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3,7

sur 123 notes
Il se passe un truc assez étrange autour de ce livre en ce qui me concerne.

Lu deux fois. Un post-it par page, quasiment, pour marquer les passages, les mots, les phrases que je souhaite conserver. Mon exemplaire (au passage un livre-objet magnifique), ressemble à un véritable hérisson!
Et puis, une chronique, que je n'arrivais pas à écrire, retardée, retardée encore...peut-être, par peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas trouver les mots justes, pertinents, accrocheurs, pour parler de ce brillant récit.
Je me lance aujourd'hui, pour ne pas être trop en retard sur mon engagement avec Babelio et les éditions Goutte d'Or. Et parce que à un moment donné, ben, il faut bien se lancer, jeter par dessus-bord ses petites angoisses, et s'en remettre à l'inspiration du moment et oublier que l'on marche sur un fil.

J'ai adoré, j'ai été soufflée par ce vent de liberté qui existe bel et bien sur ces pages, mais j'ai été aussi oppressée par l'enchaînement très rapide des événements, des moments, de la courte vie de Lolita, qui se déroulent à un rythme à vous couper le souffle, à vous enlever les mots, à vous donner la chair de poule, à vous meurtrir à tout petit feu... Les pages sont devenues lourdes, à porter, par moment, à l'instar des actes de sexe qui ont été lourds, à porter, eux aussi, indubitablement, pour cette jeune fleur à peine éclose.
Et il vient de là le rythme de ce roman. C'est Lolita qui raconte. Ce n'est pas Humbert Humbert. Elle l'a eu elle aussi le souffle coupé, alors Christophe Tison ne nous l'épargne pas non plus. Dans le déroulé commun, ordinaire, normal d'une vie, l'épanouissement d'une fleur (à mon sens) doit bénéficier de douceur, de petits butinages tendres et délicats, d'attentions particulières par respect pour ce corps, fragile encore. Lolita, elle, bien jolie petite fleur a éclos. Mais pour elle, pas le temps pour les beaux discours, les tendres caresses, les doux baisers volés...le passage à l'acte s'est fait sans détour, à coups de bite dans son con, avec pour seul préliminaire un jet de sperme dans la gueule. Pas une seule fois. Non. Tous les jours, ou presque, alors que son beau-père et elle se déplaçaient, de motels en motels, de chambres en chambres, de lits en lits...Peu importe le décor, elle n'échappait que rarement aux gâteries physiques de ce pervers dégueulasse, mais pas con du tout.

Je pourrais écrire encore et encore sur ce livre, mais, d'autres avis, de chroniques, toutes (me semble-t-il) très élogieuses, me rassurent sur le fait, que si vous avez besoin de plus de matière, il y a de quoi faire sur la toile ou dans les journaux/magazines littéraires.
Allez, peut-être, un dernier élément à ajouter, au cas où : LISEZ-LE !

Christophe Tison, merci.
Les éditions Goutte d'or, également merci. D'avoir publié ce brillant récit. D'avoir permis/organisé ce savoureux moment, lundi soir dernier, à La Scala de Paris...un grand moment, d'émotions, superbe. Un de ces moments qui vous font, davantage encore, aimer la littérature. J'en suis ressortie, le coeur tatoué de sublimes mots, les abdominaux renforcés par les rires suscités lors de l'échange entre Christophe et Marie-Rose...et, les yeux un peu mouillés... beaucoup, en fait. Ces petites gouttes salées se sont pointées assez vite, je dirais. Elles se sont franchement distinguées pendant la lecture, (waouh, quelle lecture, quel moment !) de deux passages du roman, par la sublime comédienne Marianne Denicourt. Elles ont de nouveau manifestées leur présence alors que le documentaire littéraire, réalisé par Pierre-Marie Croquet et Basile Lemaire, était diffusé sur le grand écran de la salle et happait les spectateurs.
Babelio, je ne vous oublie pas, bien entendu. Merci à vous. J'avais reçu le livre lors d'un masse critique privilégié, et par un heureux, et absolument chouette hasard, vous m'avez permis d'assister à cet événement. MERCI !

PS : Charlotte et les éditions Goutte d'Or, toutes mes excuses pour le retard.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Je me souviens que trop bien de l'ambivalence de mes impressions face à la lecture de Lolita. A la fois profondément indignée, choquée par la sexualisation d'une enfant de onze ans, mais également quasi fascinée par l' interprétation des choses que nous impose ce prédateur manipulateur qu'est Humbert Humbert.
Je voulais donc tout naturellement remercier l'auteur, Monsieur Tison d'avoir rétabli avec intelligence et lucidité une vérité, La Vérité concernant Dolorès, la vérité concernant toutes les victimes de pédophiles...
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"La nuit tombe, le ciel est orange de plus en plus foncé et, dans le bleu profond qui flotte encore au-dessus des montagnes du côté du désert, une minuscule étoile cligne comme un diamant. Je ne peux pas la toucher mais je peux sentir sa solitude."

2004. Je découvre Il m'aimait de Christophe Tison. Un livre marquant, récit de son enfance volée, victime d'un pédophile, ami de la famille. J'en garde la dureté du récit, la dualité ressentie et la culpabilité de la victime. Se remet-on jamais de ce genre d'épreuve ?

2019. Je retrouve Christophe Tison qui redonne sa voix à la Lolita de Nabokov. Journal de L. après son journal à lui ?

On l'a peut-être oublié mais dans le roman, non seulement Humbert Humbert vole son enfance et son innocence à Lolita mais en plus, Nabokov ne lui donne pas la parole.

On refait donc le chemin dans l'Amérique des années 50 mais cette fois à travers le prisme de la victime. Son ressenti, ses angoisses, ses terreurs, cette façon de s'abandonner à l'autre pour lui échapper un peu… Et puis l'abjection de certains adultes, leur perversité, les abus, la pornographie, la violence morale.

Christophe Tison sait de quoi il parle et il en fait un objet littéraire à la fois touchant, poignant et révoltant, un récit qui ne peut pas laisser indifférent !


Merci à Babelio et aux Éditions Gouttes d'Or !

Lien : https://bouquins-de-poches-e..
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Avant tout, je remercie BABELIO et les Editions Goutte d'Or pour l'envoi de ce livre.
Mais ça ne va pas être facile de le chroniquer.
"Lolita" de Nabokov est l'un de mes romans préférés. Je ressens ce même mélange de mépris et de fascination, typique de la Vieille Europe, pour cette Amérique à l'ignorance crasse mais tellement sexy. Et puis, j'ai toujours trouvé ce livre magnifiquement bien écrit et follement drôle.
Oui, mais voilà, Christophe Tison bouscule toutes mes certitudes avec son ouvrage.
D'abord, il aurait dû s'appeler "Journal de D.", comme Douleur, comme Dolores Haze, dont il nous fait partager le point de vue. Là où Humbert Humbert noyait ses confessions sous des envolées lyriques, des mots savants et des traits d'humour raffiné, Lolita raconte son quotidien avec un vocabulaire simple et cru. Elle n'a rien à cacher, et elle décrit la pé-do-phi-lie dans toute sa dégueulasserie. Elle décrit également ses tentatives pour y échapper, ses stratégies de survie, ses rêves de normalité, ses moments de bonheur. C'est une lecture éprouvante et bouleversante, même si certaines réflexions me paraissent trop mûres pour une gamine de son âge, bien que le contact de vieux pervers ait dû la vieillir prématurément et la rendre plus lucide sur le monde qui l'entoure.
J'ai adoré la démarche de Christophe Tison, de donner une voix à Lolita. Quelle idée géniale ! Et il l'a très bien fait (je lisais son livre et "Lolita" en même temps pour vérifier la concordance des histoires). Mais... je fais quoi, moi, maintenant, de mon amour pour le roman de Nabokov ? J'ai l'impression d'avoir été la complice bienveillante d'Humbert Humbert pendant toutes ces années, et j'en veux un peu à Tison ; pourquoi n'a-t'il pas choisi un autre livre, une autre héroïne ? J'ai beau me dire que tout cela n'est que littérature, je me sens quand même mal. Et c'est pourquoi, par dépit, je ne mettrai que 4 étoiles à ce très bon livre qui en mérite largement 5.
A vous de rendre justice à ce roman, moi, j'ai un problème de conscience à régler...
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On sait en ouvrant ce livre qu'il est le journal intime de la jeune Dolores, alias Lolita, le personnage du roman éponyme de Nabokov. Pourtant la lecture préalable de ce monument des années 50 de la littérature américaine n'est pas indispensable pour découvrir ce Journal de L., même s'il est tellement satisfaisant, quand on a été bousculé par le récit souvent dérangeant de Nabokov, qu'une voix soit enfin donnée à Dolores.

Nous sommes donc plongés dans le récit sordide d'une enfance saccagée. Nous voyons comment cette toute jeune fille se retrouve piégée dans une relation perverse (elle a tout perdu, personne ne semble faire cas de son abandon, le seul à se soucier d'elle est un prédateur…), ses vaines tentatives pour sortir de l'enfermement où la maintient son bourreau, comment le manque d'amour dont elle souffre la pousse dans divers bras rarement bienveillants (car Dolores la première voit bien comment Lolita attire les pervers malgré elle), comment elle tentera de s'abrutir parfois pour échapper au moins par l'esprit aux violences qu'elle subit.

Mais aussi, et heureusement, et c'est la force du livre, nous voyons assez vite la personne derrière la victime. Nous voyons Dolores grandir, rêver, se construire en dépit de ceux qui voudraient qu'elle ne soit que leur chose, utiliser chaque once d'amour sincère qu'elle suscite parfois pour trouver l'énergie de sa renaissance. Nous la voyons évoluer, avec un style qui change à mesure que les années passent, l'enfant devenant adolescente puis jeune femme. Et la Dolores qui nous inspire pitié et compassion, nous voyons sa force, nous découvrons que c'est une belle personne. Et c'est ainsi que ce livre d'abord très sombre nous laisse entrevoir une lumière, l'espoir que la vie de Dolores adulte sera belle, finalement.

C'est un livre brut, bouleversant. C'est un beau portrait, terriblement touchant. C'est le journal d'un combat. C'est la voix de Dolores. Je ne vais pas l'oublier de sitôt.
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Lolita, Dolores Haze vient de partir en fumée.
Elle est cette lumière qui s'enfuit, qui s'échappe de la vie d'Humbert Humbert et qui s'incarne ici en plein jour ; elle apparaît dans le roman de Christophe Tison sous une lumière crue. Le ravisseur, ravi par sa Lolita, l'idéalise chez Nakokov, ce qui fait d'elle un être à part, le personnage autour duquel le roman de Nabokov gravite. Et ce qui n'était que suggéré dans le roman sulfureux de Nabokov est ici décrit dans les moindres détails ce qui fait que la jeune fille raconte sa douleur dans ses détails les plus sordides. Ce qui faisait de la nymphette un mythe, s'effondre, et Lolita subit quelques violences de plus. Je pense que ce roman gagnerait à ne pas être systématiquement comparé à l'oeuvre de Nabokov mais ça m'a tout l'air d'être la politique éditoriale alors je l'ai lu comme ça, à tort je crois. le journal de l'adolescente ne pouvait que difficilement se comparer au journal de l'intellectuel qu'est Humbert Humbert, je le crains, ne serait-ce que d'un point de vue stylistique. Christophe Tison n'a pas su me convaincre et même si certaines de ses images sont parlantes, criantes de vérité, elles ne m'ont malheureusement pas charmée dans leur phrasé, les périodes de Nabokov l'ayant su. On peut toujours répliquer que l'homme intellectuel quelque peu prétentieux qu'est Humbert Humbert sait écrire tandis que la victime, elle, écrit avec ses propres mots mais là encore, je n'ai pas trouvé l'incarnation de la voix de l'adolescente réussie dans le sens où Lolita ne correspond pas à la Lolita de Nabokov telle que je la vois (et je ne la compare pas à la Lolita telle qu'elle est vue, fantasmée, par le ravisseur parce qu'il faut toujours se défier de l'énonciation). C'est peut-être l'histoire d'une autre adolescente, celle que l'auteur voit dans le miroir que Lolita regarde.
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Il fallait une certaine audace pour s'attaquer au monument de la littérature mondiale qu'est Lolita, et le moins que l'on puisse dire est que Christophe Tison a réussi son pari.
Il donne à entendre la voix de Lolita, ou plutôt de Dolores, et à travers elle celle de l'enfance et de l'innocence volées.
Ce témoignage est fortement touchant et complète parfaitement l'oeuvre originale en comblant certains vides notamment.
Si Lolita était un road trip ancré dans l'Amérique des années cinquante, le journal de L. est beaucoup plus intemporel.
Il est également plus cru et beaucoup plus explicite, peut-être parce qu'il s'agit d'un livre écrit de nos jours, ou peut-être pour mieux faire comprendre au lecteur le ressenti de Lolita.
Une mention particulière enfin pour la magnifique couverture de l'ouvrage, en relief et lettres cuivrées.
Un grand merci à l'équipe de Babelio et aux éditions Goutte d'or pour m'avoir permis de découvrir cet excellent roman lors de la dernière opération Masse Critique.
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Quelle folie s'empare de l'esprit, probablement sain, d'un écrivain lorsqu'il décide de filer, à toute allure, sur les sillons onduleux d'un auteur de légende, si épris de style et méprisant les flagorneurs, disciples, les épigones de carnaval ! Les mémoires de Lolita, tout le monde en a rêvé ; et ce rêve sentait l'automne, il ressemblait probablement à une ville américaine moyenne où s'entremêlent les ménagères et les papillons, les anthologies de poésie européenne, les pelouses où s'affolent les nymphettes provocatrices ; ce rêve était tâché de l'encre de Nabokov – un beau rêve, chaque soir recommencé, toujours différent ; un fantasme littéraire pour l'éternité. Christophe Tison a décidé d'imprimer le sien, et par malchance, il l'a écrit ; pire, je l'ai lu.

Le prologue permet à l'auteur de s'affranchir de toutes les critiques liées au style : c'est une jeune fille de 12 ans qui écrit, on ne sera donc pas regardant – pratique (et logique, il faut l'avouer). Dès lors commence la litanie insupportable des tourments physiques, psychiques, de la petite Dolorès, tour à tour esclave sexuelle de son beau-père, fugueuse désenchantée, manipulatrice odieuse, amoureuse incomprise … on pourrait trouver tout cela charmant, presque naïf, si l'auteur ne sombrait trop souvent dans la vulgarité la plus méprisable (« Je suis un trou sans fond » ; « son sexe pend continûment entre ses cuisses, énorme et vulgaire, le mien est rouge sang et ma bouche sent le sperme » ; « ses gros doigts pleins de savon glissent maintenant entre mes fesses et s'introduisent là où c'est sale … et il me vide comme un poisson » …). Que peut-on attendre d'une telle prose ? Si le livre ne m'avait été gracieusement offert par Babelio, je l'aurais probablement jeté dans la poubelle jaune d'un voisin de mon quartier.

Chez Nabokov, Lolita est plutôt un personnage sympathique. Dans « le Journal de L. », Lolita est une figure détestable – son enfance volée, brisée, n'y change rien. Qui voudrait aimer cette écorchée de papier ! La faute à Christophe Tison et sa morne imagination ? Pour partie, seulement. le véritable sentiment de dégoût (ou de mépris, tout dépend des soirs) que l'on éprouve à la lecture de cet opus a des origines plus profondes : Dolorès (et sa mère) sont des caractères béotiens sans intérêt ; des gravures de magazines féminins des années 1950 – personne n'a envie de pénétrer leur intimité cérébrale, à moins d'aimer le néant et l'insignifiance. le seul intérêt littéraire de cette aventure scandaleuse ? Humbert Humbert, le chasseur de nymphettes ! Chanceux que nous sommes ! le livre existe déjà, il est mondialement célèbre, et il a pour titre : « Lolita », tout simplement. Il est signé d'un des plus grands écrivains du XXe siècle.

Alors, que faire de ce journal vide, obscène, chaudement recommandé dans toutes les librairies de France, où poussent comme la mauvaise herbe de petites fiches manuscrites, arborées de coeurs rosis et d'avis standardisés, toujours intitulés « le coup de coeur de votre libraire » ? Les options sont multiples : le laisser faner au bord d'une fenêtre jusqu'au dépôt de bilan, l'offrir à un ami à qui l'on veut du mal, l'introduire par effraction dans les rangées bien ordonnées des « grands classiques » au sein d'une bibliothèque municipale et observer les réactions consternées des habitués, etc. A la réflexion, on pourrait continuer ce petit jeu pendant des heures ; des heures de délires magnifiques, un luxe d'inventivité et de poésie. En réalité, tout ce qui manque à ce livre ! Ajoutez à cela les entretiens autobiographiques sur l'enfance volée de Christophe Tison (un argument commercial comme un autre - nous sommes en 2019) et vomissez pour de bon cette soupe rance, pleine de grumeaux amers.
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Aplats dorés, rabats aux grosses lettres du surnom Lolita, gaufrage du premier paragraphe sur la première de couverture, papier de qualité, les éditions de la Goutte d'Or soignent leurs livres et cela fait vraiment plaisir de tenir un bel objet entre ses mains. Je les remercie ainsi que les responsables de Babelio pour cet envoi.


Ayant lu Lolita, il y a quelques temps, il me tardait de découvrir ce que Christophe Tison avait bien pu imaginer et écrire de la misérable aventure de la nymphette la plus célèbre du monde aux côtés de Humbert Humbert.


Ma réaction à la lecture des premières pages a été une gêne : non une gamine de 12 ans ne pouvait pas écrire ainsi, c'était trop littéraire, trop bien construit. La Lolita de Nabokov était provocatrice avec un rien de vulgarité, plus authentique. Ce livre était-il une fausse bonne idée ?


On suit donc Lolita en repensant au roman de Nabokov qui lui était la transcription imaginaire du journal du pédophile. Seulement Hum était cultivé et forcément son écriture devait tenir une certaine qualité. Pour coller à Lolita, Tison ne pouvait plus avoir la même prétention. Double difficulté donc que de faire penser et écrire une fillette tout en n'étant pas mièvre, le réalisme en est la victime.
Mais comme Lolita prend cinq ans dans le roman, ce handicape finit par s'estomper et puis après tout, ce que nous savons d'elle ne provient que des écrits d'Humbert !
Nous y voilà, étrange force des bons romanciers que de finir par nous donner l'impression de l'existence réelle de leurs personnages.

Alors qui est la vrai Lolita ? Celle de Nabokov décrite par le professeur Humbert Humbert, éternel amoureux d'une jeune fille morte trop vite. Ou celle de Tison, victime du vice et de la cruauté des adultes ? Dans les deux cas, nous en revenons à une enfance brisée, manipulée par un adulte qui n'a pas su ou voulu se maîtriser à temps.
Là où Nabokov joue subtilement avec ses lecteurs, édulcorant, excusant, faisant presque passer Hum pour faible et manipulé, Tison relate le calvaire de ces enfances brisées.
Son roman est intense, captivant mais mon entendement se perd, écartelé d'un livre à l'autre et finalement, je reste dubitatif.
N'aurait-il pas mieux valu nous compter l'histoire de cette enfance saccagée sans faire référence au Lolita de Nabokov ?
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Christophe Tison auteur du journal de L, qui est le point de vue direct de Lolita de son prénom Dolores, est en premier lieu, une très bonne idée. J'ai dévoré le livre, espérant qu'enfin Dolores s'échappe de ces porcs, et encore le mot est bien trop doux, car eux ne finiront pas en jambons, en brochettes, éparpillé dans des estomacs au quatre coins du monde... J'ai eu l'impression de lire le fonctionnement d'un être vivant, dont son cerveau, son âme harcelée par ces porcs essaye de faire au mieux pour essayer de vivre en paix. Tantôt il y a l'oubli d'enregistrer les événements comme un film dont on coupe la pellicule pour ne pas se souvenirs de ses traumatismes sinon impossible d'avancer... et tantôt des idées naissantes en elle pour essayer de fuir vers l'inconnu qui pourrait cacher un bonheur potentiel.

L'existence de Dolores est une vie qui ressemble tant à celles qu'on peut vivre : Passer sa vie à subir les autres alors qu'on est une personne de bien, qui ne voudrait que la paix et l'amour. Vouloir vivre en paix, se sentir bien dans un petit cocon familial, au chaud, avec à manger, et entouré de gens qui nous aiment, est pourtant ce que tout le monde aimerait vivre, aimerait que ça soit la normalité... mais c'est si compliqué quand ce monde d'humains fait tout l'inverse.
Mais ces deux choses nous sont refusés car on subit une existence de merde. Comment croire en un Dieu bienfaiteur, quand on vit tous ces malheurs ? Comment s'en sortir quand on est seule, malgré que tout autour de nous les gens nous voient ? Alors qu'ils et elles ne voient et ne veulent pas voir ni entendre la souffrance intérieure des gens... Certains le voient, sont au courant comme ceux et celles qui voient que telle ou telle personne est une proie que l'on peut chasser, violer, abuser, maltraiter et que personne d'extérieur interviendra, comme si sur cette personne il y avait l'étiquette permettant cela.


Dolores va de mal en pire et de pire en épouvantable, est-ce inné ? Est-ce dû par les chemins qu'on nous a fait prendre pour ne rencontrer que des monstres ? Ou à la naissance nous recevons telle ou telle carte par notre gêne ou Destin ? Cette carte qui nous conditionnera toute notre vie en bonheurs ou malheurs et qu'importe ce qu'on fera pour se sortir du merdier quand on a la mauvaise carte, on sera toujours dedans jusqu'au cou ?

Tant de fois Dolores, qui n'est qu'une enfant, se remet en question quand les adultes ne le font pas et elle essaye d'échapper mentalement et physiquement à des hommes plus âgés qu'elle. Comment le peut-elle du haut de ses 12 ans quand sa mère meurt et qu'elle se retrouve avec Humbert qui la maltraite sexuellement ? Et qui ne sera pas le dernier !
Dépendante des adultes dans leur monde compliqué d'argent, de papiers, de pouvoirs, mais surtout de manipulation et de menaces. Mais quand bien même Dolores se retrouve dans des écoles, entourée de gens de son âge. Là aussi elle se retrouve harcelée par des enfants de son âge qui deviendront de mauvais adultes... tout ceci n'est pas sain. Mais hélas c'est toujours comme cela, et rien n'est fait pour arrêter cela. Même pas les forces de l'ordre : la police, la justice, qui souvent se retournent contre les victimes en les arrêtant pour les mettre selon leur âge à l'orphelinat ou la prison et au pire à l'hôpital psychiatrique, etc. Des lieux destinés aux « vrais » monstres humains qui au final dirigent ces lieux et exercent une énorme pression mentale sur les innocents qui en ont peur et se renferment dans leurs détresse.


Beaucoup de gens ne s'imaginent pas, ne comprennent pas pourquoi des personnes maltraitées n'arrivent pas à s'en sortir... peut-être qu'après cette lecture ils comprendront.


Merci à Babelio et aux Éditions Goutte d'Or pour ce livre. :)
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