La paresse et l'oisiveté, c'est contagieux!
"Quand la vraie vie est absente, on se nourrit d'illusions. C'est tout de même mieux que rien."
"L'homme a été doué de raison et de force créatrice afin de multiplier ce qui lui a été donné. Mais jusqu'à présent il n'a rien fait...que détruire !"
Oncle Vania (1897), Anton Tchekhov
Oeuvre de la maturité.
Magistrale étude de l'errance et du désespoir, Oncle Vania est considéré par beaucoup comme le chef-d'oeuvre de Tchekhov. Située au tournant du siècle au sein d'une propriété rurale russe, la pièce présente Voïnitski (l'oncle Vania) régisseur du domaine, le professeur Serebriakov, propriétaire du domaine, Elena, sa seconde femme, et sa fille Sonia, amoureuse d'Astrov, médecin de campagne, qui l'ignore. Vania, aigri par l'impression d'avoir gâché sa vie, ne parvient pas à séduire la belle Elena et fait mine de tirer sur Serebroakov, mais rate son coup. La pièce se termine sur un constat : rien n'a changé.
Depuis vingt-cinq ans, il professe et écrit ce que les gens intelligents savent, et ce qui n’intéresse pas les imbéciles ; c’est-à-dire que, depuis vingt-cinq ans, il transvase du vide.
ASTROV : Avant je pensais que les types déséquilibrés étaient malades. Maintenant je pense que le déséquilibre est l'état normal de l'Homme. Tu es parfaitement normal.
Les forêts russes gémissent sous les coups de hache, des millions d'arbres sont perdus, les bêtes et les oiseaux fuient leurs refuges.
VANIA
Maintenant, la pluie va s'arrêter. Tout dans la nature purifiée va soupirer d'aise... Moi seul, je ne serai pas soulagé par l'orage. Jour et nuit, un démon m'étouffe à l'idée que ma vie est irrémédiablement perdue. Je n'ai pas de passé, les petits riens l'ont usé - bêtement ! - et le présent est là... effrayant d'absurdité ! Voilà ma vie et mon amour... Que faire avec ça ? A quoi servent-ils ? Mes sentiments s'épuisent inutilement, comme un rayon de soleil au fond d'un gouffre où je me sens mourir.
"[...] ce qui perd le monde, ce ne sont pas les bandits, ni les guerres, mais les haines, les inimités, toutes ces petites querelles sordides..."
"[...]en chacun de nous règne le démon et la destruction."