Au début de cette nouvelle, tout semble aller bien dans le monde qu'est devenu le nôtre, dans lequel tout un chacun apprend à coder pour utiliser un masque souple de réalité virtuelle et vivre à plein la liberté - de penser, de ressentir, qui lui est promise. Les personnages, un groupe de voisins formant trois familles ou couples, célèbrent le plaisir de vivre dans cette société où la réalité virtuelle a eu raison du crime, à tel point qu'il n'existe plus de police, de justice, tous sont en sécurité, sous l'égide de la centrale de fusion à hydrogène, qui alimente en électricité ce petit monde gourmand de sensations virtuelles.
Ainsi, Betty et son mari Christopher, codeur à la centrale, compensent leur manque d'enfant en élevant Charly, un enfant virtuel, Quentin offre à sa fille Arielle un monde peuplé de douces licornes, alors que Nicolas et Héléna s'éloignent l'un de l'autre, chacun muré dans son silence et l'assouvissement de ses fantasmes secrets. C'est notamment à Nicolas qu'on doit la devise "la liberté virtuelle est la clé d'une réalité apaisée", qui a marqué la loi "Virtualité contre le crime", grace à laquelle le monde s'est transformé en havre de paix. Les voisins s'entraident et savent pouvoir compter les uns sur les autres.
Ce jour-là, après une visite des enfants de l'école d'Arielle à la centrale, les ordinateurs commencent à donner des signes de faiblesse. Il semble qu'une panne à la centrale ait fait baisser l'alimentation électrique de la ville, et bientôt on recommande à chacun de rentrer chez soi et d'attendre la suite des événements. Seulement, le monde devient bien ennuyeux et sombre, sans la réalité virtuelle pour l'animer...
La composition de cette nouvelle est très efficace, et si l'issue en est partiellement attendue, l'on est surpris par les motivations des personnages, leurs réactions, alors qu'ils semblaient bien lisses. du fait de l'écriture, l'action est menée tambour battant jusqu'à son dénouement, en une apothéose de noirceur. J'ai personnellement trouvé la lecture de ce récit éprouvante, mais l'idée est bien d'avertir sur les dangers de se réfugier dans une réalité alternative ; il est logique que, si les mondes virtuels offrent un moyen d'expression à tous nos rêves et penchants, ils n'ont pas vocation à les supprimer. Et c'est bien ce qui se passe. Une lecture forte qui explore un pan des possibilités et risques de la virtualisation des interactions sociales.
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J'ai lu, et je commente, le tome 1 Pathologique et 'e tome 2 Virtualité réelle.
Deux nouvelles utopiques très courtes mais tellement visionnaires.
La première m'a fait froid dans le dos quand on imagine qu'on pourrait un jour y arriver.
Son final m'a fait un peu peur, même un peu plus qu'un peu d'ailleurs.
La seconde m'a laissée autant perturbée parce que j'ai l'impression que cela pourrait être déjà demain.
Deux nouvelles qui analysent finement notre société et son évolution, et qui, ma foi, ne sont pas très rassurantes !
Une très bonne écriture qui nous emmène au coeur de chaque sujet pour nous immerger avec les personnages.
J'ai bien aimé dans "Pathologique" la manière d'amener doucement cette évolution et j'aurais douté jusqu'au bout.
A noter qu'elles sont regroupées, avec 8 autres, dans "Digital way of life - L'intégrale" avec pour thème général l'homme et le numérique.
Sinon elles sont toutes les 2 téléchargeables gratuitement en format Epub, Kindle ou PDF depuis le site Taurnada.
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Ces personnes si parfaitement calmes et heureuses découvraient l'horreur d'une réalité de laquelle nul monde virtuel ne pouvait prémunir. Un monde que certains avaient secrètement crée, codé et gouverné. Ceux-là avaient déjà compris que la réalité s'apprêtait à dépasser la virtualité. Que leur heure était venue. que la liberté virtuelle n'existait plus du tout comme la réalité apaisée. Ils allaient enfin vivre leur monde. Plus de liberté, plus de virtualité, plus d'apaisement. Il ne resterait bientôt plus que la réalité et le chaos.
Pendant une heure, la ville ressembla à une tumeur noire et hypertrophiée avant de désenfler à mesure que la foule s’étiolait en fins lambeaux. Le soleil disparaissait dans un ciel aux couleurs fauves sur une cité inerte et silencieuse. À mesure de son déclin, les façades se teintaient de rouge orangé et se perçaient de trous sombres, trahissant l’intérieur des habitations condamnées à l’obscurité.
– C’est grâce à eux et au programme “Virtualité contre le crime" (...) que l’armée et la police ne sont plus nécessaires, que notre monde a été purifié du vice, car “la liberté virtuelle…”
– “… est la clé d’une réalité apaisée” reprirent en chœur les petits.
La ville est magnifique ce soir, lança Betty, les yeux perdus dans l’entrelacs de verre, de lumière et de plantes qui couvrait les façades de la rue. Comment pouvaient vivre les gens avant ? Dans cette pollution et cette violence.
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