: Ce qui nous séduit de prime abord: le texte.
C'est un fil d'eau, de mots, que nous suivrons tout du long et auquel nous nous abreuvons, de petites vérités simples et de poésie.
Pourtant, la situation n'aura rien de vraiment poétique pour la renarde de l'histoire, qui viendra chasser dans la ville pour nourrir ses petits. Mais quel étrange surprise, à laquelle nous pourrions assister en nous promenant comme la famille du début d'histoire! C'est magique.
Rendez-vous compte, pour de jeunes enfants qui ne vivent pas à la campagne, nul besoin d'aller au fond des bois et aux alentours de cescampagnes pour croiser le renard. Il est là, dans nos rues, même sous nos ponts.
Pour en savoir plus sur l'histoire naturelle et sa situation singulière pour nous, humains, nous recommanderons rapidement un ouvrage jeunesse sur le sujet, " Paris sauvage" de
Thierry Dedieu, nous assurant vraiment la présence, discrète, de bêtes sauvages sur le territoire urbain. Il y a des audacieuses qui n'auront pas peur d'infiltrer la ville des hommes pour tenter de trouver à manger et la raison se comprend
Mais tout cela, dans l'histoire de l'album, ne durera que le temps d'une mission.
Il sera plus sûr de revenir dans la Nature, pour s'y cacher et s'y promener, retrouver les siens, ses repères.
La renarde et les renardeaux de l'auteure
Isabel Thomas apporteront une tendresse familiale et une mignonnerie animale.
C'est très agréable de se sentir, grâce au texte, dans le privilège et l'illusion de pouvoir accompagner cette famille renard partout où elle va.
On nous invitera à observer les personnages comme si il était doué de vie, (à imaginer donc. Et si l'on y arrive pas, il sera toujours possible d'aller vérifier sur une recherche du net pour y trouver un documentaire animalier bien fait sur le renard).
" ... Regarde la renarde...
Les oreilles dressées et la truffe baissée, elle a flairé un parfum.
Surtout, ne dis rien."
Le coup de crayon de
Daniel Egnéus accompagnera le sentiment très présent d'une végétation tranquille et foisonnante, les techniques( aquarelle, encre et pastel) se mélangeront, s'ajoutant les unes aux autres comme une bonne masse généreuse de mauvaise herbe, pourtant utile, pour traduire l'intégrité d'un espace de liberté très occupé mais sans murs.
La vie défilera doucement, on ne verra pas le temps passer, on sautera dans le temps et on verra les renardeaux grandir.
L'auteure ne sera pas que dans la douceur d'une vie de renard hélas, tout peut aussi arriver et basculer, on le verra.
Au fil des saisons, nous passerons d'un deuil à la vie qui continue, qui retourne à la terre.
La petite famille d'humains qui se promène et surprendra la renarde, aura pu s'imaginer ce que nous verrons à l'image. C'est très habile de nous avoir joint au groupe de spectateurs sur le hors champs.
Ces rencontres se présenteront presque dans le regard de l'enfance, et même des adultes présents, comme un petit miracle.
On aime cette sensation.