Voilà un autre roman de
Jean Teulé, et c'est une fois de plus une merveille. Après la lecture du Montespan, c'est avec un immense plaisir que je me suis plongée dans la Bretagne du XIXe siècle. Ce qui rend très intéressant ce récit, c'est qu' Hélène Jégado a réellement existé, et fait partie des tueurs en séries que compte la France, ou plutôt, devrais-je dire "tueuse" en série. Son arme: sa cuisine, ou, selon le point de vue, les ingrédients la composant, dont l'arsenic.
Hélène Jégado est une douce et gentille petite bretonne de sept ans, lorsque sa mère la surnomme
Fleur de tonnerre, en raison de sa fascination pour toute plante vénéneuse. Assez rapidement, elle passera de l'observation de ces plantes à leurs utilisations, et sa première goûteuse (et victime) sera sa mère. A partir de là, c'est le début d'une grande carrière de cuisinière, et, accessoirement, de criminelle.
Au fil des années, elle va parcourir la Bretagne, du Nord au Sud, d'Est en Ouest, en préparant de fameux petits mets, de préférence sucrées, à ses différents employeurs. Sa carrière d'empoisonneuse prendra-telle fin un jour? La réponse est oui (c'est inscrit sur la quatrième de couverture, elle sera guillotinée).
Ce livre est vraiment fascinant. L'auteur s'applique à décrire les croyances des bretons de l'époque. En effet, bien qu'appartenant à la France, et étant christianisée, certaines coutumes paillardes, ou plûtot celtes, demeurent. Les croyances des fées, des korrigans, et surtout, de l'Ankou, sont encore très vivantes dans les petits bourgs, appelés la Basse-Bretagne. L'Ankou est une figure importante dans ce récit: c'est la grande faucheuse bretonne. Et il y a un lien entre cette macabre figure et
Fleur de tonnerre.
C'est avec brio que l'auteur nous tisse le destin de cette grande empoisonneuse, mêlant faits réels et fictions (notamment l'histoire des perruquiers normands). C'est tout le folklore breton que l'auteur recréé dans ce roman, pour le plus grand plaisir des lecteurs. Mais pas un folklore lisse et bien propre, mais un folklore authentique. On retrouve la patte de
Jean Teulé. Déjà, dans
le Montespan, la description de la cour du roi
Louis XIV n'était pas que dorure et richesse. La crasse, la puanteur et les moeurs de l'époque étaient bien restitués. Dans
Fleur de tonnerre, il en est de même. Nous découvrons l'histoire des naufrageurs, c'est bretons pauvres qui, par arrêté ducal, avaient le droit de s'approprié tout objet ou marchandise s'échouant sur la plage. Pour augmenter leurs chances, ils favorisaient les naufrages, en trompant les navires avec des faux-feux de balises.
Bref, vous l'aurez compris, j'ai adoré ce roman. Alors bonne lecture à ceux qui voudraient tenter l'expérience
Fleur de tonnerre.