Relations internationales

Depuis la naissance de l'Etat moderne au XVIème siècle avec Machiavel et Bodin, le monde a connu deux phases d'organisation : le système westphalien à partir de 1648 qui se caractérisait par la régulation coordonnée des puissances à amoindrir les velléités hégémonique d'une d'entre elles jusqu'à rétablir l'équilibre des pouvoirs, et le bipolarisme entre 1945 et 1991 pendant lequel la stabilité était maintenue par le refus de l'affrontement de deux blocs opposés emmené chacun par une hyperpuissance. C'est l'équilibre des pouvoirs dans le premier ordre et la crainte d'un conflit destructeur dans le second qui stabilisait le système mondial.

Depuis 1991, le monde est en phase de transition sans que l'on sache déterminer le nouvel ordre vers lequel il s'oriente. Les théories réalistes prédisent que l'anarchie mondiale s'organise selon les politiques immédiates et contingentes des Etats ; les approches systémiques pondèrent l'autonomie des Etats par les liens qu'ils entretiennent avec le "système monde" ; les théories économiques ne font dépendre le nouvel ordre mondial que des critères économiques ; les théories institutionnalistes placent leur confiance dans les institutions internationales pour stabiliser à nouveau l'ordre politique mondial ; les constructivistes, à l'inverse des réalistes, n'envisagent les relations internationales que sous l'angle des concepts que les humains mettent en oeuvre selon le paradigme spirituel qu'ils privilégient. Sur la base de ces socles théoriques, certains prédisent le retour au bipolarisme ou au monde westphalien, voire à l'impérialisme pré-westphalien, une évolution vers l'unipolarisme américain, le multipolarisme ou tout simplement le maintien de l'anarchie mondiale.

Pourtant, à l'encontre des réalistes, une tendance se dégage depuis quelques décennies vers le développement de la coopération internationale, mais aussi entre entités non étatiques, ce que ni les réalistes, ni les partisans de l'économie n'avaient prévus. Ces coopérations se font à plusieurs niveaux : entre Etats, entre organisations non étatiques (organisations mondiales) et Etats. Il ne faut pas négliger l'influence de l'opinion publique qui influencent fortement la politique étrangères des démocraties, ce que les institutionnalistes n'évoquent pas. Peut-être les constructivistes seraient-ils les plus proches intellectuellement de l'ordre mondial qui se prépare, mais ils restent imprécis.

Il faut toutefois reconnaître que le mouvement est généralisé (Mercosur, ALENA, SADC, UEMOA, SAARC, ANASE, ANZERKA, UE, augmentations du nombre de signataires de l'ONU, de l'OMC, etc). Parmi ces organisations, l'Union européenne est la plus aboutie dans la voie de la coopération internationale car elle met en cause la notion d'Etat moderne par l'institutionnalisation de l'intergouvernementalisme et le partage des souverainetés des Etats.

Cependant, cette tendance doit être confirmée par les autres parties du monde selon qu'elles suivront cet approfondissement ou bien en dévieront. Mais il y a fort à parier que les coopération en place auront une influence forte dans le nouvel ordre mondial, quand celui-ci sera stabilisé.

La synthèse est passionnante et celle de René Schwok, "Théories de l'intégration européenne" est en une excellente introduction.