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4,1

sur 1302 notes
Drôle de livre… On y trouve des morceaux d'anthologie qui laissent pantois, mais aussi beaucoup de bavardages. Il y a de l'humour, beaucoup d'humour, de la poésie aussi, et de nouveau trop de babillages… Ce livre m'a beaucoup impressionné par son style, sa construction, l'originalité des personnages, son pouvoir évocateur, mais il ne m'a pas plu…
C'est l'histoire d'une lutte à mort entre une puissante organisation secrète – la Mother Company - en passe de dominer le monde car elle contrôle l'énergie fossile, le sang de toutes les puissances industrielles, et Nicolaï Hel, sorte de samouraï moderne, un de ces chevaliers de l'ancien temps, sans peur et sans reproche, empêtré dans ses codes rigides de l'honneur. Ce grand pourfendeur de la race maudite et dégénérée des marchands et des médiocres fut élevé dans la plus pure des traditions japonaises.
Dans ce livre, Nicolaï Hel est une sorte de demi-dieu. C'est Achille sans son talon ; il est beau, suprêmement intelligent, polyglotte, sportif, et vif comme l'éclair ; c'est un épicurien ; immensément riche, il est détaché des basses contingences matérielles ; il est brave sous la torture, bénéficie d'un sens aigu de la proximité (sens détenu par les premiers homo-sapiens, perdu par l'homme moderne, et retrouver par notre héros), et fidèle en amitié.
Est-il besoin de préciser que ses prouesses sexuelles sont hors-normes ?
De son vrai métier, Nicolaï Hel est un tueur. Pas n'importe quel tueur, puisque c'est le plus grand. Un type vraiment dangereux capable de tuer avec une paille, ou un trombone, ou la mine d'un crayon (pas la peine d'acheter le livre pour savoir comment tuer avec une paille : le mode d'emploi ne s'y trouve pas).
Bon ! passe encore pour notre pur et invulnérable héros… Mais ce qui m'a perturbé le plus, c'est son absolue détestation de l'homme occidental, de l'homme blanc. A l'exception (et encore !) du Basque, l'homme blanc est médiocre, veule, paresseux, cynique, et intéressé. Cerise sur le gâteau, la révolution industrielle a fait de lui un vulgaire marchand sans foi ni loi… Ne parlons pas de l'Arabe tout juste bon à garder les chèvres. Pour notre auteur, le seul homme véritable est pétri de culture japonaise. Attention ! pas celle pervertie par la culture occidentale, mais celle des valeurs traditionnelles du Japon… Cette misanthropie, ce mépris pour le commun, a un côté morbide que j'ai fini par trouver insupportable au fil des pages… Et cette distance entre la pureté, l'héroïsme, la fidélité, la force des uns, et la veulerie, la médiocrité, et la turpitude des autres… Malgré les qualités indéniables de ce livre, je n'ai pas du tout accroché.
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Pas facile de parler de Shibumi, ce roman protéiforme, qui se présente comme un roman d'espionnage mais l'intrigue qui met en scène la Mother Company, sorte de société secrète dont le but avoué est de maintenir les tensions entre les grandes puissances internationales , n'est qu'un prétexte pour faire les portrait d'un être assez extraordinaire, Nicholaï Hel.

Si les longues pages consacrées à l'étude des grottes basques m'ont laissée de marbre, voire agacée , moi qui ne savait même pas ce qu'était une résurgence (lacune corrigée, merci Trevanian), et qui ai beaucoup de mal à visualiser de telles descriptions, ce roman reste tout de même remarquable, tant le personnage est fascinant. Son éducation et le bagage génétique hérité d'une mère elle aussi hors norme qui a choisi le père comme on choisit un étalon.

« De dix ans plus jeune qu'elle, il était très beau et très sportif. Cavalier émérite et escrimeur de premier plan, il lui servait d'élément décoratif, et la seule allusion qu'elle fit en public à leur intimité fut de le décrire comme un « spécimen propre à la reproduction ». »

, en font un être exceptionnel, d'une grande intelligence et des facultés émotionnelles et sensorielles étonnantes. Même s'il perd ce pouvoir au moment où il en aurait le plus besoin, il possède une aptitude spontanée à l'éveil, cette sorte de communion avec l'universel qu'il convoque à l'envi.

Trevanian réussit à créer une belle empathie avec Nicholaï, mais d'autres personnages tirent bien leur épingle du jeu. Ainsi, le Cagot, responsable d'une grande partie de l'humour distillé au fil des pages. Il est d'ailleurs étonnant de trouver au sein d'un roman américain une telle connaissance du pays basque, et du caractère bien trempé de ses autochtones. Ce serait presque le pays des rêves, comparé aux USA, contrée pour laquelle l'auteur ne mâche pas ses mots :

 
« L'Amérique a été peuplée par la lie de l'Europe. Ceci étant, nous devons les considérer comme innocents. Innocents comme la vipère, le chacal. Dangereux et perfides mais non coupables. Tu les méprises en tant que race. Mais ce n'est pas une race. Pas même une civilisation. Seulement un ragoût culturel, des détritus et des restes du banquet européen. Au mieux, une technologie à apparence humaine. Pour éthique, ils ont des règles. La quantité chez eux fait office de qualité. Honneur et déshonneur se nomment "gagner" et « perdre ». »

Et le shibumi dans tout ça? Si difficile à définir, un équilibre entre le désir et la possession,



« shibumi implique l'idée du raffinement le plus subtil sous les apparences les plus banales. […] Shibumi est compréhension plus que connaissance. Silence éloquent. Dans le comportement, c'est la modestie sans pruderie. Dans le domaine de l'art… c'est la simplicité harmonieuse, la concision intelligente. En philosophie… c'est le contentement spirituel, non passif ; c'est exister sans l'angoisse de devenir. Et dans la personnalité de l'homme, c'est… comment dire ? L'autorité sans la domination?

La profondeur du personnage, le contraste entre le respect pour les valeurs orientales et la piètre opinion des « cow-boys d'importation, tout cela posé sur l'écrin d'une région française à forte personnalité constitue un mélange saisissant, et rend ce roman assez inoubliable.


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Il y a des lectures, bouleversantes, stupéfiantes, terrifiantes ou hilarantes et il y a des lectures.... déroutantes.
Je viens de rencontrer l'un des livres les plus étranges de ma carrière de lecteur.
Et, au moment de rédiger cette chronique, me voici bien embarrassé.
C'est pourtant simple me direz-vous, il y a trois possibilités.
1- J'ai aimé
2- Il m'a laissé indifférent
3- J'ai détesté
C'est là qu'est l'os hélas.
Shibumi, c'est tout ça. Je suis passé par tous les sentiments en le lisant.
Ne vous fiez pas à la 4ème de couverture. Nicolaï Hell est l'homme le plus recherché du monde, etc...
Vous croyez que vous êtes partis pour une chasse à l'homme sur un rythme endiablé, et bien détrompez-vous. Trevanian se charge de freiner votre enthousiasme.
Alors c'est quoi ce livre ?
Un roman, un grand roman, un méga roman. de ceux qui vous hantent.
La raison ? Justement, quand vous le refermez, vous ne comprenez pas pourquoi.
Il est inclassable, agaçant parfois, et pourtant il ne vous laisse pas indifférent.
Du Japon d'avant-guerre jusqu'aux gouffres du pays basque d'aujourd'hui, attendez-vous à être surpris.
Et le Shibumi saurez-vous l'atteindre ?
Je fais beaucoup de mystère, n'est-ce pas ? Mais, je vais vous avouer quelque chose, l'amie libraire qui me l'a vivement conseillé ne m'en n'avait rien dit de plus, me laissant découvrir cette oeuvre d'un auteur depuis disparu, maintenant, je sais pourquoi, ce livre est irracontable.
A votre tour, prenez le risque...
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Winslow-Trevanian, Trevanian-Winslow : qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse ?

Avant même de lire une ligne de « Shibumi », je connaissais déjà le héros Nicholaï Hel à travers le roman « Satori » écrit par Winslow en hommage à Trevanian. Sous la plume du grand auteur américain, Satori imaginait dans divers pays asiatiques la destinée de Nicholaï en tueur à gages à partir du moment où il a été fait prisonnier et torturé par les Américains à l'âge de 26 ans.

Dépassant désormais la cinquantaine dans « Shibumi », Hel a pris sa « retraite d'assassin » et passe des jours paisibles dans un château perdu dans le Pays basque français. Hel occupe son temps libre à embellir son jardin japonais, à pratiquer la spéléologie avec son compagnon le Cagot, notamment dans le gouffre de Port de Larrau ou encore à explorer les « techniques érotiques japonaises » avec sa maitresse nippone Hana.

Mais un jour, Mlle Stern, une jeune femme aux abois débarque dans le chateau basque après l'assassinat dans l'aéroport de Rome de ses deux compagnons d'infortune. Traquée par une vielle connaissance de notre héros, la Mother Company, une organisation américaine supra-nationale, Hannah Stern va malgré-elle remettre en selle Nicholaï Hel dans son costume de Zorro (sans épée, ni masque).

Pour un ouvrage écrit en 1979, ce roman de Travanian, pseudonyme de Rodney William Whitaker, n'a pas pris une seule ride. On peut même le qualifier d'intemporel, d'inclassable ou encore de déroutant. Totalement Déroutant en effet.

Je ne m'attendais pas à cette histoire se déroulant en France qui sert de fil rouge à la découverte de ce curieux personnage mi-ange mi-démon sportif et polyglotte (Nicholaï parle couramment le russe, l'anglais, le français, le chinois et le japonais).

Même si l'on imagine assez bien la fin du livre, l'auteur nous sème parfois au cours de ce chemin tortueux et nous surprend avec cette longue escapade au fond d'un gouffre.

Que vous souhaitiez percer le mystère de Nicholaï Hel, connaitre la signification de Shibumi ou bien encore découvrir les bienfaits du « Délice du Rasoir », la seule solution qui s'offre à vous est de se procurer le roman d'espionnage de Trevanian : "SHUBLIME".

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Shibumi c'est une merveille. On peut l'atteindre en lisant Trevanian. C'est un auteur incontestablement bon. Dans ce livre, il y du beau style. de l'espionnage, contre-espionnage, de l'histoire aussi, de la poésie, de l'humour et même une immersion en cavités souterraines, en plein ventre de la terre.
Notre homme s'appelle Hel.
Il est russifié par sa mère et on ne sait pas trop par son père, perdu de vue. Elle, une aristocrate et lui, devenu son père de coeur, est un maître de Go, le général Kishikawa. Ça donne un type qui ne ressemble à personne. Il a des yeux verts et froids. Il possède le don de proximité qui fait que rien ne lui échappera, surtout pas vous. Il est donc très perspicace et peut s'exprimer en pas moins de cinq langues. C'est un excellent stratège de par sa maturité intellectuelle et sa performance au jeu de Go.
Hel a une compagne avec laquelle il partage sa vie ; tous les deux atteignent un certain nirvana en termes de jeux sexuels, mais on n'en saura rien en profondeur et c'est très bien. Nous irons aussi loin qu'il est possible, mais dans les entrailles de la terre, en spéléologie, et là, il nous faudra bien nous équiper. Hel a aussi son jardin secret où aucune fleur ne pousse ; en ce lieu, on entend bruisser, gémir, murmurer, ourdir les pierres et l'eau. Hel est un magicien de beauté et de tendresse mais il est aussi un redoutable tueur. Quand Hannah disparaîtra, la fille de son ami Asa Stern, elle ne repartira pas sans rien de lui, ni son ami le Cagot, un basque né, fervent Biarrot. Et, que dire de ses ennemis, jusqu'à un certain point, ils auront à ‘coeur' un souvenir de Hel. Et, ce prêtre, dit-on (l'habit ne fait pas le moine), sera-t-il un exfiltré du purgatoire ?
Vous en dire plus serait, malhonnêtement, ternir votre éblouissement, tellement je peux supposer, que, comme moi, vous l'aimerez. D'ailleurs, tous ces livres me sont chers par la force de l'écriture.
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Curieux livre que ce Shibumi, publié en 1979, roman-culte, best-seller mondial, marqueur d'une évolution du roman d'espionnage traditionnel vers le thriller.

Shibumi est un roman à la matière riche. Il est composé d'une intrigue à suspense palpitant mettant aux prises des services spéciaux, des terroristes et des combattants anti-terroristes. C'est aussi le récit de la vie romanesque et « extraordinaire » du personnage principal, disons même du héros, Nicholaï Her. C'est enfin un roman qui se veut philosophique et qui soulève des questionnements profonds.

1978. Un petit groupe de jeunes Israéliens pourchassent, pour les exécuter, des membres de l'organisation palestinienne Septembre noir ayant participé, quelques années plus tôt, à la prise d'otages et au massacre des jeux olympiques de Munich. Mais déjouée avec une infinie brutalité par la CIA et un mystérieux organisme apparemment tout puissant, la Mother Company, l'opération tourne très rapidement au fiasco. Pour des raisons qui leur appartiennent, les Américains s'opposent à tout ce qui pourrait susciter colère chez les Palestiniens et contrariété dans le monde arabe.

Résolue à mener à bien le projet du groupe israélien dont elle est la seule survivante, une jeune femme va chercher à y entraîner un certain Nicholaï Her, un ancien mercenaire antiterroriste, réputé pour son efficacité de tueur au service de bonnes causes, aujourd'hui retiré en France, fortune faite, dans le château qu'il a acquis et rénové au coeur des montagnes du pays basque. Face à la Mother Company, la lutte sera terrible, incertaine, meurtrière, sans quartiers... avec l'arsenal technique de l'époque.

Mais qui est donc Nicholaï Her ?... Il est le surhomme absolu ! Insurpassable sur tous les plans ; ressources physiques et mentales, valeurs éthiques, raffinement du goût, intelligence stratégique (il est maître au jeu de go), efficacité (il tue un ennemi avec n'importe quel objet courant), sans oublier des yeux vert bouteille et un savoir-faire sans égal pour donner du plaisir aux femmes ! Au rancart, les héros de polar de ma jeunesse – James Bond, Hubert Bonnisseur de la Bath, SAS le prince Malko Linge et le commissaire San Antonio ! Pour trouver une référence, il me faut remonter plus loin dans mon adolescence, à Edmond Dantès devenu Comte de Monte Christo, riche à profusion et justicier implacable, juste, parfait.

Caricature délibérée ou projection fantasmatique de l'auteur ? Au cours de ma lecture, je me suis posé la question à plusieurs reprises. J'y reviendrai.

La vie de Nicholaï Her est racontée sous forme de larges flashbacks. Passionnant ! Son enfance auprès d'une mère russe fantasque exilée à Shanghai ; son adolescence au Japon à la fin des années trente et pendant la guerre ; son errance, après la capitulation, dans un Japon anéanti ; ses démêlés avec les forces d'occupation américaines, avant qu'elles ne prennent conscience de ses talents hors du commun et ne décident de l'employer pour des missions secrètes de « neutralisation » extrêmement difficiles et périlleuses. Un tremplin !

Il est inhabituel et fascinant de regarder l'histoire en perspective depuis le Japon. Nicholaï a été nourri de culture japonaise, la culture millénaire d'un Japon impérial et impérialiste disparu en 1945. Il n'a que mépris pour le modèle américain, ses valeurs individualistes et mercantiles. Les pays européens ne lui inspirent pas plus de respect (sauf la culture basque !). Matière à méditer... Mais à la longue, les incantations répétées contre les modes de vie occidentaux deviennent agaçantes.

Captivants, en revanche, les longs passages consacrés aux pérégrinations spéléologiques dans les Pyrénées basques. Une activité de sport extrême qui colle bien au profil de Nicholaï. La description du moindre détail des cheminements pourrait paraître illusoire à l'époque de l'image, mais tout se passe dans l'obscurité et il faut des fusées éclairantes pour apercevoir un court instant le contour de grottes de centaines de mètres de hauteur. Pas de visibilité non plus à l'air libre, lorsque descend le brouillard des « jours blancs », phénomène courant dans les Pyrénées. Ecriture donc incontournable ; à notre imagination de faire le reste.

Rien à dire, justement, sur l'écriture – du traducteur –, bien tournée, directe, efficace ; sauf pour le langage parlé d'Américains gouailleurs, toujours difficile à transposer.

Au fond, quel est le véritable sens de ce roman ? Quelle est la part d'authenticité et d'outrance dans les convictions et les aspirations exprimées, dans la description des personnages et des situations ? Il faut savoir que l'auteur, un Américain atypique nommé Rodney Whitaker, aujourd'hui décédé, a longtemps préservé son anonymat par le biais de plusieurs pseudonymes, dont celui de Trevanian avec lequel il a signé ce roman, Shibumi.

Whitaker et Trevanian, une double personnalité – un écrivain, un narrateur – pour incarner deux conceptions de l'ouvrage : roman d'aventures pour l'un, pastiche de roman d'aventures pour l'autre. Deux chemins pour découvrir l'état transcendantal de Shibumi. C'est ce que l'on souhaite au final pour Nicholaï et pour Hana, sa merveilleuse compagne.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Apatride né à Shangaï, d'une mère russe et d'un père prussien, élevé au Japon par un maître de go, Nicholaï Hel, après une carrière de tueur à gages, vit désormais dans son château du Pays basque. Son temps se partage entre l'entretien de son jardin japonais, les plaisirs de la chair avec sa maîtresse Hana et les explorations spéléologiques avec son ami le Cagot. Une vie de retraité paisible avec pour seul objectif d'atteindre le shibumi. Mais une vie qui va être chamboulée par l'arrivée d'une jeune fille en détresse. Hannah Stern, seule survivante d'un commando qui s'apprêtait à abattre des terroristes palestiniens, le replonge dans son ancienne vie et le met face à son plus grand ennemi : La Mother Compagny. Un consortium nébuleux, riche et influent, plus fort et plus implacable que la CIA, qui dirige le monde sans en avoir l'air. Pour honorer une vieille dette, Nicholaï reprend du service et s'oppose à la Mother Compagny, malgré les risques.

Encore un super héros dont Trevanian a le secret. Nicholaï Hel est séduisant, polyglotte, doué d'une perception hors du commun et peut, tout en conservant un calme olympien, donner la mort de moultes façons et avec n'importe quel objet à sa portée. Oui, entre ses mains expertes, un stylo ou un trombone deviennent des armes mortelles ! On l'aura compris, Nicholaï est un homme exceptionnel, paré de toutes les qualités. Mais ce qui pourrait le rendre imbuvable, au contraire, fait de lui quelqu'un qu'on a bien envie d'aimer. Parce qu'il a beau être un tueur, il a aussi des valeurs, le sens de l'honneur, celui de l'amitié et des opinions très arrêtées sur les Etats-Unis, le monde occidental en général, le capitalisme, la marche du monde.
Adepte du shibumi, une philosophie japonaise qui tend à se détacher des contingences bassement matérielles du monde, l'homme est une sorte de samouraï moderne qui reprend les armes au nom de l'amitié.
Face à lui, le Mal est incarné par une compagnie qui étend son hégémonie sur le vaste monde en contrôlant les finances, les politiques, le pétrole.
Roman initiatique, roman d'aventures, roman d'espionnage, Shibumi est une vaste fresque portée par ce personnage si parfait qu'il en devient parodique. Était-ce le but de Trevanian ? le parer de tant de vertus qu'il en fait une caricature ? Ou correspond-il à l'idéal masculin de l'auteur ? Quoi qu'il en soit, on adore ce personnage et ses tribulations en Asie, son attachement au Pays basque, sa grande culture, sa bonté.
Shibumi est un bon, gros, grand roman qu'on ne lâche plus une fois entamé, tant on est subjugué par son lyrisme, sa poésie, son humour, son cynisme, son envergure. A dévorer !
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Intelligence, imagination, écriture envoûtante, humour, parfois limite misanthrope un peu à la Edward Abbey. L'apothéose m'arrive en pleine face quand Nicholaï se prend de passion, après le jeu de go, pour la spéléologie et qu'il mentionne La pierre Saint-Martin, gouffre que j'ai exploré avec sa grandiose salle de la Verna. Un roman dense où le héros principal vivra en Chine et au Japon, sera emprisonné 3 ans dans la solitude, travaillera comme tueur et se retira dans le pays basque comme l'auteur américain, ou l'on suppose, qu'il y est décédé en 2005. Y transpire une grande tendresse pour les basques avec des personnages hauts en couleurs. Bref, j'ai adoré.
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Voici donc ce fameux roman culte, oeuvre du mystérieux Trevanian dont j'avais déjà beaucoup aimé l'alpestre « la sanction » et le truculent western « Incident à twenty miles ».

C'est peu dire qu'on y décèle d'emblée toute son influence sur de nombreux créateurs, de Tarantino (Kill Bill, dis bonjour à Papa) à Fred Vargas (l'inspecteur Adamsberg aurait sans doute pelleté moins de nuages s'il n'avait pas d'abord contemplé Nicholas Hel déplaçant au coeur d'une nuit pluvieuse la pierre dans sa rivière afin que son chant s'accorde à la perfection au son du vent traversant les pétales de l'unique fleur de son jardin japonais...)

Le volet « espionnage », assez court et finalement assez secondaire, ne m'a pas vraiment convaincue. Heureusement, il ne dénature pas le roman qui laisse la place à de beaux passages littéraires, qui eux m'ont fascinée :

La longue introduction sur les origines et la formation de Nicholas Hel, antihéros mystique irradiant de lumière noire à la recherche de l'état parfait de shibumi, dans la Chine coloniale décadente puis le Japon en guerre, sa formation auprès d'un maître de Go et sa souffrance sourde face aux horreurs subies par la population japonaise ;
Ses escapades spéléologiques au fond des gouffres du pays basque en compagnie du truculent Benat le Cagot, instructives et passionnantes ;
La beauté de sa relation à son jardin qu'il passe des nuits à ordonner,
Et la maturité de celle qu'il entretient avec Hana sa concubine…
Et aussi, bien sûr, la critique acerbe des valeurs délétères de l'Occident, fil conducteur du roman. Le trait est poussé à l'extrême, autour d'une vision, dont Nicholas Hel est une sorte de point de rupture, opposant un Occident matérialiste et décadent à un Orient à la profondeur éternelle magnifiée ; il n'en reste pas moins que la prescience de Trévanian sur la puissance de l'ordre libéral à venir (le livre date de 1979) d'ordonnancement débilitant des sociétés et de stérilisation des aspirations nobles des individus est étonnante.

Roman inclassable, « Shibumi » possède un pouvoir magnétique envoutant dans lequel je vous recommande de vous plonger pour y vivre une expérience sensorielle et intellectuelle très originale.
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Vraiment incroyable...
Je dois avouer que des personnages dotés d'un charisme pareil ne sont pas légion dans la littérature contemporaine. Personnellement, le seul qui m'ait autant frappé que Nicolaï Hel est Max Dembo dans Aucune bête aussi féroce d'Edward Bunker.
Mais revenons à notre roman. Nicolaï Hel est un ancien tueur, retiré dans son chateau du pays basque. Un beau jour, une jeune étrangère fait irruption dans son domaine pour lui demander son aide. L'agent reprend alors du service pour s'opposer à la surpuissante Mother Company, un conglomérat de grandes entreprises qui domine la CIA et presque tout l'appareil d'Etat américain.
Ce roman est vraiment très puissant. Au fil des pages, Trevanian construit devant nous la personnalité de son personnage principal, et ce dernier devient véritablement magnétique. Même les passages sur la spéléologie qui auraient pu faire quelques longueurs ne m'ont pas ennuyé une seule seconde.
Shibumi est d'une force hallucinante, et est probablement à mon sens l'un des meilleurs romans que j'ai jamais lu.
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