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3,7

sur 123 notes
Quelle belle découverte que ce journal de l', et là je remercie vraiment Babelio et les éditions de la goutte d'or pour cette masse critique pour m'avoir fait découvrir ce roman vers lequel je n'aurais probablement pas été de moi-même.
On donne la parole à Dolores/Lolita, héroïne iconique du Lolita de Nabokov, et elle apporte un complément très intéressant à ce grand classique.
Il y a très longtemps j'avais adoré le livre de Nabokov, et j'ai retrouvé un peu la même ambiance dans ce journal.
Cette image de l'Amérique de cette époque, mais avec un point de vue plus douloureux, un point de vue de victime tout en gardant le côté ambigu de cette toute jeune fille.
Au fur et à mesure de ce récit on se rend compte que Dolores disparait de plus en plus au profit de Lolita, et que sa perception de la vie, et de ce qui devrait être les rêves et la vie de cette jeune adolescente se transforment suivant les désirs de ses abuseurs et de l'humiliation subie.
Elle se perd totalement jusqu'à l'autodestruction la plus complète.
J'ai aimé aussi cette écriture qui rend parfaitement les pensées et le parler de Dolores, en gardant l'impulsivité et l'immaturité de la jeunesse, sans en faire trop.
Pour moi, une vrai belle découverte, qui m'a donné envie de relire le Lolita de Nabokov.
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Ce que j'ai tout de suite remarqué avec Journal de L. (1947-1952), c'est sa couverture. Elle est gaufrée et en creux est écrite la première phrase du journal. Il y a cet or orangé qui se détache sur le titre, le nom de l'auteur, la maison d'édition, la 4ème de couverture. En ouvrant le livre, on découvre sur les rabats,de part et d'autre, les lettres qui forment le surnom Lolita comme si on commençait la lecture avec une image partielle du personnage principal et que celle ci se dessinerait totalement en refermant la dernière page. Je n'avais pas le classique de Nabokov en tête (je l'ai lu il y a très longtemps) mais une idée de cette adolescence la plus célèbre de la littérature américaine très conforme au regard porté sur elle par les hommes, une poupée plus qu'une jeune fille.

Et puis j'ai écouté la voix de Dolores dans son road trip infernal à travers le journal de L.

Lolita est une jeune femme objet pour son beau-père, un objet qu'on trimbale partout, qu'on exhibe comme un trophée, qu'on habille pour le rendre plus attrayant à son goût. C'est d'autant plus facile de la voir ainsi que Lolita est muette. Muette par sidérée par ce qu'elle subit dès 12 ans, muette parce que Humbert Humbert la menace et qu'elle a peur. Muette parce qu'il est la seule personne qu'il lui reste et qu'elle est, au moins au départ, attachée à lui.

En faisant de ce roman, le journal intime de Dolores Haze, Christophe Tisson lui redonne une voix, lui redonne sa vraie place, son épaisseur, sa complexité d'être humain.

Dolores a un corps d'adolescence mais dans sa tête, elle a encore des rêves d'enfant. Assistant à une scène où une mère réprimande ses enfants parce qu'ils traînent, elle écrit :

« J'aurais voulu la tuer, puis lui dire que dans la vie, on a le droit de lambiner. Si on ne le fait pas à cet âge, on le fait quand ? Après tout s'accélère, je suppose, on a des tas de choses à faire comme Madga et Neil. Des tas de choses absurdes. Vite se lever, se laver, s'habiller, vite prendre le train, travailleur, déjeuner, travailler encore, et puis vite rentrer, faire les courses, le dîner, manger, se coucher et vite, vite, ça recommence. Plus le temps de rien, plus le temps de chanter en évitant les rainures, entre les dalles d'un trottoir. »

Dolores a le sentiment d'être invisible. Comment expliquer autrement que les autres (tous ceux qu'elle croise dans ce road trip américain, d'hôtel en hôtel, accompagné de cet homme ) ne voient rien ? Elle s'absente aussi d'elle même, les yeux vides, l'esprit aussi, pour survivre aux viols répétés.

Mais Dolores renaît lorsqu'elle rencontre Stan et en tombe amoureuse :

Il m'a embrassé sur les lèvres et mon corps entier s'est dissous, envolé. Mes jambes, de la fumée et mon coeur sortait de ma poitrine.
C'est donc ça, ce baiser ? Comme si j'étais à vif, et l'espace autour de moi devenu soudain clos, plein d'élan et chargé d'avenir, le temps d'un baiser de théâtre. Ce temps-là, si court, j'appartenais enfin au monde, j'y avais à nouveau une place.

Dolores est réduite à un objet de désir (impossible pour moi de ne pas penser à Marylin Monroe, réduite aussi à son physique) mais sous la plume de Christophe Tesson, elle relève la tête, elle se libère de l'emprise de son bourreau. Ses désirs de fuite grandissent, elle élabore un plan avec Clare …qui s'avère encore plus cruel et pervers qu'Humbert, Humbert.

Journal de L. est glaçant souvent, cru (mais pour moi nécessairement cru, c'est comme une réponse à tous ceux qui minimisent, qui insinuent que les victimes l'ont cherché d'une manière ou d'une autre …j'aurais toujours en tête les paroles terribles de la mère de la jeune fille dans le film Les chatouilles, qui lui dit qu'elle fait bien « des histoires pour deux doigts dans la zézette » ), sans fausse note (probablement parce que l'auteur a lui-même été abusé enfant), rageant, émouvant.

Elle m'accompagnera longtemps cette jeune fille réduite à un « ça » et qui voulait juste être aimée.
Lien : http://www.chocoladdict.fr/2..
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C'est une idée audacieuse qu'a eu Christophe Tison avec le journal de L. : donner la parole à la très célèbre Lolita de Nabokov, dans un journal intime que la jeune fille rédige à partir de l'été 47, celui où Humbert vient la chercher au camp de vacances et l'emmène avec lui sur les routes des Etats-Unis. Lolita, de son prénom Dolorès, y raconte ce qu'elle vit / subit au quotidien. de petite fille, on l'a sent au fil des pages devenir une femme, qui prend conscience de son pouvoir mais qui ne rêve en réalité que d'être une jeune adolescente comme les autres.
La Lolita qu'il nous livre est touchante, on sent qu'elle se débat dans ce monde pour lequel elle n'est pas adaptée : trop jeune pour être adulte, trop adulte pour être une ado, assez intelligente pour manipuler un être faible comme Humbert mais en même temps trop affaibli par ce qu'il lui a fait subir pour résister totalement à ce que d'autres lui imposent.
L'écriture de ce journal imaginé par Christophe Tison y est directe, et même parfois très crue, tout comme certains faits relatés. Pour ma part je sors vraiment partagée de cette lecture. L'idée de l'auteur est vraiment originale, Lolita est parfois touchante dans ses confessions, mais je suis restée très en retrait.
Je remercie en tout cas Babelio et les éditions Goutte d'or pour l'envoi de ce livre.
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Pauvre, pauvre Lolita. Un de mes personnages préférés du brillant Nabokov. Elle a vécu une vie triste, et même après la mort elle doit encore souffrir à force de devenir “une idée fixe” d'un certain Christophe Tison, un auteur français qui est peut-être un bon écrivain (à l'exception de “Journal de L.”), mais un très mauvais lecteur.

Les personnages littéraires inspirent souvent des écrivains comme on dit “de seconde catégorie “ à créer des suites de romans bien connus. La logique de séries télévisées veut qu'on apprenne sur un personnage absolument tout, comment Darcy et Lizzie s'entendaient après le mariage par exemple et d'autres bêtises de ce genre. Heureusement, Emma Bovary et Anna Karenine sont mortes, sinon on aurait lu peut-être une énième édition de leurs aventures amoureuses qui “avaient lieu” après un point final mis par l'auteur. Il semble que Lolita, à l'instar de celles-ci, devrait reposer en paix vu sa mort tragique évoquée par VN aux dernières pages du roman, mais non, on oublie que l'histoire de cette fille a été racontée par un homme et cela veut dire que la version féminine des mêmes faits a été vite préparée.

Pourquoi “Journal de L.” n'est-il pas une oeuvre réussie ? Les raisons sont multiples mais la plus importante me semble être celle-ci : Christophe Tison n'a pas lu “Lolita” de VN d'une manière suffisamment attentive. Pourquoi fallait-il inventer des racines polonaises à Dolorès Haze alors qu'il est très bien connu qu'elle avait du sang irlandais et hollandais, mais pas polonais ? Un petit détail, mais très éloquent. Il semble que monsieur Tison, qui se plant que Lolita n'était pas “écoutée”, ne soit lui-même pas assez attentif à son héroïne. Ni à Humbert Humbert, qui, sous la plume de Tison, devient la caricature de lui-même et veut que Lolita obtienne “une éducation religieuse” (version CT). Vraiment ? HH méprisait la religion et n'était pas quand même parfaitement idiot pour pouvoir prononcer une phrase pareille. HH qui écoute l'interview de Chaplin à la radio et compatit aux communistes est aussi impensable que monsieur Homais lisant Schopenhauer. Etc, etc, etc.

Pauvre, pauvre Lolita. Une fois de plus tu n'a pas été écoutée. Au lieu de cela, on t'a déshabillée, on t'a caricaturée, on t'a rendue une fille plate, profondément inintéressante, même banale. Posez-vous une question : pourquoi un écrivain génial comme Nabokov, parmi tous les personnages créés par son imagination, adorait-il Lolita plus que les autres ? Parce qu'elle était une adolescente ordinaire avec un esprit borné et des pensées stéréotypées ? Là, c'est Lolita vue par Tison. Mais la Lolita de Nabokov était quelqu'un de différent. Et pour faire connaissance de la véritable Lolita, il faut s'adresser à la version de celui qui l'a détruite, le malheureux Humbert Humbert.

Hélas, la sosie de Lolita créée par Tison ne sera jamais capable de devenir votre héroïne préférée, même si vous ne possédez pas de génie de Nabokov. Mais on sait tous distinguer la version originale et vivante de sa falsification morte et laide. Et c'est le cas de ladite histoire intitulée « Journal de L. ».

Merci à la Masse critique et aux éditions Gouttes d'Or.
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Je me suis laissé séduire par ce journal de L, proposé par Babelio et les éditions Goutte d'Or, dans le cadre d'une masse critique privilégiée.
Le journal de Lolita, la follement aimée de Humbert Humbert ... oui vraiment, l'idée me paraissait bien attrayante. Effectivement, pourquoi ne pas entendre enfin la voix de Lolita et savoir comment elle a vécu son calvaire ! mais Christophe Tison a-t-il eu raison de se lancer dans cette aventure ?
Après lecture, je reste fortement dubitative.

Car le roman de Nabokov donne une vision magique de cette nymphette dont Humbert Humbert est tombé follement et définitivement amoureux au premier regard. Cette enfant, Nabokov par la bouche de Humbert Humbert en parle avec dévotion et de manière éblouissante, en fait une créature mystérieuse et mythique, objet de tous les désirs, fantasme idéalisé de ce pauvre humain qui crève d'amour pour l'image radieuse imprimée dans son coeur.
Ce mystère féminin incarné dans cette Lolita, que transmet-elle lorsqu'on lit son journal ?
Eh bien ..... rien
Rien que des choses, du moins au début, d'une banalité consternante dans ce journal insipide ; normal évidemment, quand on a douze ans et que l'on est plus proche de la gamine que de l'adolescente !
On comprend évidemment ses préoccupations enfantines ... le problème est que cela n'est pas réaliste. Jamais, en fin des années quarante, une jeune fille de cet âge ne s'exprimerait de façon aussi élaborée et surtout ne serait capable de conter aussi crûment les réalités sexuelles de l'amour.
En outre, en se plongeant dans la prose sublime de Nabokov, on peine à imaginer HH, cet amant éperdu et si follement respectueux de sa bien-aimée, se jeter sauvagement, tel un orang-outan en rut, sur sa proie pour la souiller, tel que décrit dans le journal de la jeune fille !

Alors pourquoi diable ouvrir la boîte de Pandore et vouloir décortiquer les pensées de L. ?

Quand on a lu les mots de Nabokov, dont le style éblouissant d'intelligence et de virtuosité laisse le lecteur pantois d'admiration, on supporte très mal la comparaison avec les platitudes du journal de L. et le récit malsain de ses ébats sexuels.
Vous me direz qu'il n'est pas besoin de se référer à l'ouvrage de Nabokov. Oui, mais comment faire autrement, vu la concordance du récit de Tison avec celui de Nabokov?

Alors de deux choses l'une. L. est n'importe quelle jeune fille et ces confessions peuvent se lire comme l'expérience traumatisante d'une enfant abusée par des pervers (dont on ne sait rien d'autre que la perversion) .... qui, de manipulée, devient manipulatrice, pour finir par sombrer dans le plus total avilissement. Et là, l'auteur en fait un peu trop dans l'abjection.


Ou alors .... L. est Lolita, la lumineuse, coquine et aguicheuse Lolita de Humbert Humbert, frénétiquement adorée par un homme qui n'hésite pas à épouser la mère pour vivre auprès de la fille ; et là, franchement, l'histoire ne colle plus ! car cette Lolita de Christophe Tison n'a rien, mais alors strictement rien à voir avec l'original, dont elle n'est qu'une parodie, une poupée, qui de petite fille abusée va se transformer, quasi inéluctablement, en fille perdue (comme on disait autrefois, en tout cas dans les années quarante !).

Il fallait laisser Lolita dans les rêves de Humbert Humbert !
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Et si la parole était à Dolores Haze, alias Lolita, Lo, Lola pour une fois?
Après avoir lu Lolita avec un mélange d'horreur et de dégoût, tout en admirant le génie de Nabokov, j'étais curieuse de voir son histoire du point de vue de Lolita.
Qui de mieux que Christophe Tison, lui même victime de « l'amour » d'un adulte fou, pour écrire le calvaire de Dolores? Objet sexuel entre les mains de son beau-père, réduite à l'image de petite pimbêche capricieuse et aguicheuse dans Lolita, elle prend ici sa vraie place: celle d'une enfant perdue, manipulée, effrayée et malheureuse... Je pensais que ce livre n'apporterai rien ou pas grand chose par rapport à son ancêtre, pourtant je me suis rapidement prise au jeu de miroir. J'ai ressorti le Nabokov pour relire certains des passages afin d'avoir les deux points de vue en même temps. Finalement je ressors de cette lecture à nouveau bouleversée. C'est dur, certains passages sont très tristes d'autres très violents. Mais il y a aussi beaucoup d'espoir et Lolita se révèle faible comme enfant mais aussi forte de son enfance. Sa naïveté fini par devenir sa force et son arme.
Force m'est de constater qu'en fait si, ce livre apporte un petit quelque chose de nouveau à chaque passage clef du roman, qu'il réussit l'exploit de passionner alors qu'on sait ce qui va arriver, quand et comment. Je suis ravie d'avoir eu la bonne idée de ne pas rester sur mon à priori « on ne touche pas au classiques » dans ce cas-là car cette lecture apporte vraiment un plus.
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Merci à Babelio et aux Éditions Goutte d'Or pour cette belle rencontre avec Christophe Tison.

Ce fut une rencontre enrichissante et surtout l'occasion de se replonger dans l'univers de Lolita.

L'auteur, qui a vécu la même enfance que Lolita, nous narre celle-ci avec beaucoup de pudeur, et magistralement le parcours qu'elle emprunte.

Je crois qu'il ne faut pas chercher à tout prix la comparaison avec Vladimir Nabokov, ce qui vient naturellement à l'esprit, mais plutôt laisser l'ouvrage vivre par lui-même.

J'ai lu de très belles critiques donc je n'en dirais pas plus.

Je voulais seulement écrire que l'échange entre Christophe Tison et Marie-Rose Guarniéri, la lecture des deux passages du roman par la talentueuse Marianne Denicourt, le documentaire littéraire réalisé par Pierre-Marie Croquet et Basile Lemaire ont permis de à cette soirée d'être particulièrement savoureuse.
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A douze ans, même si par certains aspects nous souhaitons être des adultes, nous restons des enfants. L'entrée dans l'âge ingrat commence, les centres d'intérêts évoluent. Les filles et les garçons se regardent, se parlent, se mélangent dans les cours de récréation. On joue encore à chat, peut être pas dans la cour du collège, mais en rentrant chez soi le soir. Il nous faut l'autorisation (voire la motorisation) parentale pour aller au cinéma les jours de grèves, avec une heure de retour bien établie. On gagne en autonomie, tout en étant protégé. Tout du moins, par ses parents. C'est comme cela que j'ai vécu mon année de cinquième, et l'entrée dans l'adolescence. Avec le recul, et quand je vois des collégiens sortir avec leur sac à dos plus gros qu'eux et leurs têtes pouponnes, je me dis que nous ne sommes plus que jamais des enfants.

A douze ans, c'est l'âge auquel Dolorès Haze a perdu sa maman, ses illusions, son innocence en bref son enfance. Par le fait de son beau père pédophile, le dénommé Humbert Humbert. Cet adjectif, pédophile, n'est pas utilisé dans l'oeuvre originale de Nabokov. Tout comme les viols à répétition sur mineure ne sont jamais qualifiés comme telle. En donnant la voix à Lolita dans son journal intime imaginaire, Journal de L. , Christophe Tison revient sur une enfance volée et permet à la bien trop jeune victime, de s'exprimer, de mettre de véritables mots sur ses maux, les sévices subies : "Ce roman est le journal intime d'un personnage de fiction. Plus d'un demi-siècle après la publication des carnets de son ravisseur par Vladimir Nabokov, Lolita se livre enfin. L'adolescente la plus célèbre de la littérature raconte son road trip dans l'Amérique des années 50, ses ruses pour échapper à son beau-père, ses envies de vengeance, ses amours cachées, ses rêves de jeune fille. "

Le journal d'une ado. C'est cela que nous avons devant nos yeux. Si on le sait dans les premières pages, on l'oublie vite au fur et à mesure qu'elles filent sous nos doigts. Devant l'horreur quotidienne qu'elle subit. L'innocence est vite dérobée, et cela se ressent dans le vocabulaire, plus étoffée au fil des ans, et le cynisme écoeurant, dont aucun enfant ne devrait avoir à faire preuve. Ce journal relate cinq années d'une vie qui nous semble en compter cinquante. Ou plus exactement, ce journal relate la mort lente d'une enfant, devenue Femme malgré elle, mais qui n'en attendra jamais l'âge.

On ne sort pas indemne de cette lecture, d'autant plus quand on sait qu'elle fait écho à la vie de l'auteur, à ses blessures indélébiles. On reste sans voix devant celle de Dolorès, qui devient une survivante à l'orée de sa puberté. Et on se promet de faire tout ce qui est en son possible pour protéger son enfant, pour qu'il garde cette âme innocente dont il est doté à la naissance, dans la mesure du possible, jusqu'à ce qu'il devienne parent à son tour.

Merci aux Éditions de la Goutte d'Or de m'avoir permis de découvrir avant sa sortie cette pépite de la Rentrée Littéraire 2019, qu'est le Journal de L. de Christophe Tison.

Belle lecture à vous !
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Un grand merci à Masse Critique et aux éditions Goutte d'Or pour ce livre troublant et dérangeant.
Une ado qui s'appelle Douleur Brume on sent que ça va mal finir même si on n'a pas lu "Lolita".
Plus de 60 ans après le récit de Nabokov, Christophe Tison fait le pari de nous dévoiler le journal intime de Dolores Haze, 12 ans et demi, qui va tomber de Chrybde en Scylla, des mains de l'affreux et raffiné parâtre Hummy aux mains de l'immonde et vulgaire Clare.
Le résultat est criant de poésie et de vérité, jusqu'à la nausée.
Une remarque toutefois, on sent des tournures trop stylisées et des échappées lyriques qui semblent en ligne directe le fait d'un Christophe Tison plus que l'écriture d'une Lolita perdue, écartelée, qui cherche à vivre sa vie de jeune fille malgré tout et qui raconte le soir ses tristes déboires.


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Comment ne pas être marqué à vie par le récit de Humbert Humbert dans Lolita de Nabokov ? Comment ne pas se souvenir de ce récit sulfureux et du portrait de la jeune fille à travers les yeux de son beau-père ? Une jeune fille provocatrice qui se prend au jeu de la séduction avec un homme. Alors prendre le risque de porter la voix de l'héroïne en publiant ce qui aurait pu être son journal intime est un pari plutôt osé mais bien réussi par Christophe Tison qui a su se mettre à la place de Lolita pour nous faire découvrir de l'autre côté du miroir, Dolores.

Le journal commence sans préambule lorsque Humbert récupère Lolita à son camp de vacances et l'emmène en voyage à travers les Etats-Unis, de motel en motel dans ce qui semble être un périple sans fin et sans but. Suivent les tentatives de la jeune fille pour échapper à son beau-père et reprendre sa vie de petite fille qu'elle a perdu avec la mort de sa mère et qu'elle rêve de retrouver.

Il y a déjà plusieurs années que j'ai lu Lolita et si je ne me souviens pas de tous les détails de l'histoire, les moments les plus marquants sont nettement revenus à ma mémoire par ce récit. L'auteur, en comblant certains vides du roman d'origine, a réussi à donner une voix à Dolores qui me la fasse découvrir avec un autre regard. Il a su trouver les mots et le ton justes pour décrire les pensées, les états d'âme, les désirs et les incompréhensions de cette jeune fille face au monde des adultes dans lequel elle est projetée de plein fouet alors qu'elle est encore trop jeune pour l'appréhender et le comprendre. On ressent sa solitude et son incapacité à trouver de l'aide auprès des adultes qui ne la croiraient pas, son besoin d'aimer et d'être aimée. On ressent également toute l'emprise qu'exerce Humbert Humbert sur elle en la menaçant de l'orphelinat et d'autres maux si elle le dénonce, dévoilant ainsi un comportement typique des prédateurs sexuels.

A travers le récit de Lolita, c'est une voix à tous les enfants victimes de viol et de pédophilie que Christophe Tison offre. Un récit cru, parfois violent à l'image de ce que Lolita subit. Mais un récit touchant et émouvant qui nous fait réfléchir à notre comportement d'adulte face aux enfants en détresse.

J'ai été happée par ce livre et j'ai eu beaucoup de mal à le reposer avant de l'avoir terminé. Je remercie donc Babelio et les éditions Goutte d'Or pour cette belle découverte qui me donne envie de relire le roman de Nabokov avec un autre regard. Bien sûr il ne s'agit pas de comparer les deux livres qui ont deux objectifs nettement différents. Si le roman de Nabokov se voulait provoquant, ambiguë et diabolique, celui de Christophe Tison nous rappelle que derrière Lolita, il reste toujours Dolores.
Lien : https://aubonheurdemadame.wo..
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