Takeru, tome 2

Laissez-moi vous narrer des jours de grandes aventures, car il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine... Takeru Ichimonji est un chasseur de primes au verbe haut et à l'incroyable gouaille qui vient chercher fortune et gloire au Royaume de Yamato, mais qui se retrouve bien vite le dernier espoir du pays pour empêcher une antique prêtresse aux pupilles doubles de revenir d'entre les morts et de répandre la mort et la destruction…
Le mangaka transpose dans un univers post-apocalyptique tous les légendes du Japon antique pour nous offrir une chouette aventure science-fantasy qui reprend tous les codes de la sword & sorcery avec une méchante millénaire dont la lieutenante démone travaille à la résurrection.
Il y a une phase très fantasy (remember "Une Sorcière viendra au monde"), les good guys étant en quête du livre intitulé Japan gardé dans la bibliothèque royale cachée au coeur de la Forêt du Silence tandis que les bad guys sont à leur poursuite pour retrouver l'élue de la prophétie qui ne connaît pas sa véritable destinée… j'imagine fort bien que l'auteur connaît ses classique et devait avoir en tête "Conan le Destructeur" de Richard Fleisher ^^
Et il y a ensuite une phase très SF avec des vaisseaux spatiaux, des machines d'apocalypse et des robots géants !^^

- chassez le naturel il revient au galop, donc c'est avec plaisir qu'on retrouve toutes les marottes de Buichi Terasawa : véhicules arcanepunk, cyber-ninjas, chevalier intersidéraux, sorcières/prêtresses tantôt bénéfiques tantôt maléfiques, serrures génétiques, lieux interdits, artefacts maudits, yokai des familles avec plantes tueuses, change-formes, créatures d'ombre, vampires psychiques, possessions démoniaques et tutti quanti, mais aussi les traditionnelles pépés bombesques et beautés callipyges en string chères à l'auteur… le tout sur fond de décors à la George Lucas, de situations à la R.E. Howard et de répliques à la Sergio Leone ! Bref, que de bonheur !!! ^^
Ah, grosse surprise quand même avec le développement d'une romance homoérotique entre le héros et le kagemusha de la Princesse du Vent qui finit en véritable tragédie antique…

- le kotodama est génial : j'en ai appris plus ici en quelques pages sur les écritures idéographiques qu'en 20 ans de sensibilisation aux langues orientales… Alors j'imagine la supracoolitude pour des lecteurs baignant dans une culture idéographique (d'ailleurs il a ensuite été repris par plein de mangakas, et pas des moindres, car les bonnes idées sont faites pour être reprises). Son potentiel narratif et visuel est infini, et nous régale de cases et de planches très classe. Mention spécial à ces 4 pages où le héros invoque l'orage avec de transformer un éclair en dragon grâce à son pouvoir de calligraphie psychique.
Le découpage est globalement bien réussi, mais il et parfois tellement réussi que j'imaginais à l'avance les scènes de ouf que cela donnerait à l'écran…

- OK le chasseur de primes Takeru à la fois artiste martial et guerrier de l'esprit est la version badass des guerriers-poètes des légendes du Pays du Soleil Levant… mais de la première à la dernière page il a tout du héros de geste, empruntant tel ou tel trait à Lancelot, Yvain, Perceval, Gauvain ou Tristan des légendes arthurienne ! Il y a franchement matière à faire de la mythologie comparée, et j'aimerais vraiment développer ce point avec des personnes intéressées par le sujet…


Un manga de 30€ c'est cher, mais ici l'édition de luxe réalisée avec soin par l'éditeur Isan Manga les vaut sans doute bien : planches entièrement colorisées, grand format 27 x 19 cm, couverture reliée, papier épais… Un chouette diptyque SFFF que je relirai sans aucun doute moult fois !