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sur 4391 notes
Ce qui frappe dans ce récit, c'est la qualité d'écriture, absolument exceptionnelle. C'est de la haute volée en permanence, pas de temps mort. Sylvain Tesson est un génie des mots, des formules, et manie admirablement la langue, les figures de style et les références littéraires. On est avec lui dans cette cabane, dans cette forêt, ce silence, cette nature gandiose, ces animaux... C'est du live, de l'immersion ! Au point qu'on en sentirait presque couler le thé et la vodka dans nos entrailles...sauf qu'attention, à la longue, la vodka...ça saoûle ! C'est un petit bémol à l'enchantement, ce côté un peu circulaire, redondant, et à la fin, disons-le, peut-être lassant. Bon, on m'objectera que c'est la forme, récit, journal, qui nous y condamne, ainsi qu'à l'autocentrisme. Certes. Et puis il y a ce léger malaise qui vous traverse l'esprit : cette expérience, calculée, bien préparée depuis Paris, à durée déterminée, alliée à cette avalanche de culture étalée...est-ce si naturel ? cela n'a-t-il pas un côté bobo ? Heureusement, pour qui sait la vie déjà longue de voyages de l'auteur, on se rassure quelque peu. Au total, un livre que j'ai adoré découvrir pour le plaisir des belles lettres, du sentiment de solitude, mais qui n'a pas eu sur moi l'impact et le souffle d'un grand roman de voyage et d'aventure.
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Qui, parmi nous, n'a jamais évoqué, un jour ou l'autre, l'idée de partir s'installer au bout du monde, loin de toute civilisation, loin du bruit et de la fureur des grandes villes, pour vivre en ermite avec le minimum de confort, afin de retrouver la "vraie" vie ?
Combien d'entre nous seraient réellement prêts à sauter le pas, si l'occasion s'en présentait ?

Sylvain Tesson, lui, s'était promis de vivre en ermite dans la forêt avant ses quarante ans. le voilà qui tient parole en venant s'installer dans une minuscule cabane au fond des bois, près du lac Baïkal. Bien entendu, les conditions climatiques sont extrêmement rudes et le confort sommaire, mais l'écrivain s'en moque : il a de la lecture, des vivres en quantité, et des litres de vodka, qu'il s'envoie généreusement du matin au soir et du soir au matin.

Bon, en fait de solitude, force est de constater que Sylvain Tesson n'est finalement pas plus ermite que vous et moi : entre les voisins qui passent à l'improviste, les touristes qui débarquent et les nouveaux riches venus s'installer dans la région, sa cabane ne désemplit pas, et lorsque ce n'est pas lui qui reçoit, il n'hésite pas à marcher des heures durant sur la glace du lac pour rendre visite à l'un ou l'autre de ses amis. Comme isolement, on a vu mieux.

De plus, à force d'hésiter entre le simple témoignage autobiographique façon retour à la nature, et essai sur la vacuité d'une existence asservie au consumérisme et au souci du paraître, l'ouvrage tourne en rond et lasse son lecteur : le journal de bord compilant les tâches quotidiennes de l'auteur devient vite répétitif, tandis que les réflexions philosophiques de l'auteur tournent à la leçon de morale condescendante. C'est tellement facile de fustiger la société de consommation et tous ces moutons qui hésitent, au supermarché, entre 15 sortes de ketchup, quand on a les moyens de se retirer du monde pendant six mois et de vivre des revenus de ses précédents ouvrages...

(la suite en cliquant sur le lien ci-dessous !)
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Sylvain Tesson s'est fait un serment : avant ses 40 ans, il vivra plusieurs mois dans une cabane. Direction donc le fin fond de la Russie, sur les bords du lac Baïkal. de février à juillet 2010, l'écrivain voyageur investit une Isba, une cabane sibérienne isolée à cinq heures de marche de toute présence humaine. Dans les forêts de Sibérie est son journal d'ermitage. Il y consigne chaque jour ses réflexions et les menus événements qui rythment son quotidien : « La cabane, royaume de simplification. Sous le couvert des pins, la vie se réduit à des gestes vitaux. le temps arraché aux corvées quotidiennes est occupé au repos, à la contemplation et aux menus jouissances. L'éventail des choses à accomplir est réduit. Lire, tirer de l'eau, couper le bois, écrire et verser le thé deviennent des liturgies. En ville, chaque acte se déroule au détriment de mille autres. La forêt resserre ce que la ville disperse. »

La lecture, l'écriture, la pêche, les longues promenades, le patinage sur le lac gelé et les excursions en canoë après le dégel... L'existence se réduit à une quinzaine d'activités. Quelques visites impromptues viennent troubler la solitude du reclus. L'occasion de partager des litres de vodka et de refaire le monde.

Il y a du Rousseau et du Walden dans ce journal. Tesson se fait le chantre de l'autosuffisance : « L'homme des bois est une machine de recyclage énergétique. le recours aux forêts est recours à soi-même. Privé de voiture, l'ermite marche. Privé de supermarché, il pêche. Privé de chaudière, son bras fend le bois. le principe de non-délégation concerne aussi l'esprit : privé de télé, il ouvre un livre. »

Épris de silence et de solitude, l'ermite Tesson s'enchante à chaque tressaillement de la nature. L'activité des mésanges, la noblesse de l'ours, la force du vent, la noirceur du lac, le vrombissement des milliards d'insectes l'été venu, tout est prétexte à la contemplation et à l'éblouissement. Par rapport à nombre de récits du même genre, Dans les forêts de Sibérie se distingue par sa qualité littéraire. La plume est ici d'une rare élégance, la profondeur de la réflexion impressionne et les aphorismes sont d'une concision remarquable. Petit exemple en passant : « La vie en cabane est un papier de verre. Elle décape l'âme, met l'être à nu, ensauvage l'esprit et embroussaille le corps, mais elle déploie au fond du coeur des papilles aussi sensibles que les spores. L'ermite gagne en douceur ce qu'il perd en civilité. » Magnifique, non ?

En quête de liberté intérieure, Sylvain Tesson aura appris pendant ces quelques mois de réclusion volontaire à vivre non plus contre lui-même mais avec lui-même. Un texte somptueux.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Époustouflant. Tout simplement.

L'expérience, le témoignage et le regard de Sylvain Tesson sur 6 mois passés et reclus en ermite sur les rives du Lac Baikal de décembre à juillet.

Tout y passe: une acuité fine, bien que cruelle, de la société de ce siècle; un rapport à la nature bienveillant et respectueux; un retour à l'essence et l'essentiel de la vie sur terre.

Une lecture ô combien vertigineuse et érudite qui nous transporte et remet les idées au clair dans nos vies brouillonnes rythmées par les clashs, les bruits et la dispersion.

Merci Monsieur Sylvain Tesson .



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Je suis admirative, sans mots, et même parfois très émue lorsque je finis une lecture de Sylvain Tesson. Je reste de longues minutes les yeux dans ses mots, je relis, et capture de tous mes sens tous ses aphorismes. Je ne peux que vous conseiller, même si j'aimerais vous ordonner de le lire. Nous sommes ici dans les frimas du lac Baïkal, mais la douceur, la poésie et les pérégrinations de Tesson nous réchauffent. Chaque page est une merveille, un observatoire de la beauté du monde. S'il y a bien un recueil qui nous permette d'échapper au quotidien vicié et à la vilénie humaine c'est celui-ci. Dans les forêts de Sibérie, le grand aventurier se frotte au calme, au silence et à la contemplation, et réussit à jouir enfin de l'immobilisme. Lui qui n'existe que par le mouvement va éprouver cette sensation de calme, de solitude, vivre tel un ermite loin du grand barnum de la société, en gardant toujours une échappatoire : le side car et la porte de son Isba pour grimper, pêcher, marcher, scier…
C'est incroyable comme Tesson, par son sens accru du détail, arrive à nous capturer, nous émouvoir, nous tenir près de lui pour que nous puissions nous aussi habiter pleinement l'instant présent. L'agité est condamné à l'immobilité, avec lui on se repose, on apprend, on s'ébahit devant les bêtes, et on trouve refuge le soir dans des effluves de vodka, de littérature, d'ombles et de cigares. Les ours, les mésanges et les chiens pour compagnie, Paul Morand en filigrane, un journal de constatation pour capturer le réel, une fenêtre pour admirer les beautés de la nature. Comment, après ça, retourner à notre vie si réductrice, à des écrans si affligeants?
Et que dire de son écriture, qui retranscrit à la perfection ce qui jaillit intérieurement, que dire de sa douance intellectuelle, de sa sagesse dans ses contradictions? Sans aucun doute Tesson est la voie vers l'essentiel.
Ce récit multi primé réconforte, apprend à posséder le temps et à se suffire de l'existence même.
Oui, S.T est bel et bien ma lumière au milieu du chaos, ma bouffée d'oxygène spacio-temporelle.
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J'ai lu ce livre à mi-chemin entre le journal et le carnet de bord, par petites étapes, étalées sur deux mois environ. du coup cela a certainement influé sur mon appréciation. Qui n'a jamais rêvé parfois de se couper totalement du monde ? Sylvain Tesson, lui, l'a fait. Six mois seul dans une cabane au bord du lac Baïkal. Il a bien quelques voisins, à des heures de marche et quelques visites, qui finissent même par lui peser ! Il se sent envahi. Par rapport à d'autres écrits de cet auteur j'ai trouvé que même si parfois il était agaçant son ego était un peu moins envahissant. J'ai regretté qu'il n'y ait pas quelques schémas pour situer ses randonnées autour de sa cabane (en plus de la carte du début du livre). Il y a, à mon goût, beaucoup, beaucoup trop de vodka. Presque autant que dans Les Eltychev, roman que j'ai lu en parallèle, retour contraint et déchéance d'une famille russe dans un village au fin fond de la Russie. Deux expériences fondamentalement différentes ! J'ai beaucoup aimé sa vision des russes, il les voit tels qu'ils sont, au naturel, avec leurs défauts et qualités. Par contre ces notes font souvent philosophie de comptoir, émaillée de quelques réflexions plus sérieuses mais sur lesquelles il ne revient pas. Normal, c'est un journal de bord, mais c'est tout de même un peu énervant. Mais c'est un livre qui ouvre des pistes à la réflexion et qu'il faut lire pour cela, parce qu'il fait beaucoup de bien et permet un regard neuf sur le monde.
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Ce livre est comme un bon ami impossible à quitter, il ne me reste plus qu'à lire d'autres récits de monsieur Tesson pour que le charme continue.
Sylvain Tesson raconte au jour le jour les six mois passés dans une cabane au bord du lac Baïkal. Nous suivons ses états d'âme, au sens propre, ses périgrinations dans la montagne, sur le lac. Les dangers et les plaisirs sont nombreux, ils évoluent doublement : au fil du temps passé seul et au fil des saisons. Il ne s'embarrasse de rien, même dans le ton de son récit, au style pur et efficace.
C'est un éloge du silence, bien si précieux à mes oreilles, de la solitude et du froid … « états qui se négocieront demain plus chers que de l'or ».
De nombreuses citations augmentent le plaisir intense de cette lecture, comme celle de Baden Powell : «  Lorsqu'on quitte un lieu de bivouac, prendre soin de laisser deux choses. Premièrement : rien. Deuxièment : ses remerciements ». Que c'est drôle !
Aucun ennui possible, tout est enchantement : regarder par la fenêtre les flocons de neige ou voir surgir des voisins pêcheurs qui fracassent la porte pour entrer.
Sylvain Tesson est persuadé qu'il faut sortir de sa zone de confort pour profiter de la vie. Et il s'y entend bien.
C'est un texte jubilatoire et frais, au sens où il se fiche vraiment de ce qu'on peut penser de ses pensées. Il ne se gêne pas pour énumérer ses grands moments de délectation à fumer un gros cigare ou s'enivrer avec ses copains russes.
C'est touchant, vivant, érudit, tout en même temps.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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2 mai
Je découvre le livre de Sylvain Tesson, un auteur que je ne connaissais pas, sur Babelio. Je lis quelques critiques et citations. Ma décision est prise : je vais commander et lire cet ouvrage qui me tente bien. Je viens de commencer le roman de Jim Harrison, Une Odyssée américaine, qui traite aussi de solitude, et l'essai de Sylvain Tesson me tente pour cette raison. La solitude. Quand on a des enfants en bas âge, on oublie presque ce que c'est. J'ai besoin de la retrouver un peu. Même à travers mes lectures.

9 mai
Le livre de Sylvain Tesson Dans les forêts de Sibérie est arrivé dans ma boîte aux lettres. Occupée que je suis avec Jim Harrison, je me dis que je le lirai plus tard. Je ne lis plus aussi vite qu'avant car j'ai moins de temps. Sylvain Tesson va bientôt me parler du temps et du bonheur que l'on peut éprouver à le regarder passer. J'ai hâte.

11 juillet
On ne contrôle rien. Je pensais commencer Dans les forêts de Sibérie un peu plus tôt. La vie et ses aléas en ont décidé autrement. Tant pis, mieux vaut tard que jamais. Je commence ma lecture. Je me laisse enfin entraîner sur les rives du lac Baïkal, dans les forêts de Sibérie…

29 juillet
« Je pratique un exercice qui consiste à se plonger dans des lectures dont la couleur propulse aux exacts antipodes de ma vie présente », a écrit Sylvain Tesson. Moi aussi, je pratique cet exercice. Je vis à quelques kilomètres de la forêt amazonienne, dans une région chaude et humide, où le thermomètre ne descend jamais en dessous de 20°C et je lis Dans les forêts de Sibérie. Climat équatorial vs. Climat continental. Je lis le journal d'un homme qui a décidé d'embrasser l'érémitisme pendant six mois au fin fond de la Sibérie. Je n'ai pas pu m'empêcher de me poser cette question : pourrais-je faire comme Sylvain Tesson et m'isoler pendant six mois, sans presque aucun contact avec mes semblables ? Aurais-je la force nécessaire d'affronter la solitude ? Ma vie intérieure est-elle assez intéressante pour que je m'autosuffise ? Bon, Sylvain Tesson est quand même parti avec une grande quantité de livres et il n'a pas été seul d'un bout à l'autre de sa retraite. Mais son expérience est passionnante : qui n'a jamais rêvé d'avoir plus de temps pour soi ? de mener ses journées comme bon lui semble ? Et l'auteur n'a pas que des certitudes, il doute beaucoup, notamment de son projet, de sa vie, de son rapport à la société. Il a même hésité, au seuil de sa retraite dans la cabane des Cèdres du Nord, à franchir le cap. Mais il voulait savoir s'il avait une vie intérieure. Alors il y est allé. Il a vécu six mois dans une cabane en Sibérie. Et grand bien lui fît puisqu'il est revenu avec ce journal et des réflexions très inspirantes sur notre rapport aux autres, au monde et à la nature, sur cette course permanente après le temps… Son aventure elle-même est inspirante.

Alors voilà, je ne pense pas que je pourrais m'isoler à ce point dans une cabane en Sibérie. Je ne sais pas pêcher, je crains les grands froids et les étés trop courts et j'ai peur des ours. Mais j'ai beaucoup apprécié le récit de Sylvain Tesson. Pour le dépaysement et parce qu'il m'a donné à réfléchir, notamment sur mon rapport au temps et à notre société.
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Moi, j'aime Tesson et je prends toujours plaisir à le lire. Donc, ma critique risque d'être subjective. Cependant, un léger reproche pour ce livre : beaucoup trop de scènes de beuveries, notamment lors des rencontres avec les locaux de passage. Une fois cette pondération énoncée, la qualité de l'ouvrage demeure intacte car Tesson nous emmène toujours dans ses voyages au point que le lecteur a l'impression de l'accompagner. Ses réflexions métaphysiques et ses choix littéraires pour meubler ses soirées sont toujours intéressants à découvrir. Et son évocation de la nature qui l'entoure dans l'isolement qui est le sien est tout à fait passionnante. Ce livre fait partiellement penser à son autre ouvrage "L'axe du loup" qui m'avait encore plus accroché. Mais, là aussi, subjectivité sans doute! Tesson reste une de mes meilleures références du genre.
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Je me suis enfin décidé à le lire.
Beaucoup de critiques très positives et beaucoup de critiques très négatives me faisaient hésiter. Et en effet j'en sors avec un avis mitigé.
Il est vrai que mes conditions de lectures ne m'ont certainement pas aidé à l'apprécier : une liseuse capricieuse m'a obligé à rester derrière mon écran d'ordinateur pour a presque totalité de cette lecture... Alors que normalement je lis vautrée dans mon lit...
Je reste admirative de la performance : il n'est clairement pas à la portée de tout le monde de pratiquer ce type de retraite, d'un point de vue physique aussi bien que psychologique.
Mais ensuite je me demande si cela mérite un livre... je reste un peu hermétique à la découverte que s'assoir et regarder les mésanges peut être un moment intense.. peut être parce que je me poste moi même souvent à ma fenêtre pour regarder les piafs dans mon jardin, qui n'est absolument pas au bout du monde.
J'ai trop souvent eu l'impression de relire plusieurs fois la même chose. Et surtout la cascade de citations m'a un peu lassée.
Peut être que la meilleure façon de le lire est de suivre le rythme des chroniques quotidiennes et d'étaler la lecture de Février à Juillet....
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