J'ai un faible pour les auteurs qui ont eu un grand succès et qui sont aujourd'hui complètement oubliés. D'abord parce qu'il est dans la nature humaine de se croire éternel mais que les cimetières sont remplis de gens indispensables, ensuite parce que certains ont des qualités d'écriture et enfin et surtout pour leur intérêt sociologique. Il est plus facile de commenter les événements d'une époque que de comprendre sa mentalité. Quoi de mieux que de lire ce qui avait du succès à une certaine époque pour mieux comprendre les préoccupations, les centres d'intérêt de nos ancêtres. Ce roman est très intéressant sur le rôle dévolu aux femmes à l'époque, sur l'utopie sociale de certains intellectuels. Certains sentiments humains restent en revanche heureusement intemporels.
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- Je ne prétends pas que tu fasses un sacrifice, reprit mon oncle. Je souhaite, au contraire, que tu accomplisses ta destinée. Toutes les femmes ne sont point nées pour les soins du ménage. De même qu'il y a des hommes de génie, il y a des femmes élues par la nature pour s'apparier à eux. Rarement ils se rencontrent : ils s'attendent, s'espèrent, se cherchent toujours, et, de déception en déception, ils traînent jusqu'à la mort leur désir et leur nostalgie. Mais quelquefois, passant l'un près de l'autre, ils se devinent, ils se reconnaissent, amants prédestinés; ils s'unissent, et la beauté de leur amour demeure comme un exemple aux hommes. Crois-moi, Hellé, un mariage vulgaire, pourvu qu'il réunisse ce que le monde appelle les conditions de bonheur - c'est à dire la fortune, la beauté, les titres, - pourra t'offrir quelque appât : garde-toi de te prendre à ce piège. Ce serait trahir à l'avance ton légitime possesseur.
En Août 1839, Marie a épousé dans la précipitation Charles Pouch-Lafarge du Glandier à Paris. Elle est allée s’installer chez lui dans son château du Glandier, en Corrèze. Mais à l’arrivée, sa désillusion est totale : le château est à l’abandon, infesté de rats, et les forges sont au bord de la faillite. Marie menace son mari de se suicider ou de s’enfuir…
Références bibliographiques : Château en Limousin de Marcelle Tinayre.
Rebondissements dans l’affaire Lafarge » de Chantal Sobieniak (Editions Lucien Souny, 2010).
L’affaire Lafarge » de Gérard Robin (De Vecchi, 2006).
Dans le silence recueilli de ma prison, Mémoires 1840 » de Marie Lafarge (Tallandier, 2008)
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