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Un de mes amis prétend que le plus ennuyeux dans un roman, ce sont les cent premières pages. Il entend par là que c'est le temps nécessaire pour s'y sentir à l'aise, chez soi si j'ose dire, pour apprivoiser les personnages et s'infuser de l'ambiance générale du récit.

S'agissant de " La Guerre et la Paix ", je pense qu'on pourrait presque doubler la mise tant la kyrielle de personnages est impressionnante et tant l'emploi, typique des romans russes, du prénom + patronyme + nom de famille pour les désigner peut parfois rendre l'accroche ardue.

Mais quand l'amorce est faite, quand on a passé cette première habituation, lorsqu'on a domestiqué les André Nicolaïévitch et les Nicolaï Andréitch ou qu'on arrive à distinguer du premier coup les Anna Pavlovna des Anna mikhaïlovna, quel pied mes aïeux, quel pied !

Et alors là, la seule crainte qui nous assaille n'est plus celle d'être à même de rentrer dans l'ouvrage mais bien l'horrible pincement au coeur qui nous fera tourner la dernière page et retarder, inconsciemment, au maximum les affres de la dernière phrase car l'on aimerait que cela ne s'arrête jamais. (Vous avez le temps nonobstant, le livre fait 1600 pages en pléiade rien que pour le texte brut !)

Au début de ce volume 2, rien ne va plus pour l'empereur Alexandre, tsar de toutes les Russies, car ce vilain cafard de Napoléon est en train de vouloir lui manger la laine sur le dos…

Rien ne va plus pour le prince André Bolkonski après ses déboires amoureux, lui qui semblait avoir retrouvé le goût à tout, il ne semble plus avoir goût à rien, sauf peut-être à assouvir sa vengeance auprès du ravisseur de sa belle…

Rien ne va plus pour Nicolas Rostov qui après son enthousiasme de jeunesse pour les choses de l'armée et du combat dans les années 1805 et 1807, découvre avec mélancolie, en cette année 1812, la réalité derrière les façades de tout ça, et se voit décerner une médaille ; une médaille pour quoi ? pour avoir failli tuer un homme ? Pour avoir enfreint les ordres ? Pour avoir eu bien peu de bravoure ? N'est-ce que cela cette croix militaire ?...

Rien ne va plus non plus pour Natacha Rostov ; son avenir amoureux semble brisé, elle ne sait plus où elle en est, tant dans ses sentiments que de sa vie…

Rien ne va plus pour Pierre Bézoukhov, qui patauge plus que jamais dans l'errance, ne sachant à quelle idéologie se vouer…

Vous voyez que Lev Tolstoï a bien fait monter sa mayonnaise et, après un livre deuxième bercé par les auspices de la paix, la guerre franco-russe de 1812 est dans les livres trois (avancée des Français en territoire russe, Borodino et prise de Moscou) et quatre (incendie de Moscou et retraite des Français), le canevas idéal pour l'auteur désireux de dérouler sa théorie sur l'insignifiance des destinées individuelles lorsqu'elles sont prises dans le courant de l'histoire (développée sous forme d'essai dans l'épilogue).

Tolstoï inclut dans cette acception des destinées individuelles aussi grandes que celles de Napoléon ou d'Alexandre. Selon lui, c'est l'inextricable lacis de causes et d'effets combinés, qui produisent l'histoire et non les décisions individuelles, quelles qu'elles soient.

L'histoire passe, tel un gros rouleau compresseur, inexorable, et les individus s'agitent à la surface du rouleau, croyant que la marche de leur destinée ou du rouleau dépend d'eux, et d'eux seuls. (Au passage, je vous conseille vivement le petit chapitre d'analyse historique de la campagne de Russie que vous trouverez au chapitre premier de la seconde partie du livre troisième, je sais, c'est un peu compliqué comme dénomination, mais finalement plus simple qu'il y paraît.)

Une vision à laquelle on peut adhérer ou pas, mais en tous les cas, une lecture très distanciée et intéressante de l'histoire et des événements historiques en général, sans oublier une narration de tout premier ordre, ce qui suffit à en faire un monstre sacré de la littérature mondiale, qu'il est bon d'avoir lu, au moins une fois dans sa petite vie de lecteur entraîné par le flot de l'histoire. du moins c'est mon avis, autant dire, pas grand-chose.

P. S. : Je signale au passage, pour ceux que cela intéresse, certains points communs, imputables au côté religieux de Tolstoï, entre La Guerre Et La Paix et son autre grand roman, Anna Karénine. Ici, André Bolkonski accord son pardon sur le champ de bataille de Borodino à Anatole Kouraguine qui lui a ravi Natacha, exactement comme Alexis Karénine l'accorde à Anna et Vronski.

De même, le personnage de Marie Bolkonski, soeur d'André, pleine d'abnégation et de piété, n'est pas sans rappeler celui de Dolly, la femme du volage Stepan Oblonski, frère d'Anna Karénine. L'une comme l'autre trouvent leur raison d'être dans le pardon inspiré par la religion.

On retrouve donc le pardon, l'un des grands chevaux de bataille de l'auteur, développé dans d'autres oeuvres, dont ses nouvelles.
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Le deuxième tome de la guerre et la paix est une oeuvre maîtresse qui nous fascine de bout en bout.
Tolstoï nous plonge dans cette année 1812 si fatale à Napoléon.
Par une écriture riche en descriptions et en émotions, il nous conte la bataille de Borodino, en le lisant, on y est, comme dans un film.. A l'évocation de cette bataille, me sont revenus mes souvenirs anciens de la visite du musée panorama de la bataille de Borodino. Je me suis rappelée les commentaires enthousiastes de mes amis russes lors de la visite.
Le génie de Tolstoï est à mon sens, la métaphore excellente qu'il utilise pour parler de l'armée française.
"La situation de cette armée était semblable à une bête blessée qui sent qu'elle va périr et ne sait ce qu'elle fait"
Cette bête blessée continuera son ascension jusqu'à cette prise de Moscou dont elle finit par l'abandonner sans savoir exactement pourquoi.
Tolstoï s'interroge et se questionne sur tous les aléas et les causes fortuites qu'a engendré la campagne de Napoléon en Russie et sur l'art prétendu du génie militaire.
Bien que n'ayant que très peu d'appétence pour la guerre et ses descriptions, j'ai été emportée par ce deuxième tome. Même les héros et héroïnes de l'histoire passe au second plan tant cet univers de la guerre est rendu si captivant à lire.

J'ai lu plusieurs livres de Tolstoï, j'ai découvert avec ce titre encore plus d'attrait à son oeuvre.
Je sais, le roman est très long mais je vous le recommande, vous ne serez pas déçu d'entreprendre je crois ce grand voyage.











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Une petite crainte avant de commencer ce pavé paraît bien naturelle et pas seulement pour la tendinite au pouce qui pointe à cause du poids de la culture russe...
Tout comme un peu d'angoisse aux côtés du prince André ou du fougueux Nicolas Volkov, dans le brouillard du côté d'Austerlitz, attendant le déclenchement d'une immense bataille qui couvre 10 verstes (km) de front !
Et même en temps de paix, l'intérêt pour les personnages ne décroît pas tant que ça. Même si je reconnais avoir éprouvé un soupçon d'ennui pendant les amours de Natacha Volkov. Les envolées assassines du vieux prince Bolkonsky sur ses enfants et surtout sur sa pauvre fille Marie ou les états d'âme de son fils André ou de Pierre sur leurs mariages m'ont remis en selle. Ah Pierre, une mention spéciale pour ses gaffes en société!

Confortablement installé, ne voulant finalement plus lâché ces passages en temps de paix, j'ai découvert un Boris arriviste, un prince Basile intéressé uniquement par l'argent et son fils Anatole, par les femmes. Et enfin des personnages assez nombreux mais bien identifiés car Tolstoï rappelle systématiquement une particularité physique si bien que le lecteur perdu dans les prénoms et surnoms distinguera:
La princesse Lise à sa lèvre supérieure duveteuse, la princesse Hélène à son physique avantageux au contraire de la princesse Marie, fort laide et de Pierre, fort gros, etc.

Ma crainte s'est finalement rapidement dissipée, ce tome 1 imposant mérite bien un pouce levé. Bien portant malgré tout, même après avoir tenu ce livre pendant 15 jours.
Il m'en vient d'ailleurs des palpitations à l'idée de commencer le tome 2.
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C'est un moment extraordinaire et un bonheur rare que d'ouvrir un livre et de percevoir, d'emblée, le monument de littérature, et de fait de pénétrer ce totem et d'être pénétré de sa force, de plus en plus intense au fil des pages, et de sentir et savoir que ce livre-là vous nourrira pour toujours.

Ainsi en a-t-il été pour moi à l'ouverture du 3ème livre de Guerre et Paix qui ouvre ce deuxième tome et se poursuit jusqu'à la fin de l'oeuvre en un long épilogue suivi d'une ‘préface' de l'auteur.
Maintenant que j'en ai achevé la lecture, je salue ce découpage éditorial en deux tomes qui a contribué à m'ouvrir la porte de cette magistrale pièce d'art que je n'aurais peut-être pas perçue avec autant de joie s'il m'avait été présenté d'un seul bloc : la lecture des Livres I et II (tome 1) m'a fait percevoir la grandeur de l'oeuvre, découverte sans laquelle la lecture des Livres III et IV présentée à part (tome 2) ne m'aurait peut-être pas autant subjuguée. A quoi cela tient, l'émoi littéraire…

Tout semble tourner mal à l'ouverture de cette troisième époque, dans laquelle les salons moscovites et les futilités urbaines de la noblesse s'éloignent pour laisser place au brutal terrain de la guerre menée par une armée française surnuméraire par rapport aux forces russes.

Jetés dans ces tourments de l'histoire, nos trois héros mâles (dans le tome 1 les femmes, dans leur éternelle préscience des tourments à venir, tenaient le devant de la scène, maintenant ce sont eux : André Bolkonski, Pierre Bekouzhov et Nicolas Rostov) se retrouvent chacun à jouer leur douloureuse mais lumineuse partition dans le courant déterminé de l'histoire des peuples, que l'histoire officielle, nous dit Tolstoi, ne saura jamais lire ni discriminer les vainqueurs des vaincus.

Réagissant à chaud, humblement dépassée par l'ampleur de la réflexion que Tosltoi conduit dans cette oeuvre sur le sens de l'histoire, sur l'humanité, sur le pouvoir, sur la liberté et son corollaire complémentaire le déterminisme, je n'en ai pas moins ressenti au fond de mon cerveau reptilien ma place infime dans le courant profond, tellurique des courants de fonds qui animent l'histoire des hommes.
Une joie aussi pure est rare dans une vie de lecteur.



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Un chef d'oeuvre de la littérature mondiale inaltérable, intouchable, incriticable , sur un piédestal comme un héros de la nation. Et pourtant objectivement, même les héros ont leurs petits défauts que l'on veut cacher absolument pour ne pas ternir leur image.
Mais ce deuxième tome a toutes les qualités du premier. On suit toujours les destins, ballottés par les guerres, de familles d'aristocrates russes:
Les Rostov dont le fils Nicolas est encore en première ligne des combats. Un mariage avec une belle ou une riche demoiselle est en vue.
Les Volkonsky, dont le grand-père a de singulières façons de parler à son entourage. Sa fille Marie, pourtant pieuse et irréprochable, en fait toujours les frais. le prince André fuit encore les salons et la vie de famille et s'échappe dès qu'il le peut vers le front.
Les Bezoukhov, dont l'immense Pierre est le représentant. Un type doux, rêveur et parfois emporté quand il parle politique. Son mariage avec Hélène est un échec. Il part, lui le civil, au front pour voir du spectacle et réveiller sa morne vie.


Tolstoï alterne les chapitres sur ces familles avec de passionnants épisodes guerriers. Il y excelle dans la description des combats. La bataille de Borodino est incroyable et très prenante! Tout comme la retraite de Russie.

Dans la description des combats, il en profite pour critiquer les historiens qui n'ont rien compris à la guerre. Il démonte les commentaires élogieux sur les génies militaires (surtout Napoléon )dont les stratégies préétablies ne se sont jamais appliquées et vérifiées dans le chaos des combats.

Il propose d'autres idées pour expliquer l'histoire et principalement le peu d'influence qu'ont les personnages historiques (Alexandre Ier, Napoléon, Koutouzov...) dans le processus historique. Il minore leurs actions pour privilégier une sorte de cheminement inévitable et surtout collectif. Pour Tolstoï, un homme ne peut pas orienter l'histoire à sa guise, ce sont des millions d'êtres qui le font!

Et il martèle cette pensée, descriptions des immenses batailles à l'appui.

Pensée qui m'a paru digne d'intérêt et originale (ce n'est pas comme cela que j'ai appris l'histoire mais plutôt avec des personnages célèbres au premier plan!)
Pensée digne d'intérêt et peu gênante, malgré sa répétition.

Si bien que jusqu'à la deuxième partie de l'épilogue j'aurais applaudi des pieds et des mains. Or cet epilogue se présente comme une cassure , l'harmonie est brisée. D'une brillante saga historique on passe à un rapport de thèse de morne plaine sur le sens de l'histoire. 60 pages indigestes d'une accablante lourdeur. Oui ce roman génial finit par une cassure théorique ! Quelle déception!

On pourra cependant s'en passer aisément pour ne retenir que le meilleur du récit de ces années 1812 à 1820 si bien décrites dans le tourment des dernières guerres napoléoniennes.
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Dans ce tome 2, le personnage qui domine tous les autres, c'est le général en chef Koutouzov, celui qui refuse de livrer bataille, celui qui chasse le renard napoléon, le blesse à Borodino, l'enfume à Moscou et le saigne à mort dans les plaines gelées de Russie. Koutouzov est celui qui a définitivement battu Napoléon, qui ne pourra jamais se relever de son écrasante défaite en Russie. Leipzig, Waterloo, juste des soubresauts de l'Empire à l'agonie.

Koutouzov est un général d'expérience. Déjà à Austerlitz, il est le seul à comprendre la bataille et les plans de Napoléon, le seul à placer ses troupes au bon endroit et à trainer des pieds pour exécuter les ordres imbéciles qu'il reçoit. Il est mis sur la touche jusqu'en 1812. La Russie est en danger et elle n'a d'autre choix que de rappeler son meilleur général. Et que fait Koutouzov? Rien, il se retire, se dérobe et refuse le combat.

Borodino, koutouzov ne voulait pas livrer bataille mais le peuple russe, son armée ne veulent pas livrer Moscou sans combattre. Borodino, une boucherie inutile qui blesse pourtant très gravement l'armée française. Koutouzov sait qu'il a gagné cette bataille inutile mais il sait aussi qu'il doit encore se retirer et livrer Moscou.

Koutouzov se retire, mais il ne fuit pas, bien au contraire, il se place en tueur à Kalouga. Là il refait ses forces et attend. Il n'est pas derrière les français, mais sur les flancs. Napoléon aurait du se méfier de ce général russe qui se place de la sorte, déjà sur la route de la retraite de la Grande Armée.

Moscou brûle. Napoléon perd beaucoup de temps. Les russes ne répondent à aucune des tentatives de négociations. Négocier quoi? Koutouzov sait que l'armée française est blessée à mort et que chaque jour qui passe l'affaiblit alors que l'armée russe ne fait que se renforcer.

Lorsque Napoléon réalise qu'il est prit au piège dans Moscou, comme les allemands le seront plus tard à Stalingrad, il est trop tard. Déjà les cosaques commencent à harceler ses troupes. Ils avaient su faire les morts et se faire oublier pour enfumer Napoléon. Désormais ils ne cesseront plus d'attaquer sans prévenir, sur les arrières, les cotés, les devants. L'armée Russe, elle se prépare déjà à la grande offensive en Europe, pour aller jusqu'à Paris.

Koutouzov meurt lorsque les derniers soldats français quittent le sol russes. Ils ne sont plus que quelques milliers. La Grande Armée a été anéantie.

Tolstoï se livre à des réflexions sur l'histoire, conteste le génie militaire de Napoléon, donne sa version des évènements majeurs de l'année 1812. Pour ma part, j'ai beaucoup d'estime pour ce roublard de Koutouzov qui n'a considéré celui qui s'était autoproclamé "empereur des français" que comme un simple renard. Un simple renard qui s'est fait enfumer dans son terrier et qui était attendu à la sortie.
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Suite aux évènements du 1er tome, nous retrouvons les personnages alors que Napoléon est sur le point d'envahir la Russie.

Il m'a fallu pas moins de 2 ans et demi pour me décider à sortir ce livre de ma PAL… Pas que l'histoire m'ait donné du mal dans le premier tome, mais je savais que je m'engageais dans une lecture fastidieuse à cause de mon édition: la mise en page est très dense, pour une police de caractères minuscule. Quand on lit une histoire qui demande déjà de la concentration à cause du nombre de personnages impliqués et des ressemblances entre leurs noms, ça ne facilite pas vraiment la lecture…

Malgré tout, je voulais absolument terminer cette histoire avant de me lancer dans un autre roman de l'auteur (je viens d'acquérir les deux tomes d'Anna Karénine). Avoir laissé passer autant de temps depuis le 1er tome n'était pas vraiment une bonne idée, mais j'ai finalement réussi à raccrocher les wagons, bien que j'aie eu du mal à resituer certains personnages. Au final, suivre l'intrigue ne m'a pas posé de gros problèmes.

Ce qui a été compliqué, c'est de m'intéresser aux innombrables coupures que Tolstoï fait dans la narration pour nous donner son avis sur la guerre et ses stratégies ou sur la religion. Cet aspect était déjà présent dans le 1er tome, mais dans une moindre mesure. L'auteur explique dans la postface que ce parti-pris est volontaire et que, d'autre part, il a volontairement passé sous silence certains aspects de la société russe. Je dois avouer qu'après 200 ou 300 pages de ce traitement de l'histoire, j'ai lu en diagonale toutes ces considérations critiques, que j'ai trouvées particulièrement insupportables: si je veux lire une critique historique, je me dirige vers un essai et pas un roman.

Pour ce qui est de l'intrigue en elle-même, je l'ai plutôt appréciée. Dans l'ensemble, les personnages sont attachants ou suffisamment intéressants pour qu'on ait envie de savoir ce qui va leur arriver. J'ai été surprise du sort réservé par l'auteur à certains, mais vu le contexte, on ne pouvait pas s'attendre à ce que tout le monde survive, surtout que certains se conduisaient comme des crétins inconscients ^^

Une lecture en demi-teinte, mais qui m'a permis de me défaire de mon appréhension envers les classiques de la littérature russe. Si vous comptez le lire, je vous conseille cependant de choisir une édition qui offre un bon confort de lecture, la mienne a été une vraie purge à déchiffrer.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Pour ce deuxième tome, c'est le temps de paix qui règne pendant un bout de temps. La Russie vit le bon air du traité de Tilsit. La hache de guerre est enterré, disons pour le moment, avant que la ruse napoléonienne ne refasse surface et le conduise dans sa plus grande folie. C'est l'occasion que Tolstoï nous entraine dans la vie quotidienne de nos personnage, en même temps on côtoie la vie mondaine de l'époque avec toutes ses périphéries. Entre les bals, les soirées bourgeoises, la préoccupation majeure pour cette société reste la quête d'un bon mariage, aussi bien pour les filles que pour les garçons. On retrouve alors un peu de Jane Austen avec la description de la société anglaise où , amour ou pas, seule la fortune décide d'un mariage, entraimant parfois bien de malheur, on le voit dans la vie conjugale de Pierre Bézoukhov et Hélène. On retrouve aussi un peu du romantisme français avec la rencontre de Marie Bolkonsky et de Nicolas Rostow, le sauveur qui tombe amoureux de sa protégée...Mais la queue de diable ne sait pas se tenir longtemps dans l'ombre, voilà que Napoléon brise le traité de Talsit, et le voilà qui lance sa grande compagne vers la Russie, et c'est la grande panique dans les rues de Moscou...
La sympathie des personnages avec lesquels je me suis attachée depuis le premier tome m'insuffle l'engouement d'entamer le troisième tome, et ceci avec grand plaisir!
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"la littérature véritable, à savoir celle qui, en deçà ou au-delà de l'écume des événements immédiats, relie entre elles, dans le temps et dans l'espace, les âmes fraternelles, n'a sans doute pas sa source dans le langage ni dans l'habileté rhétorique mais plutôt au plus profond de l'âme communautaire des peuples et fatalement donc (qu'on le sache expressément ou non) dans les plus vieux mythes consacrés par les traditions et que l'imagination moderne réinvente, bref que l'esprit du temps habille de parures nouvelles, combine de façon inusitée, sans jamais en modifier pourtant la teneur pérenne." Denis Grozdanovitch

Alors que je venais d'attaquer ce monument de la littérature russe, presque sans trembler face à ses 1200 pages, je suis tombée sur cette citation de Grozdanovitch, qui me semble parfaitement définir ce que j'ai ressenti à la lecture de Tolstoï. L'impression de lire un chef d'oeuvre universel, qui, bien qu'ancré dans la tradition russe, la dépasse et la sublime.

Cela fait un moment que je repousse ce moment : écrire ma chronique de ce pavé, effrayée par avance de l'ampleur la tâche. Reprendre toutes les citations, analyser, et surtout condenser en une demi-page mon expérience d'un mois de lecture. Cet article sera donc long, je m'en excuse. Mais on ne lit pas impunément des chef d'oeuvre. Il faut l'assumer, si on veut en parler. de même, je ne suis pas critique littéraire, je jette seulement des pistes d'analyse et de ressenti personnels, qui vous parleront ou pas ...

"J'ai lu Guerre et Paix. Ça parle de la Russie." déclare Woody Allen. Ce sera mon point de départ. Car la Russie est bien le personnage central de ces 1200 pages : on vit, on se bat, on meurt pour elle. Comme pendant, tour à tour amie, modèle, envahisseur, ennemi puis mythe : la France.

"L'intrigue" est assez simple : le fonds de l'histoire, c'est L Histoire, les guerres napoléoniennes, d'Austerlitz à Waterloo qui influent la vie de personnages que l'on suit sur une vingtaine d'années. D'où l'opposition entre les différentes périodes de guerre - magistralement décrites - qui ne concernent que les hommes; et les périodes de paix, où les intrigues de cour des aristocrates reprennent.

J'ai dévoré les deux premiers tomes comme des petits pains : avalant les pages de guerre, les chapitres de réflexion sur l'histoire, l'évolution des personnages qui illustrent chacun à leur manière les facettes de la société russe - bourgeoise et aristocrate seulement, le peuple russe étant pratiquement absent en temps de paix. Passionnée d'Histoire, j'ai pourtant fini par me lasser - non pas des descriptions des batailles - mais plutôt des longues considérations du romancier sur le cours de l'histoire, la société, parties qui représentent pratiquement tout le quatrième volume. Comme si Tolstoï s'était lassé de faire croire qu'il écrivait un roman, et affichait ouvertement son goût pour les considérations philosophiques. Malheureusement pour lui, ces démonstrations sont maladroites et lourdes.

Et pourtant la puissance romanesque de ce texte est formidable : les Rostov et compagnie sont attachants malgré leurs choix, leurs défauts. Ils sont terriblement réels et vivants. Car Tolstoï met en avant des anti-héros, pour lui « il n'y a pas de grands hommes ». C'est en les faisant agir, vivre, que l'auteur défend le mieux ses idées. Par exemple le fatalisme historique qu'il décrit est parfaitement incarné par le général Koutouzov, qui aura raison envers et contre tous les autres. D'un autre côté, Pierre, un des personnages que l'on suit le plus, passe de l'indifférence à la religion, dans une recherche de lui-même qui n'aboutira à rien, et fait écho aux incertitudes de Tolstoï lui-même : « Pierre était un de ces chambellans en non-activité terminant leurs jours à Moscou comme il y en avait des centaines. » Et il se méprise pour ça, pour sa mollesse, son manque d'ambition, la vie dorée offerte par la société, une société trompeuse et oisive.

Au final, le véritable acteur de ce roman c'est le peuple russe en entier, le peuple russe en mouvement pour combattre l'envahisseur et d'où vient de magnifiques actions, qui étonnent sans cesse les brillants officiers issus de la puissante Académie militaire. Car les Russes combattent avec leur coeur, pour défendre leurs terres, alors que les riches combattent l'idéologie de Napoléon. Tolstoï nous a offert une véritable épopée – amour de la patrie, de la gloire et de la grandeur des armes russes, qui paraissent pourtant dérisoires face aux milliers de morts occasionnés.

"Car la vie, pendant ce temps, la vraie vie des hommes, avec ses intérêts essentiels, santé, maladie, travail, repos, avec ses intérêts d'un autre ordre, pensée, science, poésie, musique, amour, amitié, haine, passions, continuait comme par le passé, indépendamment et en dehors de toutes les réformes et de la bonne ou mauvaise entente avec Napoléon Bonaparte."

Influencé par les anciens et grands de son temps – Rousseau, Dickens, Balzac et surtout Stendhal – son roman est l'apogée de la littérature du XIXe.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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En avant marche !
Ce deuxième volume de Guerre et Paix débute par la longue retraite des armées du Tsar Alexandre jusqu'à la bataille de Borodino. Les relations passionnelles entre les protagonistes de ce roman sont plus ou au moins mis en sourdine au profit de la mise au jour de la campagne militaire de 1812 (j'ai l'impression que dans l'économie du roman la bataille de Borodino est pour ce 2e tome ce que la bataille d'Austerlitz fut pour le 1er tome : pour ma part, je trouve que Tolstoï a mieux décrit la bataille d'Austerlitz avec plus de concision que celle de Borodino, bataille à laquelle le romancier donne plus d'ampleur (mais peut-être est-ce une bataille qui a plus marqué les russes, d'autant que la bataille d'Austerlitz eut peut-être moins de conséquence) – si l'on excepte les retrouvailles entre le Prince André Bolkonsky et Anatole Kouraguine. Tolstoï nous offrant ce spectacle pendant environ quatre cent pages.
Je ne nie pas le temps de romancier historique de Léon mais je dois reconnaître que les histoires de coeurs de la fin du tome 1 m'avaient laissé sur ma faim.
En revanche, quelle saisissante description de la panique dans Moscou nous offre-t-il après la défaite de Borodino (défaite dont j'ai personnellement eu du mal à percevoir comme une défaite russe telle que la batailles est narrée).
Et cette question qui m'obsède quand réapparait le personnages peut après la page 400 : que va devenir Sonia, le cousine désargentée des Rostov ? Va-t-elle épouser Nicolas, son grand amour ? Vous avouerez qu'il s'agit d'une question superflue mais à laquelle je tiens beaucoup.
Par la suite, Tolstoï nous fait revivre avec émotion l'émigration des familles moscovites devant l'arrivée des armées françaises. On découvre alors un Pierre Bézoukhov héroïque (et un peu fou à mon avis) et l'on assiste aux retrouvailles entre Natacha Rostov et le Prince André Bolkonsky. Je vous assure que l'on en pleurerait presque.
Guerre et Paix est également un roman d'apprentissage d'un certain point de vue puisque l'on suit l'évolution d'un personnage, Nicolas Rostov, vers l'âge adulte à travers ses différents projets de vie conjugale : promesse d'enfance d'abord, projet de vie ensuite ; et par la comparaison que ce personnage fait entre André Bolkonsky et lui-même.
Quand on perçoit avec quelle abnégation les russes ont résisté à Napoléon Ier après la perte de Moscou, on se dit que bien des pertes humaines auraient pu être épargnées au XXe si certain avait pris la peine de lire Guerre et Paix avant de jouer les va-t-en-guerre.
Cette guerre révèle deux hommes : Nicolas Rostov fait l'apprentissage de l'amour et, Pierre Bézoukov entre dans une pleine humanité, lui qui semblait si peu à l'aise dans cette société humaine.
Puis on assiste à la longue marche de la Grande Armée vers cette terre promise qu'il n'atteindront jamais : Moscou, Kalouga, Viazma, Smolensk ; et quelle jouissance du point de vue russe : c'est le toréador qui attend le moment propice pour mettre à mort la bête. La retraite de Russie, telle que la raconte Tolstoï, est la première guerre moderne où l'on ne s'affronte plus nécessairement en bataille rangée ; cela est très bien expliqué dans ce roman qui est donc intéressant et instruisant à plus d'un titre. Ainsi, pour les passionnés de la Seconde guerre mondiale, de l'opération Barbarossa mais surtout de la contre-offensive soviétique, lisez Guerre et Paix, tout était déjà présent ! Je n'irais pas jusqu'à dire que ce fut un livre prémonitoire mais quand même certaines ressemblances sont troublantes.
Il est également à souligner l'honnêteté dont Tolstoï fait preuve dans l'analyse de la retraite française de 1812, et faisant cela il ne tient pas compte l'orgueil national russe.
Malgré quelques longueurs dues à des considérations d'ordre historique sur les actions d'Alexandre et de Koutouzov, ce deuxième tome du roman étant davantage consacré à la guerre franco-russe, il s'achève agréablement… pour les survivants.
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