur petite province, elles s'ennuient et rêvent de grandeur, d'un retour à la capitale, d'un lendemain meilleur. de prime abord, dans cette pièce, il ne se passe pas grand chose, comme dans toutes les oeuvres de Tchekhov : dès les premières répliques, on entre dans l'univers d'une famille à la dérive, dans le quotidien de personnages névrosés, désoeuvrés et désespérés, dans l'attente éternelle d'une action qui n'arrive jamais.

👧 Alors, quand une batterie de soldats fait une halte dans leur petit village, jaillit enfin l'espoir d'un changement tant rêvé : l'une des soeurs, déjà mariée, s'entiche d'un soldat ; une autre se fiance à un lieutenant et la dernière retrouve enfin l'envie de vivre. Si le jour semble enfin se lever sur leur morne quotidien, cet événement révélera d'autres écueils bien sombres, un frère ruiné, une belle-soeur avide d'argent et de reconnaissance, et tant de désillusions, de faux-semblants, de drames imprévisibles…

👧 Je n'ai lu que peu de pièces de Tchekhov mais chaque fois, l'émerveillement est au rendez-vous. Il réussit, en mettant en scène ses personnages aux nombreux travers et à la banalité déroutante, à rendre compte de la futilité de la vie, son caractère éphémère, et l'absurdité totale des moyens que nous employons à vouloir éviter le tragique dessein qui nous attend. Moscou est le miroir aux alouettes, l'échappatoire, la voie de secours… l'espoir d'un lendemain meilleur, à portée de main, si seulement on osait…!

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Atmosphère très fin de siècle, source d'un vague malaise à la lecture, où l'on sent que quelque part dans le monde les choses vibrent et changent mais pas pour ces trois soeurs qui restent embourbées dans un destin sans vie.
Et toujours cette modernité de ton qui continue de me surprendre chez Tchekov, ces personnages oisifs, enchaînés à leur condition, et qui semblent toujours sur le bord de basculer dans la folie.
Je ne saurais dire si j'aime, ais ce qui est sûr c'est que quelque chose chez cet auteur me dérange et me sort de ma zone de confort, ce qui ne peut être que bien.
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J'ai eu l'idée de lire cette pièce de Tchekov en lisant « L'échelle de Jacob » d'une écrivain russe. Une plongée dans la Russie tsariste du début du XXème Siècle, dans une « petite » ville de 100.000 habitants. Un monde clos, fermé où les trois soeurs (et leur frère) reçoivent beaucoup. une vie provinciale, étriquée où elles rêvent de futur et de Moscou, la capitale. Elles sont mal mariées ou célibataire, elles ont des rêves, mais tout cela passe avec le temps, les mouvements de garnison, et les aléas du quotidien. Au total, trois soeurs tristes, déçues par la vie (elles n'ont pas trente ans) et un univers glauque.
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On m'avait décrit cet ouvrage comme une pièce où il ne se passait rien. Eh bien, c'était une description très juste.
Dans une Russie en guerre, Les Trois Soeurs attendent. Elles attendent que la vie réalise leurs rêves, que tout se passe comme elles le voulaient. Elles fredonnent, véhiculent des commérages, ne s'écoutent les unes les autres à moitié. Elles veulent travailler, aller à Moscou, se marier. Elles semblent passer leur temps à vouloir.
A mon sens, l'un des traits remarquables de l'ouvrage est sans aucun doute la capacité d'Anton Tchekhov à ne pas informer les lecteurs sur le temps. Combien de jours se sont-ils déroulés entre deux actes ? Nous ne le savons pas. Peut-être quelques semaines, peut-être quelques mois, peut-être même des années. On sait simplement que les temps passe, et que les soeurs attendent toujours.
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J'ai passé un bon moment avec Les Trois Soeurs. Au début de ma lecture, j'ai eu un peu de mal à me rentrer dedans (je suis plutôt habituée au théâtre classique en vers) mais j'ai fini par vraiment me plonger dans la pièce avec l'impression d'être moi aussi parmi le groupe de personnages. J'ai sans doute eu cette impression car l'écriture est très naturelle, simple et proche des conversations que l'on pourrait avoir. Il y a cependant beaucoup de références à des oeuvres de la littérature russe, à côté desquelles je serais sans doute passée sans me retourner s'il n'y avait pas eu des notes, mais que les spectateurs et/ou lecteurs de l'époque devaient parfaitement comprendre.

J'ai bien aimé les personnages des trois soeurs, qui ont toutes les trois un caractère bien différent, mais qui sont très touchantes, chacune à leur manière.

Au niveau de l'intrigue, j'ai plus eu l'impression d'un enchainement d'instantanés photographiques sur un groupe donné que d'une véritable histoire. Un peu comme si on avait accès à seulement quelques instants sur la chronologie de la vie des personnages. J'ai trouvé cela très intéressant parce que l'on s'aperçoit bien que, malgré le temps qui passe et l'évolution des aspirations des personnages, ceux-ci semblent trop englués pour pouvoir agir. À chaque nouvel acte, on a l'impression de tomber sur un moment décisif, il y a une sorte d'excitation générale puis tout retombe comme un soufflé. C'est une vision très mélancolique et assez désespérante de la vie, mais cela correspond aussi, je pense, aux visions de l'époque (fin XIXe-début XXe). Malgré tout, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup plus d'espoir dans la fin que dans le reste de la pièce, comme si cette fin marquait un renouveau et annonçait une belle suite pour les trois soeurs.
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En ces temps de confinement (et donc de lecture intense), et puisque les théâtres sont fermés et pas prêts d'être à nouveau accessibles au public, j'ai décidé d'entamer la lecture des grandes pièces classiques…. Je commence avec Tchekhov, bien sûr, dont j'ai déjà pu apprécier plusieurs fois les représentations de la Cerisaie, de la Mouette et d'Oncle Vania.

Trois soeurs dans une ville de province quelconque dans la Grande Russie fêtent l'anniversaire de la plus jeune, avec le désir , pour chacune d'elles, de quitter au plus vite cette bourgade pour retrouver Moscou et sa vie culturelle et cosmopolite. de nombreux invités, un ballet incessant d'allées et venues, des conversations à bâton rompus …

Une pièce avec pour seule intrigue la fuite – ou pas – de cette atmosphère asphyxiante et la possibilité d'un avenir. Quatre actes, à des temps différents, et très peu d'action. Énormément de personnages (quatorze !) pour des dialogues incessants mais superficiels. Quelques personnages sont certes enclins à discuter des grandes questions de la vie, mais très vite cela tombe soit dans des considérations creuses, soit dans la moquerie.

Peu à peu tout se délite, la culture des soeurs, les connaissances, les ambitions des uns et des autres … Une impression de malaise se dégage au fil de la pièce, car personne n'est vraiment heureux de sa situation, personne ne sait vraiment quel sens donner à sa vie, quel projet pour le futur. Pire, on ne voit pas vraiment d'issue à ce mal-être. Bon il y a bien quelques moments cocasses, le vieux serviteur sourd comme un pot, un lieutenant qui parle avec un fort accent, des ritournelles d'enfant qui ponctuent des sujets graves, … on est au théâtre, quand même, mais l'ensemble, je trouve, reste pesant.

Peut-être que ces trois soeurs n'était pas le choix le plus heureux pour une lecture. Beaucoup de personnages, difficiles à différencier les uns des autres à la lecture, dialogues à la fois denses (peut-on encore parler de dialogue à certains endroits ?) et pourtant superficiels, peu d'actions …

Ah décidément rien de tel que de voir une pièce incarnée par de bons acteurs, mise en scène et en espace ! Oui, le théâtre est – et doit rester - un art vivant, c'est une évidence avec cette pièce de Tchekhov.
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C'est donc l'histoire de trois soeurs. Mais pas seulement. C'est également l'histoire de leur frère. Leur frère qui par ses décisions, ou plutôt ses absences de décision, influence fortement la vie de ses 3 soeurs.
C'est avant tout l'histoire d'une société. Une société désabusée, ennuyée et ennuyeuse, qui appelle de ses voeux à être "libérée de l'oisiveté".
Mais comment se libérer de l'oisiveté ? En rentrant à Moscou ? En se mariant ? En prenant des amants ? En buvant ? En travaillant...???
Travailler plus pour profiter plus...? La question est posée tout au long de cette pièce. La réponse est évasive : oui sur le principe, non en pratique.
C'est donc l'histoire d'une société qui a compris le problème mais qui ne trouvera jamais la solution.

J'ai aimé les thèmes abordés dans cette oeuvre. En revanche, certaines pièces sont aussi attrayantes lues que vues, et d'autres ne trouvent leurs charmes que sur les planches. Je dirai que cette pièce appartient à la deuxième catégorie. Si vous souhaitez découvrir le théâtre de Tchekhov par la lecture, je vous conseillerais plutôt "Oncle Vania". Bonne lecture

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Je m'appelle .............?..........." je suis un jeune homme de dix-sept ans, laid, maladif et timide", je passe mes étés dans la "maison de campagne des Choumikhine", et je m'y ennuie.

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