Lecture plaisante : c'est l'histoire vraie d'Hélène Jégado, une Bretonne qui a vécu au XIXe siècle, et qui a acquis dès l'enfance la folie de l'empoisonnement. Bercée par les légendes bretonnes, ou plutôt effrayée par cet univers où il est question de nains, de korrigans, de la mort qui rôde, de toutes les superstitions dont l'imprègne sa famille, Hélène commence par mettre des petites boules noires dans la bouillie d'une amie venue manger à la maison. Sa mère lui dit que c'est de la belladone, qu'elle est folle de mettre ce poison dans la nourriture! Et, quelques minutes après, sans qu'elle le sache, la mère avale la bouillie dans laquelle sa fille a écrasé ces boules noires quand elle avait le dos tourné. Elle s'écroule morte. C'est le premier meurtre d'Hélène.
Comme son père vend la maison, elle est envoyée chez une tante. Elle apprend la cuisine et, dès qu'elle entre dans une maison, au service de quelqu'un, les gens y tombent comme des mouches : elle a le secret de petits gâteaux à l'arsenic et celui de la soupe aux herbes.
C'est une véritable hécatombe : elle sillonne le Morbihan, va jusqu'à Rennes. Hélène se prend pour l'Ankou, dieu de la mort, depuis qu'elle a vu sa statue dans une église quand elle était petite.
Jean Teulé nous fait suivre ce parcours d'empoisonneuse. Bien sûr, l'action est répétitive car Hélène est une psychopathe qui agit toujours de la même façon, mais on ne s'ennuie pas et on a envie de suivre ses aventures de meurtrière. Elle ne m'a, à aucun moment, paru antipathique malgré l'horreur de ses actes : tout le monde y passe! Amants, tantes, petits enfants, curés... Elle tue à l'aveugle, qu'on soit bon ou mauvais, car elle est l'ange de la Mort et ne peut épargner personne. J'ai bien aimé qu'il n'en fasse pas une femme aigrie : elle est juste folle.
Les chapitres correspondent aux villes qu'elle visite, ils sont accompagnés d'une petite carte à chaque fois pour que le lecteur situe les lieux.
J'ai moins aimé les deux Normands qui sont présents tout au long du livre, qui subissent un très mauvais sort en Bretagne et perdent tout, petit à petit. On peut finalement comprendre leur utilité à la fin du livre, parce qu'à force de coups du sort et de mauvais traitements, ils deviennent des génies du mal et s'imprègnent en terre bretonne.
L'intérêt de ce livre est de découvrir, de façon romancée, l'histoire de cette serial killeuse qui a pu sévir durant quarante ans en toute impunité. le reproche que l'on pourrait faire est qu'on est loin de l'écriture des romans Villon et
Verlaine :
Jean Teulé va plus à la facilité, et c'est ce qui m'a gênée au début du livre. L'écriture devient plus transparente. Mais il reste cette façon de raconter des horreurs avec une légèreté qui lui est particulière. Dommage qu'il passe sur le soin du style car cela pourrait faire des romans d'une autre trempe.
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