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sur 204 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Coincé dans son appartement bruxellois par le confinement consécutif à la pandémie de mars 2020, Jean-Philippe Toussaint organise ses échappatoires. Ses après-midis seront consacrés à la traduction de la nouvelle de Zweig, le Joueur d'échecs, dont le protagoniste Monsieur B., assigné à résidence par la Gestapo, ne tient le coup que parce qu'il a réussi à subtiliser un ouvrage consacré au jeu d'échecs. Et puisque, lui aussi, comparant ce jeu à la vie, y voit une façon rassurante d'approcher le monde, le matin il écrira son prochain livre, L'Echiquier. Un programme qui devrait d'autant plus lui convenir en cette période déstabilisante qu'il se fait cette réflexion : « Qu'importe ce que je recherche à travers l'écriture, qu'importe, finalement, ce que les livres racontent, l'écriture est cet abri mental dans lequel je me réfugie pour résister au monde. le livre, pendant que je l'écris, devient un sanctuaire, un lieu clos où je suis protégé des offenses du monde extérieur. »


Dès lors, structurant son texte en soixante-quatre fragments pour arpenter la géographie de sa mémoire, non pas de manière linéaire mais par bonds et gambades à la manière du cavalier dont la polygraphie ne lui permet pas moins de parcourir toutes les cases de l'échiquier sans jamais repasser par la même, l'écrivain s'observe, à mesure que, de souvenirs en souvenirs, il commente la genèse de ce premier ouvrage autobiographique, entreprendre « un parcours vers les origines », une plongée à la rencontre de son « continent englouti », là où sous la surface du visible gît « quelque chose de noué », un « noeud secret qu'il s'agit d'élucider ». Et ce qu'il met au jour, en une sorte de dédoublement qui lui fait assembler des éclats de son enfance, de son adolescence et de sa vie avec Madeleine en un tout romanesque – souvenons-nous que Monsieur B., à force de jouer dans sa cellule, mentalement et contre lui-même, les parties proposées dans son livre, s'est lui aussi dédoublé au point de se retrouver au bord de la schizophrénie –, ce qu'il découvre, avec beaucoup d'émotion, qui explique ni plus ni moins que sa vocation d'écrivain en même temps que son goût pour le jeu d'échecs, c'est sa relation à son père.


Maniant ainsi, comme Nabokov qu'il analyse avec admiration, la virtuosité de la ligne – c'est-à-dire de la construction d'ensemble du roman : « C'est très technique, et cela demande beaucoup de préparation. Cela me fait penser à certains coups d'échecs, apparemment anodins ou innocents, qui préparent en réalité une subtile combinaison à long terme » – et la virtuosité du détail – « c'est quand Nabokov, délaissant les grands desseins de la composition, s'empare d'un pinceau très fin et intensifie un contour, accentue un cil. C'est la souplesse, c'est la ductilité de son trait de plume, c'est la précision de sa touche, pour souligner un détail, faire vivre un reflet de lumière sur le velouté d'une épaule, chatoyer une couleur, briller un rayon de soleil sur le pare-brise d'une voiture ou dans les lunettes d'un personnage, dans lequel on aperçoit soudain, en reflet, avec un frisson d'incrédulité, la tête chauve de l'auteur – qui vous fait un clin d'oeil » –, il réussit, par petites touches servant, au millimètre près, un dessein d'ensemble savamment calculé, encore une fois dans le droit fil de la métaphore du jeu d'échecs, un livre assurément brillant, original dans sa construction, drôle et émouvant dans l'intimité de ses questionnements existentiels, d'une grande beauté enfin quand il évoque sa relation à son père. Un père qui, très symboliquement, refuse soudain de se mesurer à lui lorsque le fils se retrouve assez fort pour le battre aux échecs, mais qui, effaçant toute rivalité, l'encourage à devenir écrivain comme lui.


Entre journal de confinement et exercice autobiographique, un récit aussi brillant que singulier qui, filant la métaphore du jeu d'échecs, déroule, en même temps que la bobine de vie de l'auteur, son rapport à l'écriture et, à travers elle, à la vie et à la mort. Aujourd'hui plus que jamais, si Jean-Philippe Toussaint a la passion des échecs et de la littérature, c'est parce qu'ils lui offrent « une protection intellectuelle inégalable contre les menaces du monde extérieur. »

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Jouer avec la vie
ou
vivre pour jouer ?

Vivre. Apprendre à vivre. C'est un peu comme prendre le train en marche. On n'a pas le choix : il n'y a ni cours ni mode d'emploi. Désolé, Georges.

C'est brutal. Alors, l'on ressent le besoin de se protéger, peut-être en intercalant quelque chose entre soi et les faits nus. Un sens, quelque chose qui donnerait, qui ferait sens. Ou au moins, qui reformulerait les données, qui procurerait l'illusion du contrôle que l'on souhaiterait avoir. Peut-être même, quelque chose qui permettrait de vivre ailleurs…

Si la vie est affaire tellement sérieuse, pourquoi ne pas choisir un jeu ? Un jeu dont la complexité serait telle qu'on pourrait s'y perdre ? Et qui conférerait aux joueurs une maîtrise quasi totale : connaissance parfaite des règles, par ailleurs fixes, des buts, des moyens et du territoire. Est-ce pour cela que, jeune, Jean-Philippe Toussaint a été séduit par le jeu d'échecs? Un jeu qui, avec ses dix à la puissance cent vingt parties possibles, avoisine la complexité de la vie humaine, mais où l'on peut choisir où et quand jouer.

Mais même le grand maître ne crée pas le jeu d'échecs. Il le joue, il domine peut-être ses adversaires, mais il subit autant qu'eux les règles et le chronomètre. Tandis qu'il est des activités où le joueur peut créer le jeu même. Par exemple en littérature. Est-il étonnant que Jean-Philippe soit devenu écrivain ?

Mais la vie peut, tout à coup, contourner les meilleures défenses. Un virus, le confinement, mettent à plat la vie professionnelle de l'auteur. Qui, dès lors, redéploie ses armes pour faire face. Pour occuper le vide laissé par les conférences que l'on ne donnera pas, les voyages qu'on ne fera pas, les rencontres qu'on n'aura pas, il décide d'écrire. Traduire une nouvelle de Zweig faisant une large part au jeu d'échecs - voilà qui est indiqué ! Et puisque l'écriture et le jeu sont des vies symboliques, des manières de négocier la vie, bien réelle, pourquoi pas un ouvrage autobiographique ? Un ouvrage où l'on essayerait de démêler les faits, les écrits, les jeux, qui ont structuré cette vie au point d'en former le tissu, la substance ?

C'est ce livre que je vous propose de lire.

Ah, j'oubliais. L'auteur est un grand anxieux. Il n'arrête pas de se rassurer en nous expliquant ses mérites littéraires. Allons, Jean-Philippe, respirez bien à fond, comptez jusqu'à dix, dites vous bien qu'on vous aime. Ca va mieux ? Bon, alors continuons. Mais avec quatre étoiles au lieu de cinq. A force de carillonnades vous vous faites sonner les cloches.








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Le livre en train de s'écrire

C'est durant le confinement que Jean-Philippe Toussaint a écrit son livre le plus intime, où il évoque ses souvenirs d'enfance, son père, ses amis à son oeuvre littéraire. le tout en 64 chapitres, comme autant de case de L'échiquier.

«Les échecs — leur symbolique, leur romantisme, leur abstraction rassurante — ont toujours été intimement mêlés pour moi à l'écriture. Ils sont le sujet de mon premier roman, Échecs. Et, depuis que j'ai donné ce même titre, Échecs, à ma traduction de la nouvelle de Zweig, les deux textes se rejoignent dans mon esprit dans une boucle temporelle vertigineuse. Je commence ainsi à prendre conscience que, si je continue à tirer sur ce fil — le fil du jeu d'échecs —, c'est toute la pelote de ma vie qui pourrait se dévider, se débobiner et se dérouler dans ces pages.» Et voilà comment, durant les journées de confinement Jean-Philippe Toussaint décide de meubler son temps en divisant sa journée en deux, la traduction de Échecs de Stefan Zweig d'une part et l'écriture de réflexions autour de sa passion pour ce jeu d'autre part. C'est cette seconde partie qui a donné ce livre riche de souvenirs et qui va bien au-delà du projet initial. Car effectivement, très vite la pelote de sa vie s'est dévidée… Une pelote que l'on voit se dérouler au fur et à mesure dans ce livre en train de s'écrire.
Son point de départ pourrait se trouver dans un hall d'école, pavé alternativement en plaques blanches et noires. Des cases sur lesquelles les pièces seraient constituées des membres de la famille, des amis d'enfance, des auteurs qui ont accompagné l'auteur de la salle de bain. À la place du roi et de la reine, on placera son père Yvon, «directeur du Soir de Bruxelles, une personnalité reconnue, bien introduite auprès de la classe politique et habituée des plateaux de télévision» et avec lequel il jouera longtemps aux échecs. Jusqu'à ce qu'il soit plus fort que lui et qu'il mette fin à ces échanges, se refusant à perdre. Un père qui aura la lucidité de voir en son fils un futur écrivain. Sur sa mère, qui tenait une librairie-galerie, il est plus discret, mais aussi plus tendre, tout comme pour ses deux grands-mères et pour Madeleine, celle qui deviendra son épouse.
S'inspirant de Georges Perec – il s'agit d'aller d'une case à l'autre sans jamais y revenir – le romancier passe de la famille aux amis, les Bonhomme, Garrec, Caratini, Lehrer. Ou encore Dominique D. un camarade de classe fantasque dont il apprendra la mort tragique. Un drame qui frappera aussi Gilles Andruet, le champion d'échecs qui le fera progresser et dont il ne voudra pas croire qu'il a été assassiné.
Hommage émouvant aux amis disparus, ce livre évoque aussi les grands maîtres, Fischer et Spassky, Karpov et Kasparov, Youssoupov ou encore Kortchnoï que l'auteur a failli pousser au nul, sans doute l'une de ses réussites majeures.
Bien entendu, la littérature échiquéenne ne pouvait manquer dans ce livre. Zweig, cela va de soi, tout comme Perec, mais aussi Nabokov et sa Défense Loujine, Borges et même Lewis Carroll.
Dans cette vraie-fausse autobiographie, Jean-Philippe Toussaint joue beaucoup et propose au lecteur de jouer avec lui. Avant de finir sur une note plus grave, comme il l'a confié à Livres-Hebdo : «Dans le jeu d'échecs le rapport à la mort est évident, il faut tuer le roi, le temps se réduit comme peau de chagrin, le temps de la partie c'est le temps de la vie. Il y a de même dans le travail d'écriture cette acuité au temps qui passe. Je crois qu'il faut être hypersensible à la mort pour bien écrire.» Est-il utile d'ajouter que ce livre est très bien écrit ?


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Gare à la lassitude ! On apprend ici le très long travail de l'écriture, « cette délicieuse affaire qui échappe en général totalement au non-initié, qui croit qu'écrire des livres, c'est inventer des histoires, nouer des intrigues, créer des personnages, alors qu'écrire, au quotidien, c'est régler sans fin des problèmes infinitésimaux ». Et suivent de longs exemples, des métaphores poussées jusqu'à la corde, et même une lettre vengeresse adressée à une Hélène qui n'aimait pas son roman dans le cadre du Goncourt des lycéens : « Mes livres sont reconnus par la critique et l'université ». La précision pointilleuse des souvenirs et la multiplicité des détails exposent à la répétition et n'augmentent pas l'intérêt.

Voilà. Un bon auteur est-il tombé dans la confortable suffisance de l'autobiographie, de l'apologie et de l'exhibition ? Heureusement, l'intérêt et l'humour débarquent après 100-150 pages, avec une matière échiquéenne plus robuste — la technique, les grands maitres — et la scène d'anthologie de la partie où son père refuse de perdre (« Dans ce livre, voici ce que j'ai mis au jour : mon père m'a interdit symboliquement de le battre aux échecs, mais il m'a autorisé tacitement à devenir écrivain. Je n'ai pas eu la vocation, j'ai eu la permission »). Et puis des saynètes amusantes avec son ophtalmologiste, avec sa mère, avec Fellini à court d'inspiration. Et enfin le retour au programme, à la motivation du livre : pour qui et pourquoi écrit-on ?

Je déconseille de commencer L'échiquier à la page 150, pour le respect dû à l'auteur, et pour la bonne compréhension du texte. Disons que l'ouverture est trop longue, qu'elle vaut 2 sur 5, mais que le milieu de partie vaut 5, comme le mat des dernières pages qui s'achèvent sur un meurtre. Alors j'attribue au livre la demi-somme : 3 et demi sur 5.
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Après la lecture d'Échecs, la traduction que Jean-Philippe Toussaint nous offrait de la nouvelle de Stefan Zweig, il était de mise de me tourner vers L'échiquier. En effet, pendant que la pandémie faisait rage, Toussaint s'est consacré à la traduction, mais aussi, en parallèle, à la rédaction d'un journal s'étalant sur autant de chapitres que l'échiquier comporte de cases. Il y notera ses réflexions du moment sur la traduction, ses souvenirs du monde des échecs, de ses premières parties avec son père qui refusait de perdre jusqu'à sa relation avec un joueur de haut niveau, des évocations de son enfance, des lieux issus de son passé, des silhouettes furtives, des pensées concernant l'écriture, mais aussi l'histoire d'une vocation où il découvre au-delà de l'échiquier comment il est devenu écrivain.

Si les 64 cases de ce projet ne présentent pas toutes le même intérêt, l'ensemble de L'échiquier demeure une oeuvre hybride autobiographique d'approche simple et accueillante. On aime y retrouver la touche d'humour retenu propre à l'auteur.
Lien : https://rivesderives.blogspo..
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Un très récent article de « L'Express » explique qu'en littérature, la frontière entre fiction et essai s 'amenuise de plus en plus. « En effet, les hésitations se multiplient quand il faut répartir les ouvrages entre les palmarès romans et essais / documents. »
Même hésitation quand les libraires doivent ranger les livres sur les rayons appropriés. Il y aurait une « émergence d'une nouvelle littérature, une littérature-vérité (reportages, enquêtes, journaux intimes). »

Le présent livre de Jean-Philippe Toussaint figurait dans la sélection du Prix Goncourt 2023. Prix qui récompense chaque année « le meilleur ouvrage d'imagination en prose, paru dans l'année. »
Pourtant, « L'Échiquier » n'est pas un roman, mais une autobiographie, un journal, un mémoire, un essai. Donc oui, les cartes sont un peu brouillées.
Bref, je ne savais pas trop comment présenter « L'Échiquier », livre passionnant, fouillé, intéressant, original. « Je voudrais que ce livre soit l'échiquier de ma mémoire » écrit l'auteur en 4ème de couverture.

Jean-Philippe Toussaint a divisé son livres en 64 chapitres correspondant aux 64 cases du tablier de jeu.
Il cherche dans sa construction à appliquer l'algorithme du cavalier, qui consiste à partir d'une case quelconque en devant visiter chaque case du jeu sans jamais passer deux fois par la même case.
L'écriture de ce livre s'inscrit dans le contexte du confinement dû au Covid.
Initialement, l'auteur voulait s'atteler à une nouvelle traduction du « Joueur d'Échecs » de Stefan Zweig, et écrire en parallèle un essai sur la traduction.
Finalement, sans trop savoir où il va, il abandonne l'idée de l'essai sur la traduction pour une sorte d'autobiographie « obéissant à une autre logique que celle de la chronologie. »
Le jeu d'échecs sera son fil d'Ariane dans ce qui deviendra une réflexion sur l'écriture et la littérature qu'il considère comme un art. Il revisite sa jeunesse, son adolescence, sa relation avec son père. Les personnages qui traversent le livre sont ses parents, ses amis, Madeleine, la femme aimée.

« Aujourd'hui, plus que jamais, dans un monde que la crise sanitaire a rendu hostile, je me sens en sécurité quand j'écris. »
Un bel hommage au jeu d'échecs. Il parle avec émotion de ses rencontres avec des maîtres, parfois étonnantes, parfois cocasses. Et il raconte que son père refusera d'encore jouer contre lui quand il le soupçonnera de pouvoir le battre.

L'écrivain belge s'était fixé un rituel en divisant ses journées en deux, un partie pour la traduction de Stefan Zweig, l'autre pour la rédaction de son livre.
« L'Échiquier est très plaisant à lire, très romanesque, subtil et captivant, et nous entraîne dans les coulisses d'un confinement.
J'ai eu l'impression de lire une succession de palimpsestes au rythme des 64 chapitres écrits dans un « apparent désordre. »
Oui, la littérature est un art.


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Je ne connaissais de l'auteur que des livres courts mais intenses, avec une écriture recherchée. Ici, il se livre plus longuement, sur 64 chapitres comme les 64 cases d'un échiquier, les échecs étant sa grande passion. Toussaint nous embarque dans son passé, son enfance, ses amitiés, son amour pour Madeleine et son admiration pour Zweig...
L'écriture conserve sa puissance et sa beauté. Bon moment de lecture.
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Belle lecture que ce livre multiple en 64 cases : un journal du confinement, une ode aux échecs mais surtout une autobiographie et une réflexion sur l'écriture... et sur l'autorisation d'être écrivain.
Il n'est pas besoin de connaître l'auteur pour apprécier cette autobiographie.
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Je voulais que ce livre traite autant des ouvertures que des fins de partie, je voulais que ce livre me raconte, m'invente, me recrée, m'établisse et me prolonge. Je voulais dire ma jeunesse et mon adolescence dans ce livre, je voulais débobiner, depuis ses origines, mes relations avec le jeu d'échecs, je voulais faire du jeu d'échecs le fil d'Ariane de ce livre et remonter ce fil jusqu'aux temps les plus reculés de mon enfance, je voulais qu'il y ait soixante-quatre chapitres dans ce livre, comme les soixante-quatre cases d'un échiquier.
J.-P. T. Lu avec grand plaisir même si les passages échec ne me passionnent pas (euphémisme). Sincérité et finesse de style. On est face à une vraie voix. Ça touche.
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Je lis les livres de Jean-Philippe Toussaint depuis la publication de son tout premier intitulé La salle de bains. Si j'en ai oublié quelques-uns, son univers fait partie de ceux que je retrouve régulièrement avec affection et gourmandise. Un univers singulier, poétique, décalé, et ici en particulier, de l'ordre de l'introspection quasi mystique.
Avec L'échiquier, qui fut un temps dans la liste des «Goncourables » dans l'édition 2023, 64 chapitres ( autant que de cases d'un plateau d'échiquier) de quelques lignes à plusieurs pages, nous promènent dans son quotidien d'écrivain : son livre en cours, la traduction d'une nouvelle de Sweig ( encore un auteur que j'ai beaucoup lu dans les années 80-90) et sa passion pour le jeu des échecs. On plonge dans les questionnements de la condition, du statut de l'écrivain, son rapport au monde et son rapport à soi. C'est « un parcours vers les origines [ …] le livre que je suis en train d'écrire est un livre d'origine. C'est l'histoire d'une vocation, non pas comment je suis devenu joueur d'échecs - non je ne suis pas devenu joueur d'échecs - mais comment je suis devenu écrivain ».
Côté jeu d'échecs, on est renvoyé aux souvenirs d'enfances et aux parties (initiatiques) disputées avec son père, et plus tard avec celles disputées ou observées avec des champions de la discipline.
Tout est douceur, tendresse des souvenirs, subtilité des évocations (l'amour filial, amoureux ….) abandon de certaines futilités modernes.
Comme à son habitude, le récit ne manque pas d'humour et de drôlerie.
Un délice, comme bien souvent avec cet auteur.
Incipit: « J'attendais la vieillesse, j'ai eu le confinement ».

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